La Banque africaine de développement (BAD) n’a pas encore communiqué officiellement l’information. Mais lors du Forum Makutano, tenu du 25 au 26 novembre 2025 à Kinshasa, le Mauritanien Mohamed Chérif s’est présenté comme le nouveau directeur pays de la BAD en République démocratique du Congo (RDC). Il a indiqué être arrivé dans le pays au cours du mois de novembre 2025. Il remplace Mohamed Coulibaly, qui assurait l’intérim.
Cette arrivée intervient alors que la BAD cherche à accélérer l’exécution de son portefeuille en RDC. Présenté par la banque comme quelqu’un qui a « fait ses preuves dans la gestion et le suivi de portefeuilles de pays importants et complexes », la nomination de Mohamed Chérif s’inscrit clairement dans cette dynamique.
Du 17 au 20 novembre 2025, la BAD et le gouvernement congolais ont tenu à Kinshasa une revue de portefeuille au terme de laquelle un plan commun d’amélioration de la performance des projets financés par l’institution a été adopté. Mohamed Chérif y a participé en tant que directeur général adjoint du groupe de la BAD pour l’Afrique centrale.
Selon lui, les engagements actuels de la BAD en RDC atteignent 1,6 milliard de dollars, avec un taux de décaissement de seulement 28 % pour un âge moyen de 5,6 ans. D’après les médias ayant couvert les assises, le nouveau directeur pays a annoncé que tous les projets affichant un taux de décaissement inférieur à 20 % devront atteindre 50 % d’ici juin 2026.
Plan d’accélération
Pour corriger les retards, la communication officielle de la BAD indique que le plan mettra l’accent sur une appropriation renforcée des projets par les ministères sectoriels, la digitalisation des processus de mise en œuvre et de rapportage, ainsi que le renforcement des capacités des équipes chargées de l’exécution.
Dans la même logique, la BAD avait déjà organisé, les 26 et 27 mai 2025 à Kinshasa, un atelier de renforcement des capacités sur les procédures de décaissement destiné au personnel financier des cellules d’exécution de l’ensemble de ses projets en RDC. L’objectif était de réduire significativement les délais de traitement des factures, de faire chuter le taux de rejet des demandes de paiement et d’améliorer la qualité des dossiers transmis à la Banque.
Le gouvernement congolais a également insisté sur l’importance d’une meilleure performance. La vice-ministre des Finances, Yamba Kazadi Gracia, a rappelé l’enjeu national : « Chaque dollar non utilisé représente une école non construite, une route non réhabilitée, un centre de santé non équipé. Nous avons le devoir moral et politique de transformer ces financements en résultats tangibles pour le développement de notre pays. »
Avant son arrivée à Kinshasa, Mohamed Chérif occupait le même poste au Sénégal depuis le 1ᵉʳ janvier 2021. Il est titulaire de trois diplômes postuniversitaires : un diplôme d’ingénieur en agriculture de l’École nationale d’agriculture de Meknès (Maroc), un master en économie rurale de l’Université Laval au Québec et un MBA de l’Université d’Ottawa, au Canada.
Timothée Manoke.
À la tête du conseil d’administration de la Générale des carrières et des mines (Gécamines) depuis février 2023, Guy-Robert Lukama porte une vision ambitieuse pour l’entreprise publique. Il l’a présentée lors de l’African Investment Forum (AIF), organisé à Rabat, au Maroc, du 26 au 28 novembre 2025 par la Banque africaine de développement (BAD), où il était invité à débattre des enjeux liés aux minerais critiques.
Selon le président du conseil d’administration (PCA), le géant congolais ne souhaite plus se contenter de ses rentes géologiques. Il entend opérer un pivot stratégique majeur : passer de l’extraction à la chimie, en tirant les leçons du passé et en s’inspirant de la réussite de la filière phosphate marocaine. « C'est la raison pour laquelle on regarde les modèles des autres : comment ils ont transformé leur activité, passant de producteur de phosphates à producteur d'engrais. C'est ce cheminement que nous essayons de copier », explique Guy-Robert Lukama.
