La ministre d’État en charge de l’éducation, Raïssa Manu Dilanga, affirme qu’au niveau de son département, les procédure en vue du paiement des salaires des fonctionnaires de l’éducation dans les régions du Nord et Sud Kivu ont déjà été effectuées. Toutefois, des difficultés subsistent, principalement liées à la fermeture des agences bancaires locales, empêchant certains agents de toucher leurs rémunérations.
Dans ce ministère, des responsables se disent ouverts à explorer toutes les solutions envisageables, notamment celles reposant sur les paiements mobiles. La RDC dispose d’un secteur dynamique de mobile money ainsi que de services bancaires innovants, comme Illico Cash de Rawbank, la principale banque du pays. De telles solutions pourraient jouer un rôle pertinent dans ce contexte d’urgence.
Les données les plus récentes, accessibles au public, sont ceux de l’annuaire 2020 de l’institut national des statistiques avec pour certains indicateurs des chiffres de 2018. Selon ces dernières, le Nord et Sud Kivu comptaient en 2018 environ 87 300 personnes recensées comme enseignants du cycle primaires, dont 74 169 pour le compte de l’administration publique. Au secondaire, on retrouvait 58 700 enseignants dans ces régions dont 45 000 payés par l’État. Ces chiffres, qui ne prennent pas en compte les ensignants des péri-scolaires et prématternelles, revèle le poids que représente cette catégorie de travailleurs parmis les agents économiques consommateurs ou potentiels épargnants.
Cette problématique du paiement des salaires au Nord-Kivu et du Sud-Kivu concerne l’ensemble des travailleurs de l’État domiciliés dans ces deux provinces. Pour répondre à cette situation, le gouvernement étudie des alternatives concrètes. Dans la province du Nord-Kivu, une option envisagée est la délocalisation temporaire des services bancaires vers la ville de Beni, où est désormais installé le centre de commandement militaire régional.
Cependant, aucune décision définitive n’a encore été prise. À l’issue d’une récente réunion, les ministres concernés ont été chargés d’élaborer des modalités pratiques pour assurer le paiement effectif des salaires des fonctionnaires et des primes des militaires engagés dans les combats.
GAB
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La filiale congolaise du groupe bancaire nigérian United Bank for Africa (UBA) ambitionne d’atteindre une base de dépôts de 1,8 milliard de dollars d’ici 2028. Cet objectif figure dans son plan stratégique quinquennal (2024-2028), détaillé dans un rapport récemment publié.
Pour 2024, la banque visait un volume de dépôts de 937 millions de dollars. La croissance moyenne des dépôts est projetée à 30 % sur les deux premières années, avant d’accélérer à 40 % par la suite. Les résultats financiers annuels audités de l’exercice 2024, attendus dans les prochains jours, permettront de mesurer l’avancement de ces ambitions.
Pour concrétiser ses objectifs, UBA RDC prévoit d’étendre significativement son réseau. Le nombre d’agences devrait passer de trois en 2024 à 21 en 2028, tandis que le déploiement de distributeurs automatiques de billets sera également renforcé.
D’après le même rapport, l’amélioration de la qualité du crédit constitue un axe stratégique majeur pour UBA RDC. La banque vise à ramener son ratio de créances douteuses (NPL) de 22,6 % actuellement à 5 % dès 2024, puis à le stabiliser à ce niveau sur les cinq prochaines années. Elle entend également optimiser la structure de ses dépôts en portant la part des dépôts à vue et d’épargne (CASA) à 86 % sur la période 2024-2025, avec un objectif de 90 % par la suite.
Si UBA RDC doit encore progresser pour figurer parmi les cinq premières banques en termes de mobilisation de dépôts – un classement dominé par Rawbank avec plus de 3,7 milliards de dollars en 2023 –, elle s’est distinguée comme la deuxième institution ayant enregistré la plus forte croissance des transactions (+31 %), selon un récent rapport de Deloitte sur le secteur bancaire congolais.
Selon son rapport annuel, en 2023, la banque a également affiché un bénéfice net consolidé de 4,3 milliards de nairas (monnaie nigériane), soit une multiplication par 16,4 par rapport à 2022. Cette progression s’inscrit dans un contexte de forte dépréciation du naira face au dollar américain, la principale devise des activités bancaires en RDC. D’autres indicateurs ont également enregistré des hausses marginales.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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On March 5, 2025, the U.S. Supreme Court rejected an appeal by the Trump administration to block a lower court ruling that ordered the immediate release of nearly $2 billion in payments to contractors and grantees of the U.S. Agency for International Development (USAID). The decision is a major setback for President Trump’s efforts to freeze foreign aid funding.
