En République Démocratique du Congo (RDC), la mine de cuivre de Kamoa-Kakula a livré au total 133 120 tonnes de concentré de cuivre au premier trimestre 2025, contre 86 117 tonnes sur la même période l’année passée. Cette donnée dévoilée le 7 avril par l’opérateur canadien Ivanhoe Mines, indique une hausse de 58 % de la production trimestrielle en glissement annuel.
Cette performance a été soutenue par la forte activité de broyage des trois concentrateurs de la mine. Ces derniers ont, apprend-on, broyé un volume record de 3,72 millions de tonnes de minerai, avec un record quotidien de 51 528 tonnes de minerai fin mars. Le concentrateur de phase 3 s’est particulièrement démarqué, broyant à lui seul un volume de 1,51 million de tonnes de minerai au cours de la période sous revue.
Cette hausse trimestrielle s’inscrit dans les plans d’Ivanhoe Mines visant à accroître la production de Kamoa-Kakula en 2025. Dans ses prévisions annuelles, la compagnie table en effet sur une production comprise entre 520 000 et 580 000 tonnes de concentré de cuivre pour la mine, contre un total de 437 061 tonnes livré au terme de l’exercice 2024.
Ivanhoe Mines s’attend à des résultats opérationnels tout aussi dynamiques au cours des prochains mois, notamment au niveau du concentrateur de phase 3 où les teneurs en minerai devraient s’améliorer tout au long de l’année.
Pour rappel, l’État congolais détient 20 % d’intérêts dans la mine Kamoa-Kakula. Ivanhoe et Zijin Mining détiennent respectivement 39,6 %, alors que Crystal River Global Limited possède une part de 0,8 % du capital du projet.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
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Avec la mise en service de la fonderie, prévue en mai 2025, les besoins énergétiques du complexe minier de Kamoa-Kakula devraient progressivement augmenter pour atteindre environ 240 MW lorsque les phases 1, 2 et 3, ainsi que la fonderie, fonctionneront à pleine capacité en 2026, estime Ivanhoe Mines, l’opérateur de la mine. Par rapport à mars 2025, où la consommation totale moyenne d’électricité se situait entre 130 et 140 MW, la demande devrait croître de 100 à 110 MW supplémentaires.
Dans un communiqué de presse publié le 7 avril, l’entreprise canadienne a présenté les initiatives mises en place pour couvrir cette hausse. Il en ressort que le complexe minier de Kamoa-Kakula pourrait, d’ici 2026, être entièrement alimenté par de l’énergie verte.
Au début du mois de mars, 100 MW provenaient de sources hydroélectriques, dont la moitié était importée de la Zambie ou du Mozambique, tandis que le reste des besoins était comblé par des groupes électrogènes diesel installés sur site, disposant d’une capacité totale de 160 MW. Grâce à un accord signé récemment, la quantité d’hydroélectricité importée est passée de 50 MW à 70 MW. Une nouvelle hausse des importations à 100 MW est attendue dans les prochains jours, selon Ivanhoe, ce qui porterait l’énergie propre disponible à 150 MW.
Cette puissance devrait continuer d’augmenter avec la mise en service de la turbine 5 d’Inga II, prévue pour le troisième trimestre 2025. D’une capacité de 178 MW, cette turbine a été modernisée par Ivanhoe Mines Energy, une filiale du groupe. Dès sa mise en service, Kamoa-Kakula devrait recevoir 50 MW supplémentaires d’hydroélectricité. Bien que cette puissance soit inférieure aux 70 MW initialement annoncés, elle permettrait à Ivanhoe de garantir un approvisionnement en hydroélectricité de 200 MW pour le complexe minier, à condition que les capacités importées soient maintenues à 100 MW.
Centrale solaire
L’apport de la turbine 5 d’Inga II devrait progressivement atteindre sa pleine capacité de 178 MW, à mesure que les travaux de renforcement du réseau seront achevés d’ici 2026, indique Ivanhoe. Ce niveau de production pourrait même permettre à Kamoa-Kakula de se passer des importations d’électricité, d’autant plus qu’un projet solaire, visant à garantir un approvisionnement constant de 30 MW, devrait être lancé en août 2025.
La société Kamoa Copper, détentrice du complexe, a signé début avril un accord d’achat d’électricité avec CrossBoundary Energy, un développeur spécialisé dans les solutions d’énergie renouvelable pour les entreprises. Ce dernier doit mettre en place à Kolwezi un système de production d’énergie renouvelable de base pour alimenter la mine. Le projet prévoit l’installation d’une centrale solaire photovoltaïque de 222 MWc, couplée à un système de stockage par batteries, capable de fournir une puissance constante de 30 MW.
