Le cacao, produit d’exportation de la République démocratique du Congo (RDC), a enregistré une forte baisse de prix. C’est ce qui ressort de la dernière Mercuriale des prix des principaux produits exportés, publiée par le ministère du Commerce extérieur pour la période du 20 au 25 octobre 2025.
Selon cette grille officielle, établie notamment sur la base des cours internationaux, la valeur d’un kilogramme de fèves de bonne qualité varie entre 5,6 et 5,3 dollars, selon les postes frontaliers (Matadi, Est et Zongo). Cela représente une chute de 40 % par rapport à la période du 23 au 28 juin 2025. Cette tendance concerne toutes les qualités de cacao, sans distinction.
La baisse s’est également répercutée sur les prix payés aux producteurs. Dans la province de l’Ituri, notamment dans les territoires d’Irumu et de Mambasa, le prix du kilogramme de cacao est passé de 20 000 francs congolais à 6 000 FC, soit environ 2,7 dollars.
Dieudonné Kambale, agronome à ESCO Kivu, un grand exportateur opérant dans l’est du pays, cité par 7sur7.cd, attribue cette chute en partie à un manque de bonne fermentation locale. Selon lui, le cacao doit fermenter pendant une semaine, alors que les producteurs l’exposent au soleil directement après la récolte pendant deux ou trois jours avant de le vendre. Un constat déjà partagé en juillet par le président des acheteurs de produits agricoles et pérennes dans la région, Mumbere Musumba Jackson.
Dieudonné Kambale évoque également la hausse de la production africaine. Cette évolution s’explique par une amélioration des conditions météorologiques en Afrique de l’Ouest, principale zone productrice mondiale, et par les progrès dans la lutte contre le virus du swollen shoot, qui avait réduit les rendements les années précédentes.
Réduction de la dépendance au cacao
Ces facteurs ont ravivé la confiance de la Côte d’Ivoire et du Ghana, les deux géants du secteur, qui s’attendent à de bonnes récoltes. Le Ghana prévoit notamment plus de 650 000 tonnes pour la campagne 2025/2026, selon le ministre de l’Agriculture, cité par Agence Ecofin.
Parallèlement, l’industrie mondiale du chocolat cherche à réduire sa dépendance à la fève et au beurre de cacao. Plusieurs entreprises misent sur des substituts, tels que la pulpe de cacao ou certaines huiles végétales.
Le géant Nestlé, classé parmi les cinq plus grandes entreprises du secteur, a annoncé en août dernier une nouvelle formulation de chocolat utilisant 30 % de produits dérivés du fruit du cacao, notamment la pulpe auparavant jetée, réduisant ainsi la proportion de fèves dans ses produits.
Ces dynamiques mondiales interviennent alors que le ministre de l’Agriculture, Muhindo Nzangi, a récemment réaffirmé l’ambition de la RDC de se hisser au premier rang des producteurs mondiaux de cacao d’ici cinq ans. Il s’agit de produire 3 millions de tonnes à l’horizon 2030 alors que la production nationale de cacao s’est située à seulement 100 000 tonnes en 2024, selon les données du ministère du Commerce extérieur.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit la création d’une brigade spéciale chargée de protéger les plantations contre les attaques des rebelles ADF, accusés d’exploiter cette culture pour financer leurs activités.
D’autres mesures incluent la réduction à 24 heures du délai de traitement des dossiers d’exportation et la relance de la plantation de cacao de Bengamisa (CABEN), à Kisangani (province de la Tshopo), sur 5 000 hectares abandonnés depuis 25 ans.
Timothée Manoke
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