Entre janvier et septembre 2025, le groupe chinois CMOC déclare avoir vendu du cobalt pour 6,2 milliards de yuans, soit plus de 850 millions de dollars au taux moyen. Ce revenu affiche une baisse limitée de 7,8 % par rapport à la même période de 2024, malgré la suspension des exportations de cobalt en République démocratique du Congo (RDC), en vigueur du 21 février au 15 octobre 2025.
Bien que tous les sites de production de cobalt de CMOC se trouvent en RDC — notamment Tenke Fungurume et Kisanfu —, l’embargo a eu un impact modéré sur les quantités commercialisées. Elles ont reculé de 36,08 % sur un an, pour atteindre 51 027 tonnes.
Malgré la mesure, le groupe chinois a continué d’honorer ses engagements contractuels pendant quatre mois, ne déclarant un cas de force majeure sur ses livraisons de cobalt que le 30 juin.
Dans son rapport financier du troisième trimestre, publié le 24 octobre, CMOC ne précise pas l’origine du cobalt écoulé durant cette période. Cependant, tout porte à croire que l’entreprise s’est appuyée sur des stocks préalablement constitués hors du pays, notamment dans des zones franches. CMOC dispose en effet d’un réseau logistique intégré, comprenant des zones de stockage à Durban (Afrique du Sud) et Walvis Bay (Namibie), points de sortie habituels du cobalt extrait en RDC.
Cette hypothèse est confirmée par les chiffres de production. Entre janvier et septembre 2025, CMOC indique avoir produit 87 974 tonnes, soit une moyenne mensuelle inférieure à 10 000 tonnes. Dès lors, une part importante des volumes vendus ne pouvait provenir de cette production, l’embargo ayant été instauré dès février.
En plus, la baisse des volumes écoulés a été largement compensée par la hausse des cours internationaux du cobalt. Selon le groupe, le prix moyen a atteint 16 730 dollars la tonne entre janvier et septembre 2025, contre 11 600 dollars sur la même période en 2024, soit une progression de 44 %.
CMOC a même vu sa marge brute sur le cobalt se renforcer. Elle a augmenté de 27 points sur un an, pour s’établir à 63,46 %, grâce à une réduction des coûts opérationnels de 46,95 %, à un peu plus de 2 milliards de yuans. Le groupe attribue cette performance à une meilleure efficacité énergétique, à l’optimisation de ses processus et à une bonne gestion du risque de change.
Depuis le 16 octobre 2025, l’embargo a été remplacé par un système de quotas à l’exportation instauré par les autorités congolaises. Il limite les expéditions de cobalt de la RDC à 18 125 tonnes pour le dernier trimestre 2025, puis à 96 600 tonnes pour 2026. Dans ce cadre, CMOC s’est vu attribuer 6 500 tonnes pour 2025 et 31 200 tonnes pour 2026.
Cette nouvelle régulation devrait continuer à soutenir les prix, alors que la tonne de cobalt se négocie actuellement à plus de 45 000 dollars sur la Bourse des métaux de Londres (LME) — soit plus du double de son prix lors de l’instauration de l’embargo.
Mais elle réduit la marge de manœuvre de CMOC dans la gestion de ses stocks hors du pays. Depuis plusieurs semaines, les dirigeants du groupe estiment que la situation est devenue « à la limite du tolérable ».
Pierre Mukoko
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