« Cette augmentation d’énergie a renforcé la confiance de la direction du site pour finaliser la mise en service et initier le démarrage du four de fusion », indique Ivanhoe Mines dans son communiqué du 7 avril. Cette fonderie, dotée d’une capacité annuelle de 500 000 tonnes, devrait produire ses premières anodes de cuivre à 99,7 % de pureté dès juillet 2025, et atteindre environ 80 % de sa capacité d’ici la fin de l’année, selon les projections de l’entreprise canadienne. La consommation électrique du four devrait passer progressivement de 45 MW au démarrage à 70 MW en régime nominal.
Ivanhoe Mines prévoit par ailleurs de dépasser une production annuelle de cuivre de 600 000 tonnes en 2026, une fois le projet 95 achevé. Ce dernier vise à optimiser la récupération du concentré de cuivre, jusqu’à 95 %, pour les mêmes volumes de minerai extraits et à coûts opérationnels constants. Prévu pour être mis en œuvre au cours du premier trimestre 2026, le projet pourrait ajouter 30 000 à 40 000 tonnes de concentré à la production annuelle. Après avoir atteint 437 061 tonnes en 2024, la production est projetée en 2025 dans une fourchette comprise entre 520 000 et 580 000 tonnes.
Pierre Mukoko
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Au premier trimestre 2025, la mine de zinc de Kipushi, opérée par Ivanhoe Mines en République démocratique du Congo, a produit 42 736 tonnes de concentré de zinc. C’est ce qui ressort du rapport de production trimestriel publié par la société le 7 avril. Cette performance reflète la montée en puissance progressive du site, qui avait respectivement livré 18 946 tonnes et 32 490 tonnes aux troisième et quatrième trimestres de 2024.
Ivanhoe explique ce résultat par une dynamique opérationnelle soutenue au niveau du concentrateur de la mine, dont les taux de récupération ont atteint en moyenne 88 %. L’installation a broyé un volume record de 151 403 tonnes de minerai au cours de la période, avec une teneur moyenne de 53 % de zinc dans le concentré produit.
Entrée en production en juin 2024, la mine de Kipushi connaîtra en 2025 sa première année complète d’exploitation. Ivanhoe anticipe une production annuelle comprise entre 180 000 et 240 000 tonnes de concentré de zinc, contre 50 307 tonnes enregistrées en 2024. Mais à rythme constant, la production annuelle projetée atteindrait 170 944 tonnes, un niveau inférieur à la fourchette basse de l’objectif. Il faudra donc accélérer la cadence pour tenir les projections.
Les résultats du deuxième trimestre seront déterminants pour évaluer les chances d’atteindre les objectifs annuels.
Pour rappel, des problèmes opérationnels survenus en 2024 avaient déjà contraint Ivanhoe à revoir ses prévisions, les ramenant à 50 000 – 70 000 tonnes, contre une estimation initiale de 100 000 à 140 000 tonnes de concentré de zinc.
Aurel Sèdjro Houenou
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La société China Molybdenum Co., Ltd. (CMOC) a lancé, le 2 avril 2025, un appel d’offres pour sélectionner des entreprises chargées de réaliser des travaux électriques dans les localités de Kisanfu Gare et Koni, situées dans la province du Lualaba, en République démocratique du Congo (RDC). Les travaux prévus comprennent la construction d’une ligne moyenne tension interne de 2,5 km en 11 kV, la création de réseaux basse tension et l’installation d’un système d’éclairage public.
Les entreprises intéressées ont jusqu’au 7 avril 2025 pour soumettre leur candidature. Les dossiers doivent inclure les documents attestant de leur conformité aux exigences légales et financières, ainsi que des références prouvant leur expérience dans des projets similaires.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du développement du projet minier de Kisanfu, acquis par CMOC en décembre 2020 pour 550 millions de dollars auprès de Freeport-McMoRan. Le gisement est reconnu pour ses importantes ressources en cuivre et en cobalt, deux minerais clés dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques.
CMOC est un acteur majeur dans le domaine de la sous-traitance en RDC. En 2024, selon un rapport partiel de l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), le groupe a attribué, à travers ses mines de Tenke Fungurume et Kisanfu, plus de 985 millions de dollars de marchés aux entreprises locales, soit près de 50 % du volume global déclaré.
Boaz kabeya, stagiaire
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Après avoir fait de Kamoa-Kakula (RDC) la plus grande mine de cuivre d’Afrique, Ivanhoe Mines s’intéresse désormais à la Zambie, deuxième producteur continental du métal rouge. La compagnie, basée au Canada, a annoncé le 2 avril 2025 l’obtention d’un ensemble de licences d’exploration couvrant 7 757 km² dans la province zambienne du Nord-Ouest.
