En RDC, le développement de l’élevage commercial peut positionner le pays comme un acteur majeur de la chaîne de valeur de la viande bovine sur le continent africain. Alors que le top 3 des principaux producteurs de cette catégorie est formé par l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Égypte, la Banque mondiale indique dans son rapport diagnostique du secteur privé, publié en mars 2022, que le pays a les atouts pour bousculer cette hiérarchie.
En effet, les pâturages disponibles dans le pays couvrent près de 87 millions d’hectares et peuvent nourrir, selon l’institution, environ 40 millions de têtes de bétail. Si ce potentiel en matières premières peut permettre de débloquer l’aval de la chaîne et stimuler les maillons de la commercialisation, de la transformation et de la distribution, il faut rappeler que pour l’heure, la filière bovine reste encore à ses débuts.
Selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC), le cheptel bovin occupait en 2022, le 3e rang en termes d’importance avec 1,39 million de têtes derrière la volaille (19,3 millions) et les caprins (4,1 millions). Par comparaison, la Tanzanie possède plus de 30 millions de têtes de bovins en dépit d’une zone de pâturage plus limitée et des conditions climatiques plus sèches.
Défis
Plus largement, les auteurs du rapport soulignent que l’industrie de la viande bovine doit faire face, à l’image des autres segments du secteur de la viande, à plusieurs défis qui nourrissent des importations de l’ordre de 124 millions $ de produits carnés et de produits laitiers depuis l’Union européenne (UE). Il s’agit notamment du coût prohibitif des aliments qui limite l’essor de la production, des maladies animales. Sur ce dernier volet, le manque d’accompagnement des ménages ruraux qui pratiquent essentiellement le petit élevage, notamment par les services vétérinaires publics, et la faiblesse de la recherche sont également des freins à l’amélioration de la productivité du secteur.
Avec une politique beaucoup plus volontariste, un plan de développement plus spécifique et un cadre incitatif plus favorable, le pays pourrait non seulement améliorer la disponibilité au niveau local de cette source de protéines, mais aussi en tirer profit à l’export. En attendant le secteur public, il faut noter que certains acteurs privés ont déjà compris l’opportunité que présentait la chaîne de valeur bovine en RDC et investissent depuis quelques années pour se renforcer.
Parmi les poids lourds, figure le groupe agroalimentaire GoCongo Holding Belgium qui a racheté, en 2022, la Pastorale du Haut-Lomami (PHL) qui était le second acteur du secteur de l’élevage dans la région du Grand-Katanga. L’opération a permis au groupe de porter son troupeau de bovins à près de 56 000 têtes sur une superficie de 73 000 hectares.
Espoir Olodo