En République démocratique du Congo (RDC), la production de céréales devrait augmenter de 3,2 %, atteignant 3,9 millions de tonnes en 2024, selon le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur les Perspectives de récolte et la situation alimentaire, publié le 8 novembre dernier.
Selon l’organisme onusien, ce niveau représente une légère hausse par rapport à la moyenne quinquennale, estimée à environ 3,8 millions de tonnes. Plus précisément, la production de riz est prévue à 1,6 million de tonnes, tandis que le stock des autres céréales (maïs, sorgho et mil) devrait atteindre 2,3 millions de tonnes.
Si cette amélioration de l’offre est une bonne nouvelle, elle reste toutefois insuffisante pour satisfaire les besoins du marché intérieur. Selon la FAO, le pays pourrait importer 770 000 tonnes de céréales, contre 745 200 tonnes l’année précédente. Par ailleurs, l’organisme onusien souligne que la RDC demeure l’une des nations les plus touchées par l’insécurité alimentaire, tant en Afrique qu’en Afrique centrale.
Selon la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), réalisée en octobre dernier, environ 25,6 millions de personnes (soit 22 % de la population totale) devraient se trouver en situation d’insécurité alimentaire aiguë entre juillet et décembre 2024.
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Reçue par le président Félix Tshisekedi le 7 novembre 2024, l'ambassadrice de Belgique en RDC, Roxane de Bilderling, a mis en avant l’importance de finaliser la création d’une zone économique spéciale (ZES) privée dans la région du Sud-Ubangi. Elle a souligné que cette ZES pourrait jouer un rôle clé dans le développement du corridor routier reliant la RDC à Douala, la principale capitale économique de la zone Cemac.
Cette rencontre fait suite au récent voyage de l’ambassadrice dans le Sud-Ubangi, en compagnie du ministre de l’Économie, Daniel Samba Mukoko. Ils y ont visité les sites agricoles de l’entreprise Miluna Gweko. « C'est un excellent projet : partir de la concession existante de Miluna et évoluer vers une zone économique spéciale verte, tirant parti du corridor africain N°6 pour valoriser les vastes ressources naturelles du Sud-Ubangi. La route Gemena-Akula et le port d'Akula sont essentiels à sa réalisation. », a indiqué le ministre.
Oui, un très bon projet: partir de l'existant (la concession #MILUNA), évoluer vers une ZES verte qui tirerait profit du Corridor africain #6 pour créer plus de valeur ajoutée à partir des énormes ressources naturelles du Sud Ubangi. La route Gemena-Akula et le port d'Akula sont… https://t.co/kzjG5PHYxT pic.twitter.com/XwDIPmiHEt
— Daniel Mukoko Samba (@DMukokoSamba) October 31, 2024
Ces actions suggèrent que le processus de création de cette ZES est toujours en cours. En août 2021, l’Agence des Zones Économiques Spéciales (AZES) de la RDC avait désigné le site de Gwaka comme ZES privée. Cependant, la décision spécifiait que l’accord pour la définition et la réalisation des plans d’aménagement devait être signé par la Green Special Economic Zone of Ubangi. Il est possible que les plantations Miluna Gwaka soient encore en attente de cet accord pour avancer dans le projet.
Dans son plaidoyer, l’ambassadrice belge a souligné l'impact que la finalisation du processus pourrait avoir sur la perception des investisseurs. « Si les investisseurs en RDC constatent une amélioration du climat des affaires, cela pourrait encourager d'autres investisseurs à venir », a-t-elle déclaré, selon des propos rapportés par la présidence de la République congolaise.
Les plantations de Gwaka ont été fondées par le groupe Unilever à travers sa filiale Plantations et Huileries du Congo. En 2007, le groupe familial Hoolans a racheté cette concession, qu'il continue d’exploiter. La finalisation du statut de ZES privée est une priorité pour les promoteurs, qui considèrent cet objectif comme stratégique pour le développement du Sud Ubangi et de la RDC dans son ensemble.
Les Hoolans semblent disposer d'un certain poids pour faire avancer leur projet. Jean-Claude Hoolans, associé-gérant du groupe familial, est également conseiller en diplomatie économique à l’ambassade de Belgique à Kinshasa et a présidé la commission agriculture et forêt de la Fédération des entreprises du Congo pendant plus de 11 ans. Depuis début 2024, Michael Hoolans a repris cette commission, désormais étendue aux secteurs de la pêche et de l’élevage.
