La société Victoria Motors Sarl a signé, le 3 octobre 2025, un accord avec le ministre de l’Agriculture, Muhindo Nzangi, pour l’installation de trois ateliers de montage de tracteurs destinés à soutenir la mécanisation et la modernisation du secteur agricole congolais. Objectif : faciliter l’accès des producteurs aux équipements modernes et renforcer la productivité agricole sur l’ensemble du territoire.
Peu d’informations ont filtré au sujet de ce partenariat. Le ministère de l’Agriculture s’est contenté d’indiquer que l’entreprise prévoit d’implanter ces unités dans les villes de Kinshasa, Lubumbashi et Butembo.
Selon l’Agence congolaise de presse (ACP), ce partenariat permettra non seulement d’améliorer la disponibilité des machines agricoles, mais aussi de créer des emplois locaux, de stimuler l’économie régionale et de favoriser le transfert de compétences techniques.
D’après les informations disponibles, Victoria Motors Ltd est une filiale du General Machinery Group, un conglomérat spécialisé dans les véhicules à moteur, les équipements de construction, le forage d’eau, les pompes et tuyaux, les générateurs diesel, ainsi que dans les services d’usinage, de fabrication et de galvanisation.
Basée à Kampala, en Ouganda, Victoria Motors Limited est le distributeur agréé des marques Mitsubishi et Renault Trucks. Elle opère également au Rwanda, où elle détient les mandats officiels pour la distribution de ces mêmes marques.
Ronsard Luabeya
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Agro-industrie : le Suisse Mole signe un PPP avec la RDC pour son projet d'un milliard
Le groupe suisse Mole Groupe, spécialisé dans le trading des matières premières agricoles, a conclu, le 30 septembre 2025, un partenariat public-privé (PPP) avec la République démocratique du Congo (RDC) pour la réalisation de son projet agro-industriel, localisé dans le territoire de Mbanza-Ngungu, au Kongo-Central. Le contrat a été signé par le directeur général du groupe, Grandi Mole, et le ministre de l’Agriculture, Muhindo Nzangi Butondo.
Pour l’instant, les détails du PPP n’ont pas été dévoilés, mais sa signature, attendue depuis un an, devrait permettre de boucler la structuration du projet. Outre l’État, d’autres partenaires sont impliqués, parmi lesquels le groupe suisse Bühler, spécialisé dans la fabrication d’équipements pour l’industrie agroalimentaire et les matériaux avancés, ainsi que la société belge De Smet Engineers & Contractors, reconnue pour son expertise en ingénierie et en construction d’usines agro-industrielles clés en main. Des bailleurs de fonds internationaux sont également pressentis.
À l’issue de la cérémonie, le directeur général de Mole Groupe a annoncé que les études secondaires, menées en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), devraient débuter dès octobre 2025. Le lancement des travaux de construction est projeté pour le 3e trimestre 2026, avec une durée estimée à quatre ans.
Le projet prévoit la construction d’un parc agro-industriel doté d’infrastructures modernes : tours de communication mobile, hangars, entrepôts, silos de collecte, ateliers de transformation et bureaux administratifs. Il inclura également des infrastructures sociales et techniques telles que des écoles et des laboratoires phytosanitaires. L’initiative couvrira plus de 105 000 hectares, dont 85 000 cultivables, et mobilisera un investissement estimé à un milliard de dollars.
Gandi Mole fixe un objectif de production annuelle de 650 000 tonnes de denrées alimentaires, réparties comme suit : 70 000 tonnes de farine de blé, 150 000 tonnes de sucre, 150 000 tonnes de farine de maïs, 20 000 tonnes de riz et 260 000 tonnes de farine de manioc. Les principales matières premières concernées – manioc, maïs, blé, riz et canne à sucre – seront transformées en farine, sucre raffiné et éthanol. Le projet devrait créer plus de 20 000 emplois directs et indirects et contribuer au dynamisme de l’économie rurale locale.
Ce projet, s’il se concrétise, devrait contribuer à réduire le déficit de production alimentaire auquel le pays est confronté, ainsi que sa forte dépendance aux importations. Selon les données compilées par la Banque centrale du Congo (BCC), la facture des achats de produits alimentaires sur le marché international s’est élevée en moyenne à près de 1,79 milliard de dollars entre 2019 et 2023.
