International Resources Holding (IRH), a subsidiary of the Emirati conglomerate International Holding Company (IHC), just sealed a deal to acquire almost 100% of Tremont Master Holdings. Valued at C$503 million–around US$367 million–the deal will give IRH indirect control of 56% of Alphamin Resources. The latter owns the Bisie tin mine, the largest tin mine in the Democratic Republic of Congo (DRC).
According to Bloomberg, an IRH delegation visited the DRC last November to conduct a due diligence mission. Although the offer is lower than Alphamin's current capitalization on the Toronto Stock Exchange, Denham Capital, Tremont's sole shareholder, stands to gain. The American fund previously held 57% of Alphamin.
Located in North Kivu, the Bisie project has developed in a difficult security environment. Alphamin has held an 80.75% stake since 2012, when the tin market was still uncertain. The remainder of the capital is divided between the South African state-owned company IDC (14.25%) and the Congolese state (5%). Between 2019 and the end of 2024, the mine generated cumulative sales of $2.3 billion for a gross margin of $689.5 million. The company paid $115 million in dividends in 2022-2023, and expects a payment of $70 million in October 2025 in respect of fiscal 2024.
The transaction is still subject to prior authorization by the Congolese authorities. Under article 178 bis of the revised Mining Code, any indirect transfer of mining rights must be approved by the State, on pain of nullity. A transfer fee, previously set at 1% of the transaction value, is also payable.
For IRH, this acquisition is part of a broader strategy to build up a portfolio of critical mining assets. According to Africa Intelligence, the group is also in discussions with Gécamines to obtain new permits in the DRC, although this information has not yet been confirmed. Alphamin is also studying other expansion projects in the country.
This operation illustrates the Emirates' growing interest in transitional minerals. Saudi Arabia has stepped up diplomatic exchanges with Kinshasa around a framework for sustainable supply chains. Dubai remains one of the major outlets for Congolese artisanal gold, as the Governor of South Kivu recently reminded us. By 2023, collaboration between the Emirati group Primera Gold and the Congolese government had led to a surge of over 12,000% in gold channeled through the Primera Gold DRC joint venture.
This article was initially published in French by Georges Auréole Bamba
Edited in English by Ola Schad Akinocho
International Resources Holding (IRH), filiale du conglomérat émirati International Holding Company (IHC), a conclu un accord en vue d’acquérir une participation quasi totale dans Tremont Master Holdings. Cette transaction permettra à IRH de prendre le contrôle indirect de 56 % du capital d’Alphamin Resources, propriétaire de la mine d’étain de Bisie, la plus importante de République démocratique du Congo (RDC). Le montant de transaction s’élève à 503 millions de dollars canadiens, soit environ 367 millions de dollars américains.
L’annonce intervient quelques mois après la visite en RDC d’une délégation d’IRH, en novembre 2024, pour une mission de due diligence, selon Bloomberg. Même si l’offre est inférieure à la capitalisation actuelle d’Alphamin à la Bourse de Toronto, Denham Capital — actionnaire exclusif de Tremont — en sort gagnant. Le fonds américain détenait jusqu’ici 57 % d’Alphamin.
Situé dans le Nord-Kivu, le projet de Bisie s’est développé dans un environnement sécuritaire difficile. Avec une participation aujourd'hui de 84%, Alphamin contrôle cette mine depuis 2012, alors que le marché de l’étain était encore incertain. Le reste du capital est réparti entre la société publique sud-africaine IDC et l’État congolais. Entre 2019 et fin 2024, la mine a généré un chiffre d’affaires cumulé de 2,3 milliards de dollars pour une marge brute de 689,5 millions. L’entreprise a versé 115 millions $ de dividendes en 2022-2023, et prévoit un paiement de 70 millions $ en octobre 2025 au titre de l’exercice 2024.
L’opération est encore soumise à l’autorisation préalable des autorités congolaises. Conformément à l’article 178 bis du Code minier révisé, toute cession indirecte de droits miniers doit être approuvée par l’État, sous peine de nullité. Un droit de cession, jusqu’ici fixé à 1 % de la valeur de la transaction, est également exigible.
Pour IRH, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie plus large de constitution d’un portefeuille d’actifs miniers critiques. Selon Africa Intelligence, le groupe discute aussi avec la Gécamines pour obtenir de nouveaux permis en RDC, bien que ces informations n’aient pas encore été confirmées. Alphamin étudie également d’autres projets d’extension dans le pays.