Georges Auréole Bamba
Lors du conseil des ministres du 1er novembre 2024, le président Félix-Antoine Tshisekedi a demandé au gouvernement d’inclure dans la deuxième phase du Programme de développement local de 145 territoires (PDL 145T) un volet visant « la mise en exploitation de 2 000 hectares, dont 1 000 hectares consacrés aux plantations de palmiers à huile dans chacun des 145 territoires du pays », d’après le compte rendu de la réunion. Cela équivaut à la création d’un total de 145 000 hectares de palmeraies.
Selon le chef de l’État congolais, l’objectif de ce projet est « de renforcer la production de biodiesel à partir de l’huile de palme sur l’ensemble du pays ». Ce n’est pas la première fois que ce dernier manifeste un intérêt pour le développement du biodiesel. À sa demande, le gouvernement a notamment soutenu financièrement la société Chrisnovic Sarl pour l’installation d’une unité qui produit notamment du biodiesel dans la localité de Vanga, dans la province du Kwilu.
En octobre 2022, lors d’une visite dans les installations de cette entreprise appartenant à l’homme d’affaires Hyacinthe Kabamba, Julien Paluku Kahongya, alors ministre de l’Industrie, avait affirmé que la promotion de la production de biodiesel vise à positionner la RDC « au diapason des pays qui luttent contre le réchauffement climatique ». Il avait ajouté que cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan directeur d’industrialisation adopté en 2021. Ce plan, d’un coût estimé à plus de 58 milliards de dollars, a pour objectif de multiplier les unités de production industrielle et de réduire les importations.
Réduire les importations de carburants
Selon la société Services des entreprises pétrolières congolaises (SEP Congo), la consommation de produits pétroliers en RDC devrait atteindre environ 4 milliards de litres d’ici 2025. Une demande, pour l’instant, essentiellement satisfaite par les importations. En prenant en compte le rendement moyen mondial de 3,8 tonnes d’huile de palme par hectare, les 145 000 hectares de palmeraies envisagés pourraient produire entre 626 et 988 millions de litres de biocarburant par an, selon les standards. Si le coût de production du litre du biodiesel est compétitif, ce projet pourrait, en effet, contribuer à réduire la consommation d’énergie fossile, diminuer les importations et favoriser l’autosuffisance énergétique du pays.
La création et l’exploitation de ces palmeraies représentent également un important gisement d’emplois. Des projets similaires à travers le monde ont permis de générer entre 29 000 et 72 500 emplois directs dans les plantations et les industries associées, sans compter les effets d’entraînement économiques pour les communautés locales.
Cependant, les retombées potentielles de ce projet dépendront de sa viabilité économique ainsi que de l’efficacité et de l’efficience de sa mise en œuvre. Selon le compte rendu du conseil des ministres, le président de la République a décidé de confier au Centre de recherche de Yangambi la préparation des semences de noix de palme destinées au projet. Il a, par ailleurs, chargé le Conseil consultatif présidentiel du Pacte national pour l’agriculture et l’alimentation (CCP-PNAA) d’accompagner la mise en exploitation de ces palmeraies dans les 145 territoires du pays. Félix-Antoine Tshisekedi a également engagé le gouvernement à œuvrer activement à la concrétisation du projet et proposer des « facilitations fiscales » pour garantir son succès.
Défis
Cependant, le compte rendu du conseil des ministres ne dit pas si les orientations du président de la République reposent sur une étude de faisabilité du projet. Mais le fait qu’il est choisi de le disperser à travers 145 territoires pourrait représenter un défi notamment au regard de la qualité du réseau routier du pays qui complique les déplacements et renchérit le coût du transport.
En plus, la visibilité sur la deuxième phase du PDL 145T, dans lequel le président de la République a demandé l’intégration du projet de création de palmeraies pour la production de biodiesel, reste limitée pour l’instant. À la suite d’une rencontre entre le ministre du Plan, Guylain Nymb, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, et la directrice pour la région Afrique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Ahunna Eziakonwa, il a été annoncé que cette phase devrait débuter au début de l’année 2025.
En août 2023, la ministre du Plan de l’époque, Judith Suminwa Tuluka, aujourd’hui, Première ministre actuelle, a estimé le coût de cette phase, qui devrait alors être principalement dédié à la construction et la réhabilitation des routes de desserte agricole, à 1, 250 milliards de dollars. On ignore si cela reste d’actualité et d’où viendra l’argent pour financer de cette deuxième phase du PDL 145 T.