Ronsard Luabeya
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La République Démocratique du Congo (RDC) prépare la mise en œuvre d’un projet quinquennal baptisé Croissance résiliente et adaptation au changement climatique en RDC, destiné à renforcer la résilience climatique dans les provinces de l’Est. D’un coût de près de 19 millions de dollars, ce programme est cofinancé par le gouvernement et ses partenaires, dont le Fonds pour les pays les moins avancés (FPMA) du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), qui a récemment accordé à la RDC un financement de 8,24 millions de dollars.
L’initiative sera déployée dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema, trois provinces marquées par la fragilité de leurs écosystèmes forestiers et une forte vulnérabilité aux effets du changement climatique. Elle prévoit d’accompagner environ 30 000 personnes, dont 50 % de femmes, en renforçant la résilience du secteur agricole et en soutenant les communautés locales, y compris les peuples autochtones et pygmées.
Le projet ambitionne de déployer des pratiques agricoles durables sur 15 000 hectares, notamment par la distribution de semences améliorées et la formation de plus de 500 agriculteurs principaux. Ces actions visent à mieux préparer les exploitants aux aléas climatiques tels que sécheresses, inondations ou précipitations irrégulières. Une attention particulière sera portée à l’entrepreneuriat féminin et juvénile, grâce à un accompagnement technique et financier pour développer des modèles d’affaires dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles.
Ce projet s’inscrit dans la continuité des engagements climatiques du pays, en cohérence avec le Plan national d'adaptation (PAN) et la contribution déterminée au niveau national (CDN) dans le cadre de l’Accord de Paris. Il contribue également aux objectifs de développement durable, en s’attaquant aux causes profondes de la vulnérabilité, telles que la dégradation des écosystèmes, la faiblesse institutionnelle et le manque d’opportunités économiques.
Boaz Kabeya
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Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a sommé le directeur général de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), Étienne Tshimanga, de fournir dans un délai de sept jours des explications sur la poursuite de l’application de la taxe de 10 dollars par tonne sur les produits agricoles destinés à l’exportation, ont annoncé ses services de communication. Selon le ministère, cette taxe qualifiée de « toxique » a été officiellement annulée depuis le 7 février 2024, mais continue à être appliquée sur certains véhicules transportant des produits exportables, générant des coûts supplémentaires pour les exportateurs.
Cette annonce fait suite aux plaintes répétées de l’Association des exportateurs du Cacao-Café de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), groupement territorial de Beni, qui dénoncent la persistance de cette taxe malgré son annulation. Pour les exportateurs, la persistance de cette taxe a un impact direct sur certains produits agricoles congolais, en particulier le cacao et le café. Selon les associations professionnelles, un camion transportant des produits exportables peut être soumis à un coût supplémentaire allant de 150 à 300 dollars, en fonction du volume transporté.
Selon le ministre du Commerce, cette pratique viole non seulement les instructions de sa lettre du 7 février 2024, mais également les lois de la République. Sa suppression effective s’inscrit dans l'objectif de l’amélioration du climat des affaires en RDC et permettrait au pays, qui vient de ratifier l’Accord de facilitation des échanges commerciaux de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) visant à réduire les obstacles tarifaires et administratifs au commerce, de s’aligner les pratiques de l’OCC.
Boaz Kabeya
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Selon le ministre de l’Agriculture, Grégoire Mutshail Mutomb, cité par l’Agence congolaise de presse (ACP), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), accompagnera la République démocratique du Congo (RDC), dans l’industrialisation de la culture du manioc. Objectif : créer des emplois, de lutter contre la faim et la pauvreté.
Cette annonce fait suite à la première édition du forum intercontinental « High-Level Inter-regional Knowledge Exchange on One Country One Priority Product (OCOP) Models », coorganisé par la FAO et le Vietnam, du 15 au 17 juillet à Hanoï. L’événement a réuni les ministres de l’Agriculture de 17 pays africains et asiatiques, dont la RDC.
Selon le ministre Mutshail, l’appui de l’organisation onusienne vise notamment le développement de la transformation du manioc en farine panifiable — une farine destinée à être mélangée à celle de blé dans la fabrication du pain. Les contours précis de cette coopération restent à définir. « Nous aurons encore des rencontres dans les mois à venir. Si tout se passe bien, la prochaine réunion pourrait se tenir ici même en RDC », a précisé le ministre.
