Le secteur de la construction, plus précisément les bâtiments et travaux publics (BTP), génère au moins 500 000 emplois par an en République Démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris le 10 septembre 2024, lors de la première journée de la 8e édition du Salon de développement des villes, des corridors de développement et des zones économiques spéciales, baptisé Expo Béton. Cette information a été communiquée par Jean Bamanisa, PDG du cimentier PPC-Barnet Group et président du comité d’organisation d’Expo Béton. « Le secteur privé investit plus de 2,5 milliards de dollars dans l’acquisition de terrains, les taxes et impôts, les constructions, les équipements, ainsi que dans l’immobilier », a-t-il ajouté.
La RDC, deuxième pays le plus vaste d’Afrique après l’Algérie, offre des opportunités uniques dans le domaine des BTP, touchant à la fois les logements, les infrastructures d’aménagement urbain et les réseaux de connexion. Le président Félix Tshisekedi, lors de l’ouverture du salon, a souligné l’importance de l’aménagement du territoire dans le cadre de sa stratégie globale. « Je suis résolument engagé à mettre en œuvre des solutions concrètes et durables pour intégrer pleinement nos territoires enclavés à l’économie nationale et internationale. Cela passe par l’amélioration de nos infrastructures de transport, de communication et d’énergie. Mon engagement sur cette question est sans équivoque : faire du secteur de la construction, des infrastructures et de l’habitat un levier majeur de la transformation de notre économie », a-t-il déclaré lors de son discours d’ouverture.
Dans le seul secteur du logement, le représentant de la Société financière internationale en RDC a révélé, dans un récent post sur LinkedIn, que le déficit entre l’offre et la demande atteignait près de 4 millions d’unités. « Chaque année, 250 000 logements supplémentaires sont nécessaires, dont 140 000 à Kinshasa, qui représente à elle seule 50 % du déficit en logements du pays. Cet effort nécessiterait un investissement d’environ 8,2 milliards de dollars par an », a précisé Malick Fall.
Défis
Cette année, le Salon Expo Béton, qui se termine le 12 septembre prochain, se déroule à la fois à Kinshasa, capitale économique et politique avec une population estimée à près de 20 millions d’habitants, et dans la province du Kongo-Central, pôle de production énergétique du pays. Cette dernière pourrait devenir l’un des plus importants centres de production d’énergie en Afrique si le projet de construction d’un troisième barrage à Inga se concrétise.
En plus des difficultés liées au logement, la ville de Kinshasa fait également face à des défis de mobilité. Des voies de circulation étroites, des voiries urbaines souvent occupées et des routes inter-quartiers peu praticables sont à l’origine de longs embouteillages. Le président Tshisekedi s’est engagé à prendre en compte les résolutions issues de ce salon. Toutefois, le défi reste complexe pour le ministère délégué à l’Urbanisme et à l’Habitat, responsable de la gestion des villes.
Il sera d’abord nécessaire de renforcer l’application des règles et des procédures en matière d’acquisition foncière. Dans le cas du développement d’espaces déjà occupés, les investisseurs devront faire face à des procédures complexes de dédommagement, dans un contexte où de nombreuses personnes ne disposent pas encore d’une identification effective. Une autre contrainte majeure est celle du financement. Si la demande croissante d’une classe moyenne en expansion pourrait initialement soutenir les investissements, à plus long terme, il faudra surveiller l’évolution des capacités de consommation dans une société où la majorité dispose de ressources financières limitées. Un autre défi réside dans la qualité de la main-d’œuvre. Comme dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, à l’exception de l’Afrique du Sud, il est parfois nécessaire de faire appel à une expertise étrangère pour construire des infrastructures ultra-modernes dans les délais et selon les normes de qualité requises.
Georges Auréole Bamba
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