Le Chinois CMOC et le Suisse Glencore affichent des positions divergentes sur la suite à donner à la suspension des exportations de cobalt en République démocratique du Congo (RDC), pays qui a représenté 76 % de l’offre primaire mondiale en 2024. Selon des informations relayées par Reuters, CMOC plaide pour une levée rapide de l’embargo, tandis que des traders liés à Glencore estiment que le marché doit d’abord retrouver sa stabilité avant un retour des volumes congolais.
Le sujet a été discuté à huis clos la semaine dernière, en marge du Cobalt Congress à Singapour, lors d’une réunion à laquelle participait le ministre congolais des Mines, Kizito Pakabomba. À cette occasion, Kenny Ives, vice-président de CMOC, a soutenu la levée de la suspension, soulignant la nécessité de réapprovisionner les clients chinois dont les stocks de cobalt s’amenuisent. Il redoute que cette situation pousse certains constructeurs automobiles à opter pour des batteries lithium-ion sans cobalt.
À l’inverse, des négociants de Glencore affirment que la stabilité des prix doit primer avant une reprise des exportations. Selon eux, les producteurs comme la RDC doivent s’assurer d’un meilleur encadrement de l’offre, dont l’excès a été à l’origine de la décision de Kinshasa de décréter l’embargo.
Ces prises de position contrastées illustrent les tensions stratégiques entre les deux plus grands producteurs mondiaux de cobalt, CMOC et Glencore, qui, pour l’heure, n’ont pas suspendu leur production malgré l’interdiction d’exportation en vigueur. Alors que la mesure est censée prendre fin le dimanche 22 juin, les autorités congolaises n’ont pas encore annoncé leur décision finale.
Si le président Félix Tshisekedi a évoqué la possibilité d’une prorogation, une autre piste envisagée par le gouvernement est la mise en place de quotas à l’exportation. Une option que les traders de Glencore se disent prêts à accepter.
En attendant, le marché a réagi positivement à l’embargo, avec une hausse de plus de 50 % du prix du cobalt depuis février. À la Bourse des métaux de Londres (LME), la tonne de cobalt dépasse actuellement 33 000 dollars, contre 21 000 dollars à la fin février.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
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Ivanhoe Mines a annoncé, le 20 mai 2025, la suspension des opérations à la mine souterraine de Kakula, située sur son complexe cuprifère de Kamoa-Kakula, en République démocratique du Congo (RDC).
La décision, prise le 18 mai, fait suite à une activité sismique enregistrée dans la section orientale de la mine. Aucun blessé n’est à déplorer et l’ensemble du personnel a été évacué.
En attendant la reprise, les concentrateurs des phases 1 et 2 tournent à capacité réduite, en traitant du minerai issu des stocks de surface. Selon les données arrêtées au 30 avril, ces stocks s’élevaient à 3,8 millions de tonnes, à une teneur moyenne de 3,2 % en cuivre. Le concentrateur de la phase 3, ainsi que la mine souterraine de Kamoa, continuent de fonctionner normalement.
Des experts géotechniques procèdent actuellement à l’inspection de l’infrastructure souterraine. La zone ouest de Kakula a déjà été déclarée sûre, tandis que la zone est reste en évaluation. Aucune date de reprise des opérations n’a été communiquée à ce stade.
Ivanhoe n’a pas révisé ses objectifs de production pour l’année. L’impact de cette suspension dépendra toutefois de sa durée. Pour mémoire, la compagnie prévoit de produire entre 520 000 et 580 000 tonnes de cuivre en 2025 sur l’ensemble du complexe, considéré comme la plus grande mine de cuivre du pays avec une capacité de production de 600 000 tonnes.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Moyi Power a annoncé, le 20 mai 2025, le lancement officiel de sa levée de fonds pour financer la construction de ses infrastructures hybrides dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC). Le projet vise à fournir une électricité propre et fiable à plus d’un million de personnes dans les villes de Bumba, Gemena et Isiro.
Estimé à 340 millions de dollars, le projet repose sur la construction de centrales hybrides combinant énergie solaire et systèmes de stockage par batteries (BESS), avec un recours au diesel en solution de secours, ainsi que sur le déploiement de réseaux de distribution urbains. Selon les porteurs du projet, environ 80 % des fonds nécessaires à la première phase, chiffrée à 160 millions de dollars, ont déjà été identifiés. La levée en cours vise à sécuriser les 180 millions restants, notamment sous forme de dette et de Viability Gap Funding (VGF), un mécanisme de financement d’appoint destiné à assurer la viabilité économique et l’attractivité commerciale du projet.
