Selon les statistiques récentes de la Cellule technique de coordination et de planification minière (CTCPM) en République démocratique du Congo, la Société Anhui Congo d’investissement minier (SACIM) a exporté pour 23,6 millions de dollars de diamant industriel brut au cours des neuf premiers mois de 2024. Ce chiffre provisoire dépasse déjà le total de l’année 2023, où les exportations de l’entreprise avaient été évaluées à 21,8 millions de dollars.
Les raisons de cette dynamique n’ont pas fait l’objet de commentaires accessibles, notamment de la part des principaux actionnaires de la société : le groupe chinois Anhui Foreign Economic Construction Corporation (AFECC), qui détient 50 % des parts, et l’État congolais, propriétaire des 50 % restants à travers plusieurs entités. Toutefois, la hausse de 23,4 % de la production enregistrée au cours des neuf premiers mois de 2024, par rapport à l’année 2023, constitue un premier élément d’explication.
Il sera intéressant d’observer dans quelle mesure cette tendance haussière se confirmera sur l’ensemble de l’année 2024. Bien qu’en progression, la production de la SACIM devrait difficilement atteindre les niveaux enregistrés en 2021 et 2022, lorsque les exportations de l’entreprise s’élevaient respectivement à 51 et 62,23 millions de dollars.
Plus globalement, la SACIM demeure un acteur clé de la production et des exportations de diamant en RDC, particulièrement dans la province du Kasaï Oriental, où plus de 98,5 % des pierres précieuses sont produites dans le pays. Bien que la production artisanale reste prédominante, la SACIM, en tant qu’unique acteur industriel, contribue à hauteur de 33,2 % à la production totale.
Cependant, 12 ans après le lancement de ses activités, le partenaire chinois semble également faire face à des défis pour maintenir un rythme de croissance soutenu. L’AFECC est intervenue en tant que partenaire technique et financier sur une partie des gisements précédemment détenus et exploités par la Société Minière de Bakwanga (MIBA) et d’autres opérateurs successifs. Avec un droit de concession de 61 millions de dollars, des engagements d’investir directement 100 millions de dollars dans des équipements de production, et la promesse de mobiliser 100 millions de dollars supplémentaires auprès du gouvernement chinois, le projet visait à revitaliser la production de diamant industriel.
Les volumes produits et exportés démontrent qu’il subsiste d’importantes marges de progression. D’après un rapport publié en 2023 par les services de recherche géologique américains (USGS), la RDC s’est classée deuxième producteur mondial de diamants industriels d’origine naturelle en 2022 et 2023, avec une production annuelle de 8 millions de carats. Le potentiel du pays demeure prometteur, avec des réserves estimées à 150 millions de carats.
Pour la SACIM, de nombreux défis restent à relever. La production artisanale continue de dominer le secteur du diamant en RDC, et une meilleure régulation pourrait renforcer les performances globales. Par ailleurs, lors de sa visite en décembre 2024 dans la province du Kasaï Oriental, le président Félix Tshisekedi a promis de débloquer une enveloppe de 50 millions de dollars pour relancer la MIBA. Les modalités d’exécution de cette promesse restent à préciser, mais cela pourrait redonner une impulsion à un acteur historique du secteur. Cependant, la MIBA, malgré sa longue expérience, peine à améliorer ses résultats, même lorsqu’elle est en concurrence avec la SACIM.
Georges Auréole Bamba
La Compagnie Minière Luisha (Comilu), détenue à 78 % par le groupe China Railways Group Limited, a reçu le statut de client éligible de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE). Cette désignation permet à l’entreprise, pendant trois ans, de diversifier ses fournisseurs d’électricité, sans se limiter à la Société nationale d’électricité (SNEL). Le document a été officiellement octroyé le 23 décembre 2024 à Li, président du conseil d’administration de Comilu, par Sandrine Mubenga Ngalula, directrice générale de l’ARE.
Le statut de client éligible est régi par la loi sur l’électricité et un arrêté ministériel du ministre en charge des Ressources hydrauliques et Électricité. Il peut être accordé à tout consommateur qui en fait la demande, sous réserve de remplir l’une des deux conditions suivantes : avoir une puissance installée supérieure à un mégawatt, ou avoir une consommation annuelle de plus de 5 gigawatts-heures pour une utilisation non résidentielle de l’électricité.
Il n’est pas précisé si Comilu utilisera son statut de client éligible pour importer de l’électricité ou s’il s’agira d’acheter de l’électricité localement, générée par l’une des filiales de sa maison mère.
China Railway Group, présent en RDC depuis 2008, est également impliqué dans la co-entreprise Sicomines, un partenariat stratégique dans lequel il est associé à la République Démocratique du Congo. Les deux filiales du China Railway Group, en particulier Comilu, se concentrent sur la production de cathodes de cuivre, une activité qui, selon des expertises, requiert des quantités substantielles et régulières d’énergie. Cependant, la SNEL ne parvient pas toujours à fournir l’énergie nécessaire à ces opérations. Face à ce manque de fiabilité dans l’approvisionnement, les opérateurs miniers se voient contraints soit de produire leur propre énergie, soit d’en importer.