Cette concession est située à environ 230 km au nord-est du projet Western Forelands d’Ivanhoe, en République démocratique du Congo. Selon la société, la zone présente des similitudes géologiques avec les découvertes de cuivre déjà réalisées en RDC, notamment à Kamoa-Kakula. Ivanhoe mise ainsi sur le prolongement de la ceinture cuprifère qui s’étend entre les deux pays.
« Notre entrée en Zambie marque un nouveau chapitre passionnant dans l’engagement d’Ivanhoe Mines à étendre notre empreinte d’exploration et à tester l’étendue de la ceinture cuprifère d’Afrique centrale… qui est déjà la plus grande et la plus riche ceinture cuprifère sédimentaire au monde », a déclaré Robert Friedland, président exécutif de la compagnie.
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— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) April 2, 2025
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La question est désormais de savoir si Ivanhoe pourra reproduire en Zambie un succès similaire à celui obtenu en RDC. À Kamoa-Kakula, la compagnie affiche actuellement une capacité de production annuelle d’environ 600 000 tonnes de cuivre, qu’elle ambitionne de porter à plus de 800 000 tonnes à terme. Même sans atteindre de tels volumes, une réussite en Zambie permettrait à l’entreprise de diversifier sa production, qui repose aujourd’hui exclusivement sur ses actifs congolais.
Une réponse ne devrait toutefois pas être attendue avant plusieurs mois. Ivanhoe prévoit de nommer des consultants environnementaux au cours du deuxième trimestre 2025 pour élaborer un Plan de gestion environnementale (EMP), en vue de son approbation par l’Agence de gestion environnementale de Zambie (ZEMA). Parallèlement, la société procédera à l’analyse des données géophysiques aéroportées de la concession, en préparation d’un programme de forage par tarière et par Air Core. Ce travail permettra à l’équipe de géologues d’Ivanhoe de cartographier en détail la vaste zone sous licence, afin de définir les premières cibles pour de futurs forages au diamant. Ce sont les résultats ces opérations qui permettront d’avoir une idée du potentiel de cette concession.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Le soutien des États-Unis au développement d’une chaîne de valeur pour la production de batteries destinées aux véhicules électriques en République démocratique du Congo (RDC), comme envisagé dans un protocole d’accord (MoU) signé en décembre 2022, pourrait ne pas se concrétiser. Depuis son investiture en janvier dernier, le président américain, Donald Trump (photo), a engagé une série de mesures visant à renforcer l’approvisionnement du pays en minéraux critiques issus de sources locales.
Cette réorientation stratégique s’est traduite par la signature d’un décret mobilisant des pouvoirs d’urgence pour accélérer la production domestique de ces ressources, notamment le cuivre, considéré comme essentiel pour les technologies de la transition énergétique.
La nouvelle politique américaine met désormais l’accent sur l’extraction et le traitement des matières premières sur le territoire national, au détriment des segments en aval de la chaîne de valeur, tels que la fabrication de batteries ou de véhicules électriques à l’international. À titre d’exemple, l’administration Trump a suspendu la distribution des fonds issus de l’Inflation Reduction Act (IRA), initialement prévus pour soutenir les chaînes de valeur mondiales dans le domaine des batteries, afin de réévaluer leur utilisation selon les nouvelles priorités politiques.
Avec cette nouvelle orientation, la concrétisation des intentions américaines exprimées dans le protocole d’accord de décembre 2022 paraît incertaine. Dans ce document, Washington s’engageait à prendre des mesures pour promouvoir l’initiative de développement de batteries pour véhicules électriques en RDC auprès du secteur privé et des investisseurs américains. Cela pourrait inclure, selon le texte, « le développement commercial ainsi que l’exploration d’opportunités d’assistance technique afin de faciliter la participation potentielle du secteur privé américain à de tels projets ».
Le 26 mars 2025, la RDC a lancé les travaux d’aménagement de la Zone économique spéciale (ZES) de Musompo, dédiée à la production de précurseurs de batteries, de batteries, et potentiellement à l’assemblage de véhicules électriques à partir des matières premières locales. Située dans la province du Lualaba, riche en cobalt, cette zone vise à mobiliser près de 2 milliards de dollars d’investissements privés.
En 2023, Julien Paluku, alors ministre de l’Industrie, estimait pour sa part à 30 milliards de dollars l’investissement nécessaire pour implanter une première usine intégrée de fabrication de précurseurs de batteries, de batteries et de véhicules électriques. Il avait également affirmé que ce projet pourrait permettre à la RDC de « capter d’ici 2035–2040 près de 7 000 milliards de dollars » sur la chaîne de valeur mondiale.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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En vue de renforcer ses positions dans la chaîne d’approvisionnement mondiale en lithium, le géant minier australien Rio Tinto s’intéresse à l’Afrique. Selon des informations rapportées le 28 mars 2025 par Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, la compagnie mène actuellement des discussions avec la République démocratique du Congo (RDC) concernant l’exploitation de la partie sud du gisement de Manono.