« Beaucoup a été fait pour amener Moyi Power à ce stade, et nous sommes maintenant prêts à lancer la phase suivante pour lever les fonds nécessaires à la construction du projet. Avec la bonne combinaison de financements, Moyi sera en mesure de bâtir une infrastructure qui fournira une électricité abordable et fiable aux clients du nord de la RDC, et démontrera un modèle reproductible pour l’énergie distribuée dans toute l’Afrique », a déclaré Chris Flavin, directeur général par intérim de Gridworks.
Moyi Power est porté par un consortium composé de Gridworks, AEE Power et Eranove, avec le soutien de la Banque africaine de développement (BAD) et du Private Infrastructure Development Group (PIDG).
Le projet s’inscrit dans le Compact énergétique national, présenté en novembre 2024 par le gouvernement congolais. Ce plan prévoit plus de 36 milliards de dollars d’investissements, dont près de 20 milliards attendus du secteur privé, pour faire passer le taux d’électrification de 21 % à 62,5 % d’ici 2030. Sélectionné comme l’un des deux projets privés intégrés à ce pacte, Moyi Power pourrait servir de modèle pour l’électrification d’autres villes hors réseau en RDC, dans le cadre de l’initiative Mission 300.
Abdoullahi Diop
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La Banque centrale du Congo (BCC) durcit sa réglementation à l’encontre des opérateurs miniers et pétroliers en 2025. Selon une note du cabinet AKILI Consulting, qui compte dans son portefeuille client des grandes sociétés minières comme Kamoa Copper et Kibali Gold, les amendes pour non-déclaration des données bancaires des comptes à l’étranger ont augmenté de plus de 1000 %, passant de 5 000 000 de francs congolais (CDF) à 58 680 000 CDF, soit de 1 786 à 20 957 dollars.
Selon ce cabinet, qui se présente comme une société spécialisée dans la gestion des risques opérationnels liés au non-respect de la réglementation de change, la BCC a même introduit de nouvelles sanctions. La fausse déclaration de comptes est désormais sanctionnée par une amende de 234 720 000 CDF, et les transferts via des sociétés-écrans sont punis par une pénalité équivalente à 35 % du montant transféré.
Le cabinet dirigé par Arlette Mboyo, membre du conseil d’administration de la filiale de la Bank of Africa en RDC (BOA RDC), n’a pas dévoilé les raisons de ces décisions de la banque centrale. Mais il apparaît que ces mesures visent à renforcer la traçabilité des transactions et le rapatriement des recettes d’exportation sur le territoire national. Une stratégie qui s’inscrit dans le contexte plus large de stabilisation du marché des changes congolais, marqué par la dépréciation du franc congolais.
Des mesures similaires avaient déjà été prises en 2017 pour forcer les opérateurs miniers à rapatrier leurs recettes d’exportation, comme le prescrit la loi, dans le but d’alimenter le système financier en devises.
L’article 269 du Code minier de la République démocratique du Congo (RDC) impose aux titulaires de titres miniers des règles strictes concernant le rapatriement des recettes d’exportation. Pendant la phase d’amortissement de leur investissement, les opérateurs peuvent conserver 40 % de leurs revenus d’exportation dans des comptes à l’étranger, mais doivent obligatoirement rapatrier les 60 % restant dans un compte ouvert en RDC dans un délai de quinze jours suivant l’encaissement. Une fois l’investissement amorti, l’intégralité des recettes doit être rapatriée en RDC. Cette loi peine à être respectée par les miniers.
Timothée Manoke, stagiaire
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Last February, the Democratic Republic of Congo (DRC) introduced a four-month ban on cobalt exports. The ban is currently being reviewed, according to the Congolese Minister of Mines, Kizito Pakabomba. The official made the statement on May 14, in Singapore, at the Cobalt Congress 2025.
When the ban was issued, the Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (Arecoms) had indicated that an assessment would be conducted three months after the measure took effect. Depending on the results, the measure could be adapted or lifted.
While the ban is set to expire in a month, Kinshasa remains vague about its intentions. At the Council of Ministers meeting on March 14, Prime Minister Judith Suminwa Tuluka presented the introduction of quotas as the next step in a plan to “stabilize” the cobalt market.
However, the volumes involved and the terms of application have yet to be specified. There is also no update on the DRC’s progress on its cooperation project with Indonesia, the world’s second-largest cobalt producer with a 9.66% market share. “The officials concerned by these actions were called upon to implement them with celerity and efficiency,” minutes of the May 14 Council read.