Lors du récent forum d’affaires Makutano, un événement réunissant des experts de la RDC et d’autres pays, le directeur de la SNEL a souligné que les entreprises minières dépensent près d’un milliard de dollars par an pour combler le déficit énergétique auquel elles sont confrontées, en raison des insuffisances de la fourniture d’énergie par l’État.
Ce chiffre, qui représente une perte d’opportunité pour la production locale d’électricité en RDC, risque de continuer à progresser. En effet, en 2024, 11 autres entreprises, dont des acteurs majeurs du secteur minier tels que Kamoa Copper (opéré par Ivanhoe Mines), ont reçu ce statut. Cela permet à ces entreprises de diversifier leurs fournisseurs d’électricité, ce qui pourrait réduire davantage la demande pour l’électricité produite localement.
Gorges Auréole Bamba
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Au rythme actuel de réduction des émissions, les compagnies minières risquent d’être 40 % en dessous de la cible nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 °C d’ici 2030, comme prévu par l’Accord de Paris. Cette prévision provient d’un nouveau rapport publié par le cabinet dss+ suite à une étude menée auprès de 52 sociétés minières qui révèle un écart préoccupant entre les ambitions affichées et les progrès réalisés.
Selon le document intitulé « Decarbonising mining in an era of growing demand for critical metals and minerals » et lu par Agence Ecofin, les compagnies minières ont réduit en moyenne leurs émissions à un rythme annuel de 2 % entre 2018 et 2021. Ce taux, « encore d’actualité », serait largement inférieur aux 4,5 % nécessaires, selon la firme, pour atteindre les objectifs climatiques de ce secteur (voir graphique ci-dessous).
D’après le rapport, cet écart s’explique par plusieurs facteurs structurels parmi lesquels on retrouve la baisse de la qualité des minerais qui oblige les exploitants à intensifier les efforts d’extraction, augmentant ainsi les besoins énergétiques pour la ventilation et le refroidissement des mines profondes. D’autres difficultés résident dans le suivi des émissions, en particulier celles dites de Scope 3, qui incluent les émissions générées en aval par le transport ou la transformation des ressources. Ces émissions représentent jusqu’à 60 % du total des gaz à effet de serre du secteur, mais elles sont encore mal prises en compte dans les stratégies de décarbonation des compagnies. Par ailleurs, selon les dirigeants d’entreprises interrogés par dss+, la décarbonation dans le secteur minier est entravée par plusieurs autres obstacles tels que des décisions fragmentées entre sites, un suivi insuffisant des émissions, et des politiques peu incitatives pour soutenir les investissements dans les technologies propres.
Le rapport du cabinet dss+ n’est pas le premier à tirer la sonnette d’alarme sur les retards du secteur minier en matière de décarbonation. Les données publiées par certaines sociétés elles-mêmes montrent des résultats stagnants en matière de réduction des émissions. Rio Tinto, par exemple, a déclaré des émissions de Scope 1 et 2 de 32,6 mégatonnes en 2023, contre 32,7 mégatonnes en 2022 (ajustées pour tenir compte des acquisitions). De son côté, BHP a enregistré une légère hausse de ses émissions, passant de 9,1 mégatonnes en 2023 à 9,2 mégatonnes pour l’exercice 2024.
En outre, plusieurs autres organisations ont déjà mis en avant la situation paradoxale dans laquelle se trouve l’industrie : elle doit répondre à une demande croissante de métaux critiques pour la transition énergétique tout en réduisant ses émissions. En 2023, la Société financière internationale (IFC) a indiqué dans un rapport intitulé « The Net Zero Roadmap to 2050 » que la production de cuivre et de nickel devra augmenter de 200 à 300 % d’ici 2050 pour atteindre les objectifs climatiques, mais les émissions de CO₂ de leurs chaines de valeur pourraient doubler de façon subséquente.
Face à ces défis, des solutions émergent pour accélérer la décarbonation et répondre aux attentes climatiques. dss+ encourage plus de transparence dans la déclaration des émissions annuelles qui devraient davantage prendre en compte les émissions de Scope 3. À cela s’ajoutent l’élaboration d’un plan de décarbonisation plus structuré et l’amélioration de l’approvisionnement énergétique. Le cabinet recommande l’adoption d’une tarification interne du carbone, un concept qui repose sur le fait qu’en attribuant un coût virtuel aux émissions de CO₂, l’entreprise cherchera à réduire ce coût virtuel par des décisions financières optimisées.
Ces solutions semblent aller dans le même sens que celles suggérées par l’IFC pour réduire de 90 % les émissions des secteurs du cuivre et du nickel d’ici 2050 en transformant les chaines de valeur de ces deux métaux. Les propositions de l’IFC comprennent l’adoption des énergies renouvelables et de l’électrification des équipements, l’optimisation des processus pour améliorer l’efficacité énergétique, ainsi que l’automatisation et la numérisation pour réduire les inefficacités. La gestion proactive des émissions résiduelles, via des compensations carbone et des technologies de capture de CO₂, figure également parmi les priorités, tout comme la collaboration entre entreprises, gouvernements et investisseurs.