Anticipant probablement les critiques des associations de défense de l’environnement, qui considèrent la culture industrielle du palmier à huile comme un facteur de déforestation, le président de la République a annoncé le projet de création de 145 000 ha de palmeraies, dans la foulée de la mise en place d’une aire protégée de 100 000 km² de forêts primaires. Dénommée « Couloir Vert, Kivu-Kinshasa », cette réserve communautaire sera située entre l’est et l’ouest du pays.
Pierre Mukoko
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Dans le territoire de Kabeya Mwanga, au Kasaï-Oriental en République Démocratique du Congo, 2 500 ménages agricoles devraient bénéficier de semences améliorées de maïs. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’Agenda de transformation agricole de la RDC (ATA-RDC), soutenu par le gouvernement congolais. Elle vise à accroître la production locale et à lutter contre la malnutrition.
« Nous allons accompagner ce premier groupe de paysans avec les semences, les engrais et aussi de bonnes pratiques culturales. Nous espérons qu’avec ces semences, on parviendra à augmenter la production agricole », a affirmé le chef de bureau de l’Institut international pour l’agriculture tropicale (IITA), Paul Dontsop, rapporte la presse.
Cette opération intervient peu après que l’IITA et l’Institut africain de leadership agricole (AALI) ont distribué 4 000 kilogrammes de semences améliorées de maïs à 421 ménages dans le territoire de Tshilengi, aussi situé dans la province du Kasaï-Oriental.
La transformation agricole constitue un pilier de la politique du gouvernement congolais pour améliorer la sécurité alimentaire. Dans cette optique, un financement de 5,1 millions de dollars a été alloué au programme ATA-RDC, visant à soutenir des initiatives comme le renforcement de la chaîne de valeur maïs-soja et le développement du secteur semencier du manioc. Cette stratégie ambitionne de réduire la dépendance aux importations alimentaires et de promouvoir une production locale durable.
Malgré ces efforts, des obstacles logistiques freinent l’essor agricole au Kasaï-Oriental. Selon une étude de la Banque africaine de développement (BAD), 70 % des routes de la province sont en mauvais état, compliquant ainsi le transport des produits vers les marchés et augmentant les coûts pour les producteurs. Cette situation force les acheteurs de maïs à offrir des prix d’achat plus bas aux cultivateurs pour compenser les frais de transport élevés, impactant la rentabilité des exploitations locales.
Le projet du ministère du Développement rural, qui ambitionne de réhabiliter ou de construire 11 000 kilomètres de routes par an pour relier les zones de production aux zones de consommation, s’inscrit donc dans la bonne direction.
GAB
Le lancement du Programme d’investissement pour la restauration des forêts et savanes (Pifores), initialement prévu avant juin 2024, a finalement eu lieu le 14 octobre dernier à Kinshasa, en présence d’Anna Bjerde, directrice générale des opérations de la Banque mondiale, en visite en République démocratique du Congo (RDC). Ce projet, qui vise à améliorer l’aménagement du territoire, la gestion des paysages forestiers et les moyens de subsistance des communautés locales dans sept provinces (Kinshasa, Kongo Central, Kwilu, Kasaï, Kasaï Central, Kasaï Oriental et Lomami), est financé à hauteur de 300 millions de dollars par un prêt de cette institution financière internationale.
Selon des documents officiels consultés par Bankable, ce financement est réparti en plusieurs volets. Un montant de 17 millions de dollars est destiné à l’amélioration de la planification de l’utilisation des terres et à la gouvernance pour la gestion des ressources naturelles dans les zones ciblées. De plus, 215 millions de dollars sont alloués au développement des chaînes de valeur agroforestières et forestières, visant à promouvoir une gestion durable des paysages et à améliorer les moyens de subsistance des communautés locales. Le développement d’une chaîne de valeur durable pour l’énergie et la cuisson propre bénéficiera de 25 millions de dollars. Par ailleurs, 13 millions de dollars seront investis dans des approches innovantes pour la mesure, le rapport, la vérification et le financement climatique basé sur les résultats. Enfin, 30 millions de dollars sont prévus pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation du projet.
