Lors du Conseil des ministres du 11 juillet 2025, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a déploré le recours croissant à une main-d’œuvre étrangère, y compris pour des métiers de base tels que la maçonnerie, la peinture, le carrelage ou la conduite d’engins, dans les grands projets d’investissement en République démocratique du Congo. Il a souligné que cette situation favorise la fuite de capitaux et compromet les efforts de création d’emplois au profit des Congolais.
Pour y remédier, il a instruit la mise en place d’une commission gouvernementale élargie, chargée de proposer des mesures législatives et réglementaires. Ces mesures devront obliger les investisseurs à intégrer la formation professionnelle dans la conception et la mise en œuvre de leurs projets.
Il est notamment prévu : la construction et l’équipement d’établissements de formation modernes sur les sites d’investissement, l’association systématique du ministère de la Formation professionnelle et Métiers à chaque phase des projets, et la réservation d’une part du budget à des formations adaptées aux besoins du secteur concerné.
Cette initiative s’inscrit dans le prolongement de plusieurs réformes sectorielles visant à recentrer la chaîne de valeur sur les opérateurs locaux. Lors de la 46ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le 6 juin 2025, le gouvernement a adopté un projet de loi révisant la loi de 2017 sur la sous-traitance dans le secteur privé et un autre projet établissant, pour la première fois, un cadre juridique global sur le contenu local, dans le but de mieux intégrer les Congolais dans les chaînes de valeur nationales, notamment dans les secteurs stratégiques comme les mines, l’énergie et l’agro-industrie.
Dans le secteur des hydrocarbures, un nouvel arrêté ministériel signé le 1ᵉʳ juillet 2025 impose désormais aux prestataires étrangers de recruter et de former au moins deux Congolais pour chaque projet de sous-traitance autorisé, dans le domaine d’expertise concerné. Le recours à la sous-traitance étrangère n’est d’ailleurs autorisé qu’en cas de non-disponibilité locale de l’expertise.
Pour le président Tshisekedi, la préparation rigoureuse d’une main-d’œuvre nationale constitue une condition sine qua non pour concrétiser son engagement en faveur de la création d’emplois durables et décents pour les Congolais. L’accord minier en discussion avec les États-Unis, l’exploitation du manganèse dans le Kongo-Central, ou encore le développement du Corridor de Lobito sont autant de projets présentés comme des opportunités majeures d’emploi local.
Boaz Kabeya, stagiaire
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