Peu d’éléments permettent à l’heure actuelle de s’avancer sur la faisabilité pratique de ces différentes propositions et si elles suffiront à transformer un secteur clé pour la transition énergétique mondiale, mais encore trop émetteur. Selon plusieurs sources concordantes dont Globaldata et McKinsey, l’industrie minière fait partie des secteurs les plus émetteurs, représentant entre 4 et 7 % des émissions mondiales directes de gaz à effet de serre (GES), un chiffre qui atteint 28 %, soit 19 440 mégatonnes d’équivalent dioxyde de carbone lorsqu’on inclut les émissions en aval de type Scope 3. La réussite de la décarbonation du secteur dépendra de la volonté des acteurs du secteur minier et de l’engagement des décideurs politiques pour surmonter les obstacles structurels et financiers.
Louis-Nino Kansoun, Agence Ecofin
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La République Démocratique du Congo (RDC) a engagé des poursuites pénales contre des filiales locales d’Apple en France et en Belgique, rapportent, ce 17 décembre 2024, plusieurs médias internationaux citant les avocats de la partie congolaise. L’entreprise américaine et ses filiales sont accusées de « dissimulation de crimes de guerre, de blanchiment de minerais entachés, de recel et de pratiques commerciales trompeuses visant à rassurer les consommateurs sur la propreté de sa chaîne d’approvisionnement ». Si l’annonce fait grand bruit, plusieurs zones d’ombre demeurent.
Ce que l’on sait de l’affaire
En avril 2024, la RDC a adressé une mise en demeure à Apple. Dans ce document, l’État congolais demandait à la multinationale de s’expliquer sur l’origine des minerais 3T (étain, tungstène, tantale) utilisés dans ses produits électroniques. Kinshasa affirmait que ces minerais étaient extraits dans des conditions illégales en RDC, puis acheminés par contrebande vers le Rwanda avant d’intégrer les chaînes d’approvisionnement mondiales. La société disposait de trois semaines pour répondre.
En mai, les avocats congolais avaient annoncé avoir reçu de nouvelles preuves de lanceurs d’alerte, renforçant les accusations contre Apple. Ces documents, dont la nature n’a pas été précisée publiquement, faisaient état d’un approvisionnement illégal persistant malgré les engagements affichés par la société américaine en matière de traçabilité.
Les plaintes déposées en France et en Belgique, préparées, selon Reuters, au nom du ministre de la Justice congolais, sont présentées comme une avancée importante. Les informations relayées par la presse ne précisent pas si elles interviennent parce que la partie congolaise dispose de nouvelles preuves ou si elles constituent simplement une suite à la démarche amorcée en avril.
Concernant le choix des deux pays, les avocats expliquent qu’il se justifie par l’accent qui y est mis sur la responsabilité des entreprises. Ils ajoutent que la Belgique a une responsabilité morale particulière d’agir, « car le pillage des ressources de la RDC a commencé durant la colonisation au 19 ᵉ siècle sous le règne du roi Léopold II ».
Les zones d’ombre
Par ailleurs, les avocats de la RDC, cités par le journal Le Monde, ne compteraient pas s’arrêter à Apple, qui est « sans doute l’une des cibles les plus symboliques, du fait de sa puissance financière et de sa communication débridée sur le thème “nous faisons du bien à la planète” ». Ils pourraient engager des actions judiciaires contre d’autres entreprises dans d’autres pays.
Les accusations visant les géants du numérique, dont Apple, pour leur implication dans le négoce de « minerais de sang » en RDC, ne sont pas nouvelles, comme l’expliquait Agence Ecofin il y a quelques mois. Apple a déjà nié s’approvisionner auprès de raffineries ou de fonderies liées à des « groupes armés en RDC ou dans un pays limitrophe ».
Plusieurs points restent à éclairer, notamment sur les objectifs de la RDC et le timing de cette démarche judiciaire. L’État congolais cherche-t-il à faire pression pour obtenir une meilleure traçabilité des minerais ? Souhaite-t-il des compensations financières pour les dommages subis ? Ou utilise-t-il cette procédure pour attirer l’attention internationale sur la question des minerais de conflit et des violations des droits humains dans l’est de la RDC ? À ce stade, le gouvernement congolais n’a pas précisé ce qu’il attend concrètement d’Apple.
Scénarios possibles
Les plaintes déposées seront examinées par les autorités judiciaires françaises et belges, qui devront décider de l’ouverture ou non d’une enquête. Plusieurs scénarios sont possibles : si une enquête est ouverte, elle pourrait clarifier les accusations et établir les responsabilités éventuelles d’Apple. En l’absence de preuves suffisantes, les plaintes pourraient être classées sans suite.
En attendant de nouveaux développements, cette démarche de la RDC soulève des questions de fond sur la gouvernance des ressources naturelles, la responsabilité des grandes entreprises tech dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en minerais stratégiques, la transparence de ces chaînes et les marges d’amélioration nécessaires pour éviter que les minerais de conflit ne continuent d’alimenter les violences.
Pour rappel, la RDC est l’un des deux principaux exportateurs mondiaux de coltan, avec 1 918 tonnes en 2023. Selon plusieurs rapports internationaux, cette part serait plus grande sans la production sortie illégalement du pays vers le Rwanda, laquelle sert à financer les groupes rebelles. Plus tôt cette année, une mission de l’ONU en RDC a indiqué que le groupe rebelle M23 génère environ 300 000 dollars de revenus chaque mois grâce aux taxes prélevées sur la production de coltan dans les territoires de Masisi et de Rutshuru, dans le Nord-Kivu.