Cette initiative devrait compléter les efforts déjà engagés pour industrialiser la filière manioc et accroître la valeur ajoutée locale.
En avril 2023, le gouvernement avait adopté un projet visant à intégrer la farine de manioc à hauteur de 20 % dans la farine de blé pour la panification, et à 100 % dans les pâtisseries (gâteaux, gaufres) et les pizzas. L’objectif affiché était de réduire la facture annuelle des importations de blé, estimée à 87 millions de dollars, dans un contexte de forte dépendance aux exportations de Russie et d’Ukraine, et de tensions sur les prix.
Malgré ces ambitions, la filière manioc est confrontée à de nombreux obstacles. Dans un rapport publié en septembre 2023, la Banque mondiale soulignait que l’environnement des affaires congolais reste peu propice au développement de l’agro-industrie. Les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) actives dans la chaîne de valeur du manioc doivent composer avec une lourdeur administrative, une fiscalité élevée, des difficultés d’accès à la terre et au crédit, ainsi qu’un manque criant d’infrastructures de base comme l’électricité et les routes.
Dans ce contexte, le ministre Mutshail insiste sur l’importance d’un engagement budgétaire clair de la part des autorités congolaises. Pour lui, ce partenariat avec la FAO doit s’accompagner d’une volonté politique forte pour intégrer la filière manioc dans la planification économique nationale.
Stéphanas Assocle
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Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a annoncé que plusieurs produits agricoles congolais, dont le café et le cacao, seront désormais admis sur le marché britannique en franchise de droits de douane. L’annonce fait suite à son entretien, le 17 juin 2025, avec Kumar Iyer, ambassadeur du Royaume-Uni auprès des Nations unies, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et d’autres organisations internationales à Genève.
« Les organes de certification et de conformité des produits vont matérialiser la mise en œuvre de cette décision », a précisé Julien Paluku Kahongya. Les exportateurs congolais souhaitant expédier des produits agricoles vers le Royaume-Uni devront s’enregistrer auprès de la Rural Payments Agency afin d’obtenir une licence d’importation. Pour les fruits et légumes, un certificat de conformité délivré par les autorités britanniques est également requis. Selon Londres, ces démarches peuvent être effectuées en ligne.
Cette annonce intervient dans un contexte de net recul des exportations congolaises vers le Royaume-Uni. Selon les données de l’International Trade Centre (ITC), la valeur des biens importés de la RDC par le Royaume-Uni est passée de 261,6 millions de dollars en 2022 à seulement 12 millions en 2024, soit une baisse de 95,4 %. Aucune explication officielle n’a été avancée pour justifier cette chute.
En février dernier, le ministère du Commerce extérieur et l’ambassade du Royaume-Uni à Kinshasa ont mis en place une commission technique chargée d’accélérer la signature d’accords commerciaux visant à relancer les exportations. Selon la presse locale, les discussions portaient sur une liste de 62 produits prioritaires, dont le détail n’a pas été publié.
Le gouvernement britannique rappelle avoir instauré en 2023, dans le cadre de l’après-Brexit, un régime commercial préférentiel à destination des pays en développement, dont la RDC. Ce régime prévoit une réduction des droits de douane sur 99 % des biens originaires de ces pays, dans le but de réduire les coûts d’importation des matières premières pour les entreprises britanniques.
Timothée Manoke, stagiaire
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Dans son dernier rapport d’évaluation du Projet d’appui au développement de l’économie rurale (PROADER), publié en mai 2025, la Banque africaine de développement (BAD) affirme que le projet « est globalement en bonne voie pour atteindre ses cibles d’indicateurs ». Mis en œuvre depuis 2020 grâce à un financement de plus de 58 millions de dollars, le projet vise à rendre les zones rurales plus attractives et productives.
Le projet couvre sept provinces : Kasaï-Oriental, Kasaï-Central, Kasaï, Kwilu, Kwango, Mai-Ndombe et Kongo-Central. Il affiche un taux d’exécution global de 68 %, avec des avancées notables dans la production agricole.
Dans la filière maïs, le rendement moyen est passé de 800 kg à 1,8 tonne par hectare, l’objectif étant d’atteindre 2 tonnes. Durant la période du 23 avril au 28 mai 2025, cette amélioration a contribué à une baisse de 27,5 % du prix du sac de maïs sur les marchés de Kinshasa, passé de 255 000 FC à 200 000 FC (environ 70 USD). Cette tendance concerne notamment le maïs en provenance du Kwilu, du Kwango et du Kongo-Central.
