Le 6 novembre 2024, date de l’annonce de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, les cours du cuivre, essentiel aux exportations de la République démocratique du Congo (RDC), ont enregistré une baisse marquée de 4,06 % sur le London Metal Exchange, avant de se redresser légèrement de 2 % à l’ouverture des marchés le lendemain.
Pour certains analystes, cette évolution des prix était prévisible. Ole Hansen, responsable de la stratégie en matières premières chez Saxo Bank, a déclaré à S&P Global Ratings que Trump avait promis, durant sa campagne, deux mesures susceptibles d’influencer ce marché : l’introduction d’un tarif douanier de 60 % sur les produits chinois et la suppression du crédit d’impôt pouvant atteindre 7 500 $ accordé aux acheteurs de véhicules électriques par une loi votée sous l’administration Biden.
Les États-Unis constituent en effet un marché important pour les produits chinois, avec plus de 500 milliards de dollars d’importations en 2023, dont plus de 25 % de biens électriques. Si les tarifs douaniers annoncés par Trump sont appliqués, la production chinoise pourrait en pâtir, d’autant plus que l’Union européenne a déjà instauré des taxes sur les véhicules électriques chinois. La baisse de la demande chinoise en cuivre et cobalt qui en résulterait pourrait entraîner une baisse des prix de ces minerais essentiels à la transition énergétique.
Les contingences américaines
En plus, la suppression du crédit d’impôt pour les véhicules électriques, au profit d’une politique de soutien à l’industrie pétrolière, risquerait d’affaiblir la rentabilité du secteur des véhicules électriques aux États-Unis. Cela aurait des répercussions non seulement sur les constructeurs automobiles, mais également sur les constructeurs d’infrastructures de recharge et les fournisseurs de batteries. Une telle mesure pourrait freiner la croissance de la demande en métaux comme le cuivre et le cobalt, essentiels aux batteries et à l’électrification, et peser davantage sur les perspectives de prix de ces minerais.
Néanmoins, ces risques ne devraient pas se concrétiser à court terme. Certains analystes estiment que le système productif américain ne serait pas en mesure de compenser immédiatement les 500 milliards de dollars de produits chinois, dont la compétitivité aide à maintenir l’inflation sous contrôle aux États-Unis.
Par ailleurs, toute suppression du soutien aux véhicules électriques devrait être soigneusement évaluée. La majorité républicaine au Sénat et chez les gouverneurs ne garantit pas l’annulation immédiate de la loi votée sous l’administration Biden. Si de nombreux élus soutiennent Donald Trump, ils doivent également tenir compte de priorités locales telles que l’emploi et les niveaux de vie. De plus, plusieurs usines de véhicules électriques se trouvent dans des États à majorité républicaine, et de nombreux partisans du parti ont investi dans ce secteur.
Conséquences pour la RDC
Pour la RDC, premier producteur de cuivre en Afrique et premier producteur mondial de cobalt, les impacts de ces éventuels changements restent à évaluer. Dans son projet de budget 2025, le pays prévoit un prix du cuivre à 7 909,57 $ et du cobalt à 28 007,73 $. Si les prix du cuivre restent largement au-dessus de ces prévisions, ceux du cobalt sont en dessous. En septembre dernier, Fitch Ratings estimait que le prix du cobalt devrait se situer entre 25 000 et 26 000 dollars la tonne jusqu’en 2027.
Il convient également de souligner que les productions minières actuelles sont souvent vendues via des contrats dont les prix ne sont pas publics. Actuellement, les perspectives du cuivre, avec des options d’achat à 9 527 $ la tonne en avril 2025, restent supérieures au seuil de rentabilité moyen de 7 800 $ la tonne estimé pour la mine de Kamoa-Kakula, exploitée par Ivanhoe Mines.
La RDC est particulièrement sensible aux fluctuations des prix des matières premières, notamment du cuivre. Les ventes de ce minerai génèrent des revenus considérables pour le budget de l’État et des provinces, soutenant un vaste réseau de sous-traitance majoritairement détenu par des entreprises congolaises (51 %). Ces activités dépendent également de financements bancaires, tant locaux qu’internationaux, pour le développement de nouveaux projets ou pour répondre aux besoins de trésorerie en attendant les paiements.
Georges Auréole Bamba
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