For sub-Saharan African nations like the Democratic Republic of Congo (DRC), this could have far-reaching implications. Although it remains unclear whether the funds include allocations for the DRC, USAID has been a critical partner in the country, investing $6 billion over the past decade in sectors such as health, education, and humanitarian aid. As the largest bilateral donor active in 25 of the DRC’s 26 provinces, USAID’s contributions are vital in addressing challenges ranging from public health crises to infrastructure deficits. While substantial, the USAID support to the DRC lags behind China’s. For instance, Beijing, via Sicomines, is expected to invest $5.5 billion over 15 years in the DRC; in the mining sector alone.
While major, the Supreme Court’s ruling was narrowly focused on procedural grounds, noting that the administration had failed to meet deadlines set by lower courts. This leaves open the possibility of renewed legal challenges that could delay or alter future funding decisions. However,a swift resolution of legal disputes surrounding USAID support is critical for the DRC as the country already faces conflicts in its eastern regions.
This article was initially published in French by Georges Auréole Bamba
Edited in English by Ola Schad Akinocho
The Electricity Regulatory Authority (ARE) of the Democratic Republic of Congo (DRC) recently warned against energizing electrical installations without a certificate of conformity.
"Any energizing of electrical installations not previously covered by a certificate of conformity constitutes both an administrative and a criminal offense. The ARE or other authorized departments will take appropriate action following provisions 119 et seq. of the law," Marc Kuyu, ARE’s Deputy Director, wrote in a circular dated March 4, 2025.
The law mentioned regulates the power sector. It was enacted on June 17, 2014. Articles 119 to 138 of the law allow the ARE to investigate and sanction violations.
CIRCULAIRE N°03/ARE/DG/DGA/03/2025 pic.twitter.com/WfjCrOLLqW
— A.R.E/RDC (@AREDRC1) March 4, 2025
Article 127 stipulates that powering installations without certification can lead to prison sentences ranging from six to twelve months and fines between one and five million Congolese francs (CF). Additionally, non-compliance causing major disruptions to networks, as outlined in Article 126, carries penalties of three to six months imprisonment and fines between 10 and 100 million CF. Administrative sanctions under Article 134 include injunctions to comply with regulations, suspension of operating rights, contract termination, and even bans from operating in the sector.
The March 4 circular also reiterates that all electrical installations—new or existing—must be certified before being connected to the grid. Certification is contingent on an inspection conducted by an independent expert appointed exclusively by the ARE.
This article was initially published in French by Boaz Kabeya (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
This year, the Inspectorate General of Finance (IGF) of DR Congo will resume its extensive audit missions of public institutions and state-owned enterprises. Anthony Nkinzo Kamole, Chief of Staff to the President, announced the resumption on March 4 at the Palais de la Nation, in a meeting with leaders of majority state-owned companies. Kamole stressed that businesses that deal with these companies will also be audited.
The IGF’s boss, Jules Alingete Key (photo), said the audits aim to enhance transparency and better manage financial resources. He added that the controls will focus on "areas of management risk." These include real estate acquisitions by public entities, payment of benefits to public agents, compliance with procurement regulations, tax obligations of service providers and suppliers, and expenditures related to medical care and foreign missions.
Companies will face scrutiny over their tax compliance and must justify both the quality and cost of services rendered. Past IGF investigations have led to contract terminations, tax reassessments, and reimbursement orders of funds deemed improperly allocated.
Last month, the IGF said it identified 11,038 companies operating in the DRC without paying taxes. According to the watchdog, reintegrating them into the tax system could boost government revenues by nearly 30% this year.
The IGF's efforts have already yielded substantial results; in 2023 alone, it recovered $1.5 billion in irregular expenditures from public institutions, according to Alingete's February 2024 remarks on Top Congo FM.
This article was initially published in French by Ronsard Luabeya (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Les prestataires et fournisseurs sont également concernés par les missions de contrôle que l’Inspection générale des finances (IGF), organe rattaché à la présidence de la République Démocratique du Congo (RDC), prévoit d’effectuer en 2025 au sein des établissements et entreprises publics. Le directeur de cabinet du président de la République, Anthony Nkinzo Kamole, a annoncé la reprise de ces missions aux gestionnaires des sociétés majoritairement détenues par l’État, réunis le 4 mars 2025 dans la salle de congrès du Palais de la Nation.