En dehors du coltan, la RDC est leader mondial de la production de cobalt et producteur non négligeable d’étain, soit plusieurs métaux essentiels à l’électronique moderne, y compris les smartphones et les ordinateurs.
Louis-Nino Kansoun, Agence Ecofin
Lors des États généraux des entreprises du portefeuille de l’État, qui se tiennent à Kinshasa, du 9 au 14 décembre 2024, le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa (photo), a estimé que l’entreprise Kamoa Copper, qui pilote Kamoa-Kakula, la plus grande mine de cuivre du pays, vendait sa production à un prix qui “respecte pas les prix concurrentiels fixés sur le marché”. Selon l’Agence congolaise de presse qui rapporte cette information, le membre du gouvernement a affirmé que cette situation est due à la position dominante de l’acheteur qui est par ailleurs actionnaire de Kamoa Copper. Cette entreprise est détenue par Ivanhoe Mines (39,6 %), Zijin Mining Group (39,6 %), Crystal River (0,8 %) et l’État congolais (20 %).
Peu d’informations sont disponibles sur le processus de sélection des acheteurs. Selon un communiqué publié en juin 2021, le cuivre produit par le premier concentrateur installé sur le site est vendu à deux partenaires : CITIC Metal (HK) Limited et Gold Mountains (H.K.) International Mining Company Limited, une filiale de Zijin Mining. Ce dernier, faut-il le rappeler, est non seulement co-propriétaire de la mine Kamoa-Kakula à travers une participation dans Kamoa Copper, mais aussi l’un des principaux actionnaires d’Ivanhoe. Depuis lors, il n’y a plus eu de communication sur l’identité des acheteurs alors que deux autres concentrateurs ont été mis en service.
Les résultats publiés par Ivanhoe Mines montrent que, sur les neuf premiers mois de 2024, Kamoa-Kakula a généré un revenu de 2,263 milliards de dollars à partir de la vente de 303 328 tonnes de concentré de cuivre. Cela suggère un prix moyen réalisé d’environ 7 461 dollars par tonne de concentré vendu. Ce prix est certes en hausse d’environ 7,8 % par rapport aux 6 921 dollars obtenus, sur la base des mêmes calculs, pour les neuf premiers mois de 2023, mais il ne reflète pas les tendances du marché.
Bien que le prix du concentré ne puisse, dans l’absolu, être comparé aux prix du cuivre pur sur le marché mondial, le pourcentage de la hausse en glissement annuel interroge, surtout lorsque l’on sait que les prix du métal rouge ont augmenté dans de plus grandes proportions cette année. Après avoir passé l’année 2023 et les deux premiers mois de 2024 sous la barre des 9 000 dollars la tonne, le prix du cuivre a grimpé pour atteindre un record historique de plus de 11 000 dollars en mai. Bien que la courbe d’évolution ait montré une correction et des fluctuations régulières au cours des mois suivants, le cuivre s’échange encore aujourd’hui au-dessus du seuil des 9 000 dollars.
On ignore comment le ministre du Portefeuille est arrivé à la conclusion selon laquelle Kamoa ne vend pas son cuivre à des prix compétitifs. Mais, fort de ce constat, il assure que l’État sera désormais partie prenante au processus de vente. « À partir de maintenant, le processus de sélection des acheteurs se fera avec l’implication de l’État actionnaire. Cela permettra de vendre au prix du marché et d’optimiser le chiffre d’affaires », a indiqué Jean-Lucien Bussa, qui, début octobre 2024, recommandait déjà en Conseil des ministres une implication de l’État dans la sélection des acheteurs de la production de Kamoa.
À travers sa décision de s’impliquer dans la vente du cuivre extrait sur son sol, la RDC veut s’assurer de maximiser ses profits. Toutefois, il faut souligner que les déclarations du ministre Jean-Lucien Bussa, tels que relayés dans la presse locale, ne précisent pas comment le pays compte s’y prendre, ni si les contrats en vigueur avec ses partenaires le lui permettent. Pour l’instant, Kamoa Copper n’a pas réagi ni à cette démarche du gouvernement ni à ses accusations.
LNK
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La société américaine Namib Minerals est sur le point de finaliser son admission sur le marché boursier du Nasdaq à New York, selon un communiqué publié le 9 décembre 2024. D'après la même source, cette opération devrait permettre à l’entreprise minière de devenir propriétaire à 100 % des actifs miniers et d’exploration de Greenstone, un fonds de capital-investissement spécialisé dans le secteur des mines et des métaux, qui est l'une de ses filiales.
Les actifs d’exploration comprennent 13 permis dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, où six premiers trous de forage ont été réalisés, mettant en évidence un potentiel en cuivre et en cobalt. Namib Minerals mise désormais sur son entrée en bourse pour mobiliser davantage de fonds à consacrer à ses travaux de recherche.
L’intérêt de Namib Minerals pour la RDC intervient à un moment où les analystes s’accordent sur une hausse significative de la demande de cuivre à long terme. À elle seule, la transition énergétique devrait soutenir une augmentation de la demande de cuivre d’un million de tonnes par an jusqu’en 2035, selon BHP.
La RDC est le deuxième producteur mondial de cuivre, et son potentiel pour de nouvelles découvertes reste considérable. En 2023, par exemple, 65 % des nouvelles réserves mondiales de cuivre ont été identifiées en RDC.