Concrètement, pour la mise en œuvre des volets liés au développement des chaînes de valeur agroforestières et forestières ainsi qu’au développement d’une chaîne de valeur durable pour l’énergie et la cuisson propre, qui absorbent la majeure partie du budget du projet (240 millions de dollars), il est prévu d’accorder des « micro-subventions » aux projets forestiers, agroforestiers et de production de foyers améliorés. Ces subventions viendront en complément du financement propre apporté par le porteur de projet, dont le pourcentage et le montant maximum seront précisés dans le manuel du programme. À titre de référence, dans un programme précédent, la contribution propre du promoteur variait entre 40 et 60 %, avec un cofinancement des projets compris entre 100 000 et 1 000 000 dollars. Les bénéficiaires peuvent être des PME, des petits exploitants, des opérateurs privés ainsi que des ménages agricoles. Leur sélection se fera par un processus d’appel à concurrence.
Dans le domaine de la foresterie et de l’agroforesterie, les projets portés par les PME devront couvrir des superficies plantées comprises entre 50 et 1000 hectares. Ces projets devront également présenter un business plan attestant d’une rentabilité acceptable des investissements, en tenant compte notamment de la part de la subvention. Ils devront en outre respecter les normes socio-environnementales du programme et démontrer un impact social avéré en faveur des populations voisines, que ce soit en termes d’emploi ou d’investissements à leur profit. En revanche, pour les petits propriétaires privés, les superficies de plantation devront varier entre environ 10 et 50 hectares, tandis que celles des ménages agricoles devront se situer entre environ un et 50 hectares. Tous les porteurs de projets devront être en possession d’un titre de propriété foncière.
Selon les initiateurs du Pifores (gouvernement de la RDC et Banque mondiale), les activités du projet devraient concerner environ 4,5 millions de bénéficiaires, dont 50 000 appartenant aux peuples autochtones. Dans le cadre d’un programme similaire, affirment-ils pour illustrer l’impact potentiel du projet dans la lutte contre la pauvreté, il a été démontré que les bénéficiaires des investissements agroforestiers soutenus par le programme ont enregistré une augmentation de 18 % de leurs revenus, soit un gain de 448 dollars par an, ainsi que des avantages non monétaires significatifs. Par ailleurs, toujours selon les initiateurs du Pifores, les activités prévues devraient permettre de mettre plus de 4 millions d’hectares de terres sous un régime d’utilisation durable, contribuant ainsi à réduire d’environ 10 % la déforestation dans les bassins concernés, tout en permettant de séquestrer et d’éviter l’émission de 30 à 35 millions de tonnes de CO2.
Pierre Mukoko
Une enveloppe de 30,2 milliards de francs congolais (11 millions de dollars) est prévue pour l’aménagement de quatre parcs agro-industriels en République Démocratique du Congo (RDC) entre 2025 et 2027, selon le programme d’investissements publics de cette période, annexé au projet de loi de finances pour l’exercice 2025.
Dans le détail, 7 milliards de CDF seront alloués à la réalisation de travaux dans l’Est du pays (Maniema), 16,9 milliards de CDF seront investis dans deux parcs agro-industriels dans le Nord-Ouest (Bas-Uélé et Lisala/Mongala), et 6,3 milliards de CDF seront consacrés au Sud (Kalemie/Tanganyika).
En attendant la divulgation de détails supplémentaires sur ces différentes initiatives, les observateurs appellent déjà les autorités à placer la transparence au cœur du déploiement des projets afin d’éviter de reproduire le scénario du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
Située dans la province du Kwango, à 250 kilomètres au sud-est de Kinshasa, cette initiative, lancée en juillet 2014 pour dynamiser l’agriculture congolaise, n’a jamais produit les résultats escomptés. Selon l’Inspection générale des finances (IGF), sur les 285 millions de dollars alloués par le Trésor public à ce projet, 205 millions de dollars ont été détournés.
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Lors du Conseil des ministres du 11 octobre 2024, présidé par le président Félix Tshisekedi, un financement de 260,4 millions de dollars de la Banque africaine de développement (BAD) a été approuvé, selon une communication du ministère des Finances. Ce financement vise à mettre en œuvre un projet d’augmentation de la production de denrées alimentaires essentielles comme le riz, le maïs et le manioc, qui constituent une part importante de la consommation en République Démocratique du Congo (RDC). Concrètement, le projet prévoit de construire des infrastructures de stockage et de mettre en place des financements pour soutenir les producteurs et les autres acteurs de ces filières.