Celui qui a commencé à travailler avec la Gécamines en 2018 comme consultant indépendant en transformation veut notamment s’appuyer sur la trajectoire du groupe marocain OCP pour réorienter la filière cobalt congolaise. La stratégie, « en cours de mise en place », vise à produire non plus de l’hydroxyde de cobalt, mais des précurseurs de batteries.
Projets dans le pipe
La vision du PCA s’inscrit dans la ligne des autorités du pays. « Quand nous regardons le continuum de création de valeur, de la mine jusqu’à la voiture électrique, nous ne captons que moins de 7 % de cette valeur dans le modèle actuel (industrie extractive). C’est un modèle qui ne marche pas », a déclaré le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba. Il intervenait lors de la table ronde « De la richesse du sous-sol à la souveraineté industrielle », organisée le 25 novembre au forum Makutano.
Dans cette perspective, le PCA a annoncé l’existence de « trois projets dans le pipe », représentant à eux trois une capacité d’environ 40 000 tonnes, sans davantage de précisions. Il s’agit désormais d’identifier des partenaires prêts à s’engager dans cette nouvelle logique de transformation. Pour Louis Watum, la Gécamines conserve des atouts majeurs : un patrimoine minéral important, une connaissance fine de l’environnement et du sous-sol.
La RDC mise également sur les Zones économiques spéciales (ZES) pour attirer les investisseurs dans la transformation locale. Ces espaces offrent des facilités fiscales, administratives, infrastructurelles et logistiques. L’aménagement d’une ZES dédiée aux précurseurs de batteries, aux batteries et potentiellement à l’assemblage de véhicules électriques à partir des matières premières locales a été lancé en mars dernier. Fin 2024, le Maroc — déjà présent dans le secteur via Managem, qui exploite la mine de Pumpi (cuivre et cobalt) dans le Lualaba — avait été invité à rejoindre ce projet lors d’une réunion organisée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Entreprise en déclin industriel
Pour le ministre, la Gécamines a d’ailleurs vocation à être un opérateur minier plutôt qu’une simple entreprise de participation. Mais les ambitions se heurtent à la réalité industrielle. Le rapport d’activité 2024 de la Gécamines décrit une entreprise en déclin : zéro tonne de cobalt produite en propre en 2023 et 2024, seulement 8 065 tonnes de cuivre, des usines à l’arrêt, une dépendance massive au traitement à façon, aux partenaires et aux scories. L’entreprise ne dispose donc pas, à ce stade, des infrastructures, des compétences ni du capital humain nécessaires pour opérer une industrie chimique de niveau international.
Guy-Robert Lukama en a conscience : « Quand on parle de batterie… c'est de moins en moins des ingénieurs miniers ou métallurgistes, c'est de plus en plus des ingénieurs chimistes ». Pour combler ce déficit, l’ancien banquier se montre favorable à une articulation entre l’expertise de la diaspora et celle des équipes locales historiques. Il reconnaît toutefois la nécessité de « gérer les équilibres » afin d’éviter que les collaborateurs restés au pays ne se sentent « sacrifiés » face au retour de talents venus de l’étranger.
George Auréole Bamba et Pierre Mukoko
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À la veille de l’ouverture du sommet Union européenne–Union africaine, tenu les 24 et 25 novembre 2025 Luanda en Angola, Ursula von der Leyen a présenté les priorités de l’Union européenne en République démocratique du Congo. En tête figure la production d’énergie propre. « Avec l’une des croissances démographiques les plus rapides au monde, la demande en électricité progresse plus vite que les infrastructures existantes », souligne la présidente de la Commission européenne.
Elle a indiqué que l’UE concentre son appui dans cinq espaces de conservation majeurs — Garamba, Salonga, Virunga, Upemba et Yangambi — qui constituent, selon elle, un important potentiel pour développer une énergie propre accessible aux communautés locales.
Concernant l’accès à l’électricité dans le Nord-Est, Ursula von der Leyen rappelle que l’UE soutient l’extension du réseau jusqu’à Kisangani ainsi que le renforcement de la fiabilité de l’approvisionnement, afin de sécuriser l’accès de millions de Congolais.
