L’Union européenne (UE) et l’initiative Team Europe se sont engagées à mobiliser un financement d’un milliard d’euros pour soutenir la création de l’aire protégée à vocation communautaire dénommée Couloir vert Kivu-Kinshasa. L’annonce a été faite par Jozef Sikali, commissaire européen chargé des partenariats, à l’issue de la présentation du projet par le président Félix Tshisekedi lors d’un panel au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.
« L’Union européenne et ses États membres, réunis sous l’initiative Team Europe, s’engagent à rassembler leurs ressources, projets et investissements à hauteur d’un milliard d’euros le long de ce corridor. Je suis heureux d’annoncer que, dès à présent, nous avons décidé de mobiliser 42 millions d’euros supplémentaires sous forme de subventions, avec l’ambition de doubler ce montant très rapidement », a déclaré M. Sikali.
Créé par décret signé le 15 janvier 2025 par la Première ministre, le Couloir vert Kivu-Kinshasa s’étend de l’est à l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC) sur une superficie de 544 270 km², soit un peu plus du quart du territoire national. Ce projet vise à promouvoir une économie verte tout en préservant plus de 100 000 km² de forêts primaires, renforçant ainsi le rôle de la RDC comme acteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique.
500 000 emplois attendus
Selon le président Félix Tshisekedi, l’initiative du Couloir vert Kivu-Kinshasa s’inspire des enseignements tirés du projet de création de l’aire protégée du parc national des Virunga. Ce projet combine la conservation des forêts, grâce à leur capacité d’absorption de carbone, avec la protection de l’environnement, la création d’emplois durables, la lutte contre l’insécurité alimentaire et la prévention des conflits.
« La création de ce couloir ne représente pas seulement un projet d’envergure, mais une véritable opportunité de transformation intégrée. Elle permettra de générer plus de 500 000 emplois, dont une part significative sera dédiée à la réintégration des jeunes démobilisés issus des groupes armés », a souligné le chef de l’État. Un investissement d’un milliard de dollars américains (pratiquement un milliard d’euros) sera nécessaire pour concrétiser ce projet au cours des trois à quatre prochaines années, précise un communiqué de la présidence de la République.
La RDC dispose de ressources minières stratégiques, essentielles à la transition économique et énergétique mondiale, dont la valeur totale est estimée à près de 24 000 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Le secteur minier reste la principale source des recettes d’exportation et de financement public. Ces dernières années, les autorités congolaises ont intensifié leurs efforts pour maximiser les retombées économiques de ces ressources naturelles, soit par la renégociation de contrats, soit par une augmentation de la participation de l’État, soit encore par un contrôle accru des exportations et des dépenses des partenaires multinationaux.
Cependant, les bénéfices pour la population progressent lentement. Le revenu national brut par habitant reste faible, à seulement 1 560 dollars en parité de pouvoir d’achat. Une grande partie de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté ou à ses limites, ce qui l’oblige à recourir à des solutions de cuisson peu durables, comme le charbon de bois. Celui-ci représente 67 % des dépenses énergétiques du pays et alimente un marché évalué à 4 milliards de dollars par an, dans un secteur de l’énergie globalement estimé à plus de 6 milliards de dollars.
Soutien de John Kerry
Le Couloir vert Kivu-Kinshasa se positionne comme une réponse à ces défis. Il ambitionne de générer davantage de revenus pour les populations en promouvant des solutions de mobilité utilisant des énergies renouvelables, telles que l’hydrogène et les biocarburants. Ce projet représente également une opportunité pour le secteur privé, qui pourrait investir dans des initiatives alignées sur ces objectifs. Le décret créant cette aire protégée prévoit, d’ailleurs, des mesures d’incitation fiscale pour les projets et activités de conservation ou de développement réalisés dans le cadre de cette initiative.
Le projet a également bénéficié du soutien moral de John Kerry, ancien secrétaire d’État américain et envoyé spécial des États-Unis pour le climat. « En tant que représentant du secteur privé, je m’engage à continuer de travailler avec mes collègues pour la réussite de ces projets. Il n’y a rien de pire que d’annoncer une initiative prometteuse sans la concrétiser. Cela ne sera pas le cas ici. Ce projet se réalisera », a affirmé, M. Kerry, aujourd’hui vice-président de Galvanize Climate Solutions, une organisation mobilisant des capitaux à l’échelle mondiale pour financer des investissements durables.
Georges Auréole Bamba
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