𝗧𝗿𝗼𝗶𝘀 𝗽𝗿𝗼𝗷𝗲𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗼𝗶𝘀 𝗱𝗲 𝗿𝗮𝘁𝗶𝗳𝗶𝗰𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗮𝗱𝗼𝗽𝘁é𝘀 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗲 𝗖𝗼𝗻𝘀𝗲𝗶𝗹 𝗱𝗲𝘀 𝐌𝗶𝗻𝗶𝘀𝘁𝗿𝗲𝘀 #Retro⏪#Kinshasa 11.10.2024 | Le Conseil des ministres, présidé par le Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi, a adopté trois projets de… pic.twitter.com/nwTPu2sHWA
— Ministère des Finances, RDC (@financesrdc) October 13, 2024
Les fonds alloués à ce projet seront répartis entre plusieurs zones : l’Axe Ouest, qui couvre les provinces du Kongo Central, du Maï-Ndombe et du Kwango ; l’Axe Centre, comprenant les provinces du Kasaï Oriental et de la Lomami ; et l’Axe Est, principalement concentré sur la province du Sud-Kivu.
L’approbation du gouvernement intervient alors que plusieurs avancées ont déjà été réalisées sur le terrain. Des études environnementales ont été effectuées sur les sites d’intervention, et des certificats de conformité ont été obtenus, aussi bien pour le développement des zones de production que pour la construction des infrastructures de stockage et de conservation.
La BAD prévoit de déployer ce projet entre 2024 et 2029. Le financement sera principalement assuré par le Fonds africain de développement (250,4 millions de dollars) et la Facilité africaine pour la transition (10 millions de dollars). L’État congolais apportera également une contribution de 51,2 millions de dollars, portant ainsi le financement total à 311,6 millions de dollars, un montant bien supérieur aux 163 millions de dollars prévus dans le budget d’investissement agricole pour la période 2025-2028.
Le déploiement effectif de ce projet devrait permettre de répondre concrètement aux défis de la sécurité alimentaire dans les régions concernées. Par exemple, pour la filière manioc, qui constitue l’aliment de base pour environ 70 % de la population, la disponibilité actuelle est de seulement 47 kilogrammes par an et par habitant, alors que les besoins sont estimés à 144 kilogrammes.
Bien que la République Démocratique du Congo (RDC) dispose d’un potentiel considérable en terres cultivables, l’agriculture demeure un secteur qui nécessite une concentration accrue de ressources. La Banque mondiale, qui intervient dans ce domaine avec un portefeuille de projets d’environ 322 millions de dollars, estimait en 2022 que l’agriculture employait 56 % de la main-d’œuvre du pays. Cependant, sa contribution à la création de richesse s’élevait à seulement 51,7 milliards de dollars entre 2013 et 2023.
Georges Auréole Bamba
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En 2023, la République démocratique du Congo (RDC) a importé environ 14 500 tonnes de viande de porc, principalement sous forme de morceaux et d’abats, selon le dernier rapport annuel de l’Association brésilienne des protéines animales (ABPA). Cette quantité représente une hausse de plus de 28 % par rapport à 2022, où les importations s’élevaient à 11 300 tonnes.
Avec cette augmentation, la RDC est devenue la troisième destination africaine du porc brésilien, derrière l’Angola et la Côte d’Ivoire. Cette croissance de la demande en provenance du Brésil souligne un potentiel pour que les acteurs locaux se tournent vers ce segment et développent une offre nationale.
Bien que la viande de porc figure parmi les produits carnés les plus consommés à travers la RDC, tant en milieu rural qu’en périphérie urbaine, les données de la FAO révèlent une production nationale encore limitée. Celle-ci n’a progressé que très modestement au cours de la dernière décennie, passant de 24 622 tonnes en 2012 à seulement 27 415 tonnes en 2022.
Dans ce contexte de quasi-stagnation, de nombreux observateurs estiment que le développement du sous-secteur porcin nécessitera plusieurs interventions, notamment sur les maillons de la production et de la commercialisation.
Cela inclut notamment la sensibilisation des éleveurs aux bonnes pratiques d’hygiène afin d’assurer que le produit ne présente aucun risque pour la santé des consommateurs. Il est également crucial d’améliorer l’accès économique aux intrants essentiels pour réduire les coûts de production, tout en mettant en place des mécanismes garantissant aux fermiers la rentabilité de la distribution de la viande de porc et de ses sous-produits dans les établissements de grande consommation, tels que les restaurants, hôtels, charcuteries et supermarchés.
