Tenke Fungurume Mining (TFM) et Kisanfu Mining (KFM), les deux filiales en République démocratique du Congo (RDC) du groupe chinois China Molybdenum Corporation Limited (CMOC), ont généré en 2024 un chiffre d’affaires de 50,6 milliards de yuans renminbi, soit environ 7,05 milliards de dollars, sur la base du taux de change moyen de l’année. Cette performance représente une hausse de 80,71 % par rapport à 2023, et équivaut à près de 40 % du budget national de la RDC pour 2024.
Dans le détail, CMOC a vendu 689 521 tonnes de cuivre, générant plus de 41,8 milliards de yuans (soit 5,82 milliards de dollars), et 108 892 tonnes de cobalt, pour plus de 5,7 milliards de yuans (environ 1,22 milliard de dollars).
La RDC représente ainsi 77,5 % des minerais directement exploités et commercialisés par le groupe chinois dans le monde. Même si CMOC, via sa filiale suisse IXM, spécialisée dans le négoce de matières premières, commercialise aussi des ressources achetées auprès d'autres producteurs. Le pays a également généré la plus forte marge brute du groupe (47,1 %), malgré l’augmentation des coûts d’exploitation, notamment miniers.
« Au cours du premier semestre 2024, trois lignes de production du projet de minerai mixte de TFM ont atteint leurs objectifs et normes de production. En conséquence, TFM disposait de cinq lignes de production, avec une capacité annuelle de 450 000 tonnes de cuivre. Combinée à la capacité de KFM, estimée à 150 000 tonnes, l’entreprise exploitait six lignes de production en RDC, pour une capacité totale dépassant les 600 000 tonnes par an », expliquent les responsables du groupe.
Cette croissance des performances de la RDC dans les opérations de CMOC intervient dans un contexte de marché contrasté. Si les prix du cuivre sont restés relativement stables en 2024, ceux du cobalt ont enregistré un repli, passant de plus de 28 000 dollars la tonne en janvier 2024 à environ 24 000 dollars en fin d’année, soit une baisse de 26,57 %.
Dans ce contexte, les autorités congolaises ont suspendu temporairement les exportations de cobalt fin février 2025, pour une durée initiale de quatre mois, dans l’objectif de stabiliser les prix sur un marché en situation de surproduction.
Défis réglementaires
Malgré cette suspension, CMOC continue sa production à un rythme soutenu. Au premier trimestre 2025, le groupe a produit 30 414 tonnes de cobalt, soit une hausse de 20,7 % par rapport à la même période en 2024. Il maintient par ailleurs ses prévisions annuelles entre 100 000 et 120 000 tonnes.
Cette stratégie d’accumulation de stocks traduit la confiance du groupe dans une reprise prochaine des exportations et une potentielle remontée des prix. Depuis l’annonce de la suspension, le prix du cobalt a d’ailleurs augmenté de 57 %, selon les données disponibles sur les marchés.
Les filiales congolaises de CMOC représentent désormais plus de 70 % de la production mondiale de cobalt, confirmant le rôle stratégique de la RDC comme acteur clé de la chaîne d’approvisionnement mondiale en métaux critiques pour la transition énergétique. Selon les statistiques nationales, les exportations de TFM et KFM ont représenté environ 60 % des volumes totaux de cobalt exportés par la RDC en 2024, et près de 45 % des exportations de cuivre, générant d’importants revenus pour l’État congolais sous forme de redevances minières et de taxes diverses.
Les perspectives de CMOC en RDC restent favorables, malgré certains défis réglementaires. Le groupe devra toutefois évoluer dans un environnement complexe, marqué par les tensions géopolitiques entre la Chine et les États-Unis, l’évolution de la demande mondiale de métaux pour batteries, et les exigences croissantes en matière de traçabilité des chaînes d’approvisionnement.
Sa stratégie de diversification et d’intégration verticale, combinée à des investissements dans des infrastructures durables, pourrait lui permettre de maintenir sa trajectoire de croissance, tout en répondant aux enjeux environnementaux et sociaux liés à l’exploitation minière en Afrique centrale.
Georges Auréole Bamba
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