Cette opération illustre l’intérêt croissant des Émirats pour les minerais de la transition. L’Arabie saoudite a multiplié les échanges diplomatiques avec Kinshasa autour d’un cadre pour des chaînes d’approvisionnement durables. Dubaï reste quant à elle l’un des points de sortie majeurs de l’or artisanal congolais, comme l’a rappelé récemment le gouverneur du Sud-Kivu. En 2023, la collaboration entre le groupe émirati Primera Gold et le gouvernement congolais avait permis une hausse de plus de 12 000 % des volumes d’or canalisés via la coentreprise Primera Gold DRC.
Georges Auréole Bamba
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La République démocratique du Congo (RDC) a été élue, le 3 juin 2025, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2026-2027. Le pays a obtenu 183 voix sur les 193 possibles lors de l’Assemblée générale, signant un retour remarqué dans cette instance stratégique. C’est la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner (photo), qui a annoncé la nouvelle depuis le siège de l’ONU à New York.
Déjà élue deux fois par le passé (1982–1983 et 1990–1991), la RDC retrouve ce siège dans un contexte régional tendu et une ambition diplomatique renouvelée. « Cette élection est le reflet de la confiance de la communauté internationale envers notre pays et de l’unité africaine dans la recherche de la paix », a déclaré la cheffe de la diplomatie congolaise.
La ministre des Affaires étrangères a indiqué que la RDC mettra à profit ce mandat pour « porter la voix de l’Afrique dans les discussions liées aux conflits armés, à la souveraineté des États et à la justice internationale ». Le retour du pays au Conseil intervient alors que Kinshasa est engagée dans de délicates négociations à Doha, sous la facilitation des États-Unis, pour mettre fin au conflit à l’est du pays avec la rébellion du M23 et le Rwanda.
Le président Félix Tshisekedi a également salué « une opportunité historique pour faire entendre les priorités de la RDC en matière de sécurité et de développement ». Ce mandat coïncide aussi avec un repositionnement économique de la RDC sur la scène internationale. Kinshasa est en négociations avancées avec l’administration américaine autour d’un accord stratégique sur les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques, comme le cobalt, le lithium et le coltan. L’objectif : sécuriser l’accès de Washington à ces ressources clés tout en garantissant à la RDC une meilleure rémunération et une transparence accrue dans la gestion de ses ressources naturelles.
Selon des sources proches du dossier, ce partenariat porterait notamment sur des garanties en matière de traçabilité et sur des investissements dans la transformation locale. La RDC souhaite s’appuyer sur cette dynamique pour asseoir un nouveau leadership africain autour de la souveraineté minière et de la transition énergétique.
Par ailleurs, l’agenda congolais au Conseil de sécurité inclut aussi la réforme du système de maintien de la paix, la lutte contre l’impunité et une meilleure implication des États africains dans la gouvernance sécuritaire globale. « Nous voulons faire du Conseil de sécurité un espace plus représentatif, plus équitable et plus attentif aux urgences africaines », a affirmé Thérèse Kayikwamba Wagner.
Avec cette élection, la RDC rejoint le cercle restreint des États capables de peser directement sur les décisions en matière de paix, de sanctions ou d’interventions internationales. Une tribune que Kinshasa compte utiliser pour renforcer sa stature régionale, mais aussi faire valoir ses intérêts économiques dans un monde en recomposition.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Albert Zeufack, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC, a annoncé dans un post sur le réseau social X que l’institution multilatérale de financement du développement avait approuvé un budget de 1 milliard de dollars pour financer le développement du « Mythique Inga ». Une évolution qu’il qualifie « d'excellente nouvelle ».
Excellente nouvelle pour la RDC et l’Afrique!
— Albert Zeufack (@AlbertZeufack) June 3, 2025
Le Groupe de la Banque mondiale a approuvé aujourd’hui, 03 Juin 2025, un financement de 1 Milliard de Dollars Américains pour le Programme de Développement Inga 3. Oui, le mythique Inga 3!!!
Yes, Africa Can! https://t.co/gcYzmdbo5E pic.twitter.com/QtkTg7yDsq
Cette annonce marque le retour effectif de la Banque mondiale, premier bailleur de fonds de la RDC, sur ce projet après une absence de neuf ans et sa confiance renouvellée aux autorités locales.
Un premier financement de 250 millions de dollars, inclus dans ce budget global, a été approuvé le 3 juin 2025. Ces ressources permettront à l’Agence pour le développement et la promotion du Grand Inga (ADPI-RDC) de poser les bases d'un développement durable d'Inga 3, avec un accent particulier sur les communautés locales, les infrastructures et la création d'emplois dans les localités riveraines.
« Le programme de développement Inga 3 accélérera l'agenda des réformes dans le secteur de l'énergie et fournira une capacité de production d'énergie indispensable pour assurer la durabilité des progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Énergétique National (COMPACT RDC) au-delà de 2030 », a déclaré Monsieur Zeufack.