Espoir Olodo
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Les responsables de Mole Group, une société suisse spécialisée dans le trading des matières premières agricoles, entament ce 23 septembre 2024 une série de rencontres avec les autorités centrales (présidence et ministères) et locales de la République Démocratique du Congo pour présenter un projet d’investissement dans la chaîne de valeur agricole. Ce projet prendra la forme d’un parc agro-industriel intégrant des activités de production, de transformation et de conservation. Il devrait être mis en œuvre en collaboration avec plusieurs partenaires spécialisés dans des domaines tels que la transformation, le stockage, et les techniques modernes de production.
La localité de Mbanga-Ngunzu, ciblée pour cet investissement, est située à proximité de la route nationale n° 1, qui relie Matadi, principal port de la RDC, à Kinshasa, la capitale comptant plus de 22 millions d’habitants. Elle se trouve également près de Lufu, un important marché d’approvisionnement pour la RDC et l’Angola. Mole Group est resté discret sur le montant exact des investissements envisagés avec ses partenaires, mais ceux-ci pourraient atteindre plusieurs centaines de millions de dollars. Le projet vise une production alimentaire de 750 000 tonnes par an, principalement du manioc, du maïs et du sucre.
Selon les estimations récentes du ministre de l’Économie, Daniel Mukoko Samba, la RDC affiche un déficit annuel de 10 millions de tonnes de maïs pour répondre à une demande intérieure estimée à 13 millions de tonnes. Ce déficit s’observe également pour d’autres produits, comme le manioc et le sucre. Le Centre international pour le commerce a rapporté que le pays a importé pour 222 millions de dollars de céréales en 2023. Avec le sommet Afrique-Chine, la stratégie agricole de la RDC a été renforcée par des objectifs d’exportation, un accord de principe permettant au pays de vendre jusqu’à un million de tonnes de produits agricoles à la Chine.
Mole Group, déjà présent en RDC avec un projet de développement de cacao équitable, semble cibler en priorité le marché local. En plus de contribuer à l’amélioration de l’approvisionnement alimentaire en RDC, l’entreprise prévoit des programmes visant à améliorer les conditions de vie des agriculteurs et des populations locales. Le projet intègre également une dimension écologique avec l’utilisation d’énergies renouvelables et un volet consacré au transfert de technologies.
Georges Auréole Bamba
Lors du dépôt du projet de loi de finances pour l’exercice 2025 au Parlement, en vue d’un examen et d’une adoption dans un délai d’un mois et demi, la Première ministre Judith Suminwa a souligné l’augmentation du budget alloué au secteur agricole. « Il y a une hausse de 13 % des ressources destinées à l’agriculture », a-t-elle déclaré.
Il reste toutefois à préciser la portée exacte de cette augmentation. La déclaration de la Première ministre ne spécifie pas clairement si cette hausse concerne uniquement les activités de production agricole, ou si elle inclut également l’ensemble du secteur, dont l’acquisition d’intrants, la construction d’infrastructures de conservation et de transformation, ainsi que la mise en place de voies de transport.
Dans la lettre d’orientation budgétaire pour 2025 adressée aux membres du gouvernement, la Première ministre avait précisé que les ressources allouées au secteur agricole devraient permettre d’atteindre un ratio de 10 % du produit intérieur brut (PIB), conformément à la convention de Maputo, qui sert de référence en la matière. Elle a également insisté pour que le budget prenne en compte l’ensemble de la chaîne de valeur, ainsi que l’entretien et la construction de 10 000 kilomètres de routes agricoles à travers les 145 territoires du pays.
Il convient de rappeler que le ministère de l’Agriculture fait partie des sept ministères éligibles à la gestion budgétaire axée sur les résultats, avec des budgets programmes. Le ministère du Développement rural, récemment très actif dans le lancement des travaux de construction de routes agricoles, est également concerné.
Dans le cadre du projet d’investissement pour la période 2024-2026, les ressources budgétaires allouées à ces deux ministères s’élèvent à 7 316 milliards de francs congolais (environ 2,6 milliards de dollars). La capacité de l’administration à utiliser efficacement ces ressources pour le développement agricole sera un indicateur clé à surveiller. Bien que des efforts aient été mentionnés dans un récent rapport du ministre des Finances, il reste des défis à relever. On peut citer la part importante des rémunérations dans les dépenses et l’amélioration du paiement effectif des dépenses engagées.
