Selon les témoignages recueillis par Radio Okapi, dans le territoire de Djugu, en Ituri, l’insécurité persistante et le manque de moyens de transport ont paralysé une partie de l’activité agricole locale. Résultat : des produits vivriers comme les pommes de terre, les choux ou encore les haricots pourrissent dans les champs, faute de circuits d’acheminement vers les centres de consommation, notamment Bunia.
Les zones les plus touchées seraient les localités de Largu et Drodro, où la circulation est fortement entravée par la présence de groupes armés sur les axes routiers, notamment entre Largu, Saliboko et Katoto. « Les routes sont devenues impraticables. Les produits récoltés restent sur place et finissent par se perdre », déplore Charité Banza, représentant de la société civile à Bahema Nord.
Selon une étude de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), publiée en août 2023, environ 60 % des cultivateurs et 64 % des éleveurs en Ituri faisaient déjà face à de graves difficultés de commercialisation de leurs produits. Cette situation s’expliquait principalement par la hausse des coûts de transport et de commercialisation, ainsi que par la dégradation continue des infrastructures routières. Ces obstacles limitaient l’accès aux marchés, réduisaient les revenus des producteurs ruraux et compromettaient l’écoulement régulier des produits agricoles et d’élevage vers les centres de consommation.
En août 2024, le projet de Stabilisation et de relèvement de l’est de la RDC (Star-Est) avait pourtant annoncé la réhabilitation d’environ 50 km de routes de desserte agricole dans le territoire de Djugu, notamment sur l’axe Soleniama–Katoto–Kparngaza–Masumbuko–Blukwa. Ces travaux, prévus pour être réalisés en haute intensité de main-d’œuvre (HIMO), visaient à désenclaver les zones de production et à faciliter l’évacuation des récoltes. Mais, l’insécurité persistante continue de compromettre ces efforts.
Au-delà des pertes agricoles, cette situation affecte également l’approvisionnement en produits de première nécessité dans les zones enclavées. Habituellement acheminés depuis Bunia, des articles comme le savon, le sel ou encore le carburant deviennent rares et voient leurs prix s’envoler. À titre d’exemple, le prix du litre de carburant est passé de 3 500 à 5 000 francs congolais en l’espace de quelques semaines.
Boaz kabeya, stagiaire
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