En RDC, l’amélioration de la gouvernance foncière est un enjeu majeur pour le développement d’une agriculture durable et résiliente face au changement climatique. C’est ce qu’indique le Rapport sur le climat et le développement (CCDR) pour le pays, publié par la Banque mondiale en novembre dernier.
Alors que dans le pays, les petits producteurs fournissent l’essentiel de l’offre alimentaire comme dans le reste de l’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud), ceux-ci doivent faire face au défi de l’insécurité foncière. D’après l’institution, la plupart des terres cultivées n’ont pas de titre de propriété et ne sont pas correctement enregistrées. Une situation qui freine l’investissement à long terme et plombe l’amélioration de la productivité agricole au niveau des exploitants.
Dans les zones rurales, la Banque mondiale rappelle que 16 millions de petits exploitants congolais constituent l’épine dorsale de la sécurité alimentaire et de l’agriculture, avec une propriété foncière moyenne de 1,6 hectare. Dans un tel contexte, les auteurs du rapport estiment qu’une bonne gouvernance foncière consisterait en la mise en œuvre de politiques et de lois visant la sécurisation des droits fonciers, tout en reconnaissant l’usage durable des terres et des droits des communautés coutumières.
Un tel cadre réglementaire qui serait associé à la numérisation des registres fonciers ainsi qu’un renforcement du système judiciaire permettrait notamment de lutter contre les expropriations foncières et de contribuer à la résilience de la population agricole face aux chocs. Ce sujet est particulièrement sensible en ce qui concerne les femmes qui éprouvent déjà des difficultés socio-économiques à accéder à la terre et dont 84% de la population en âge de travailler dépend de l’agriculture comme source de revenus et d’emplois contre 62% pour les hommes, selon l’organisation.
Au-delà des petits exploitants, la Banque mondiale souligne que les investisseurs étrangers font aussi face à de nombreux défis pour accéder aux terres rurales. L’institution financière cite notamment l’obligation de céder 51% de leurs parts à un partenaire local conformément à la loi agricole de 2011.
Il faut noter que la Banque mondiale n’est pas la seule organisation à pointer du doigt les défis liés à la gestion du foncier. Dans son dernier rapport statistique des projets d’investissements agréés en RDC sur la période 2019-2023, l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi) a souligné que cette question compte parmi les principaux freins au développement du secteur agricole, aux côtés du manque de routes de desserte agricole et de l’absence d’une offre financière axée sur l’agriculture.
Espoir Olodo