La présidente a également mis en avant l’initiative « Corridor vert », intégrée à la stratégie Global Gateway. Celle-ci prévoit la création d’une aire protégée de plus de 544 000 km² s’étendant de l’Est de la RDC à Kinshasa, conciliant préservation des forêts primaires, développement économique durable et création de 500 000 emplois, dont une partie destinée aux jeunes démobilisés.
Elle a aussi souligné le rôle du corridor de Lobito, devenu un outil central pour appuyer les projets hydroélectriques et solaires, l’électrification rurale et la réduction des émissions régionales, en cohérence avec les engagements climatiques internationaux.
Enfin, Ursula von der Leyen a replacé ces actions dans un cadre continental plus large en rappelant le lancement de la campagne « Scaling Up Renewables in Africa » avec l’Afrique du Sud. Cette initiative a permis de mobiliser 15,5 milliards d’euros afin de soutenir l’accès à l’énergie propre pour les 600 millions d’Africains qui en sont encore privés, avec l’ambition de créer des opportunités économiques durables.
Présidente de la Commission européenne depuis 2019, Ursula von der Leyen est la première femme à occuper ce poste. Ancienne ministre allemande et membre de la CDU, elle pilote les grandes orientations de l’Union européenne en matière d’énergie, d’infrastructures et de transition climatique.
Boaz Kabeya
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Nommé ministre de la Justice à la suite du remaniement ministériel intervenu dans la nuit du 7 au 8 août 2025, Guillaume Ngefa vient de s’attaquer à un sujet sensible. Selon un communiqué signé le 28 octobre 2025, ce un juriste et militant des droits humains a instruit l’auditeur général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le procureur général près la Cour de cassation d’engager des poursuites judiciaires contre toutes les personnes impliquées dans l’exploitation illégale de concessions minières dans la province du Lualaba.
Cette décision s’appuie sur les conclusions d’un rapport de la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (CNLFM), qui dénonce de graves irrégularités dans la gestion du secteur minier local. Le document fait état de l’occupation illégale de plusieurs sites, de réseaux organisés de fraude et de contrebande à grande échelle, ainsi que de l’implication présumée de militaires, de policiers et de civils, dont certains ressortissants étrangers.
Le ministre a précisé que les poursuites concerneront « toutes les personnes physiques et morales reconnues responsables, sans distinction de rang, de fonction ou de nationalité ».
Les sites appartenant notamment à Kamoto Copper Company (KCC), filiale du groupe suisse Glencore, et à Eurasian Resources Group (ERG), sont régulièrement envahis dans le Lualaba.En juillet dernier, plusieurs ressortissants chinois avaient déjà été arrêtés sur le site de Metalkol, dans la cité de Musonoï (Kolwezi), pour exploitation illégale de minerais, avec le soutien présumé de certains officiels.
⛔️COMMUNIQUE DU MINISTERE DE LA JUSTICE 🇨🇩 pic.twitter.com/EDLwpBQa5d
— Ministère de la Justice (@JusticeGouvCD) October 29, 2025
Mais le phénomène ne se limite pas à cette province. En octobre 2025, des ressortissants chinois ont été arrêtés dans le Haut-Uele pour exploitation semi-industrielle non autorisée sur les concessions de Kibali Gold. En Ituri, la société Comoi-Sarl a réclamé 10 millions de dollars de dédommagements à une autre entreprise chinoise pour des préjudices subis sur ses sites.
Selon la Fédération des entreprises du Congo (FEC), une société minière aurait déjà perdu près de 3 milliards de dollars à cause de la spoliation de ses gisements. Lors d’une concertation tenue le 18 septembre 2025 avec la ministre des Mines, les opérateurs du secteur ont qualifié l’envahissement des concessions de « problème le plus critique » pour l’industrie minière congolaise.