Pour l’instant, Namib Minerals n’a fourni aucun détail sur ses programmes d’exploration en RDC. La société doit d’abord finaliser son opération de fusion avec la SPAC Hennessy Capital Investment Corp. VI, qui a conclu en juin 2024 un accord pour acquérir 30 millions d’actions de Namib, pour une valeur de 500 millions de dollars. L’accord devrait être finalisé au premier trimestre 2025, sous réserve de diverses approbations. Il convient de noter que les actifs phares de la société sont trois mines d’or au Zimbabwe, dont l’une a produit 1,8 million d’onces entre 1941 et 2023.
PM avec l’Agence Ecofin
Le président-directeur général de Glencore, Gary Nagle, a été reçu le 10 décembre 2024 à Kinshasa par le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. Selon la présidence de la République Démocratique du Congo (RDC), le dirigeant du groupe, leader mondial de la production et du négoce de matières premières, a évoqué avec le président congolais les contributions de l’entreprise à l’économie de la RDC.
« Nous employons plus de 17 000 personnes en RDC et nous avons un projet communautaire de plus de 100 millions de dollars américains », a déclaré Gary Nagle, cité par les services de communication de la présidence de la République de la RDC. « Le président Félix Tshisekedi nous a soutenus dans nos initiatives et il est d’accord pour que nous travaillions ensemble afin d’améliorer la situation en RDC et de défendre nos intérêts respectifs », a ajouté le PDG de Glencore, selon les mêmes sources.
Ce sont là les seuls éléments dévoilés au sujet de cette audience. Cependant, cette évocation de la défense des intérêts respectifs des parties intervient alors que, le 30 septembre 2024, il a été révélé que Kamoto Copper Company (KCC), filiale de Glencore détenue à 75 %, aux côtés de la Gécamines représentant l’État (25 %), fait l’objet d’un redressement fiscal de l’ordre de 895 millions de dollars de la part de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD).
Selon une communication faite par Glencore à ses investisseurs quelques mois plus tôt sur ce sujet, les autorités fiscales de la RDC ont contesté le chiffre d’affaires et les charges déclarés par KCC, formulant des réclamations douanières pour non-conformité. Le groupe suisse avait également indiqué être en discussion avec ces autorités pour défendre sa position, mais aucune nouvelle information n’a été communiquée à ce sujet depuis. Il n’est pas exclu que les dirigeants de Glencore soient venus solliciter l’arbitrage du président Tshisekedi sur ce différend.
Pour Glencore, la résolution de ce contentieux fiscal est cruciale. Selon ses dirigeants, une incertitude prolongée ou une décision défavorable devrait avoir un impact significatif sur les résultats financiers du groupe pour l’année en cours. Cette situation est d’autant plus sérieuse que les niveaux de production sur les différents sites de KCC étaient en baisse de 18 % pour le cuivre et de 21 % pour le cobalt à la fin du troisième trimestre 2024.
Georges Auréole Bamba
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La junior minière australienne AVZ Minerals a confirmé, le 10 décembre 2024, l’ouverture d’une enquête par la police fédérale australienne (AFP). Cette enquête porte sur des accusations de corruption liées au projet de lithium de Manono en République Démocratique du Congo (RDC).
« Au vu des accusations publiques répétées, AVZ a écrit à l’AFP en juin 2024 et lui a proposé son aide dans le cadre de toute enquête. AVZ a coopéré avec l’AFP dans le cadre des mandats de perquisition et continuera à coopérer dans le cadre de l’enquête de l’AFP. AVZ nie s’être livrée à des actes de corruption », a déclaré la compagnie australienne.
Les enquêteurs ont effectué des perquisitions la semaine dernière dans les locaux d’AVZ à Perth, comme l’a rapporté précédemment le quotidien régional The West Australian. Pour l’instant, la police fédérale australienne n’a fourni aucun détail sur son enquête ni sur d’éventuelles personnes mises en cause parmi les dirigeants actuels ou passés de la compagnie. Il convient toutefois de souligner que les accusations de corruption concernant le projet Manono ne sont pas nouvelles. Elles ont d’ailleurs, en partie, entravé le développement du projet, qui était considéré il y a quelques années comme le plus avancé dans le secteur du lithium en Afrique.
En novembre 2023, un rapport de l’ONG américaine Global Witness a mis en lumière quelques zones d’ombre entourant ce projet. Selon le document, AVZ Minerals a acquis une part majoritaire dans Manono auprès d’une société-écran, Dathomir Mining Resources, détenue par des hommes d’affaires congolais pour plus de 28 millions $. Ces hommes d’affaires congolais s’étaient engagés à verser 6 millions $ à La Cominière, mais le paiement n’a pas été effectué. Une enquête menée en 2022 par l’Inspection générale des finances en RDC a ensuite révélé que l’arrivée du chinois Zijin Mining à Manono s’est faite par l’achat des parts de La Cominière à « un prix nettement inférieur à sa vraie valeur ».
Pour rappel, Zijin Mining a annoncé en octobre 2023 un accord avec La Cominière pour développer le projet Manono, actant l’éviction de l’Australien AVZ. Ce dernier conteste depuis la situation, avec différentes procédures judiciaires ouvertes devant des tribunaux internationaux. Pendant ce temps, le potentiel du gisement Manono, qui hébergerait au moins 400 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,65 % de lithium, selon une estimation d’AVZ, tarde à être concrétisé.