Rio Tinto s’est récemment imposé comme l’un des principaux fournisseurs mondiaux de ce métal stratégique, à la suite de l’acquisition d’Arcadium Lithium pour 6,7 milliards de dollars. Cette société détient plusieurs projets de développement en Argentine, aux États-Unis et en Asie.
Parallèlement, le groupe australien développe ses propres actifs de lithium, notamment à Rincon, en Argentine, et à Jadar, en Serbie. En 2024, Rio Tinto a également signé un partenariat avec le Rwanda en vue d’exploiter des gisements de minéraux stratégiques, dont le lithium.
Ce nouveau contact avec Kinshasa constitue néanmoins la première approche directe de Rio Tinto sur le continent africain pour un actif dont le potentiel est déjà reconnu. Manono est en effet considéré comme l’un des plus grands gisements de lithium inexploités au monde, avec des ressources minérales estimées à au moins 400 millions de tonnes.
Les discussions en cours en sont encore à un stade préliminaire, précisent les sources, et aucun accord n’a pour l’instant été conclu entre les parties.
Rio Tinto n’est d’ailleurs pas la seule compagnie internationale à s’intéresser au projet de Manono. Bloomberg a révélé la semaine dernière que l’Américain KoBold Metals — soutenu par Bill Gates et Jeff Bezos — a également proposé aux autorités congolaises un plan de développement pour la partie sud du gisement.
Des intérêts qui pourraient toutefois se heurter à ceux de la société australienne AVZ Minerals, détentrice actuelle du permis couvrant la partie sud du projet. L’entreprise est par ailleurs engagée dans une procédure judiciaire contre la société d’État Cominière, qu’elle accuse d’avoir scindé illégalement le permis d’exploitation de Manono. Cette scission avait conduit à la création de Manono Lithium SAS, une coentreprise entre Cominière et le groupe chinois Zijin Mining, qui développe aujourd’hui la partie nord du gisement.
L’intérêt manifesté par Rio Tinto intervient dans un contexte où les perspectives à long terme du marché du lithium sont jugées favorables. Si le prix de ce minerai a fortement chuté depuis 2022, en raison d’un excès d’offre temporaire, les analystes prévoient un retournement de tendance dans les prochaines années, porté par la dynamique de la transition énergétique.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale de lithium devrait croître fortement, au point de provoquer un déficit de plus de 150 000 tonnes d’ici 2030.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
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Depuis le 1er janvier 2025, toute personne, physique ou morale, reconnue coupable de faire « obstruction » à la transparence et à la traçabilité dans le secteur minier est sanctionnée d’une une amende d’une valeur de 4,3 millions de dollars. L’information, contenue dans la décision n° CAMI/DG/003/2024 du 16 décembre 2024, consultée par Bankable, n’a pas fait l’objet d’une large diffusion auprès du public. Il s’agit de la plus récente directive de la direction générale du Cadastre minier de la République Démocratique du Congo (RDC) sur cette question.
Cet ajustement est prévus par l’article 375 du Code minier de 2018, qui a modifié celui de 2002. Il stipule que les montants des amendes pour violation des règles du secteur, exprimés en monnaie étrangère, « doivent être ajustés annuellement par décision du responsable du Cadastre minier sur avis de la Banque centrale du Congo afin de maintenir constante leur valeur ».
Depuis l’entrée en vigueur du Code minier actuel en 2018, au moins quatre décisions de la direction générale du Cadastre minier ont modifié le montant des amendes. Mais celle du 16 décembre 2024 s’impose comme la plus sévère en matière de sanctions pour « obstruction » à la transparence et à la traçabilité des ressources extractives. Elle multiplie par dix le seuil précédent (2024), qui était de 429 122 dollars. Avant cela, ces amendes avaient déjà atteint les montants de 1,23 million de dollars en 2021 et 1,07 million de dollars en 2022.
L’amende pour « obstruction » à la transparence et à la traçabilité n’est toutefois pas la seule à avoir été modifiée en ce début d’année 2025. Les sanctions relatives à une dizaine d’autres infractions ont également été multipliées par deux, quatre ou dix (voir ci-dessous). Les raisons de ce durcissement ne sont pas mentionnées dans le texte. Mais cette mesure intervient dans un contexte où le gouvernement mène une campagne active contre les rebelles du M23, accusé de piller les ressources de la RDC avec l’appui du Rwanda.
Il sera néanmoins difficile de faire appliquer cette décision dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Depuis janvier, les rebelles du M23 ont lancé une offensive dans ces régions avec le soutien du Rwanda. Ces forces contrôlent aujourd’hui plusieurs zones stratégiques, notamment les mines de Rubaya ainsi que les villes de Goma et Bukavu. Mais l’inauguration récente d’un bâtiment du Cadastre minier dans le Katanga, autre zone minière du pays, peut être perçue comme un signe de la volonté de l’administration minière de se rapprocher des acteurs du secteur et de veiller au respect des règles par les opérateurs.