A few weeks after the Council of Ministers, President Félix Tshisekedi mentioned the possibility of extending the ban. The leader also mentioned “new strategies to ensure market balance and lay the foundations for sustainable local industrialization,” without providing further details.
As the world’s leading producer, with over 70% of global supply, the DRC has a major influence on the market, both in terms of supply and prices. It banned exports amid falling prices, caused by overproduction in Congolese and Indonesian mines.
Since the ban was imposed, prices have soared by over 50%. Between the reduction in producers’ external stocks and uncertainties over Congolese decisions, the price of cobalt on the London Metal Exchange (LME) has risen from $21,000 per tonne at the end of February to over $33,000 in mid-May.
However, any indication of a massive return of Congolese cobalt to the market could cause prices to fall again, especially as the country’s two main producers, China’s CMOC and Switzerland’s Glencore, have not announced any suspension of production. Whether it is a matter of quotas, an extension of the embargo, or other measures, all eyes will remain on Kinshasa until June 22, when the current decision expires.
This article was initially published in French by Pierre Mukoko (Ecofin Agency)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Benjamin Katabuka is KoBold Metals’ new key figure in the complex contest over the Manono deposit in the Democratic Republic of Congo (DRC). At the end of March 2025, the lawyer was appointed Country Managing Director of the US mining junior, backed by billionaires Bill Gates and Jeff Bezos, despite the company having no active operations in the country to date.
KoBold plans to apply for copper and cobalt exploration permits but has been focused since January on bidding for rights to the Manono lithium deposit, regarded as having “the potential to become a large-scale, long-life lithium mine.” It appears this will be the arena where Benjamin Katabuka must first prove his mettle.
The Manono lithium deposit lies at the center of a dispute involving Australian company AVZ Minerals and the Congolese state-owned Cominière, partnered with Chinese firm Zijin Mining, currently before arbitration tribunals. AVZ claims it was unfairly excluded and maintains rights to the site.
KoBold’s offer proposes to resolve the dispute by providing AVZ “appropriate compensation” in exchange for relinquishing its claims to Manono. Both companies have announced a framework agreement for “AVZ to assign its business interests in the Manono lithium deposit to KoBold, at fair value.”
The remaining challenge is persuading Congolese authorities to endorse this arrangement, amid interest from major players like Rio Tinto. To navigate this, KoBold has placed its trust in Benjamin Katabuka, whose blend of international legal expertise and practical experience in the Congolese mining sector positions him well.
A lawyer by training, Katabuka holds degrees from the universities of Neuchâtel, Geneva, and Pennsylvania, and is a member of the New York Bar. His career spans North America, Europe, and Africa. After consulting in Geneva, he established himself as a leading figure in the Congolese extractive industry with over a decade of experience.
From 2022 until his appointment at KoBold, Katabuka served as Managing Director of C. Steinweg Bridge in the DRC, a South African subsidiary of the Dutch logistics group C. Steinweg Group provides import-export services in the DRC. Before that, Katabuka worked for Freeport-McMoRan in Kinshasa, the American group that operated the Tenke Fungurume copper-cobalt mine and developed the Kisanfu project before selling them to China’s CMOC.
This article was initially published in French by Boaz Kabeya (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Global demand for cobalt should grow faster than supply in the coming years, shifting the market from a surplus in 2024 to a deficit by the early 2030s. The Cobalt Institute disclosed the forecast in its annual report published on May 14, 2025.
The source, Cobalt Market Report 2024, forecasts an average annual growth in global demand of 7% by the decade’s end, reaching 400,000 tonnes by the early 2030s. This growth will be driven primarily by the rapid expansion of the electric battery sector.
Meanwhile, global supply is expected to grow at an average annual rate of only 5% between now and 2030. The Democratic Republic of Congo (DRC), which accounted for 76% of primary supply in 2024, will see its share fall to 65%, while Indonesia’s share is expected to rise from 12% to 22% due to a rapid increase in production.
In the short term, market trends will largely depend on the strategy adopted by the DRC, particularly following the four-month ban on cobalt exports imposed in February 2025 to boost prices. This measure could be extended, but Kinshasa has not clarified its intentions. On March 14, the government announced plans to set export quotas and to cooperate with Indonesia to manage oversupply and better control prices. However, there is currently no information on how these decisions will be implemented.