Dans la filière manioc, le rendement moyen a doublé, passant de 8 à 16,3 tonnes par hectare, pour un objectif fixé à 20 tonnes. Le rapport annonce l’emblavement prochain de 5 000 hectares destinés à la fabrication de farine panifiable, dans le but de réduire le prix du pain.
Selon le rapport, ces résultats découlent des partenariats commerciaux conclus entre le PROADER et des entreprises agricoles privées. Treize prestataires ont appuyé 13 508 exploitants grâce à des services mécanisés (labour, hersage), un accompagnement technique personnalisé et la distribution d’intrants agricoles de qualité.
Le projet affiche un taux de décaissement de 68,56 %. Le Comité de pilotage vise un taux de 85 % d’ici fin 2025, avec un taux d’exécution prévu à 88 %.
Timothée Manoke, stagiaire
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Déjà affectée depuis janvier par une recrudescence de l’insécurité, l’usine de thé de Lemera, située dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu), a subi un nouveau coup dur. Selon la presse locale, ses équipements de production ont été pillés le 6 juin 2025 par des éléments du M23, qui contrôlent plusieurs localités de la région avec le soutien de l’armée rwandaise. L’ensemble des machines, y compris les équipements agricoles et industriels, aurait été emporté vers une destination inconnue, affirme Radio Okapi. Cette attaque a entraîné l’arrêt complet des activités.
Héritée de l’époque coloniale, cette usine transformait les feuilles de thé en produit fini destiné au marché locale et à l’exportation. Elle représentait un pilier économique pour les territoires de Kalehe et Kabare-Kabamba, où près d’une centaine de familles dépendaient directement de son fonctionnement. L’unité disposait d’engins spécialisés pour l’entretien des plantations et offrait un débouché stable aux producteurs locaux. Son arrêt prive désormais de nombreux petits exploitants de revenus.
Cette fermeture intervient dans un contexte de crise généralisée dans la filière théicole des provinces du Nord et du Sud-Kivu, toutes deux lourdement affectées par l’insécurité. Au Nord-Kivu, par exemple, les Jardins Théicoles de Ngeri (JTN), autrefois florissants à l’époque coloniale, sont aujourd’hui à l’abandon. Cette vaste concession de près de 450 hectares produisait environ 240 tonnes de thé par an. Son usine est désormais à l’arrêt, victime elle aussi du cycle d’insécurité qui frappe la région depuis plusieurs années.
Une situation qui pourrait empêcher la République démocratique du Congo (RDC) de tirer parti de la hausse attendue de la demande en thé écologique aux États-Unis et en Europe. Selon un rapport publié début 2024 par l’Institut international du développement durable (IISD), cette demande pourrait croître respectivement de +8,4 % et +6,6 % d’ici 2026. D’après les dernières données disponibles de la FAO, la RDC a produit environ 2 000 tonnes de thé en 2020, se classant au 11ᵉ rang des producteurs africains.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Lors de la 45ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue le 30 mai 2025, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a pris acte d'une note d'information du ministre du Portefeuille, Jean Lucien Bussa, relative à la relance des activités de Triomf RDC SA, une société d'économie mixte spécialisée dans la production d'engrais chimiques.
Selon le compte rendu de cette réunion, le ministre a insisté sur la nécessité de garantir un financement adapté couvrant l’investissement, le fonds de roulement et la trésorerie, afin d’assurer la régularité de l’approvisionnement et de relancer durablement l’activité de Triomf. Ces pistes de financement sont actuellement étudiées par le ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, apprend-on de la même source.
Triomf RDC a été créée en octobre 2013 à la suite d'un partenariat public-privé entre l'État congolais (30 % des parts) et la société sud-africaine Africom Commodities Ltd (70 %). L'objectif était de produire localement des engrais afin de soutenir le secteur agricole congolais. L'usine, située à Boma dans la province du Kongo Central, a été inaugurée en avril 2017. Selon les informations fournies par l’entreprise, cette unité disposait d'une capacité de production annuelle de 25 000 tonnes et employait environ 2 000 personnes lorsqu'elle était pleinement opérationnelle. L'investissement initial pour ce projet s'élevait à 50 millions de dollars américains.
