L’homme politique et entrepreneur congolais Jean Bamanisa Saïdi a tiré une nouvelle sonnette d’alarme sur l’état des infrastructures de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). « Si Kinshasa ne refait pas ses voiries, elle va ressembler à ces villes du Moyen Âge qui ont disparu », a-t-il averti lors d’une interview accordée à B-One Télévision, quelques jours avant l’ouverture de la 9ᵉ édition d’Expobéton, tenue du 16 au 19 avril à Lubumbashi. Ce salon, qu’il promeut, est dédié au développement des villes, des corridors et des zones économiques spéciales.
Selon Jean Bamanisa, Kinshasa compterait aujourd’hui environ 3 500 km de voiries qu’il faudrait « complètement refaire », en repensant la ville autour de ces nouvelles infrastructures, à l’image des transformations entreprises par Napoléon III et Haussmann à Paris au XIXe siècle. À défaut, les problèmes actuels de la capitale — embouteillages, inondations, insalubrité, désordre urbain — risquent de s’aggraver au point de rendre la ville invivable.
Tribune – Kinshasa, capitale des travaux éternels : « On refait donc on avance ? »
— Jean Bamanisa (@JeanBamanisa) May 4, 2025
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Aujourd’hui, presque chaque pluie provoque des inondations meurtrières, et les embouteillages sont devenus quotidiens, pouvant durer jusqu’à quatre ou cinq heures sur certaines artères. En cause : des routes de déviation non réhabilitées, une occupation anarchique de l’espace public et une montée de l’incivisme, énumère le sénateur.
Pour l’ancien gouverneur de l’Ituri (2013–2015 et 2019–2022), une réhabilitation durable des voiries demandera beaucoup de temps et de ressources. Il évoque un horizon de 20 à 30 ans, avec un budget estimé à au moins 10 milliards de dollars. « Nous préconisons un budget spécifique, qui pourrait être alimenté par des contrats similaires à celui de Sicomines (Infrastructures contre ressources notamment minérales) », suggère-t-il.
Lors du forum Mining Indaba 2025, Jean Bamanisa a défendu une approche intégrée liant le développement urbain et le secteur minier, s’inspirant d’exemples comme Kolwezi ou Likasi, historiquement liées à l’exploitation minière.
Il y aura peut être moins d’embouteillage à #Kinshasa lorsque les citadins kinois décideront de ne plus sortir de chez eux ?
— Jean Bamanisa (@JeanBamanisa) October 28, 2024
Puisque :
- les routes existantes sont en mauvaises états
Lorsqu’elles sont refaites, il y’a des surfacturations ce qui fait que la qualité ne… pic.twitter.com/xlC39Xrvfo
Il insiste également sur la nécessité de véritables études urbanistiques pour assurer un développement cohérent et durable des villes. Il cite en exemple le projet de rocade à Kinshasa, censé intégrer des zones résidentielles et industrielles, mais aujourd’hui menacé par une occupation anarchique, faute de planification.
Par ailleurs, le patron du cimentier PPC Barnet RDC plaide pour l’adoption de techniques de construction innovantes et adaptées au contexte local. Il met en avant l’utilisation du béton pour la réalisation des routes, une solution durable et techniquement maîtrisable en RDC. Il encourage également l’exploitation des matériaux de construction disponibles localement : calcaire, sable, déchets miniers, roches volcaniques, chaux, entre autres.
Ronsard Luabeya et Timothée Manoke, stagiaires
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