Liste actualisée des amendes pour violation des règles dans le secteur minier en RDC
(Décision CAMI/DG/003/2024 – en vigueur depuis le 1er janvier 2025)
Georges Auréole Bamba
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Le 21 mars 2025, à l’occasion de l’ouverture du nouveau bureau de DRC Gold Trading SA dans la province du Maniema, son directeur de siège, Amisi Mudjanahery, a tenu à rassurer les coopératives minières, négociants et acheteurs agréés auprès desquels l’entreprise s’approvisionne, sur sa capacité à acheter l’intégralité de l’or produit de manière artisanale dans la région, grâce à un partenariat avec Rawbank.
« L’entreprise est là pour collecter tout l’or issu de l’exploitation artisanale et à petite échelle. Cet or doit être tracé. Avec la Rawbank, la DRC Gold Trading SA voudrait rassurer tous ces fournisseurs qu’elle achètera cash tout l’or qui lui sera fourni », a déclaré Amisi Mudjanahery.
Ce dernier ne s’est cependant pas étendu sur les termes de ce partenariat avec la première banque du pays. Il reste donc difficile de savoir comment Rawbank compte accompagner DRC Gold Trading SA, seule entreprise habilitée à exporter l’or issu de l’exploitation artisanale en République Démocratique du Congo (RDC).
En 2024, DRC Gold Trading envisageait d’exporter au moins 12 tonnes d’or, mais n’en a finalement expédié que 1,75 tonne. En plus de l’arrêt d’activité sur une partie de l’année, des expertes du secteur estiment que cette contreperformance est également liée au déficit de compétitivité des prix proposés par l’entreprise publique, face à des offres plus élevées disponibles sur le marché noir. À cela s’ajoute la réglementation bancaire, qui limite les transactions quotidiennes en espèces.
Malgré ce contexte, le président provincial de la corporation des négociants d’or du Maniema s’est montré optimiste. David Kikuni veut croire que l’ouverture d’un comptoir d’achat de DRC Gold Trading dans la province mettra fin à l’exode de la production aurifère, renforçant ainsi la traçabilité et la gouvernance du secteur.
Contrairement à d’autres provinces minières du pays, le volume de production artisanale d’or dans cette région reste difficile à suivre. Selon les statistiques partielles de la Cellule technique de coordination et de planification minière, la production artisanale d’or au premier trimestre 2024 s’élevait à 5,77 kg. Toutefois, le rapport annuel 2024 ne mentionne pas le Maniema. À titre de comparaison, la province avait produit 9,87 kg d’or artisanal au premier semestre 2022, soit 10,18 % de la production nationale pour cette période.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le groupe chinois Norinco ne figure plus parmi les prétendants au rachat des mines de cuivre et de cobalt Étoile et Mutoshi, exploitées par Chemaf Resources en République démocratique du Congo (RDC). L’information, relayée par Bloomberg, s’appuie sur des sources proches du dossier. Le retrait de Norinco ferait suite au veto émis par l’État congolais, empêchant la finalisation de la transaction.
Chemaf avait conclu en juin 2024 un accord avec Norinco pour céder les deux actifs miniers, dans le cadre d’un plan visant à apurer une dette estimée à 900 millions de dollars. L’offre, d’un montant global de 1,4 milliard de dollars, semblait bien engagée avant d’être bloquée par Gécamines, la société publique congolaise, détentrice des droits sur les permis d’exploitation des mines concernées.
La compagnie minière congolaise, qui avait octroyé ces permis à Chemaf en 2015 pour une période de 25 ans, a exprimé son intention de récupérer ses actifs. En novembre 2024, elle a même formulé une offre avoisinant 1 million de dollars pour reprendre le contrôle des sites.
Face au blocage, Norinco aurait tenté de sauver l’accord en proposant à Kinshasa de relever la part de l’État congolais dans le projet, portant sa participation à 15 % contre 5 % initialement. Cette initiative, révélée par Reuters en février 2025, visait à répondre aux prétentions de la Gécamines. Mais les dernières informations indiquent que l’État congolais n’a finalement pas donné les autorisations nécessaires à la finalisation de la transaction.
Chemaf à la recherche d'une issue
Du coup, indique Bloomberg, les deux sociétés ont décidé d’abandonner l’accord, dont le contrat de vente arrivait à échéance le 22 mars. Chemaf a ensuite informé ses créanciers de la situation, précisant qu’elle travaille désormais avec les autorités congolaises pour identifier des solutions alternatives susceptibles de lui permettre de rembourser sa dette.