Emiliano Tossou
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Lors d’une visite dans la province du Tanganyika, à l’est de la République démocratique du Congo, le ministre des Mines, Kisito Kapabomba, a réaffirmé l’engagement du gouvernement à soutenir Manono Lithium dans ses activités d’exploitation, selon une communication du ministère des Mines. « Cette visite symbolise une avancée importante pour le développement minier et le renforcement du partenariat entre la RDC et les investisseurs internationaux, avec Manono en passe de devenir un moteur de croissance pour la région et le pays », indique la même source. À cette occasion, Kisito Kapabomba a également inauguré le pont de Lukushi, réhabilité par l’entreprise.
Cette visite intervient dans un contexte de conflit judiciaire autour du site minier de Manono. Le litige oppose l’État congolais, la société publique Congolaise d’exploitation minière (Cominière) et Jinxiang Lithium, filiale du groupe chinois Zijin Mining, à AVZ Minerals, une entreprise australienne ayant conduit les travaux d’exploration du projet. Le 29 novembre 2024, AVZ Holding a annoncé avoir mobilisé 15 millions de dollars pour couvrir les frais liés à ses procédures judiciaires. En 2023, la justice congolaise avait validé la restitution du projet à la Cominière, qui a ensuite cédé 61 % de ses droits à Jinxiang Lithium, désormais responsable du développement de la mine.
Dans le cadre d’une procédure d’arbitrage international, une décision rendue début 2024 avait suspendu l’attribution du permis d’exploitation. En juillet 2024, Nigel Ferguson, directeur général d’AVZ International, avait écrit une lettre au président Félix Tshisekedi pour solliciter son intervention et demander la suspension du permis contesté.
Zijin Mining a annoncé que le développement du projet Manono nécessitera jusqu’à deux ans après la validation des études d’impact environnemental. « Un parc industriel axé sur la fusion du lithium sera construit simultanément. Les produits seront prioritairement destinés aux entreprises en aval basées en RDC, conformément aux pratiques du marché. Une fois opérationnel, le projet Manono deviendra l’une des principales bases de production de lithium au monde », indique l’entreprise sur son site internet.
GAB
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La Chine a annoncé, le 3 décembre 2024, une interdiction immédiate des exportations vers les États-Unis de plusieurs minéraux critiques, dont le gallium et le germanium. Cette mesure, prise en réaction aux restrictions américaines sur la vente de technologies à Pékin, représente une opportunité pour la République démocratique du Congo (RDC), qui cherche à contester l’hégémonie chinoise sur le germanium.
Le pays d’Afrique centrale souhaite en effet assurer 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium, selon la Gécamines, qui porte les ambitions de la RDC sur ce dossier. Dans une interview accordée à Reuters en juillet 2023, son président, Guy Robert Lukama, avait expliqué que les restrictions de la Chine offrent des opportunités à la RDC. Déjà à l’époque, Pékin avait imposé des mesures qui, bien que ne visant pas spécifiquement les États-Unis, perturbaient l’approvisionnement en minéraux critiques, dont le germanium.
« La décision de la Chine va créer une certaine pénurie sur le marché, ce qui signifie que notre germanium, qui n’est pas encore réservé, pourrait avoir plus de valeur […] Il n’y a pas encore de clients, mais il y a de l’intérêt, il y en a depuis que nous avons commencé le projet et nous sommes sûrs que nous aurons bientôt plus d’intérêt pour notre germanium », prédisait alors le dirigeant.
Depuis, la Gécamines a effectivement annoncé, en mai 2024, un accord avec la société belge Umicore, afin d’assurer le traitement du germanium issu du site de résidus miniers dénommé Big Hill à Lubumbashi. Les premières exportations de concentré de germanium vers la Belgique ont ainsi commencé en octobre 2024. Les risques de perturbations accrues déclenchées par la nouvelle mesure de Pékin pourraient aider la Gécamines à attirer de nouveaux clients et inciter à des investissements supplémentaires pour exploiter d’autres sites congolais de résidus miniers.
Rappelons que l’usine hydrométallurgique de Lubumbashi, d’une capacité de production annuelle de 30 tonnes de germanium, est le fruit d’un investissement de 75 millions $ réalisé en 2023. Outre le germanium, l’installation peut également produire de l’oxyde de zinc, du cuivre et du cobalt.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Ivanhoe Mines a annoncé, le mardi 3 décembre, une production de 45 019 tonnes de concentré de cuivre à son complexe Kamoa-Kakula, la plus grande mine de cuivre en RDC. Cela constitue un nouveau record mensuel pour cette mine, portant la production totale de l’année à 390 061 tonnes à fin novembre.
#News - Kamoa-Kakula achieved a record 45,019 tonnes of #copper in November! 🙌
— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) December 3, 2024
Read full release: https://t.co/OL9kyClsTd pic.twitter.com/3gbcOabE0f
Depuis la mise en service d’un troisième concentrateur sur le site, en juin dernier, Kamoa-Kakula a battu à plusieurs reprises son record de production mensuelle. La mine devrait livrer entre 425 000 et 450 000 tonnes en 2024, contre 393 551 tonnes en 2023. La production attendue en 2025 devrait être plus significative, puisque Kamoa-Kakula dispose, depuis quelques mois, d’une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes.