Early this year, cobalt prices rebounded, spurred by the DRC’s export ban and an anticipated smaller surplus in the coming years. These conditions create a favorable backdrop for price recovery.
In 2024, global demand for cobalt rose by 14% to 222,000 tonnes. The electric battery segment was the main driver, accounting for 76% of total consumption and 94% of annual growth. Electric vehicles alone accounted for 43% of demand, with sales up 26%.
Demand for computers and mobile devices (phones, tablets, computers) also rose 12%. The rise of artificial intelligence, with its need for intensive computing, fueled an increase in battery capacity.
A surplus of 32,000 tonnes in 2024
Demand in the superalloys and military applications segments also grew, supported by rising defense spending.
But for the third consecutive year, supply growth outpaced demand. In 2024, global primary production reached 254,000 tonnes (+22% compared to 2023), driven by the ramp-up of Congolese mines operated by the Chinese group CMOC.
With 30,000 tonnes mined (+82% in one year), Indonesia established itself as the world’s second-largest producer. The market thus recorded a surplus of 32,000 tonnes in 2024—almost 15% of total demand—compared with 25,000 tonnes in 2023.
Founded in 1982, the Cobalt Institute brings together the main players in the cobalt value chain—including producers, users, recyclers, and traders—who represent around 80% of the global market.
This article was initially published in French by Walid Kéfi (Ecofin Agency)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
La demande mondiale de cobalt augmentera à un rythme plus soutenu que celui de l’offre dans les années à venir, ce qui fera basculer le marché d’un excédent en 2024 à un déficit au début des années 2030, estime le Cobalt Institute dans son rapport annuel publié le 14 mai 2025.
Fondé en 1982, le Cobalt Institute regroupe les principaux acteurs de la chaîne de valeur du cobalt – producteurs, utilisateurs, recycleurs et négociants – représentant ensemble environ 80 % du marché mondial.
Intitulé Cobalt Market Report 2024, le document prévoit une croissance annuelle moyenne de 7 % de la demande mondiale jusqu’à la fin de la décennie, pour atteindre 400 000 tonnes au début des années 2030. Cette progression sera tirée principalement par la montée en puissance du secteur des batteries électriques.
En parallèle, l’offre mondiale ne devrait croître qu’à un rythme annuel moyen de 5 % d’ici 2030. La République démocratique du Congo (RDC), qui a représenté 76 % de l’offre primaire en 2024, verra sa part reculer à 65 %, tandis que celle de l’Indonésie passera de 12 % à 22 %, en raison d’une montée rapide en production.
À court terme, l’évolution du marché dépendra en grande partie de la stratégie adoptée par la RDC, notamment après l’interdiction de quatre mois des exportations de cobalt décidée en février 2025 pour tenter de relancer les cours. Cette mesure pourrait être prolongée, mais Kinshasa reste floue sur ses intentions. Le 14 mars, le gouvernement a annoncé sa volonté de fixer des quotas d’exportation et de coopérer avec l’Indonésie pour gérer l’excédent d’offre et mieux contrôler les prix. Mais, à ce jour aucune information ne filtre sur la mise en œuvre ces décisions.
Début 2025, les prix du cobalt ont rebondi sous l’effet de la suspension des exportations par la RDC et d’un excédent anticipé plus faible dans les années à venir. Ces conditions créent un contexte favorable à une remontée des prix.
En 2024, la demande mondiale de cobalt a progressé de 14 %, atteignant 222 000 tonnes. Le segment des batteries électriques, qui représente 76 % de la consommation totale et 94 % de la croissance annuelle, a été le principal moteur. Les véhicules électriques, dont les ventes ont grimpé de 26 %, ont à eux seuls représenté 43 % de la demande.
Le secteur de l’électronique portable (téléphones, tablettes, ordinateurs) a aussi vu sa demande augmenter de 12 %. L’essor de l’intelligence artificielle, avec ses besoins en calcul intensif, a conduit à une augmentation de la capacité des batteries.
Un excédent de 32 000 tonnes en 2024
La demande dans les segments des superalliages et des applications militaires a également progressé, soutenue par la hausse des dépenses de défense.
Mais pour la troisième année consécutive, la croissance de l’offre a surpassé celle de la demande. En 2024, la production primaire mondiale a atteint 254 000 tonnes (+22 % par rapport à 2023), portée par la montée en régime des mines congolaises opérées par le groupe chinois CMOC.
Avec 30 000 tonnes extraites (+82 % en un an), l’Indonésie s’est installée comme deuxième producteur mondial. Le marché a ainsi enregistré un excédent de 32 000 tonnes en 2024, soit près de 15 % de la demande totale, contre 25 000 tonnes en 2023.
