Selon les calculs réalisés par Bankable à partir du dernier rapport du Département américain de l’agriculture (USDA) sur la situation de l’industrie de la volaille dans l’Union européenne (UE) datant de septembre dernier, la République démocratique du Congo (RDC) pourrait absorber entre 130 000 et 140 000 tonnes de viande de poulet en provenance de ce marché communautaire d’ici la fin de l’année. S’il se confirme, ce volume marquera un niveau record et confirmera la place de 3 ᵉ débouché mondial que représente la RDC pour les producteurs de viande de poulet de l’UE, après le Royaume-Uni (725 000 tonnes) et le Ghana (plus de 200 000 tonnes).
Depuis 2019, les envois de viande de poulet de l’UE sur le marché congolais ont presque doublé, atteignant les 120 000 tonnes en 2021. Depuis lors, ces importations ont reculé pour tomber sous la barre des 100 000 tonnes en 2023. Pour l’essentiel, l’USDA souligne que les cargaisons destinées à la RDC, comme aux autres pays africains importateurs de volaille européenne, sont principalement constituées de viande brune congelée et désossée mécaniquement.
Cette percée attendue en 2024 de la viande de poulet importée de l’UE est notamment liée à son bas prix, qui permet aux consommateurs de satisfaire des besoins croissants en protéines animales. Selon les données de Trade Data Monitor (TDM) compilées par l’USDA, entre janvier et juin derniers, le prix FOB (tarif sans le coût de transport vers le port de destination, les taxes, l’assurance et les autres frais) de la tonne de viande de poulet européenne destinée à la RDC était inférieur à 1 000 $, contre près de 4 000 $ pour la Guinée ou environ 2 250 $ pour le Bénin.
Dans une étude datant de 2018, l’Université agronomique néerlandaise de Wageningen estimait aussi qu’un poulet importé (toutes destinations confondues) coûtait environ 2,3 $ dans le pays d’origine, ce qui est déjà inférieur aux coûts de l’alimentation seule pour la production d’un poulet à Kinshasa.
Si les acteurs locaux sont moins efficaces en raison de contraintes de taille, comme le manque de capitaux et l’inaccessibilité économique aux intrants (provende et produits vétérinaires notamment) qui minent leur compétitivité, il faut souligner l’existence d’un dumping qui est dénoncé depuis quelques années par les ONG. Profitant des subventions à l’exportation et pour les facteurs de production, certains industriels envoient massivement des produits qui ne sont pas commercialisés ou le sont en volumes limités dans les pays d’origine, à des prix impossibles à suivre pour les acteurs locaux sur le continent africain.
Espoir Olodo
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