Selon le chef de service de l’IGF, Jules Alingete Key (photo), ces contrôles visent à renforcer la transparence et à améliorer la gestion des ressources financières. À en croire le même responsable, ils se concentreront essentiellement sur les « zones de risque de gestion ». Parmi les domaines concernés, Jules Alingete Key liste les acquisitions immobilières des établissements et entreprises publics, le paiement des avantages dus aux mandataires publics, le respect des règles de passation des marchés publics, la conformité fiscale des prestataires et fournisseurs en relation avec les entités publiques, ainsi que les paiements liés aux soins médicaux et aux missions de service à l’étranger.
Les prestataires et fournisseurs doivent donc se préparer à des contrôles sur leur conformité fiscale. Ils devront également être en mesure de justifier la qualité et le coût des prestations fournies aux entités publiques. Comme l’ont montré des précédents, ces contrôles peuvent aboutir à des ruptures de contrat, des redressements fiscaux, voire des injonctions de restitution des paiements jugés indus.
En février, l’IGF a révélé avoir identifié 11 038 entreprises actives en RDC mais non fiscalisées. Cette découverte devrait entraîner leur réintégration dans le circuit fiscal, contribuant ainsi à la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale. Selon l’IGF, la régularisation de ces entreprises pourrait permettre d’accroître les recettes fiscales de près de 30 % en 2025.
En 2023, les contrôles menés par l’IGF ont permis de récupérer 1,5 milliard de dollars de dépenses irrégulières au profit des entreprises et établissements publics, a indiqué Jules Alingete Key sur Top Congo FM le 14 février 2024.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le 5 mars 2025, la Cour Suprême des États-Unis a rejeté un recours de l’administration Trump visant à annuler une décision de justice inférieure, qui lui avait ordonné de débloquer immédiatement 2 milliards de dollars de paiement à des parties prenantes partenaire de l’USAID, principale agence d’exécution de l’aide publique au développement des Etats-Unis. Cette décision pourrait marquer un tournant pour plusieurs pays d’Afrique subsaharienne comme la République Démocratique du Congo (RDC).
Bien que l’on ignore si les fonds à débloquer comprennent des ressources destinées à ce pays de l’Afrique centrale, cette décision laisse entrevoir que grâce à des recours légaux des partenaires de l’USAID, l’administration américaine peut être contrariée dans sa politique de réduction de l’aide. Un mince espoir que les fonds prévus pour 2025 pourraient davantage se débloquer, en attendant une décision définitive sur cette affaire.
La RDC, partenaire économique majeur de la Chine dans le secteur minier, bénéficie également d’une aide substantielle des États-Unis. En dix ans, l’USAID déclare avoir investi 6 milliards de dollars dans le pays, un montant inférieur à celui attendu du contrat Sicomines pour une période de 5 ans plus longue (5,5 milliards $ en 15 ans). En tant que principal donateur bilatéral actif dans 25 des 26 provinces de la RDC, l’USAID finance des projets dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation, et l’aide humanitaire.
Cependant, la décision de la Cour Suprême, bien qu’importante, reste fragile. La haute juridiction n’a pas tranché sur le fond du débat, se limitant à constater l’échéance du délai d’exécution de la juridiction inférieure, pour justifier l’irrecevabilité du dossier du gouvernement américain. Un autre débat juridique pourrait s’ouvrir sur la validité des décisions provisoires, telles que celles utilisées par les tribunaux du District of Columbia (État américain qui abrite la capitale Washington) pour ordonner la libération des fonds de l’USAID.
Les discussions en cours, notamment celles menées par les juges dissidents, laissent présager que la situation pourrait s’éterniser. Cependant, pour de nombreux Congolais, ces débats doivent se résoudre rapidement, car l’aide américaine est essentielle dans un pays déjà confronté à des défis de sécurité dans ses régions orientales.
Georges Auréole Bamba
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L’Africa-US Business Council, basé à New York, fait actuellement du lobbying auprès de l’administration américaine pour organiser une rencontre entre le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et le président américain Donald Trump.
Dans une lettre adressée le 21 février 2025 à Marco Rubio, secrétaire d’État des États-Unis, l’organisation estime qu’un tel échange pourrait poser « la base d’une coopération à long terme, garantissant que les États-Unis jouent un rôle majeur dans l’accès aux minerais critiques nécessaires à leurs intérêts économiques et à leur sécurité nationale future ».
