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Comment la transformation du manioc peut dynamiser l'économie agricole en RDC

Comment la transformation du manioc peut dynamiser l'économie agricole en RDC

En Afrique, le manioc est l’une des principales cultures alimentaires. IL présente donc un important potentiel de développement. En RDC, selon la Banque mondiale, le développement de la chaîne de valeur du tubercule pourrait stimuler le tissu agro-industriel, créant ainsi de nombreuses opportunités économiques et d’emplois. Explications.

Intitulé « Mémorandum économique-pays pour la République Démocratique du Congo. Voies d’accès à la diversification économique et l’intégration commerciale régionale », le rapport publié en septembre 2023 met d’abord en évidence la place stratégique de la RDC dans l’offre mondiale en tubercules ainsi que l’importance de la culture au niveau local.

Une culture névralgique

Le pays francophone le plus peuplé du monde a produit 48,7 millions de tonnes de manioc en 2022, selon la base de données de la FAO (FAOStat), soit environ 15% du stock global. Ce volume en fait le second fournisseur mondial derrière le Nigeria (60,8 millions de tonnes).

Plus globalement, depuis 2001, le manioc a vu sa production presque tripler, passant de 15,4 millions de tonnes à 42,7 millions de tonnes en 2022 alors que celle de l’ensemble des autres racines et tubercules a été multipliée par deux selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC) compilées par l’Agence Ecofin.  

Présentant plusieurs avantages comme la tolérance aux conditions météorologiques extrêmes, dont la sécheresse, la faible utilisation d’intrants, la souplesse de la récolte (la racine peut demeurer en terre un certain temps après être arrivée à maturité), le manioc représente actuellement près de 40% de la surface récoltée et 70% de la production agricole totale de la RDC.

D’après les données de la FAO, la consommation annuelle par tête du manioc en RDC avoisine les 500 kg de racines fraîches, soit environ 150 kg de farine fermentée, ce qui en fait la plus élevée d’Afrique centrale et l’une des plus élevées au monde.

Si comme dans les autres pays d’Afrique subsaharienne, le manioc était cultivé jusqu’à un passé récent pour l’autoconsommation, il s’agit désormais d’un produit perçu comme ayant une valeur commerciale à part entière. Cultivé dans toutes les provinces du pays, le manioc alimente les flux économiques vers les principales villes ainsi que les relations d’affaires entre les acteurs de la chaîne de valeur, qui tirent profit de la place du tubercule dans la satisfaction des besoins caloriques des ménages.

En effet, selon les données de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), le manioc fournit plus de 60% des besoins énergétiques de la population congolaise. Il représente la denrée de base la plus importante, consommée sous différentes formes telles que la chickwangue (bâton de manioc), le fufu (pâte alimentaire à base de manioc mélangé ou non au maïs) ou sous forme de manioc bouilli ou grillé. D’après les données de la FAO, la consommation annuelle par tête du manioc en RDC avoisine les 500 kg de racines fraîches, soit environ 150 kg de farine fermentée, ce qui en fait la plus élevée d’Afrique centrale et l’une des plus élevées au monde.

Création de valeur ajoutée et diversification économique

Alors qu’actuellement le pays reste un importateur net de produits de base, la Banque mondiale souligne qu'un renforcement de la filière manioc pourrait jouer un rôle crucial dans l’émergence d’une agro-industrie. Avec un investissement important dans les équipements pour une transformation rapide, aussi bien en milieu rural que dans les zones industrielles, la RDC pourrait limiter les pertes de produits frais qui interviennent 48 à 72 heures suivant la récolte et se positionner durablement comme un fournisseur majeur de produits dérivés tels que la farine de manioc de haute qualité (HQCF).

Ce produit dérivé peut ainsi trouver sur le marché intérieur des débouchés importants dans la panification et la pâtisserie en tant que produit de substitution pour le blé, permettant ainsi de réduire la facture des importations et de contribuer à la sécurité alimentaire. D’après la Banque mondiale, l’impact de la guerre en Ukraine a déjà donné un coup de fouet aux efforts nationaux de réduction de la dépendance vis-à-vis du blé, conduisant notamment en avril 2022 à l’adoption par le gouvernement d’un projet d’incorporation, à hauteur de 20%, de la farine de manioc dans la production de pain.

Banque mondiale : « La demande croissante des pays occidentaux où le manioc devient un ingrédient alimentaire de base constitue une opportunité croissante de cibler les ports stratégiques des Pays-Bas et de la Belgique qui servent de grands centres de distribution pour la majeure partie du continent ».

Sur le plan macro-économique, le développement d’une industrie autour du manioc soutiendrait également les efforts de diversification de l’économie. Le pays qui partage ses frontières terrestres avec 9 voisins régionaux pourrait ainsi s’engager dans l’exportation en tirant profit de la demande et peut aussi cibler des marchés européens où le produit est de plus en plus convoité.

« La demande croissante des pays occidentaux où le manioc devient un ingrédient alimentaire de base constitue une opportunité croissante de cibler les ports stratégiques des Pays-Bas et de la Belgique qui servent de grands centres de distribution pour la majeure partie du continent », indique l’institution.

Des défis à relever

Si la RDC est un acteur majeur de la filière manioc, de nombreux obstacles devront être surmontés pour tirer le meilleur des opportunités qui s’annoncent et générer un maximum de valeur ajoutée sur le territoire national. En effet, si le pays trône à la seconde place dans la production, il reste en retard en matière de rendement avec seulement 8,15 tonnes par hectare en 2021 contre 10 tonnes pour la moyenne mondiale et très loin du record mondial de 41 tonnes, selon les données de la FAO. Il existe donc encore en RDC des opportunités significatives pour augmenter la production et répondre à la demande croissante pour les produits à base de manioc.

D’après la Banque mondiale, un soutien public renforcé à la filière et l’application de technologies agricoles intelligentes par rapport au climat pourraient permettre de doubler ou de quadrupler à terme le rendement du manioc dans le pays. Par ailleurs, les investissements dans la recherche et le développement de nouvelles variétés, la vulgarisation des bonnes techniques agricoles ainsi que la gestion intégrée de la fertilité des sols peuvent aussi contribuer à l’amélioration de la productivité.

Le document souligne ainsi que les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) actives dans la chaîne de valeur du manioc pâtissent des coûts associés à la lourdeur bureaucratique, de la charge fiscale et parafiscale, des difficultés d’accès à la terre et au financement, du déficit d’infrastructures fiables (électricité et transport routier).

Au-delà des défis dans l’accroissement de la production, le rapport met en avant un environnement des affaires encore peu propice au développement de l’agro-industrie. Le document souligne ainsi que les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) actives dans la chaîne de valeur du manioc pâtissent des coûts associés à la lourdeur bureaucratique, de la charge fiscale et parafiscale, des difficultés d’accès à la terre et au financement, du déficit d’infrastructures fiables (électricité et transport routier).

Face à ces défis, la Banque mondiale souligne que des solutions existent pour non seulement pérenniser les activités et les emplois créés par les MPME déjà présentes dans le secteur, mais aussi attirer de nouveaux investissements sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Il s’agit notamment de la rationalisation des procédures administratives pour favoriser l’accès à la terre, de l’amélioration de l’accès des MPME au financement, par le biais d’outils adaptés, de l’élargissement des zones économiques spécialisées pour la transformation du tubercule ou encore du développement de programmes d’adaptation au changement climatique dans les zones de production de la culture.

Espoir Olodo

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