Les mesures ordonnées par le ministre de la Justice visent également à endiguer la contrebande minière. Selon le rapport de la CNLFM consulté par l’AFP, un système sophistiqué de trafic de minerais aurait été mis en place, impliquant des complicités au sein des administrations publiques et des forces de sécurité.
Des documents de traçabilité falsifiés et des autorisations délivrées en dehors des procédures légales auraient permis la sortie illicite de cobalt et de cuivre, transitant notamment par Kolwezi et Likasi, avant d’être exportés via des circuits parallèles, causant d’importantes pertes fiscales pour l’État.
Ronsard Luabeya
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À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, Albert Zeufack, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi, l’Angola et Sao Tomé-et-Principe, appelle à une action concertée pour placer la création d’emplois de qualité au rang de priorité nationale en RDC. Fort de plus de trente ans d’expérience dans le développement économique, l’économiste camerounais estime que le pays doit impérativement relier croissance économique et inclusion sociale, faute de quoi la pauvreté continuera de résister aux efforts entrepris.
Il rappelle que, malgré une hausse du PIB par habitant de 17 % entre 2020 et 2024, la pauvreté n’a reculé que faiblement, passant de 85 % à 81,1 %. Cette évolution limitée s’explique par une croissance largement tirée par le secteur minier, peu créateur d’emplois. Les données de la Banque mondiale révèlent d’ailleurs une élasticité emploi-croissance négative (-1,46) sur la période. Conclusion : l’économie a progressé, mais l’emploi a reculé. Ce modèle capitalistique, selon lui, accentue les inégalités et fragilise la cohésion sociale.
Pour Albert Zeufack, la RDC doit engager une transformation structurelle en diversifiant les moteurs de croissance et en investissant dans des secteurs capables de générer des emplois décents et durables. Il met en avant la nécessité de réduire les coûts liés à l’environnement des affaires, d’améliorer les infrastructures et de renforcer la connectivité — routes, électricité, chemins de fer, numérique — tout en investissant massivement dans le capital humain et les compétences techniques.
Le portefeuille de projets soutenus par la Banque mondiale reflète déjà cette vision. Zeufack cite notamment le Programme de développement Inga 3 (PDI3), le corridor de Lobito et le corridor PACT reliant Mbuji-Mayi à l’est du pays, qui visent à associer le développement des infrastructures à la création d’emplois. Le PDI3, par exemple, ne se limite pas à la construction d’un barrage hydroélectrique : il vise à créer un environnement favorable à la production et à la distribution d’énergie, levier essentiel pour l’industrialisation.
Concernant le corridor de Lobito, il y voit un instrument de diversification économique. En reliant les zones minières du Katanga à la côte atlantique, ce projet devrait stimuler l’émergence de zones économiques spéciales, favoriser le développement des villes secondaires et renforcer les chaînes de valeur agricoles. Selon lui, il s’agit d’une rupture nécessaire avec une économie centrée sur l’extraction et peu inclusive.
Albert Zeufack conclut en soulignant que la performance économique de la RDC ne doit plus être évaluée uniquement à travers le PIB, mais surtout à travers sa capacité à créer des emplois de qualité et à réduire la pauvreté. Reconnecter la croissance à l’emploi et au bien-être social doit devenir le cœur du modèle de développement congolais. À ce prix, dit-il, la RDC pourra transformer son potentiel économique en prospérité partagée et relever le défi démographique qui l’attend d’ici 2050.
Boaz Kabeya
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« Un signal fort pour la conquête du leadership sur le marché congolais » : c’est ainsi qu’Orange RDC qualifie l’arrivée de Brutus Sadou Diakité à sa tête. Originaire du Mali, le nouveau directeur général a pris ses fonctions le 26 septembre 2025. Il succède à Ben Cheick D. Haïdara, en poste depuis octobre 2020 et récemment promu directeur général adjoint et directeur des opérations d’Orange Middle East and Africa (OMEA).