Cette initiative n’a, pour l’instant, suscité aucun commentaire officiel de la part des autorités congolaises. Toutefois, les responsables du lobbying affirment agir pour le compte du sénateur Pierre Kanda Kalambayi, président de la commission Défense, sécurité et protection des frontières au Sénat, et membre du parti du président Tshisekedi.
Selon la presse, le président congolais chercherait à conclure un accord minier avec les États-Unis afin d’obtenir leur soutien dans le conflit qui l’oppose aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Cette hypothèse a été avancée notamment à la suite d’une interview accordée par Félix Tshisekedi au New York Times en février.
Le Président Félix Tshisekedi invite plutôt les #USA dont les entreprises s'approvisionnent en matières premières stratégiques auprès du Rwanda qui les pillent en massacrant nos populations, de venir directement les acheter chez nous qui en sommes les véritables propriétaires pic.twitter.com/l8URuIOqcL
— Tina Salama (@TinaSalama2) February 23, 2025
En réaction, Tina Salama, porte-parole du chef de l’État, a déclaré sur X : « Le président Félix Tshisekedi invite plutôt les USA (États-Unis), dont les entreprises s’approvisionnent en matières premières stratégiques auprès du Rwanda qui les pillent en massacrant nos populations, à venir directement les acheter chez nous, qui en sommes les véritables propriétaires ».
La question de l’échange sécurité contre accès aux ressources minières est au cœur des stratégies américaines, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine, où l’approvisionnement en minerais critiques constitue un enjeu majeur. Néanmoins, il reste difficile de prévoir quelle réponse l’administration américaine apportera à cette proposition de coopération avancée avec la RDC.
Historiquement, la RDC a toujours occupé une place clé dans la diplomatie américaine en Afrique, particulièrement en matière d’aide et de coopération au développement. Le pays se distingue aussi par son système monétaire, où le dollar représente jusqu’à 92 % des dépôts bancaires, selon la Banque centrale du Congo.
Avant de quitter ses fonctions, le président Joe Biden avait effectué une visite sur le corridor ferroviaire de Lobito, un projet stratégique visant à faciliter l’exportation des minerais de la RDC vers les États-Unis. Ce corridor, qui relie la région minière du Katanga aux ports de l’Atlantique, est perçu comme un levier essentiel pour renforcer les liens économiques entre Washington et Kinshasa.
Proposition délicate
Un accord de principe existe déjà pour l’approvisionnement des États-Unis en minerais critiques, à l’instar de ceux conclus avec l’Union européenne et l’Arabie saoudite, des partenaires dotés de capacités financières conséquentes. Cependant, sur le terrain, la Chine domine la chaîne de valeur avec plus de 80 % de participations, ce qui complexifie toute tentative de rééquilibrage du marché.
Dans son courrier, l’Africa-US Business Council évoque la possibilité de remplacer les troupes onusiennes présentes en RDC par des forces américaines. Une proposition qui, si elle venait à être sérieusement envisagée, pourrait susciter un débat aux États-Unis, en RDC et au sein de la sous-région.
Face à l’escalade de la violence dans l’est du pays et à l’occupation de Goma et Bukavu par les rebelles du M23, la communauté internationale a multiplié les condamnations contre le Rwanda. Plusieurs pays occidentaux ont même pris des sanctions contre Kigali. Toutefois, aucune assistance militaire directe n’a, à ce jour, été officiellement proposée à Kinshasa.
Georges Auréole Bamba
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Dans un mémo daté du 3 mars 2025, l’Autorité fiscale de l’Ouganda (URA – Uganda Revenue Authority) a interdit le passage des marchandises à destination de Goma et Bukavu, en République Démocratique du Congo (RDC), par plusieurs postes frontaliers, notamment Katuna et Cyanika, qui sont des points de sortie habituels pour les exportations ougandaises vers ces deux villes congolaises.
L’URA justifie cette décision par la perte de contrôle de l’État congolais sur Bukavu et Goma, désormais sous occupation des rebelles du M23 et de leurs alliés rwandais depuis février et janvier respectivement. Cette situation a entraîné une absence de supervision douanière côté congolais.
Selon son mémo, les services douaniers congolais ont informé l’URA que l’absence de contrôle sur les marchandises à destination de Goma et Bukavu a occasionné des pertes fiscales significatives. Pour limiter ces pertes, les autorités ougandaises imposent désormais que toutes les marchandises destinées à ces villes transitent par d’autres postes frontaliers que Katuna, Bunagana, Cyanika, Ishasha River, Busanza et Kyeshero.