Évolution de la production mensuelle de cuivre à Kamoa-Kakula
Notons que Kamoa-Kakula est une coentreprise majoritairement contrôlée par la Chine, notamment à travers Zijin Mining (39,6 % d’intérêts dans la mine) et China CITIC Bank, premier actionnaire d’Ivanhoe Mines (également 39,6 % d’intérêts). Alors que la production de la mine fait l’objet d’accords de vente à des entreprises chinoises, le gouvernement congolais a récemment exprimé sa volonté de s’impliquer dans le processus de sélection des acheteurs.
« L’État doit s’impliquer afin de pouvoir garantir la crédibilité du processus d’appel d’offres organisé et d’avoir la certitude que tout processus futur de sélection d’acheteurs permettra à Kamoa Copper SA de recevoir des offres compétitives et d’obtenir les meilleures conditions possibles pour la vente de ses produits », indique le compte-rendu du Conseil des ministres tenu le 4 octobre dernier.
Il faut souligner que la croissance de la production de cuivre à Kamoa-Kakula s’inscrit dans une tendance générale de hausse de la production congolaise. Après une augmentation de 13,5 % en 2023, BMI a indiqué que la production de cuivre en RDC devrait connaître une croissance plus modeste de 4,5 % en 2024, rapprochant le pays d’une production de 3 millions de tonnes. Alors que le Pérou vise une production de 2,8 millions de tonnes cette année, la RDC devrait donc maintenir son statut symbolique de deuxième producteur mondial de cuivre.
Emiliano Tossou
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L’Australien AVZ Minerals a annoncé avoir sécurisé un financement de 15 millions de dollars auprès de Locke Capital, un spécialiste du financement des litiges, pour soutenir ses démarches juridiques autour du projet de lithium de Manono en République Démocratique du Congo (RDC).
Ce financement permettra de couvrir les frais liés à plusieurs arbitrages internationaux initiés par AVZ. Ces procédures concernent notamment le différend avec les autorités congolaises et des partenaires comme Zijin Mining et Cominière, autour du permis de recherche PR 13359. Ce permis, qui couvre une partie du projet Manono, est au cœur d’un litige soumis au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
Les fonds serviront à couvrir les honoraires d’avocats, les frais d’arbitrage ainsi que d’autres dépenses liées aux litiges en cours. Le financement est adossé aux actifs d’AVZ, y compris ses participations dans le projet Manono et ses filiales associées.
Un litige sur fond de baisse des prix du lithium
Depuis 2023, AVZ Minerals conteste la décision des autorités congolaises d’attribuer un permis d’exploitation pour le projet Manono à Manono Lithium SAS, une coentreprise détenue par Zijin Mining et Cominière. AVZ affirme que cette attribution viole des ordonnances provisoires du CIRDI, qui imposaient de maintenir le statu quo jusqu’à une décision sur le fond du litige.
Le projet Manono est stratégique pour AVZ et pour la RDC, car il représente l’un des plus importants gisements de lithium au monde. Selon une estimation de la société, il héberge au moins 400 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,65 % de lithium.
Alors que la RDC cherche à tirer parti de son potentiel en lithium pour accroître ses revenus miniers, le projet Manono pourrait jouer un rôle clé dans cette stratégie. Cependant, les différends juridiques autour des droits d’exploitation ont ralenti son développement. Une situation qui devrait se poursuivre. En effet, avec le nouveau financement, AVZ devrait poursuivre ses démarches judiciaires sans contrainte financière immédiate, prolongeant ainsi les procédures de plusieurs années.
Le différend entre les deux parties suit son cours, tandis que le marché mondial du lithium connaît une baisse significative des prix depuis 2022. Le prix du spodumène, par exemple, est passé de 6 401 dollars la tonne en décembre 2022 à environ 770 dollars en septembre 2024, soit une chute de près de 90 %.
Cette baisse est due à une offre excédentaire, alors que la demande progresse à un rythme plus modéré. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production mondiale de lithium a atteint 194 000 tonnes en 2023, une hausse de 81 % par rapport à 2021. Cependant, la demande n’a augmenté que de 63 % sur la même période, atteignant 165 000 tonnes. Ce ralentissement s’explique notamment par une accumulation des stocks et une croissance moins dynamique que prévu des ventes de véhicules électriques.
LNK
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Des défis énergétiques survenus en Zambie devraient exercer une pression sur les opérateurs miniers situés dans le sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC). Ces derniers dépendent principalement de ce pays voisin pour compenser le déficit d’offre énergétique de la Société nationale d’électricité (SNEL), soit en important directement de l’électricité, notamment dans le Katanga, soit en achetant du diesel pour alimenter leurs centrales thermiques.
En octobre, des troubles sociopolitiques au Mozambique et l’introduction au Zimbabwe d’une taxe remboursable, mais qui alourdit les procédures de transit, ont contraint les distributeurs de produits pétroliers en Zambie à modifier leurs itinéraires. Cela a prolongé les délais d’approvisionnement et augmenté les coûts.
Le régulateur zambien du secteur de l’énergie a rassuré sur un retour progressif à la normale. Néanmoins, il a également annoncé une hausse de 4,2 % du coût du litre de diesel, passé de 28,9 à 30,11 kwachas. Même avec cette hausse, ces prix restent plus compétitifs par rapport au carburant venant de Matadi, à l’ouest de la RDC. Toutefois, cette augmentation alourdira encore les dépenses d’exploitation des mines.
