Lors de la 44e réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue le 23 mai 2025, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a annoncé une série de mesures destinées à encadrer le projet des Rocades de Kinshasa et contenir les tensions foncières qu’il pourrait susciter. Ce chantier, officiellement lancé le 22 juin 2024 à Mitendi, prévoit la construction de 63 kilomètres de routes périphériques autour de la capitale congolaise. L’objectif est de désengorger le centre-ville, désenclaver les zones excentrées et stimuler le développement économique et urbain le long des axes concernés.
Le chef de l’État a reconnu que cette dynamique de modernisation comporte des risques de conflits fonciers si elle n’est pas encadrée avec rigueur. Ces tensions peuvent surgir entre occupants traditionnels et nouveaux acquéreurs attirés par la valorisation rapide du foncier, ou encore résulter d’occupations informelles ou d’expropriations non conformes à la loi. Dans ce contexte, quatre grandes orientations ont été arrêtées afin de renforcer la gouvernance foncière dans les zones concernées.
Il s’agit d’instaurer une transparence totale dans la gestion et l’attribution des terres, en adoptant des procédures claires, accessibles et traçables ; de renforcer les mécanismes de concertation locale en associant autorités, communautés riveraines, anciens occupants et investisseurs ; de garantir le respect des droits de toutes les parties, notamment par des indemnisations justes et conformes à la législation en vigueur ; et enfin, de mettre en place des cellules de veille juridique et de médiation foncière pour anticiper les conflits.
La ministre d’État en charge des Affaires foncières, de la Justice, des Infrastructures, de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat, ainsi que le ministre délégué à la Politique de la ville, ont été mandatés pour coordonner un dispositif opérationnel de régulation, de contrôle et de médiation foncière dans les zones touchées par le projet. Un rapport circonstancié sur les mesures à prendre est attendu dans un délai de trente jours. Cette exigence traduit la volonté de l’exécutif de prévenir les tensions sociales et de garantir le bon déroulement des travaux.
Le projet des Rocades de Kinshasa est exécuté par les entreprises chinoises CTCE et CREC-8, dans le cadre du programme sino-congolais « infrastructures contre ressources naturelles ». Il comprend deux grands axes : la rocade sud-est (41,54 km) et la rocade sud-ouest (21,38 km), formant un arc stratégique de contournement de la capitale. Si les travaux ont enregistré des avancées notables depuis leur lancement, ils sont confrontés à des obstacles, notamment l’occupation illégale des emprises. En mars 2025, l’Inspection générale des finances avait tiré la sonnette d’alarme sur la lenteur des procédures d’expropriation. Jules Alingete, alors inspecteur général-chef de service, avait signalé que plus de 200 000 cas d’expropriations nécessitaient un traitement urgent afin d’accélérer les chantiers et d’éviter des surcoûts ou retards majeurs.
Boaz Kabeya, stagiaire
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