On ignore pour l’instant les véritables intentions de Kinshasa. Mais cette affaire intervient dans un contexte où les autorités congolaises s’efforcent de diversifier les investissements dans un secteur minier encore largement dominé par la Chine. Cette politique ouvre la voie à des acteurs venus d’autres pays, notamment l’Arabie saoudite et les États-Unis. Des discussions sont d’ailleurs en cours entre Kinshasa et Washington autour d’un accord sur les minerais stratégiques, en contrepartie d’un appui sécuritaire face aux rebelles du M23 et leur soutien rwandais.
Le manque d’avancées concrètes sur ce dossier entretient toutefois l’incertitude sur l’avenir de la mine Étoile et, surtout, du projet Mutoshi, dont le développement reste bloqué. Selon les plans de Chemaf, ce complexe minier secondaire devait produire, à terme, jusqu’à 50 000 tonnes de cuivre et 16 000 tonnes de cobalt par an.
Aurel Sèdjro Houenou (stagiaire), Agence Ecofin
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KoBold Metals souhaite reprendre une partie du projet de lithium de Manono, situé dans la province du Tanganyika en République démocratique du Congo (RDC), actuellement au cœur d’un litige juridique entre la société publique Cominière et le groupe australien AVZ. Selon l’agence Bloomberg, la compagnie minière américaine — soutenue notamment par les milliardaires Bill Gates et Jeff Bezos — a adressé le 21 janvier 2025 une lettre au chef de cabinet du président congolais, Félix Tshisekedi, en ce sens.
D’après les informations relayées le 21 mars dernier par le média américain, KoBold propose un arrangement dans lequel AVZ recevrait une « compensation appropriée » en échange de l’abandon de ses prétentions sur le projet. Dans ce scénario, le groupe chinois Zijin conserverait la partie nord du gisement, tandis que KoBold prendrait en charge le développement de la partie sud. L’entreprise américaine suggère également que la participation minoritaire au projet soit directement assurée par l’État congolais, plutôt que par Cominière.
Depuis 2023, AVZ conteste la décision des autorités congolaises de lui retirer ses droits sur le projet Manono et de scinder le permis d’exploitation, dont une partie a été attribuée au groupe chinois Zijin Mining. Le tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale (CCI) a récemment condamné la société publique Cominière à verser 39,1 millions d’euros de pénalités pour non-respect d’injonctions. Toutefois, la juridiction ne s’est pas encore prononcée sur le fond de l’affaire.
Outre Zijin Mining, partenaire de Cominière, un autre acteur chinois est impliqué dans ce dossier : Suzhou CATH Energy Technologies. En janvier 2025, cette société a mobilisé une facilité de crédit de 20 millions de dollars pour soutenir AVZ dans sa bataille juridique.
Pour l’heure, aucune des parties concernées n’a officiellement réagi aux récents développements. Le 14 mars, cependant, AVZ a confirmé chercher du soutien aux États-Unis pour faire avancer le développement du projet Manono, comme rapporté par le journal The Australian. La société a précisé avoir « rencontré diverses parties qui ont exprimé leur intérêt pour le projet Manono », sans toutefois révéler l’identité des interlocuteurs ni les objectifs précis des discussions engagées.
Ces développements s’inscrivent également dans un contexte géopolitique plus large. La République démocratique du Congo et les États-Unis discutent depuis quelque temps d’un accord sur les minerais critiques. Kinshasa cherche à obtenir le soutien de Washington dans sa lutte contre les groupes rebelles actifs dans l’est du pays, en échange d’un accès privilégié des entreprises américaines aux ressources minières congolaises.
KoBold est une jeune compagnie minière qui s’est fait connaître en 2022 en investissant dans le développement d’un gisement de cuivre en Zambie. L’entreprise ambitionne de mettre les nouvelles technologies, en particulier l’intelligence artificielle, au service de l’exploration des minerais stratégiques nécessaires à la transition énergétique. En 2023, son PDG, Kurt House, affirmait que la RDC est probablement « le meilleur endroit au monde » pour les matériaux que recherche sa société.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Dans une interview diffusée le 19 mars 2025 sur la chaîne américaine Fox News, réputée proche du président Donald Trump, le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a confirmé la volonté de son pays de conclure un accord avec les États-Unis pour obtenir un appui sécuritaireen échange d’un accès aux minerais critiques.
À la question de savoir où en sont les négociations, il a répondu : « Nous sommes en quête de partenariats et en avons établi avec plusieurs pays. Nous pensons que les États-Unis, au regard de leur rôle et de leur influence dans le monde, sont un partenaire important pour nous. Nous sommes heureux de voir qu’avec l’administration Trump, les choses avancent à un rythme plus rapide des deux côtés. »
Néanmoins, le président congolais n’a fait aucune mention d’une éventuelle livraison d’armes ou de la présence de militaires américains en RDC. Un tel besoin avait été suggéré dans la lettre adressée au ministre américain des Affaires étrangères, Marc Rubio, par un groupe de lobbyistes agissant pour le compte du sénateur Pierre Kanda Kalambayi. Ce dernier est président de la Commission défense, sécurité et protection des frontières au Sénat et membre du parti du président Tshisekedi.