Walid Kéfi, Agence Ecofin
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Benjamin Katabuka est le nouveau pion que vient de pousser KoBold Metals dans la partie d’échecs qui se joue actuellement autour du gisement de Manono, en République démocratique du Congo. Fin mars 2025, le juriste a été nommé directeur général pays de la junior minière américaine soutenue par les milliardaires Bill Gates et Jeff Bezos, alors que la société n’a pour l’instant aucune activité dans le pays.
KoBold prévoit de demander des permis d’exploration de cuivre et de cobalt, mais l’entreprise a introduit, depuis janvier, une offre en vue d’obtenir des droits sur le gisement de lithium de Manono, considéré comme ayant « le potentiel de devenir une mine de lithium à grande échelle et de longue durée ». Il apparaît donc que c’est sur ce dossier que Benjamin Katabuka devra d’abord faire ses preuves.
Le gisement de lithium de Manono est au cœur d’un conflit qui oppose la compagnie australienne AVZ Minerals à la société publique congolaise Cominière et à son partenaire chinois Zijin Mining devant les tribunaux arbitraux. AVZ, qui estime avoir été injustement évincée du projet, prétend toujours détenir des droits sur le site.
Dans son offre, KoBold propose de mettre fin au contentieux en accordant une « compensation appropriée » à AVZ, en échange de l’abandon de ses prétentions sur Manono à son profit. Les deux entreprises ont annoncé avoir conclu un cadre pour que « AVZ cède ses intérêts commerciaux dans le gisement de lithium de Manono à KoBold, à une juste valeur ».
Il ne reste donc plus qu’à convaincre les autorités congolaises d’adhérer à cet arrangement, alors que des géants comme Rio Tinto ont également montré de l’intérêt pour Manono. Pour y parvenir, la compagnie américaine a misé sur Benjamin Katabuka, un profil qui allie expertise juridique internationale et expérience de terrain dans l’industrie minière congolaise.
Avocat de formation, diplômé des universités de Neuchâtel, Genève, Pennsylvanie, et titulaire du barreau de New York, Benjamin Katabuka a construit sa carrière entre l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Afrique. Après un passage comme consultant à Genève, il s’est imposé comme une figure de l’industrie extractive congolaise avec plus d’une décennie d’expérience.
De 2022 à sa nomination, Katabuka était directeur général de C. Steinweg Bridge en RDC. Cette filiale sud-africaine du groupe de logistique néerlandais C. Steinweg Group fournit des services d’import-export dans le pays. Auparavant, il a travaillé pour Freeport-McMoRan depuis Kinshasa. Ce groupe américain opérait la mine de cuivre-cobalt de Tenke Fungurume et développait le projet de Kisanfu, avant de les revendre au chinois CMOC.
Boaz Kabeya, stagiaire
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During his May 14 hearing at the National Assembly, Congolese Foreign Trade Minister, Julien Paluku, said he referred the issue of customs fraud to the World Trade Organization (WTO) to seek sanctions against certain neighboring countries accused of violating WTO principles.
He specifically named Uganda, Rwanda, Angola, and Kenya, but did not provide details on the nature of the proceedings. These countries are accused of facilitating the splitting of goods destined for the Democratic Republic of Congo (DRC).
According to Paluku, this practice involves dividing shipments to bring them into the country indirectly, thereby bypassing customs duties. The Ministry estimates losses from this customs fraud at $3.9 billion for 2024, though the methodology for this figure was not disclosed.
Paluku argued that this practice undermines the competitiveness of compliant economic operators, whose products face unfair disadvantages compared to illegally introduced goods sold at lower prices.
To tackle the fraud, the Ministry plans to establish a one-stop border post at Kasumbalesa, Haut-Katanga province, on the border with Zambia. The facility will enable customs officers from both countries to operate jointly in the same office, streamlining customs clearance.
This should ease cross-border traffic, reduce long queues, and decongest the Kasumbalesa customs post. Paluku also proposed introducing a "special visa" for truck drivers to facilitate their access to destination countries and minimize delays caused by administrative procedures.
In October 2024, the Directorate General of Customs and Excise (DGDA) banned the entry of transshipped goods via the Kasindi-Lubiriha border post in North Kivu. This measure was intended to curb fraudulent practices and increase customs revenue in the towns of Beni and Butembo.
This article was initially published in French by Ronsard Luabeya (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho