Au Cobalt Congress 2025 à Singapour, le ministre des Mines, Kizito Pakabomba (photo), a déclaré ce 14 mai que la RDC réexaminait actuellement l’interdiction d’exporter du cobalt, imposée en février dernier pour une durée de quatre mois. En annonçant cet embargo, l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (Arecoms) avait indiqué qu’une évaluation serait menée trois mois après l’entrée en vigueur de la mesure. En fonction des résultats, elle pourrait être adaptée ou levée.
À un mois de l’expiration de cette interdiction, Kinshasa reste floue sur ses intentions réelles. Lors du Conseil des ministres du 14 mars, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka avait présenté l’instauration de quotas comme la prochaine étape du plan visant à « stabiliser » le marché du cobalt.
Sauf que les volumes concernés et les modalités d’application n’ont toujours pas été précisés. On ignore également où en est la RDC avec son projet de coopération avec l’Indonésie, deuxième producteur mondial de cobalt avec 9,66 % de parts de marché. « Les responsables concernés par ces actions ont été appelés à les implémenter avec célérité et efficacité », indiquait pourtant le compte rendu de cette réunion ministérielle.
Quelques semaines après ce Conseil des ministre, le président Félix Tshisekedi a évoqué la possibilité d’une « prorogation » de l’interdiction. Il a également mentionné « de nouvelles stratégies visant à pérenniser l’équilibre du marché et à poser les bases d’une industrialisation locale durable », sans fournir de détails supplémentaires.
Premier producteur mondial avec plus de 70 % de l’offre globale, la RDC exerce une influence majeure sur le marché, tant au niveau de l’offre que des prix. La décision de suspendre les exportations a été prise en réponse à une chute des prix, attribuée à une surproduction de cobalt en provenance des mines congolaises et indonésiennes.
Depuis l’instauration de l’embargo, une envolée des cours est visible sur les marchés, avec une hausse de plus de 50 %. Entre la baisse des stocks extérieurs des producteurs et les incertitudes sur les prochaines décisions congolaises, le prix du cobalt à la Bourse des métaux de Londres (LME) est passé de 21 000 dollars la tonne fin février à plus de 33 000 dollars mi-mai.
Toutefois, toute indication d’un retour massif du cobalt congolais sur le marché pourrait provoquer une nouvelle chute des prix. D’autant que les deux principaux producteurs du pays, le chinois CMOC et le suisse Glencore, n’ont pas annoncé de suspension de leur production. Qu’il s’agisse de quotas, d’une prorogation de l’embargo ou d’autres mesures, les regards resteront tournés vers Kinshasa jusqu’au 22 juin, date d’expiration de la décision actuelle.
Pierre Mukoko, avec l’Agence Ecofin
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