Malgré un démarrage prometteur, Triomf RDC a connu des difficultés qui ont conduit à la suspension de ses activités. Une évaluation menée en 2021 par le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) a révélé que l’entreprise faisait face à un manque de fonds pour l'achat d'intrants essentiels à la production d'engrais. Cette situation a contraint l'entreprise à produire ses fertilisants à l'étranger pour desservir le marché congolais. Le FPI a recommandé une recapitalisation de l'investissement pour redynamiser le projet.
Face à ces défis, le gouvernement congolais a entrepris plusieurs démarches pour relancer les activités de Triomf dans le pays. Lors de la 104ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le 14 juillet 2023, le président Félix Tshisekedi avait demandé à la ministre du Portefeuille d’alors d'examiner et de mettre en œuvre, en collaboration avec d'autres membres du gouvernement, un plan de relance de l'entreprise.
En septembre 2024, au cours d’une réunion avec une délégation de l’entreprise, le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, avait évoqué la possibilité d’une augmentation de capital et d’une modification de ses statuts.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Le gouvernement congolais envisage de relancer le projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, destiné à soutenir la production agricole à grande échelle. Lors de la 45e réunion du Conseil des ministres, tenue le 30 mai 2025, le ministre du Portefeuille, Jean Lucien Bussa, a présenté une nouvelle approche pour garantir la relance de cette initiative. Selon le compte rendu du Conseil, il a rappelé que l’État congolais avait injecté des ressources financières considérables dans la mise en œuvre du projet, situé dans la province du Kwango, sans que les résultats escomptés ne soient atteints.
Face à cette situation, il a recommandé la création d’une commission mixte interinstitutionnelle, composée de représentants de la Présidence, de la Primature, des ministères du Portefeuille, de l’Intérieur, de l’Agriculture, de la Justice et des Affaires foncières. Cette commission sera chargée de conduire un audit complet du projet. L’objectif est de dresser un état des lieux détaillé, intégrant les infrastructures existantes, la gouvernance, la structure de l’actionnariat, la situation financière, ainsi que les engagements contractuels de l’État et de ses partenaires.
Le ministre a souligné que cette démarche vise à disposer d’éléments objectifs permettant « d’élaborer un plan de relance fondé sur des éléments objectifs en vue de rentabiliser l’investissement déjà consenti ».
Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo a été financé principalement par le gouvernement congolais dans le cadre du Programme national d’investissements agricoles (PNIA 2013-2020), en deux phases. Pour la première, 92,5 millions de dollars ont été déboursés. Pour la seconde, un financement de 202 millions était prévu, mais près de 124 millions de dollars n’ont jamais été mobilisés. Le coût total du projet était estimé à 818 millions de dollars, incluant les infrastructures de base, les équipements agricoles et d’élevage, ainsi que les unités de conditionnement et de transformation.
Lancé en 2014, le projet devait faire de Bukanga-Lonzo un pôle de production agricole moderne, avec des retombées socio-économiques importantes. Il est géré par trois sociétés : PARCAGRI, chargée de la gestion du site et des relations locales ; SEPAGRI, responsable de la production et de la transformation ; et MARIKIN, en charge de la commercialisation. Le projet est toutefois suspendu depuis 2017.
Il a rapidement été confronté à des problèmes de gouvernance et à des soupçons de mauvaise gestion. Dans ce cadre, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a été condamné à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics. Ses coaccusés, Déogratias Mutombo et Christo Grobler, ont chacun écopé de cinq ans de travaux forcés.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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En 2024, 590 000 hectares de forêts tropicales primaires (forêts n’ayant pas subi l’action humaine) ont été perdus en République démocratique du Congo (RDC).
C’est ce que révèlent les dernières données publiées le mai 2025 par le Global Forest Watch (GFW), projet lancé par le World Resources Institute (WRI) qui suit l’évolution des dynamiques de déforestation à l’échelle mondiale.
Cette superficie est en hausse de 60 000 hectares par rapport à l’année précédente et représente la 3e plus importante perte de forêts primaires dans le monde. Les deux premiers moteurs du phénomène à l’échelle mondiale sont le Brésil (2,82 millions d’hectares) et la Bolivie (1,48 million d’hectares).
En RDC qui abrite le second poumon écologique de la planète derrière l’Amazonie, le GFW précise qu’il s’agit de la perte la plus importante jamais enregistrée sur une année.
