Carousel Finance prépare le lancement d’un fonds d’investissement entièrement dédié au développement du projet « Kia Kinshasa Mona » (« Kinshasa révélée », en lingala), qui vise à étendre la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Cette société, disposant de bureaux à Londres (Royaume-Uni) et à Genève (Suisse), affirme avoir été mandatée par le Comité stratégique de supervision du projet (CSSPVK) pour structurer le financement et mobiliser les investisseurs.
À ce titre, Carousel Finance a organisé, les 18 et 20 avril 2025, des rencontres avec des investisseurs dans les ambassades de la RDC en France et en Belgique. Et le fonds d’investissement a été présenté à cette occasion.
« Ce fonds est conçu pour financer les principales composantes du projet en assurant les contrats et les rémunérations des opérateurs techniques et des investisseurs dans plusieurs secteurs », explique la direction de Carrousel Finance. Selon la même source, le fonds « proposera une répartition claire des risques, une coordination opérationnelle efficace et un engagement durable de capitaux, alignés sur le développement progressif du projet ». Le tout « encadré par des normes internationales ».
Un forum économique en préparation
Le site du CSSPVK, mis en place en janvier 2024, évalue le coût total du projet à 50 milliards de dollars. Toutefois, il n’est pas encore établi si ce montant correspond à l’objectif de levée du fonds, sa taille cible n’ayant pas été précisée.
Carousel Finance semble viser de grands groupes. En France, des représentants d’Africa Global Logistics, CMA CGM, KPMG, Accor, Nexans, Citi, Sunna Design, Dassault Systèmes, Eiffage et King & Spalding étaient présents. En Belgique, le port d’Anvers, la société d’infrastructure IIDG, le groupe de construction Besix, la société de dragage Deme, la filiale belge de Siemens, la banque Rawbank, ainsi que des acteurs publics comme l’Agence wallonne à l’exportation (Awex) et Bio Invest ont été signalés.
Ces rencontres préparent un forum économique à Londres (Royaume-Uni), dont la date reste à préciser. Cet événement majeur vise à « structurer des engagements concrets autour du projet », selon Marius Esposito, responsable des partenariats stratégiques chez Carrousel Finance. Son président, Jafar Hilali (à l’extrême droite sur le photo), a d’ailleurs rencontré l’ambassadeur de la RDC au Royaume-Uni, Ndolamb Ngokwey, le 29 avril 2025 pour discuter de l’événement.
Des travaux déjà annoncés
Environ sept sous-projets sont déjà finalisés et devraient démarrer d’ici juin 2025, selon une annonce du CSSPVK relayée par Forbes Afrique en décembre 2024. Parmi eux figurent la construction d’une cité administrative et d’affaires, ainsi qu’un centre industriel confié à China State Construction Engineering. Un accord a été signé à ce sujet lors du Forum Afrique-Chine en septembre 2024, et les deux contrats ont été examinés cette année par l’agence de régulation des partenariats. Le coût global de ces infrastructures est estimé à 8 milliards de dollars, selon le journal belge L’Écho.
Un autre projet en cours concerne un complexe hospitalier. Ce contrat a été attribué à un consortium formé par International Infrastructure Development Group (IIDG), basé à Anvers, et Travaux Généraux de Construction de Casablanca (TGCC) du Maroc, avec le soutien de Bpifrance. Le budget estimé est de 300 millions de dollars.
Deux autres protocoles ont été signés en mars 2025 avec des sociétés congolaises : l’un avec Entreprise Kipelo Maschind Multiservices (EKMM) pour la construction d’une centrale solaire de 5 mégawatts et d’autres infrastructures ; l’autre avec MJ Center pour développer un système de transport fluvial entre Kinshasa et la future cité.
Des milliers d’emplois en perspective
Le projet « Kia Kinshasa Mona » est une initiative ambitieuse visant à créer une nouvelle ville dans la capitale congolaise. Sa superficie représentera 4,7 % du territoire de Kinshasa, soit davantage que les 20 communes urbanisées sur les 24 existantes (3,7 %), selon une étude de 2019 publiée par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Les promoteurs annoncent la création de milliers d’emplois, sans toutefois en préciser le nombre ni les profils recherchés. Ils promettent également un cadre de vie moderne.
Toutefois, la nouvelle cité ne pourra accueillir que 5 millions de personnes, alors que Kinshasa compte déjà environ 20 millions d’habitants, selon les estimations basées sur les données de 2019, avec un taux de croissance annuel de 3 %. On ignore par ailleurs si le projet sera intégré au Plan directeur des transports de Kinshasa (PDTK), dont l’achèvement est prévu en 2030. Cette intégration semble pourtant nécessaire pour faciliter les déplacements entre l’ancienne et la nouvelle ville.
Georges Auréole Bamba
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