Selon plusieurs commerçants, cette décision risque de perturber l’approvisionnement en produits manufacturés à Goma et Bukavu, deux grandes villes dépendantes des importations en provenance d’Ouganda. En entraînant de facto la fermeture des routes habituelles, elle oblige les transporteurs à emprunter des trajets plus longs et plus coûteux.
À titre d’exemple, une cargaison à destination de Goma doit désormais passer par le poste frontalier de Mpondwe (Ouganda-RDC), rejoindre Butembo, avant de redescendre sur Goma. Ce détour allonge le trajet d’environ 220 kilomètres par rapport à l’itinéraire direct via Cyanika, sur des routes souvent en mauvais états.
Cette mesure pourrait également impacter l’acheminement des produits en provenance du Kenya et de la Tanzanie, tels que le riz, l’huile végétale et les détergents, qui transitent habituellement par l’Ouganda avant d’atteindre la RDC.
À Goma, l’inquiétude monte et certains commerçants envisagent de se tourner vers d’autres fournisseurs, notamment ceux basés au Rwanda, malgré le contexte de tensions entre Kigali et Kinshasa. Par ailleurs, certains transporteurs explorent des alternatives pour contourner les nouvelles restrictions, tout en minimisant les coûts.
Un employé d’une entreprise de transport, contacté à ce sujet, révèle que certaines sociétés envisagent une stratégie de contournement. L’idée serait de déclarer à Katuna les marchandises destinées à Bukavu comme ayant pour destination Cyangugu, ville rwandaise voisine. De même, les cargaisons à destination de Goma pourraient être déclarées à Cyanika comme étant destinées à Gisenyi, la ville rwandaise jouxtant Goma. Une fois ces villes atteintes, les marchandises seraient ensuite acheminées vers la RDC.
Quelle que soit l’option choisie, cette décision entraînera inévitablement une hausse des coûts des marchandises importées d’Ouganda. En plus des détours imposés, elle génère des frais supplémentaires liés aux multiples prélèvements. Les solutions envisagées impliquent de s’acquitter des droits de douane tant au Rwanda qu’en RDC, sans compter les taxes imposées par les forces d’occupation.
Timothée Manoke, stagiaire
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L’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE) de la République Démocratique du Congo (RDC) durcit le ton contre les opérateurs et usagers mettant sous tension des installations électriques sans certificat de conformité.
« Toute mise sous tension d’installations électriques non préalablement couvertes par un certificat de conformité constitue à la fois une faute administrative et une faute pénale. L’ARE ou les autres services habilités y réserveront les suites idoines conformément aux dispositions 119 et suivantes de la loi », indique une circulaire signée le 4 mars 2025 par le directeur adjoint de l’ARE, Marc Kuyu.
La loi citée est celle du 17 juin 2014 régissant le secteur de l’électricité. Ses articles 119 à 138 prévoient des sanctions administratives et pénales. Et l’article 135 donne d’ailleurs l’ARE le pouvoir de « procéder à la recherche et à la constatation des infractions commises en matière d’électricité ».
CIRCULAIRE N°03/ARE/DG/DGA/03/2025 pic.twitter.com/WfjCrOLLqW
— A.R.E/RDC (@AREDRC1) March 4, 2025
Ainsi, selon l’article 127 de la loi régissant le secteur de l’électricité, la mise sous tension d’installations électriques sans certificat de conformité peut entraîner une peine d’emprisonnement de six à douze mois, assortie d’une amende allant d’un à 5 millions de francs congolais (FC), ou l’une des peines seulement. Par ailleurs, l’article 126 de la même loi stipule que la non-homologation des installations électriques intérieures, lorsqu’elle provoque des perturbations majeures aux réseaux, est passible d’une peine de trois à six mois de prison et d’une amende comprise entre 10 et 100 millions de FC ou de l’une des peines.
En matière de sanctions administratives, l’article 134 de la loi prévoit plusieurs mesures, allant de l’injonction de se conformer aux dispositions légales et réglementaires, à la suspension du droit d’opérer, en passant par la résiliation du contrat, le retrait du titre ou encore l’interdiction d’exercer dans le secteur.
Dans une circulaire publiée le 4 mars 2025, l’ARE rappelle que toutes les installations électriques, qu’elles soient nouvelles ou existantes, doivent être certifiées avant d’être mises en service ou connectées au réseau. Cette certification, délivrée par l’ARE, est conditionnée par une inspection réalisée par un expert indépendant agréé, désigné exclusivement par le régulateur.
Boaz Kabeya, stagiaire
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