Le chef de l’État congolais a plutôt évoqué la possibilité, pour les États-Unis, d’investir durablement dans l’extraction des minerais critiques, en mettant l’accent sur la chaîne de transformation, afin de créer des emplois et d’assurer une stabilité à long terme.
Répondant à la question de savoir comment il prévoit de garantir la sécurité des investisseurs américains dans son pays, Félix Tshisekedi a indiqué qu’il est prévu un renforcement des capacités de défense de l’armée. Il a également mentionné qu’il comptait sur les pressions et sanctions que les États-Unis pourraient appliquer contre certains groupes armés.
Un envoyé spécial de Trump à Kinshasa
Cette interview intervient quelques jours seulement après la visite d’un envoyé spécial du président américain en RDC. Ronny Jackson, qui est par ailleurs membre du Congrès américain, a été reçu le 16 mars dernier par le président Tshisekedi.
« Il faut que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC soient respectées de tous. Nous allons travailler pour que tous les obstacles sur le chemin de la paix soient levés, afin que la paix revienne en RDC », a indiqué, à l’occasion M. Jackson, selon des propos rapportés par la présidence de la RDC. « Nous voulons travailler pour que les entreprises américaines puissent venir investir et travailler en RDC. Et pour cela, nous devons nous assurer qu’il y a un environnement de paix », a-t-il ajouté, selon la même source.
L’envoyé de Donald Trump s’est également rendu au Congo-Brazzaville, où il a été reçu par le président Denis Sassou Nguesso. Selon la presse officielle chinoise, il lui aurait été demandé de jouer un rôle de médiateur dans le conflit.
Rivalités Etats-Unis-Chine.
Les négociations avec les États-Unis se confirment alors que de nouveaux acteurs interviennent dans le processus visant à ramener la paix à l’est de la RDC. Le Qatar, qui collabore souvent avec les États-Unis dans la gestion de certains conflits, a réussi à organiser, le 17 mars dernier, une rencontre entre les présidents Tshisekedi de la RDC et Kagamé du Rwanda. Kigali est accusé de soutenir les rebelles du M23 qui ont lancé une offensive en janvier dernier, prenant le contrôle de plusieurs localités, dont Goma et Bukavu, les plus grandes villes de la région.
Ces discussions surviennent également dans un contexte de rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine. Pékin, qui contrôle près de 80 % des mines en RDC, est plus que jamais considérée comme un adversaire économique et géostratégiquepar Washington. Par ailleurs, la RDC a déjà signé d’autres accords de principe avec diverses entités, notamment l’Union européenne, l’Arabie saoudite et le Japon, dont les intérêts ne coïncident plus nécessairement avec ceux des États-Unis.
L’issue de ces discussions reste attendue. Comme révélé pour la première fois par Bankable, la Banque mondiale estime la valeur des ressources en minerais critiques de la RDC à 24 000 milliards de dollars. Ces ressources sont indispensables dans l’économie mondiale actuelle, marquée par le développement technologique et des tensions géopolitiques qui accélèrent une nouvelle course aux armements de pointe.
Georges Auréole Bamba
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L’Union européenne a décidé, le 17 mars 2025, d’ajouter neuf personnes et une entité à la liste des sanctions visant les responsables de l’instabilité en République Démocratique du Congo (RDC). Parmi les nouvelles cibles figurent la raffinerie d’or Gasabo, basée à Kigali, ainsi que Francis Kamanzi, directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB).
Ces sanctions incluent l’interdiction d’entrée et de transit sur le territoire des 27 pays membres de l’UE, l’interdiction de recevoir des fonds en provenance de l’UE ou d’entités qui y sont liées, ainsi que le gel des avoirs financiers et autres ressources économiques.
« Le transit de l’or par la seule raffinerie d’or du Rwanda, Gasabo Gold Refinery, contribue à l’exportation illicite via le Rwanda de l’or extrait illégalement. Gasabo Gold Refinery a donc exploité le conflit armé, l’instabilité ou l’insécurité en RDC, notamment par l’exploitation ou le commerce illicites de ressources naturelles », indique la décision signée par Kaja Kallas, vice-présidente de la Commission européenne.
Selon le même document, Francis Kamanzi « est responsable de l’exploitation du conflit armé, de l’instabilité ou de l’insécurité en RDC, notamment par l’exploitation ou le commerce illicite de ressources naturelles ».
