Le projet de l’Entreprise générale de cobalt (EGC), qui vise à instaurer une chaîne d’approvisionnement responsable pour le cobalt et d’autres minéraux stratégiques extraits de manière artisanale (sans engins ou infrastructures industrielles) en République démocratique du Congo (RDC), a obtenu le soutien des États-Unis. Dans un communiqué publié le 14 janvier 2025, le gouvernement américain a annoncé une contribution de 2 millions de dollars pour ce projet, via l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
« Le financement de l’USAID permettra à l’EGC d’améliorer ses opérations sur le terrain et de mettre en œuvre des normes pour garantir une exploitation responsable du cuivre-cobalt artisanal congolais, dans le respect des normes internationales, y compris des principes volontaires en matière de sécurité et de droits humains », précise le communiqué.
En vue d’élaborer un schéma directeur pour transformer progressivement l’ensemble des activités minières artisanales en RDC, l’EGC, filiale détenue à 100 % par l’entreprise publique Gécamines, mène actuellement un projet pilote sur cinq carrés miniers confiés par sa maison mère en février 2024. Depuis quelques mois, Éric Kalala, le directeur général d’EGC, qui a déjà conclu un partenariat avec Cobalt for Development (C4D), un projet conduit par l’Agence de coopération allemande GIZ, multiplie les rencontres avec des bailleurs de fonds afin de mobiliser les ressources nécessaires pour financer le programme d’exploration sur ces sites. En novembre 2024, il s’est notamment rendu au siège de la Commission européenne à Bruxelles, accompagné de Guy-Robert Lukama, président du conseil d’administration de la Gécamines.
L’aboutissement des discussions avec l’USAID devrait permettre de faire progresser ce programme d’exploration. Une fois les études de faisabilité achevées, des coopératives seront sélectionnées pour opérer sur ces sites, conformément à un cahier des charges garantissant une exploitation responsable, conforme aux normes du marché international. Ensuite, l’exploitation pourra démarrer. Il est prévu que l’ensemble de la production soit acheté par l’EGC, qui la revendra à l’international, garantissant ainsi sa traçabilité. Si ce modèle s’avère concluant, il devrait être progressivement étendu à tous les sites miniers artisanaux du pays.
L’engagement de l’USAID intervient quelques mois après que le ministère américain du Travail a inscrit le cobalt congolais sur sa « liste noire » des produits obtenus grâce au travail des enfants. Une décision jugée sévère par le gouvernement congolais et les acteurs de la filière, car elle met en cause l’ensemble du secteur. En réalité, la problématique du travail des enfants concerne essentiellement l’exploitation artisanale, qui ne représente qu’au plus 20 % de la production nationale comptabilisée. Une situation que les États-Unis, qui disent accompagner le secteur minier de la RDC depuis plus de 20 ans, sont loin d’ignorer.
Pierre Mukoko
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