Il en est de même pour la hausse des tarifs d’électricité décidée pour redresser la situation financière de Zesco, la compagnie électrique nationale zambienne. Cette hausse atteint 115 % pour les gros consommateurs comme les compagnies minières. Le régulateur zambien a néanmoins indiqué que l’augmentation de tarifs d’électricité ne devrait durer que trois mois.
Lors du forum d’affaires Makutano 2024, tenu à Kinshasa du 13 au 15 novembre, le directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), Fabrice Lusinde, a révélé que les sociétés minières ont dépensé près de 4 milliards de dollars en cinq ans pour combler leurs besoins énergétiques non satisfaits. Et ces exportations pourraient augmenter en 2025. En octobre dernier, Ivanhoé Mines a par exemple annoncé que des négociations étaient en cours pour faire passer la puissance importée d’Afrique australe pour la mine Kamoa-Kakula, via l’interconnexion zambienne, de 65 MW actuellement à 100 MW d’ici la fin de l’année.
Les opérateurs miniers travaillent avec la SNEL en vue d’améliorer son offre, mais cela reste insuffisant. Malgré son important potentiel hydroélectrique, l’accès à l’électricité en RDC demeure limité. Plusieurs barrages sont prévus dans le Programme d’investissement public 2025-2028, mais leur réalisation ne comblera pas le déficit. Le projet d’un troisième barrage sur Inga est toujours en discussion, mais selon des experts, il pourrait ne pas voir le jour dans les dix prochaines années.
Georges Auréole Bamba
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Les données d’exportation de l’or de la République démocratique du Congo (RDC) pour le premier semestre 2024, récemment publiées, révèlent un contraste sur les prix de vente. L’ex-société Primera Gold, une coentreprise entre l’État et des partenaires des Émirats arabes unis, a obtenu un prix moyen de 64 502 dollars par kilogramme d’or vendu. En revanche, Kibali Gold, qui exploite l’une des plus grandes mines d’Afrique, détenue à 90 % par Barrick Gold et AngloGold Ashanti, a vendu sa production à un prix moyen de 46 214,8 dollars, soit près de 20 000 dollars de moins que Primera Gold, aujourd’hui devenue DRC Gold Trading après la prise de contrôle total de l’entreprise par l’État.
Même les artisans de l’Ituri et du Nord-Kivu ont obtenu un prix supérieur à celui de Kibali Gold. Ils ont exporté leur or à un prix moyen de 59 500 dollars le kilogramme, contre 46 214,8 dollars pour Kibali Gold, soit une différence de plus de 13 000 dollars.
Ces écarts de valeur par kilogramme d’or vendu étaient déjà observés en 2023. Alors que Primera Gold et les artisans vendaient leurs productions respectivement à 59 509 et 38 484,4 dollars le kilogramme, le prix moyen du kilogramme du métal précieux provenant du site de Kibali, dans le nord-ouest de la RDC, n’était que de 30 915,6 dollars, soit une différence respective de près de 30 000 et 10 000 dollars.
Cotées sur les plus grands marchés financiers du monde (New York, Toronto), Barrick Gold et AngloGold Ashanti disposent pourtant de ressources leur permettant d’obtenir de meilleurs prix que Primera Gold ou de petits artisans des provinces de la Tshopo ou du Tanganyika, dans l’est de la RDC, qui, de surcroît, exportent de l’or non raffiné…
Bien que la transparence dans le secteur des industries extractives ait progressé en RDC, il subsiste des zones d’ombre qui empêchent une compréhension complète de la chaîne de valeur et des opportunités réelles. Ni Barrick Gold ni AngloGold Ashanti (majoritairement détenue par des capitaux sud-africains) ne fournissent de détails sur leur processus de vente. On ignore donc si ces prix résultent d’accords à terme ou d’autres logiques de vente.
Impact sur les recettes publiques
Derrière de gros volumes se cachent parfois des détails qui devraient être dévoilés, surtout que ces différences de prix impactent les revenus publics. En effet, Kibali Gold est le principal contributeur en termes de revenus d’exportation de l’or en République démocratique du Congo, avec des ventes déclarées représentant 88,2 % du total au premier trimestre 2024. L’État central et la province qui héberge la mine (Haut-Uele) en tirent des revenus à travers la participation de la Sokimo, mais surtout via les redevances sur la valeur vendue et divers autres impôts et taxes. Si l’entreprise vend sa production à des prix non optimaux, cela réduit la base de prélèvement pour un gouvernement qui a besoin de ressources pour financer sa politique de développement.
Selon des données de marché consultées par Bankable, le gouvernement a perçu jusqu’à 27,8 millions $ de redevances de cette mine entre janvier et septembre 2024, uniquement de la part de Barrick Gold. Ce montant est légèrement supérieur aux 25,5 millions $ de la même période en 2023. On observe que les redevances ont progressé de 9 %, tandis que le prix de l’or sur le marché international a augmenté en moyenne de 37 % sur la période. Néanmoins, selon les données publiées par Barrick Gold, les quantités vendues ont baissé de 8 % sur la même période.
Georges Auréoles Bamba
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