Dans un communiqué publié le 17 mars au soir, le gouvernement congolais s’est félicité de ces nouvelles sanctions européennes, qui font suite à l’annonce du réexamen de l’accord sur les minéraux stratégiques signé en février 2024 entre Kigali et l’UE.
« Le gouvernement de la RDC salue les sanctions imposées par l’UE à l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz ainsi qu’à la raffinerie d’or de Gasabo. Ces sanctions constituent une première étape dans la lutte contre le pillage des ressources minières de la RDC par le Rwanda », indique le ministère de la Communication.
« Sanctions plus robustes »
Plusieurs rapports indépendants estiment que les exportations rwandaises de minéraux sont en réalité des réexportations de ressources extraites en RDC et introduites en contrebande au Rwanda. Alors que le conflit s’intensifie dans l’est de la RDC, Kinshasa appelle à des « sanctions plus robustes » et plaide pour la mise en place d’un embargo sur les minerais extraits illégalement du pays puis exportés par le Rwanda.
Le secteur minier rwandais est devenu un pilier de l’économie nationale ces dernières années. En 2023, les exportations de minéraux ont atteint un niveau record de 1,1 milliard de dollars, dont 883 millions provenant de l’or, représentant environ 70 % des exportations totales du pays. Le secteur contribue également à hauteur de 3 % au PIB national. Le Rwanda revendique même un potentiel minéral estimé à 150 milliards de dollars, que l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB) est chargé de valoriser.
Outre l’implantation de raffineries pour transformer les minéraux, le Rwanda a annoncé en juillet 2024 un partenariat avec Rio Tinto. Le deuxième plus grand groupe minier au monde en termes de capitalisation boursière chercherait ainsi à exploiter des gisements de minerais 3T (étain, tantale et tungstène) ainsi que de lithium.
Il est encore difficile d’évaluer l’impact de ces sanctions sur le secteur minier rwandais, notamment sur les exportations de 2025 et l’attractivité du pays pour les investisseurs. Toutes les raffineries opérant au Rwanda ne sont pas concernées par ces mesures, et les mécanismes internationaux de traçabilité en place n’ont jusqu’ici pas empêché l’infiltration de minéraux issus du pillage des rebelles en RDC dans la chaîne d’approvisionnement.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Le recul des exportations d’or artisanal de la République Démocratique du Congo (RDC) pourrait se poursuivre en 2025, après une chute de 66 % l’an dernier. La société publique DRC Gold Trading SA, qui a pris la relève de Primera Gold, peine à stabiliser ses opérations en raison des tensions sécuritaires persistantes dans l’est du pays. Ce qui pourrait développer la contrebande et réduire les exportations légales.
En janvier 2025, DRC Gold Trading SA a exporté 200 kg d’or depuis ses succursales de Kalemie (Tanganyika) et Bukavu (Sud-Kivu). Toutefois, dans un communiqué publié le 11 mars, l’entreprise a annoncé la suspension de ses achats auprès des mineurs artisanaux à Bukavu. Cette décision fait suite à l’avancée des groupes rebelles dans la région, poussant le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, à interdire l’exploitation dans plusieurs sites miniers.
Le Sud-Kivu a représenté plus de 90 % des exportations d’or artisanal en 2023 et 2024. En revanche, les provinces du Tanganyika et de l’Ituri, où DRC Gold Trading SA envisage d’intensifier ses activités pour compenser la suspension des opérations au Sud-Kivu, ne pèsent actuellement que 5 % des exportations officielles. Si l’entreprise ne parvient pas à redéployer ses opérations efficacement, 2025 pourrait enregistrer une deuxième année consécutive de repli des exportations d’or artisanal.
En 2023, la RDC a exporté 5,18 tonnes d’or artisanal, marquant une progression spectaculaire de 12 000 % par rapport à l’année précédente. Cette performance exceptionnelle était en grande partie due à Primera Gold, une coentreprise entre l’État congolais et le groupe émirati Primera Group, chargé de ramener dans le circuit officiel l’or extrait de manière artisanale. Cependant, l’arrêt de ses activités à la mi-2024, invoquant des difficultés logistiques et sécuritaires, a fortement impacté le procéssus. En 2024, les exportations ont chuté à 1,75 tonne, soit une baisse de 66 %, selon les statistiques du ministère des Mines publiées en mars.
À moyen terme, l’évolution des exportations d’or artisanal en RDC dépend d’une amélioration de la situation sécuritaire. Les pourparlers de paix prévus en Angola le 18 mars pourraient donner des indications sur un éventuel apaisement. Toutefois, en l’absence de signaux concrets, les perspectives restent incertaines.
Dans ce contexte, l’objectif de DRC Gold Trading SA d’exporter 150 tonnes d’or en cinq ans paraît de plus en plus compromis.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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