Actuellement, Orange occupe l’avant-dernière place du marché des télécommunications en République démocratique du Congo (RDC). Selon le rapport publié en août dernier par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), l’opérateur français a réalisé 155,8 millions de dollars de chiffre d’affaires au premier trimestre 2025, soit 28,2 % de part de marché. Il devance Africell (3,6 %), mais reste derrière Airtel (36,1 %) et Vodacom (32,1 %), une position qu’il conserve depuis plusieurs années.
Dans le segment de l’Internet mobile, qui représente plus de la moitié du chiffre d’affaires, Orange est en recul. Sa part de marché a baissé de 1,2 point au premier trimestre 2025 pour atteindre 29,8 %, au profit d’Airtel qui a gagné 2,8 points pour s’établir à 41,8 %. Le régulateur y voit l’effet de « choix utilisateurs orientés vers une meilleure qualité de service ».
Même tendance sur le marché du mobile money évalué à plus de 100 millions de dollars au premier trimestre : Orange Money a perdu 0,62 point pour descendre à 15,86 % de parts. En comparaison, M-Pesa de Vodacom reste leader avec 43,7 % de parts, tandis qu’Airtel Money talonne avec 39,93 %, renforçant légèrement leurs positions.
Pour espérer atteindre la première place du marché congolais, Brutus Sadou Diakité devra relever le défi de la qualité et de la disponibilité des services. Orange mise sur l’innovation et présente son arrivée comme « un signal fort pour l’accélération de l’innovation ». L’opérateur souligne notamment son expertise digitale : à la tête d’Orange Digital Platforms, il a supervisé le déploiement de la super application Maxit, qui compte aujourd’hui 22 millions d’utilisateurs actifs.
Ce pur produit d’Orange cumule une vingtaine d'années d’expérience au sein du groupe. Il commence sa carrière en 2002 comme ingénieur en développement de logiciels chez Ikatel au Mali, devenue Orange Mali après son rachat en 2006. Il y gravit les échelons jusqu’à devenir directeur général adjoint en 2017, puis directeur général d’Orange Guinée-Bissau. En 2023, il rejoint OMEA à Casablanca en tant que directeur d’Orange Digital Platforms.
Son parcours académique témoigne d’une double expertise technique et managériale. Titulaire d’un master en génie informatique de l’Université Abdelmalek Essaâdi de Tanger, il a obtenu un master II en télécommunications et informatique à l’Université Côte d’Azur, puis un master II en gestion des entreprises à l’Université Paris Panthéon-Sorbonne. Il est également diplômé de deux Executive MBA, à l’IAE Paris–Sorbonne Business School et à HEC Paris.
Timothée Manoke
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Directeur général adjoint jusqu’alors, Louis-Blaise Londolé a été installé, le 23 septembre 2025, comme directeur général intérimaire de la Régie des voies aériennes (RVA), entreprise publique chargée de la gestion des infrastructures aéroportuaires en République démocratique du Congo. Sa désignation comme intérimaire fait suite à la suspension de Léonard Ngoma Mbaki, intervenu cinq jours plutôt.
Cette suspension décidée par la ministre du Portefeuille, Julie Mbuyi Shiku, intervenue après la coupure d’électricité survenue à l’aéroport international de N’Djili dans la nuit du 9 au 10 septembre. La tour de contrôle et le balisage des pistes avaient été plongés dans le noir, paralysant les opérations aéroportuaires pendant de longues minutes. Cet incident a retardé l’atterrissage de l’avion présidentiel et perturbé plusieurs vols commerciaux, suscitant une vive polémique sur les dysfonctionnements persistants dans la gestion des infrastructures aéroportuaires.
La ministre du Portefeuille a justifié la suspension de Ngoma Mbaki par la nécessité de mener une enquête approfondie sur les circonstances de la panne et d’évaluer les responsabilités dans la gestion de la RVA.
Dans un communiqué publié le 23 septembre, l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE) a indiqué avoir commis une mission d’investigation pour déterminer les causes de la coupure. Composée d’experts techniques, d’officiers de police judiciaire et d’un expert juridique senior, cette mission a travaillé pendant quatre jours à l’inspection de la nouvelle et de l’ancienne centrale thermique, de la sous-station SNEL-RVA, de la nouvelle tour de contrôle et de l’aérogare internationale.
