Chaque année, la République démocratique du Congo (RDC) consacre 3 milliards de dollars à ses achats alimentaires à l’étranger. C’est ce qu’a indiqué le président Félix Tshisekedi lors de son discours sur l’état de la Nation prononcé devant le Parlement le 11 décembre 2024.
Cette dépendance du pays au marché international pour son approvisionnement alimentaire entraîne d’importantes pertes de devises et le rend vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux des produits de base.
Il s’agit par ailleurs d’une part importante du marché des produits agroalimentaires qui échappe aux producteurs locaux en raison d’une sous-exploitation du potentiel du pays, notamment des terres arables, dont la superficie est estimée à près de 80 millions d’hectares.
En effet, plusieurs chaînes de valeur agroalimentaires attendent toujours d’être développées par les investisseurs nationaux et étrangers afin de satisfaire la demande locale en produits alimentaires et de positionner la RDC comme un moteur du commerce intrarégional de produits agricoles.
Dans le pays, des filières comme le manioc et le maïs ont un effet d’entraînement important sur l’économie rurale dans de nombreuses provinces, mais elles peuvent aussi servir de catalyseurs pour l’ajout de valeur à travers la transformation. Par ailleurs, l’augmentation de la consommation de produits animaux et de fruits et légumes, sous l’effet du changement des habitudes alimentaires lié à l’urbanisation, représente également une opportunité majeure pour le secteur de l’élevage et les filières horticoles.
Sur ce dernier segment, la tomate est la première culture maraîchère et affiche une consommation en hausse, comme en témoignent les importations de jus, de purée et de fruits frais, qui ont dépassé les 12 millions de dollars en 2022, selon les données de la FAO.
Sur un autre plan, le développement des investissements dans l’irrigation pourrait permettre aux investisseurs de tirer profit des 900 millions de mètres cubes d’eaux de surface et 420 millions de mètres cubes d’eaux souterraines que possède le pays.
En attendant un renforcement de l’implication du secteur privé, M. Tshisekedi indique que le gouvernement jouera pleinement son rôle dans l’essor du secteur agricole en RDC.
Dans le cadre du Programme d’Actions 2024-2028, le chef de l’État souligne que des exonérations pour l’importation de matériel agricole ont déjà été accordées à plus de 200 entreprises agricoles et que les agriculteurs ont bénéficié de 350 tracteurs pour la saison en cours.
Par ailleurs, dans le cadre de la Loi de finances 2025, le budget alloué à l’agriculture devrait dépasser 11 % du total des dépenses publiques, une première qui permettra au pays de respecter l’engagement pris en 2003 à Maputo. Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA), les États africains s’étaient engagés à consacrer 10 % de leurs dépenses publiques au secteur agricole et à atteindre une croissance agricole de 6 % par an.
Espoir Olodo
Lire aussi :
Pôles agro-pastoraux : le projet toujours en maturation
Système semencier : un investissement public de 18 millions $ prévu pour 2025-2026
Agriculture en RDC : évolution, sources et orientation des investissements entre 2019 et 2023
Comment la transformation du manioc peut dynamiser l'économie agricole en RD
Production agricole : la Banque mondiale plaide pour plus d’investissements dans l’irrigation