Pour Bob Mabila, directeur de l’ADPI-RDC, cette évolution représente une « opportunité d'écrire une nouvelle page de l'histoire du développement de la RDC ». Selon lui, cette nouvelle étape mettra à profit les richesses naturelles du pays pour sortir des millions de personnes de l'extrême pauvreté.
Il a également souligné la vision d'une RDC où le projet Inga, à travers ce programme et des investissements complémentaires dans la gouvernance, l'éducation et les infrastructures, pourrait transformer durablement les ressources naturelles en moteurs de croissance économique, de création d'emplois et de développement humain pour le peuple congolais.
Le projet Inga 3 est une initiative majeure de développement hydroélectrique en République démocratique du Congo (RDC). Situé sur le fleuve Congo, près des chutes d'Inga dans la province du Kongo-Central, ce projet vise à exploiter le potentiel hydroélectrique considérable de la région afin d'accroître l’offre en énergie pour le pays, avec la possibilité d’alimenter également d’autres marchés comme l’Afrique du Sud.
Son développement final prévoit l'installation d'une capacité estimée entre 4800 et 11 000 mégawatts (MW) d'électricité, selon les différentes options envisagées. Cette capacité surpasserait largement celle des barrages existants Inga I et Inga II, qui possèdent une capacité combinée de moins de 2000 MW et fonctionnent actuellement à une fraction de leur potentiel en raison de problèmes de maintenance.
Le gouvernement congolais prévoit de débloquer la deuxième phase de financement en faveur de la relance de la Société Textile de Kisangani (Sotexki). L’annonce a été faite le 2 juin 2025 par le ministre de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises (PME), Louis Watum Kabamba, lors d’un briefing presse conjoint avec le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya.
Selon Louis Watum, ce soutien financier sera réparti en deux tranches de 6 millions de dollars, versées respectivement par le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) et le Trésor public. Cette initiative s’inscrit dans un plan d’investissement global estimé à près de 50 millions de dollars, destiné à soutenir l’écosystème industriel national.
Créée en 1974, la Sotexki est une entreprise spécialisée dans la fabrication de tissus en coton, notamment les pagnes imprimés. Basée à Kisangani, dans la province de la Tshopo, elle constitue un fleuron de l’industrie textile congolaise. La société est détenue à 40 % par l’État congolais et à 60 % par Texico SA.
Autrefois dynamique, la Sotexki traverse depuis plusieurs années de graves difficultés financières, liées à la vétusté de ses équipements, au manque d’investissements et à la concurrence étrangère. Le plan de relance de l’entreprise, adopté en 2022 en Conseil des ministres à l’initiative de l’ancien ministre Julien Paluku, avait déjà permis une première phase de financement. Il prévoit un apport total de 17,5 millions de dollars pour moderniser l’usine, améliorer l’approvisionnement en matières premières et limiter la concurrence des produits importés. L’objectif affiché était d’atteindre une production annuelle de 10,8 à 12 millions de mètres de tissu.
Lors de la réunion du Conseil des ministres du 27 décembre 2024, le ministre Watum avait indiqué que 68 % des fonds de la première tranche avaient été alloués à l’investissement et 32 % aux charges d’exploitation. Une mission de vérification qu’il avait diligentée avait permis de « constater de visu la bonne utilisation de ces fonds » en octobre 2024.
Le ministre estime que cette relance pourrait permettre de sauvegarder entre 400 et 500 emplois directs, tout en générant des effets positifs sur la filière cotonnière, qui mobilise environ 55 000 producteurs répartis dans le nord-est du pays, notamment dans les provinces du Bas-Uele et de l’Ituri.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Ruzizi III Energy Ltd (REL), société en charge du développement du projet hydroélectrique régional Ruzizi III — un cours d’eau qui marque la frontière entre le Rwanda, le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC) — a besoin de financements pour « la mise en œuvre des activités capitales restantes de la phase de développement du projet jusqu’à la date de clôture financière ». L’information est contenue dans le compte rendu du Conseil des ministres tenu le 30 mai 2025.
D’après ce document, la signature d’un avenant à l’accord liant REL à la RDC est nécessaire pour permettre à la société de mobiliser les ressources requises. En présentant le point sur l’état d’avancement du projet, le ministre des Ressources hydrauliques et de l’Électricité, Teddy Lwamba (photo), a indiqué avoir sollicité l’approbation de la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, pour la signature de cet avenant. Le compte rendu ne précise toutefois pas la suite réservée à cette demande ni le contenu de ce document contractuel, qui serait le quatrième du genre.