Si sur le plan global, les grands incendies arrivent à la première place, le GFW indique que les principaux facteurs de perte du couvert forestier en 2024 dans le bassin du Congo comprennent l’expansion des terres cultivées, la production de charbon de bois et l’exploitation forestière.
D’après la Banque mondiale, la biomasse représente 98,8 % de la consommation totale d’énergie des ménages du pays, dont 81,8 % pour le bois de chauffage et 17 % pour le charbon de bois avec la faible utilisation de sources d’énergie domestique plus propres.
Plus globalement, selon le GFW, 6,7 millions d’hectares de forêts tropicales primaires ont été perdus dans le monde en 2024. Sur le continent africain, le Cameroun est le second pays le plus touché avec 100 000 hectares de superficie forestière l’année dernière, soit la 8e plus importante proportion mondiale.
Espoir Olodo, Agence Ecofin
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Les producteurs et intermédiaires du Nord-Kivu, actifs dans la filière cacao, privilégient de plus en plus l’Ouganda pour écouler leurs produits par des voies informelles, afin d’optimiser leur commercialisation.
Le 19 mai 2025, au moins cinq tonnes de cacao, soit 118 sacs, ont été interceptées par la sous-section de l’Office national des produits agricoles du Congo (ONAPAC) à Beni, dans le secteur de Ruwenzori (territoire de Beni). Selon les autorités, cette cargaison faisait l’objet d’une tentative d’exportation illégale vers l’Ouganda. L’opération de saisie s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la fraude dans la filière cacao.
D’après Kaswera Syvialeghana Alphonsine, directrice de l’ONAPAC à Beni, l’objectif est de décourager le trafic illicite, non seulement du cacao, mais aussi du café dans la région.
Depuis plusieurs mois, les acteurs du secteur dénoncent les nombreux obstacles qui entravent les circuits officiels et favorisent la contrebande vers les pays voisins. Ils pointent notamment l’insécurité persistante dans les zones de production, le mauvais état des routes agricoles, la multiplication des barrières routières, le coût élevé du transport et le manque de traçabilité des produits par l’État congolais. Selon les exportateurs locaux, ces contraintes rendent l’évacuation du cacao par les voies formelles extrêmement difficile, incitant ainsi de nombreux opérateurs à se tourner vers l’Ouganda.
La production congolaise de cacao est principalement concentrée dans les provinces de l’Est, notamment le Nord-Kivu, l’Ituri et la Tshopo. Mais ces régions sont régulièrement secouées par les violences liées à la présence de groupes armés, compromettant la sécurité des producteurs et affectant gravement la chaîne d’approvisionnement.
Selon les données du ministère du Commerce extérieur, la production nationale de cacao a atteint 100 000 tonnes en 2024, un chiffre encore très éloigné de l’objectif de 3 millions de tonnes fixé à l’horizon 2030.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le 10 mars 2025, le prix d’un bidon de 25 litres d’huile de palme en provenance de la province du Bandundu a bondi de près de 36 %, passant de 70 000 à 95 000 francs congolais (FC) sur les marchés de Kinshasa. Cette flambée s’inscrit dans une tendance plus large observée à travers le pays, rapportée par plusieurs médias.
À Bunia, dans la province de l’Ituri, le prix d’un bidon de 20 litres d’huile de palme a grimpé de 60 000 à 85 000 FC au 4 mars 2025, enregistrant une hausse de 41 %. À Kikwit, chef-lieu du Kwilu, la flambée des prix s’est accélérée entre le 15 et le 22 janvier 2025, avec un bidon de 25 litres passant de 30 000 à 52 000 FC, soit une augmentation de 73 %. Même constat à Matadi, chef-lieu du Kongo-Central, où, à la troisième semaine de février, le prix d’un bidon de 25 litres a doublé, atteignant 60 000 FC contre 30 000 FC auparavant, soit une hausse de 100 %.
D’après plusieurs sources citées par les médias, cette envolée des prix résulte d’une combinaison de facteurs. La sécheresse saisonnière de janvier à mars a considérablement réduit la production locale d’huile de palme, limitant la disponibilité des noix de palme et entraînant une baisse de l’offre sur le marché. Lors d’une réunion tenue le 5 février dernier avec le ministre de l’Agriculture, les producteurs d’huile de palme avaient déjà pointé du doigt « la sécheresse qui frappe actuellement les plantations des provinces du nord du pays où passe l’équateur » comme l’un des défis majeurs auxquels la filière est confrontée.
