Selon le ministre de l’Agriculture, Grégoire Mutshail Mutomb, cité par l’Agence congolaise de presse (ACP), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), accompagnera la République démocratique du Congo (RDC), dans l’industrialisation de la culture du manioc. Objectif : créer des emplois, de lutter contre la faim et la pauvreté.
Cette annonce fait suite à la première édition du forum intercontinental « High-Level Inter-regional Knowledge Exchange on One Country One Priority Product (OCOP) Models », coorganisé par la FAO et le Vietnam, du 15 au 17 juillet à Hanoï. L’événement a réuni les ministres de l’Agriculture de 17 pays africains et asiatiques, dont la RDC.
Selon le ministre Mutshail, l’appui de l’organisation onusienne vise notamment le développement de la transformation du manioc en farine panifiable — une farine destinée à être mélangée à celle de blé dans la fabrication du pain. Les contours précis de cette coopération restent à définir. « Nous aurons encore des rencontres dans les mois à venir. Si tout se passe bien, la prochaine réunion pourrait se tenir ici même en RDC », a précisé le ministre.
Cette initiative devrait compléter les efforts déjà engagés pour industrialiser la filière manioc et accroître la valeur ajoutée locale.
En avril 2023, le gouvernement avait adopté un projet visant à intégrer la farine de manioc à hauteur de 20 % dans la farine de blé pour la panification, et à 100 % dans les pâtisseries (gâteaux, gaufres) et les pizzas. L’objectif affiché était de réduire la facture annuelle des importations de blé, estimée à 87 millions de dollars, dans un contexte de forte dépendance aux exportations de Russie et d’Ukraine, et de tensions sur les prix.
Malgré ces ambitions, la filière manioc est confrontée à de nombreux obstacles. Dans un rapport publié en septembre 2023, la Banque mondiale soulignait que l’environnement des affaires congolais reste peu propice au développement de l’agro-industrie. Les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) actives dans la chaîne de valeur du manioc doivent composer avec une lourdeur administrative, une fiscalité élevée, des difficultés d’accès à la terre et au crédit, ainsi qu’un manque criant d’infrastructures de base comme l’électricité et les routes.
Dans ce contexte, le ministre Mutshail insiste sur l’importance d’un engagement budgétaire clair de la part des autorités congolaises. Pour lui, ce partenariat avec la FAO doit s’accompagner d’une volonté politique forte pour intégrer la filière manioc dans la planification économique nationale.
Stéphanas Assocle
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