Une implication active des pouvoirs publics dans les systèmes d’apprentissage est essentielle pour réduire la pauvreté éducative en République Démocratique du Congo (RDC). C’est ce qui ressort de la dernière édition du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, intitulé « Transformer l’éducation pour une croissance inclusive », publié le 14 octobre 2024. Dans ce document, l’institution financière définit la pauvreté éducative comme « l’incapacité des enfants à lire et à comprendre un texte simple à la fin de l’enseignement primaire (vers l’âge de 10 ans) ».
Ce phénomène constitue une problématique majeure dans le pays francophone le plus peuplé du monde. En effet, selon les dernières données disponibles de 2022, la RDC affichait un taux de pauvreté éducative dépassant les 90 %. Ce chiffre représente le troisième taux le plus élevé d’Afrique subsaharienne, derrière la Zambie et le Lesotho, et demeure supérieur à la moyenne régionale (89 %) ainsi qu’au taux moyen des pays à revenu faible et intermédiaire (70 %).
D’après la Banque mondiale, une grande majorité des enfants ne parvient pas à acquérir des compétences de base en lecture et en mathématiques à la fin de l’enseignement primaire, ce qui engendre un déficit d’apprentissage précoce. Ce manque de compétences a des répercussions significatives sur le parcours éducatif des élèves, les empêchant de réussir dans l’enseignement secondaire et supérieur.
Cette situation constitue un point de vulnérabilité majeur des systèmes d’apprentissage, car il est nécessaire d’enseigner non seulement des compétences de base, qui ne sont pas encore maîtrisées, mais aussi des contenus avancés, notamment en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). Dans ce contexte, l’institution souligne l’importance pour les pays d’Afrique subsaharienne de définir des objectifs d’apprentissage ambitieux et de mettre en place divers types d’évaluations pour mesurer ces apprentissages.
« Les évaluations nationales doivent être consolidées, car elles sont essentielles pour identifier les réalisations et les défis à l’échelle du système, informer les réformes politiques et concevoir des interventions. Elles alerteront rapidement le système en cas de baisse de la qualité, ce qui permettra aux décideurs politiques d’agir rapidement et d’inverser la tendance. Les évaluations formatives en classe génèrent un retour d’information en temps réel, ce qui aide les enseignants à s’adapter aux besoins des élèves », expliquent les auteurs du rapport.
Plus globalement, les recommandations de la Banque mondiale fait écho à un récent rapport de la Banque africaine de développement (BAD), qui souligne la nécessité d’aller au-delà des politiques de scolarisation. Ce rapport appelle à investir davantage dans le renforcement du capital humain à travers un enseignement de meilleure qualité, afin de fournir au secteur privé une main-d’œuvre qualifiée. Selon les estimations de cette institution financière panafricaine, un investissement de 1,2 milliard de dollars par an jusqu’en 2063 est nécessaire pour parvenir à une transformation structurelle de l’économie de la RDC.
Espoir Olodo
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