Mercuria Energy Trading a sécurisé son approvisionnement en cuivre issu des actifs d’Eurasian Resources Group (ERG) en République démocratique du Congo (RDC) pour une durée de trois ans. L’accord entre les deux parties a été annoncé dans un communiqué publié le 30 octobre 2025. Le contrat d’approvisionnement prévoit un préfinancement de Mercuria à ERG pouvant atteindre 100 millions de dollars.
Ni les conditions de cette facilité ni les modalités précises du contrat d’achat n’ont été dévoilés. On ignore donc le taux d’intérêt du prêt, les quantités de cuivre concernées ou encore les prix arrêtés. Ces types de contrats sont souvent mal perçus par l’État et par l’entreprise publique Gécamines. Collecteurs des recettes fiscales et actionnaires minoritaires dans plusieurs projets miniers, ces entités estiment que leurs intérêts n’y sont pas toujours préservés, ce qui les pousse désormais à revendiquer le droit de commercialiser elles-mêmes leurs parts de production dans les coentreprises minières.
En revanche, l’accord permet à Mercuria de renforcer ses approvisionnements depuis la RDC, après avoir obtenu fin 2024, puis à nouveau en mars dernier, la moitié de la production de cuivre revenant à la Gécamines au sein de la mine de Tenke Fungurume. La Gécamines détient 20 % de TMF, dont la capacité de production dépasse 450 000 tonnes par an.
Région stratégique
ERG, détenu à 40 % par l’État kazakh, compte parmi les principaux producteurs de cuivre de la RDC. À travers ses filiales Frontier et Metalkol, les seules actuellement actives dans le pays, le groupe a vendu 120 176,85 tonnes de cuivre en 2024, selon les chiffres officiels. Ces volumes pourraient augmenter dans les prochaines années : ERG détient plusieurs autres actifs dont le développement avait été freiné par des différends avec l’État ou la Gécamines. C’est notamment le cas du projet cuprifère Swanmines, dont le développement devrait reprendre à la suite d’un accord trouvé en septembre dernier.
Selon le communiqué, l’un des objectifs de la facilité accordée par Mercuria est justement de soutenir le développement des actifs d’ERG en RDC. Le partenariat vise également à renforcer le portefeuille commercial du groupe et à améliorer sa flexibilité financière.
Fondée en 2004 à Genève, Mercuria est l’un des principaux acteurs mondiaux du négoce de matières premières et d’énergie. Son directeur mondial des métaux et minéraux, Kostas Bintas, présente désormais la RDC comme « une région d’importance stratégique croissante pour Mercuria ».
La RDC s’est classée deuxième producteur mondial de cuivre derrière le Chili, avec une production de 3,1 millions de tonnes en 2024, dans un contexte de forte hausse de la demande mondiale, tirée par la transition énergétique et le développement de l’intelligence artificielle.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le déficit d’approvisionnement en cuivre pourrait atteindre 40 % d’ici 2035, une perspective qui soutient la hausse durable du prix du métal rouge. En un an, les cours du cuivre ont progressé de près de 20 %, les contrats à terme se négociant actuellement à 11 500 dollars la tonne sur la Bourse des métaux de Londres (LME).
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya
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