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Le franc congolais déprécié malgré des réserves extérieures en hausse

Le franc congolais déprécié malgré des réserves extérieures en hausse

Cette situation place les autorités administratives et la Banque centrale face à des choix difficiles. La tentative de réduction de l'inflation semble se traduire par un repli du rythme de la croissance économique globale.

La valeur moyenne du franc congolais a reculé de 6,6 % depuis le début de l’année, dans un contexte où paradoxalement, les réserves extérieures du pays ont continué d’augmenter, selon la note de conjoncture hebdomadaire du 5 juillet 2024 et des sources complémentaires de données consultées par l’Agence Ecofin.

En effet, la monnaie nationale de la République démocratique du Congo (RDC) s’échangeait en moyenne à 2863,3 francs congolais pour chaque dollar américain contre 2686,7 au 1er janvier 2024. Cette situation place les autorités administratives et la Banque centrale dans une position complexe qui n’a pas souvent été prévue par les théories économiques classiques et invite à la prise de mesures audacieuses.

La RDC reste une économie singulière avec une forte dollarisation, malgré l’existence d’une monnaie nationale. Selon la Banque centrale, les dépôts de la clientèle à fin mai 2024 ont atteint l’équivalent de 12,87 milliards de dollars, en hausse de 5,47 %. Cependant, la part de ces dépôts effectués en devises, notamment en dollars américains, était de 89,8 % contre 10,22 % pour les dépôts en monnaie locale.

L’augmentation des dépôts peut s’expliquer par une hausse des revenus des acteurs économiques actifs dans le secteur extractif, favorisée par l’augmentation des prix des ressources minières sur le marché international. Pour ceux des Congolais qui constituent la part majoritaire des 103,2 millions de la population, l’accès à ces devises, déjà complexe, a été rendu plus difficile par des décisions de la Banque centrale. 

En août 2023, la Banque Centrale du Congo (BCC) a décidé de lutter contre l’inflation en augmentant ses taux directeurs de 11 % à 25 %, selon Moody’s. En plus de cela, elle a imposé aux banques commerciales des réserves obligatoires de 10 % pour les avoirs en monnaie locale. L’objectif de cette décision était de limiter l’inflation monétaire en créant une plus forte demande pour le franc congolais. L’opération a réussi en ce qui concerne la réduction de l’inflation, mais elle a également privé des dizaines de millions de Congolais de l’argent dont ils ont besoin pour contribuer à la relance de la consommation ou de l’investissement.

Les premières implications de cette mesure sont perceptibles. Malgré une augmentation des exportations qui auraient dû tirer le produit intérieur brut (PIB) vers le haut, celui-ci connaîtra un ralentissement de sa croissance (+4,8% selon les autorités) contre 8,8% pour l’année 2024. Dans le même temps, l’inflation ne sera que faiblement contenue. Selon la BCC, ils sont plus nombreux (35,7%) dans le secteur privé à exprimer une opinion favorable sur l’économie du pays. Mais les plus de 60% constituent une masse d’opinion négative suffisante pour tirer la valeur du franc congolais vers le bas, à travers la spéculation.

Les banques sont ainsi invitées à jouer un rôle déterminant dans ce contexte. Techniquement, elles ont la charge de créer de la monnaie et d’alimenter les besoins de l’économie. Cependant, dans le jeu d’équilibre de la BCC, leurs marges de manœuvre restent limitées. Avec les ressources récemment rendues disponibles par le Fonds monétaire international (FMI) et l’excédent commercial brut de 3,7 milliards de dollars au cours du premier semestre 2024, les ressources en devises augmentent, mais la capacité des banques à créer de l’argent en monnaie locale pour les acteurs économiques reste modeste.

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