Malgré ce besoin de financement, le gouvernement maintient l’objectif de bouclage financier au 30 septembre 2025. Cette échéance avait pourtant été fragilisée il y a près de trois mois par plusieurs bailleurs de fonds potentiels. En raison du rapprochement des combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 à proximité du site du projet, ces institutions avaient laissé entendre que la clôture financière dépendrait de l’évolution de la situation sécuritaire.
Doté d’une capacité projetée de 206 MW, pour un coût total estimé à 760 millions de dollars, Ruzizi III est une infrastructure régionale conjointe entre la RDC, le Rwanda et le Burundi, inscrite dans le portefeuille des projets de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL).
Le financement repose sur un montage associant prêts concessionnels et dons apportés par des bailleurs de fonds (BEI, AFD, BAD, Banque mondiale, KfW, Union européenne). Ces fonds doivent être octroyés aux États, qui les rétrocéderont à la société de projet, co-détenue par les trois États et deux investisseurs privés : SN Power (filiale de TotalEnergies) et Industrial Promotion Services (IPS), une entité du groupe Aga Khan.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Les producteurs de diamants actifs en République démocratique du Congo (RDC) peuvent à nouveau vendre leur production librement, sans être contraints par une liste restreinte d’acheteurs susceptibles d’influencer les prix. Le 2 juin 2025, le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a rapporté l’arrêté ministériel de 2022 qui encadrait les ventes des substances minérales supervisées par le Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses (CEEC).
Selon cette décision, les dispositions de l’arrêté de 2022 ne peuvent plus produire d’effet, car elles contreviennent aux articles 85 et 108 du Code minier, lesquels garantissent aux titulaires de droits miniers la liberté de commercialiser les substances extraites de leur périmètre. Le ministre souligne que la régulation de la production minière doit s’effectuer exclusivement dans le cadre du Code minier et de ses mesures d’application, sans recourir à une réglementation jugée inappropriée.
L’arrêté rapporté avait confié au CEEC la commercialisation des substances minérales précieuses et semi-précieuses qu’il expertise, évalue et certifie, notamment les diamants, l’or, les pierres de couleur et les produits de l’exploitation artisanale. En raison du processus de Kimberley, qui impose une certification rigoureuse, les opérateurs de la filière diamant ont été les plus touchés par cette décision qui a par ailleurs instauré les ventes aux enchères.
L’annulation de cet arrêté est accueillie avec soulagement par la Société Anhui Congo Investissement Minier (Sacim), spécialisée dans la production de diamants. Cette entreprise, détenue à parts égales par l’État congolais et la société chinoise Anhui Foreign Economic Construction Corporation Limited, multipliait depuis plusieurs mois les démarches pour obtenir l’abrogation de ce texte, qu’elle tient pour responsable de ses difficultés financières actuelles.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le gouvernement congolais envisage de relancer le projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, destiné à soutenir la production agricole à grande échelle. Lors de la 45e réunion du Conseil des ministres, tenue le 30 mai 2025, le ministre du Portefeuille, Jean Lucien Bussa, a présenté une nouvelle approche pour garantir la relance de cette initiative. Selon le compte rendu du Conseil, il a rappelé que l’État congolais avait injecté des ressources financières considérables dans la mise en œuvre du projet, situé dans la province du Kwango, sans que les résultats escomptés ne soient atteints.
Face à cette situation, il a recommandé la création d’une commission mixte interinstitutionnelle, composée de représentants de la Présidence, de la Primature, des ministères du Portefeuille, de l’Intérieur, de l’Agriculture, de la Justice et des Affaires foncières. Cette commission sera chargée de conduire un audit complet du projet. L’objectif est de dresser un état des lieux détaillé, intégrant les infrastructures existantes, la gouvernance, la structure de l’actionnariat, la situation financière, ainsi que les engagements contractuels de l’État et de ses partenaires.
Le ministre a souligné que cette démarche vise à disposer d’éléments objectifs permettant « d’élaborer un plan de relance fondé sur des éléments objectifs en vue de rentabiliser l’investissement déjà consenti ».
Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo a été financé principalement par le gouvernement congolais dans le cadre du Programme national d’investissements agricoles (PNIA 2013-2020), en deux phases. Pour la première, 92,5 millions de dollars ont été déboursés. Pour la seconde, un financement de 202 millions était prévu, mais près de 124 millions de dollars n’ont jamais été mobilisés. Le coût total du projet était estimé à 818 millions de dollars, incluant les infrastructures de base, les équipements agricoles et d’élevage, ainsi que les unités de conditionnement et de transformation.