Plus globalement, le projet de loi de finances pour l’année 2025, soumis à l’adoption des parlementaires et des sénateurs, prévoit un budget en hausse de 21 %, avec des ressources et des dépenses atteignant 49 847 milliards de francs congolais, soit un peu plus de 18 milliards de dollars. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement mise sur une amélioration de la collecte des recettes fiscales et sur la hausse des cours des matières premières, qui permettra d’augmenter les redevances.
Georges Auréole Bamba
Le ministre du Commerce extérieur en République Démocratique du Congo (RDC), Julien Paluku Kahongia, a annoncé avoir récemment supervisé la signature d'un protocole d'accord visant l'exportation de plus d'un million de tonnes de produits agricoles de RDC vers la Chine par des producteurs congolais. « L'État n'étant pas commerçant, il a un rôle régulateur : il crée des marchés et un environnement propice aux affaires », a expliqué le représentant du gouvernement.
Le Président Félix-Antoine TSHISEKEDI a décrété à KINSHASA" la revanche du sol sur le sous-sol", le Président XI JINPING a dit le 5 sept lors du #FOCAC2024 à PEKIN(#BEIJING) " j'ouvre mes frontières sans paiement des frais de douane pour l'importation des produits venant des 33… pic.twitter.com/X4xqxVgMoT
— JULIEN PALUKU (@julienpalukucom) September 8, 2024
Dans le détail, l'accord prévoit l'exportation vers la Chine d'un million de tonnes de soja, 20 000 tonnes de sésame, 10 000 tonnes de piments, 5 000 tonnes de café et 3 000 tonnes de cacao. Cet accord fait suite à la décision de la Chine de supprimer unilatéralement, sans contrepartie, les tarifs douaniers sur les produits en provenance de pays jugés à faibles revenus, dont 33 pays africains.
Pour le ministre du Commerce extérieur, la conclusion de cet accord marque une étape importante dans la volonté du président Félix Tshisekedi de diversifier l'économie du pays au-delà du secteur minier. Bien que les détails de l'accord n'aient pas encore été rendus publics, il se concentre sur des secteurs capables de développer davantage de chaînes de valeur.
Le piment est un produit particulièrement prisé par les classes moyennes en Chine, et le pays a déjà signé des accords d'importation avec le Rwanda. Le café, quant à lui, est un produit d'exportation dont on parle peu en RDC, bien que sa production soit estimée à près de 73 000 tonnes, entièrement destinées à l'exportation. Cependant, le gouvernement peine à établir des filières traçables. La Chine est également le principal marché mondial du soja. Entre janvier et juillet 2024, elle en a acheté pour près de 29 milliards de dollars, selon des données de la plateforme Statista. En 2023, l'Empire du Milieu représentait 60 % des importations mondiales de ce produit.
Le protocole d'accord signé pourrait offrir une opportunité pour le développement initial des chaînes de valeur agricoles, mais des défis restent à relever. Pour les banques, il sera crucial de trouver des modèles de financement adaptés à ce secteur, potentiellement délicat et comportant des risques de pertes. Au-delà de l'accord, les producteurs devront bien comprendre les attentes des consommateurs chinois et se donner les moyens de s'adapter à un marché qui a souvent montré des signes de volatilité ces derniers temps.
Georges Auréole Bamba
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En République démocratique du Congo, les acteurs de la filière café robusta pourraient bénéficier de l’amélioration des prix de cette variété sur le marché mondial. Après une hausse de 58 % en 2023, les prix ont déjà augmenté de 63 % cette année, atteignant le mardi 9 juillet dernier, un record de 4 667 $ la tonne sur le marché de Londres.
Cette situation est liée à la forte demande de la part des torréfacteurs, sur fond de ralentissement des ventes du Vietnam, premier exportateur mondial de robusta et second fournisseur de café. Dans le pays asiatique, en effet, les exploitants ont été touchés par la pire sécheresse depuis plus de 10 ans, phénomène qui a assombri les perspectives de la nouvelle campagne qui débutera en novembre prochain.
Pour la filière café congolaise, la hausse du prix à l’export crée une opportunité pour renforcer les investissements dans les plantations de robusta, une variété plus résistante au temps sec, qui fournit plus de 70 % de la production totale de café du pays.
Selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC), l’offre de robusta a atteint 23 130 tonnes en 2022, soit 385 500 sacs de 60 kg. Un tel volume fait de la RDC, le 5e fournisseur africain de robusta aux côtés de l’Ouganda, de la Côte d’Ivoire, de la Tanzanie et du Cameroun.
