Le ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement a annoncé, pour ce 25 novembre 2024, le début de la délivrance des permis de conduire biométriques avec puce. Le lancement de la production de ce document devrait permettre à l’entreprise Otojuste Sarl, partenaire de l’État dans cette opération, d’engranger ses premières recettes.
Selon un arrêté conjoint des ministres des Transports et des Finances, signé le 2 août 2023, il faut payer 38,5 dollars pour la catégorie A (véhicules à deux ou trois roues), 71,5 dollars pour la catégorie B (véhicules de 3,5 tonnes maximum), et 99 dollars pour les catégories C, D et E (véhicules de plus de 3,5 tonnes). Toujours selon le même texte, 60 % des recettes sont allouées au partenaire privé, tandis que le reste revient au Trésor public.
Il aura fallu trois ans à l’entreprise, fondée par des entités basées en République démocratique du Congo et au Canada, pour enfin lancer ce projet de partenariat public-privé, dont le montant estimé de l’investissement attendu s’élève à près de 86 millions de dollars. Selon le cahier des charges initial, pour lequel aucun avenant (modification) n’a été publiquement révélé, il est prévu de construire 20 centres de délivrance des permis dans le pays, avec un objectif initial de délivrer 5 millions de documents.
Le type d’investissements à réaliser n’a pas été détaillé, mais, à en juger par la procédure d’obtention, il est probable qu’ils incluent une infrastructure technologique complète pour l’enregistrement des candidats et le suivi de leur parcours jusqu’à l’obtention du permis biométrique, avec notamment des simulateurs pour les tests pratiques. Par ailleurs, l’investissement couvre également la production de permis biométriques sécurisés afin de prévenir les fraudes.
Défis
La demande pourrait être importante, surtout si le gouvernement décide de sanctionner les conducteurs sans permis de conduire. La délivrance de ce document étant suspendue depuis 2017, le nombre de personnes ayant besoin d’un permis, qu’il s’agisse d’une première demande ou d’un renouvellement, pourrait atteindre 40 millions, selon certains acteurs du secteur.
Si Otojuste est le principal acteur économique, d’autres entreprises devraient également profiter de cette reprise de la délivrance des permis de conduire. Au début de la procédure, il est obligatoire de prouver que l’on est titulaire d’un brevet de conduite, délivré après une période de formation dans une auto-école. La demande pour ces services pourrait donc augmenter significativement. Par exemple, une entreprise comme SEP-Congo, spécialisée dans la formation à la conduite de gros camions, pourrait voir son chiffre d’affaires progresser sur ce segment. Un autre acteur clé dans ce processus est la banque. Le paiement des frais d’examen (théorique et pratique) ainsi que des frais de production s’effectue aux guichets bancaires.
Cependant, ces opportunités s’accompagnent de certains défis. Si le gouvernement impose rapidement des contrôles stricts sur les permis de conduire, cela pourrait affecter les services de transport de personnes et de marchandises. En effet, le manque de chauffeurs immédiatement habilités pourrait entraîner des ruptures d’approvisionnement ou compliquer les déplacements.
Pour les banques, la gestion des demandes temporaires liées aux services de paiement administratif constitue également un défi, notamment pour continuer à satisfaire les clients réguliers, dont les opérations sont souvent plus rentables. Ces institutions devront trouver des solutions pour réduire les délais d’attente dans les agences. Dans des pays comme le Bénin ou la Côte d’Ivoire, des systèmes de paiement digitalisé ont été mis en place, permettant de délivrer des documents administratifs de manière plus fluide. Avec le développement du mobile money en RDC, une solution similaire pourrait être explorée.
Georges Auréole Bamba
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