L’offensive des rebelles du M23 et de leurs soutiens rwandais dans plusieurs zones de production, notamment au Nord-Kivu, perturbe également la chaîne d’approvisionnement, limitant l’accès aux produits et contribuant à la hausse des prix.
Par ailleurs, l’ouverture de nouvelles usines de transformation d’huile de palme, comme celle de Tshela, a intensifié la demande de matières premières locales. Cette concurrence accrue pour les régimes de noix de palme réduit la quantité disponible pour les petits producteurs, accentuant ainsi la pression sur les prix.
La RDC possède un important potentiel agricole pour la production d’huile de palme, avec environ 60 % des 280 millions d’hectares de terres favorables à la culture du palmier à huile. Pourtant, le pays peine à couvrir sa demande, estimée à plus de 500 000 tonnes en 2023, selon Kalaa Mpinga, président de la commission nationale agriculture et forêt de la FEC. L’huile de palme figure d’ailleurs parmi les cinq produits alimentaires les plus importés par la RDC la même année.
Avec son adhésion au Conseil des pays producteurs d’huile de palme (CPOPC) en 2025, la RDC espère dynamiser sa production. Cependant, les estimations de volumes varient selon les sources, illustrant le besoin d’une meilleure structuration du secteur.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Les exportations agricoles et agroalimentaires ont généré 433 millions de dollars pour la République Démocratique du Congo (RDC) en 2024, selon un récent rapport du Département américain de l’agriculture (USDA), qui cite des données de la plateforme Trade Data Monitor (TDM). Selon l’USDA, il s’agit d’un niveau record pour le pays, où les expéditions avait généré environ 300 millions dollars en 2023 et moins de 250 millions dollars en 2020.
Le document ne précise pas explicitement les facteurs ayant contribué à cette performance. Toutefois, il convient de rappeler que le café et le cacao, qui figurent parmi les trois principaux produits agricoles exportés par le pays aux côtés du bois, ont enregistré une hausse significative de leurs prix sur les marchés internationaux au cours de l’année dernière.
Les prix du café exporté par la RDC ont fortement progressé l’an dernier. La tonne d'arabica s’est négociée à un prix moyen annuel de 4 099 dollars en 2024, en hausse de 7,89 % par rapport à l’année précédente. De son côté, le café robusta, qui constitue plus de 70 % de la production congolaise, a atteint un pic historique de 5 528 dollars le 28 novembre dernier, clôturant l’année avec un prix moyen autour de 5 000 dollars la tonne, contre environ 2 400 dollars en début d'année.
Le cacao a également connu une flambée remarquable. Son cours est passé de 3 855 dollars la tonne début 2024 à 12 931 dollars à la Bourse de New York, enregistrant une augmentation de 172 % au 18 décembre dernier.
Ces évolutions suggèrent que ces deux produits ont pu contribué à l’augmentation significative des recettes globales générées par les exportations agricoles et agroalimentaires de la RDC.
D’un point de vue plus global, le rapport de l’USDA indique que malgré ces bonnes performances à l’exportation, la RDC reste en situation de déficit commercial. En effet, selon les données de l’USDA, les importations agricoles et alimentaires ont dépassé les 1,9 milliards de dollars durant l’année écoulée. Ce qui fait un déficit d’environ 1,46 milliard de dollars.
Ce déficit pourrait même être plus important si l’on considère le chiffre donné par le président de la République Félix Tshisekedi. Lors de son discours sur l’état de la Nation prononcé devant le Parlement, le 11 décembre 2024, il avait indiqué que le pays consacre chaque année 3 milliards de dollars à l’importation de produits alimentaires.
Cette situation représente un poids pour les ressources en devises étrangères du pays et offre des opportunités pour le développement d'une production locale capable de substituer une partie des importations. Il faut dire que le pays compte 80 millions d’hectares de terres arables.
Selon les données de TDM pour l’année 2023, les principaux produits alimentaires importés par le pays sont l’huile de palme, le blé, les légumes, les viandes et les produits laitiers. La RDC s’approvisionne principalement auprès de l’Union européenne, de la Zambie, du Brésil, de l’Afrique du Sud et de la Namibie.
Espoir Olodo
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