Plus globalement, le second pays le plus vaste d’Afrique devrait bénéficier des perspectives positives concernant la consommation mondiale. Selon les données de l’Organisation internationale du café (OIC), la consommation de la fève devrait grimper de 2,2 % durant la campagne 2023/2024.
Pour rappel, en RDC, la culture de café s’effectue sur près de 200 000 hectares, selon les données du secrétariat de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).
Espoir Olodo
L’entrée de la République démocratique du Congo (RDC) dans la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) en juillet 2022 ouvre de nouvelles perspectives pour le commerce du maïs dans la région. Jusque-là la dynamique des importations y était portée par le Kenya. La RDC a le potentiel de devenir un nouveau relais de croissance pour les échanges transfrontaliers de cette céréale sur le marché commun.
La consommation de maïs y a doublé en vingt ans, passant de 1,1 million de tonnes en 2003 à 2,2 millions de tonnes en 2023, selon le Département américain de l’agriculture (USDA). Pour la FAO, les importations de maïs et de farine de maïs ont atteint environ 69 millions de dollars en 2022. La plateforme des statistiques sur le commerce mondial chiffre les importations de maïs à 38 millions $ pour 2022 et 2023.
Par ailleurs, les perspectives d’accroissement de la demande demeurent positives grâce à la croissance démographique anticipée pour les prochaines décennies et à l’importance continue du maïs dans les habitudes de consommation, tant en milieu rural qu’urbain, où il est utilisé sous forme d’épis grillés, de semoule ou de farine pour la fabrication du foufou.
Au regard de ces différentes tendances, le marché congolais peut devenir un débouché intéressant pour la Tanzanie et l’Ouganda, les principaux exportateurs de cette graminée dans la sous-région. Il peut contribuer à compenser les fréquentes perturbations commerciales liées aux disputes sur les normes phytosanitaires et procédures techniques avec le Kenya qui absorbe habituellement entre 80 et 90% de leurs ventes.
Déjà en Tanzanie, l’Agence nationale de réserves alimentaires (NFRA) a annoncé le 21 mai dernier, avoir conclu une entente commerciale pour expédier 500 000 tonnes de maïs vers la RDC à destination de la Quincy Company, une société installée dans la province du Katanga.
Si, globalement, la RDC peut jouer un rôle dans une possible reconfiguration des flux du maïs en Afrique de l’Est, certains experts estiment que son apport futur reste néanmoins tributaire des marges de croissance qui seront couvertes dans un contexte des échanges dominé par le secteur informel, la capacité des responsables institutionnels à mettre en place de textes et lois qu’impliquent l’entrée dans la communauté et la capacité à apporter des solutions à toutes les barrières non tarifaires, qui pèse sur les corridors commerciaux dans cette région du monde.
Espoir Olodo
L’importation de bières et de boissons gazeuses est suspendue pendant 12 mois en RDC, selon un arrêté ministériel signé le 26 juin dernier. L’information a été révélée le 19 juillet par Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur.
« En cas de nécessité d’approvisionnement dans les parties du territoire national où les consommateurs ont un accès difficile aux produits locaux, les opérateurs économiques peuvent bénéficier d’une dérogation d’importation par le ministre ayant le Commerce extérieur dans ses attributions », précise l’arrêté.
D’après les médias locaux, cette décision a été prise de concert avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le ministère de l’Industrie et d’autres services spécialisés. Pour la FEC l’objectif principal de cette mesure est de protéger l’industrie locale face à la concurrence étrangère.
D’après l’organisation, la suspension temporaire des importations de boissons vise à stimuler la production locale et encourager la consommation des produits nationaux en vue de renforcer la compétitivité des entreprises locales.
En RDC, les importations de boissons se renforcent chaque année. D’après les données compilées par la banque centrale du pays, la valeur des importations de cette catégorie de produits a augmenté de 9,8% en moyenne par an entre 2018 et 2022, passant de 627 millions $ à plus de 1 milliard $.
Parmi les principaux fabricants locaux de boissons se trouvent entre autres African Foods & Beverages (AFB), les Brasseries du Congo (Bracongo) ou encore la Brasserie de Léopoldville (Bralima). L’industrie congolaise devrait bientôt être renforcée par des investissements étrangers. Selon le ministère du Commerce extérieur, la multinationale américaine Pepsico lancera une nouvelle usine de fabrication de boissons de sa marque phare « Pepsi » dans la zone économique de Makulu en 2024.
Stéphanas Assocle