Lancé en 2014, le projet devait faire de Bukanga-Lonzo un pôle de production agricole moderne, avec des retombées socio-économiques importantes. Il est géré par trois sociétés : PARCAGRI, chargée de la gestion du site et des relations locales ; SEPAGRI, responsable de la production et de la transformation ; et MARIKIN, en charge de la commercialisation. Le projet est toutefois suspendu depuis 2017.
Il a rapidement été confronté à des problèmes de gouvernance et à des soupçons de mauvaise gestion. Dans ce cadre, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a été condamné à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics. Ses coaccusés, Déogratias Mutombo et Christo Grobler, ont chacun écopé de cinq ans de travaux forcés.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Dans un communiqué publié le 30 mai 2025, le Cadastre minier (CAMI), organe chargé de la gestion du domaine minier en République démocratique du Congo, a annoncé la suspension temporaire de la réception de nouvelles demandes de droits miniers et de carrières sur l’ensemble du territoire national.
Selon le CAMI, cette décision découle des instructions du ministre des Mines, Kizito Pakabomba, visant à assainir le fichier cadastral. Bien que les détails de ces instructions, transmises par lettre ministérielle, ne soient pas précisés dans le communiqué, leur mise en œuvre s’inscrit dans le cadre des travaux d’assainissement en cours.
Dans cette dynamique, le ministère des Mines prévoit la création de zones de recherches géologiques (ZRG). D’après le CAMI, ces zones désignent « des espaces délimités par l’État congolais dans le but de mener des études géologiques, géophysiques ou géochimiques avant toute attribution de titres miniers à des opérateurs privés ». Toutefois, les modalités de leur création ne sont pas encore définies.
Lors de la 38e réunion du Conseil des ministres en avril dernier, le ministre des Mines a exprimé sa volonté de combler ce vide juridique. Il s’agit notamment de permettre au CAMI de cartographier les zones de retombée minière, en y précisant le numéro cadastral ainsi que le nombre de carrés correspondants. À cette occasion, un projet de décret encadrant la création et la gestion des ZRG a été approuvé à l’initiative du ministère des Mines.
Ce texte vise à renforcer les capacités du CAMI dans la gestion du domaine minier et des titres miniers et de carrières. Il doit aussi permettre au Service géologique national du Congo (SGN-C) d’exécuter efficacement ses missions d’investigation et d’études géologiques.
En 2024, les efforts d’assainissement du fichier cadastral avaient permis au CAMI d’atteindre 185,05 % de ses prévisions budgétaires au premier trimestre, notamment grâce à la récupération de 10 000 km² de concessions minières. Plus de 1 000 titres non conformes avaient été annulés, représentant environ un tiers des 3 050 titres enregistrés, libérant ainsi des espaces pour de nouveaux investissements.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Dans un contexte de pression croissante sur les finances publiques, le gouvernement congolais prévoit d’auditer les participations de l’État dans les sociétés minières. À cet effet, le président Félix Tshisekedi a demandé, lors du Conseil des ministres du 30 mai 2025, la mise en place rapide d’une commission ad hoc, apprend-on du compte rendu de cette réunion. Placée sous la coordination des ministères des Finances, des Mines et du Portefeuille, cette commission sera chargée de réaliser un audit exhaustif des actifs miniers relevant de la participation publique, d’évaluer la gouvernance des entreprises concernées, et de proposer des mécanismes de redressement ainsi qu’une meilleure structuration de la présence de l’État dans le secteur.
Selon l’exécutif, cette initiative vise à pallier un déficit de transparence et de reddition des comptes jugé « inacceptable ». « La situation dans les joint-ventures minières, où l’État est censé jouer un rôle stratégique, demeure marquée par un manque de transparence préoccupant. Cette opacité nuit à la bonne gouvernance du secteur extractif et freine les efforts de mobilisation optimale des recettes publiques », souligne le compte rendu du Conseil des ministres.
Lors d’un précédent Conseil des ministres, le 19 novembre 2021, le chef de l’État avait déjà demandé un contrôle systématique de la gestion des actifs miniers publics. Ce travail devait notamment recenser les actifs issus des amodiations, évaluer les recettes dues au Trésor, et vérifier les modalités de désignation ainsi que la légitimité des représentants de l’État dans ces entreprises. Près de trois ans plus tard, les informations permettant de clarifier la représentation effective de l’État dans les sociétés minières restent lacunaires.
Pour Félix Tshisekedi, la gestion des ressources minières engage non seulement la souveraineté économique du pays, mais aussi sa responsabilité envers les générations futures. À ce titre, elle exige, a-t-il rappelé, intégrité, rigueur et un sens élevé de l’intérêt général.
BK, stagiaire
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