Les constats de l’ARE révèlent que l’aéroport de N’Djili est alimenté par une sous-station partagée avec les populations riveraines. L’accroissement des charges, lié à l’urbanisation rapide des zones environnantes, compromet la fiabilité de l’approvisionnement électrique du site.
Au terme de son enquête, l’ARE a formulé trois recommandations majeures : renforcer les infrastructures électriques de l’aéroport pour garantir leur autonomie vis-à-vis des fluctuations du réseau SNEL, mettre en place des solutions de secours fiables afin d’assurer la continuité des opérations critiques, et accélérer la mise en conformité des installations stratégiques pour réduire les risques de récidive.
Louis-Blaise Londolé devra intégrer ces recommandations dans ses priorités afin d’atteindre les objectifs fixés par sa hiérarchie : la modernisation et la mise à niveau des aéroports et aérodromes gérés par la RVA.
Timothée Manoke
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Pour plusieurs acteurs et experts du secteur, Louis Watum Kabamba, nommé le 7 août 2025 ministre des Mines dans le gouvernement Suminwa II, est « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Polytechnicien, il a débuté sa carrière comme ingénieur de production en pyrométallurgie à la Gécamines, avant de piloter des projets miniers d’envergure. Il avait déjà fait son entrée au gouvernement en mai 2024 comme ministre de l’Industrie et du Développement des PME, avant de se voir confier, un an plus tard, le portefeuille des Mines.
Malgré cette longue expérience dans le secteur minier, Louis Watum aborde ses nouvelles fonctions avec modestie. « Je me tiens ici avec humilité, non seulement pour écouter, mais aussi pour savoir comment nous allons faire pour sortir de l’ornière », a-t-il déclaré aux responsables des sociétés minières, réunis le 18 septembre lors de la première réunion du cadre de concertation entre son ministère et les entreprises du secteur.
Organisée par la Chambre des mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), cette rencontre visait à recueillir les préoccupations du secteur, renforcer le dialogue entre le gouvernement, les opérateurs et les communautés, et proposer des solutions pour améliorer la gouvernance minière. Elle s’est tenue chez Kamoa Copper, exploitant de la mine de cuivre de Kamoa-Kakula, l’une des plus grandes au monde. Un site familier au ministre, qui fut, entre 2014 et 2020, directeur général en RDC d’Ivanhoe Mines, opérateur et actionnaire du projet (39,6 %).
Moderniser la gouvernance
Pour sa première visite de terrain, l’ancien président de la Chambre des mines de la FEC (2014-2024) s’est aussi rendu chez Tenke Fungurume Mining (TFM), l’un des plus grands producteurs de cuivre et de cobalt du pays, et a rencontré les exploitants artisanaux de Kolwezi. À chaque étape, il a affiché la même posture d’humilité, écoutant attentivement ses interlocuteurs et prenant des notes.
À sa prise de fonction, Louis Watum a fixé des objectifs ambitieux : moderniser la gouvernance minière afin d’attirer davantage d’investissements et maximiser les bénéfices économiques pour les Congolais. Selon la Chambre des mines, aucun investissement majeur n’a été enregistré dans le secteur depuis 2018. Pour l’avocat d’affaires Romain Battajon, la relance passe par la simplification et la clarification des textes et la rationalisation des intervenions administratives particulièrement en matière fiscale, douanière et environnementale. Sur ces matières, déplore-t-il, les administrations se chevauchent avec des interprétations contradictoires, rendant l’environnement des affaires confus et imprévisible…
« Vous pouvez avoir tous les minerais du monde, si le ticket d’entrée est trop compliqué et les règles trop complexes et si vous avez ensuite une pléthore de contrôles, parfois illégaux, parfois légaux mais de manière très réplétive, vous finissez par lasser ceux qui sont là et repousser ceux qui voudraient venir », prévient-il dans un entretien avec Landry Djimpe, associé chez Innogence Consulting et responsable du bureau RDC.
Dossiers stratégiques
D’autres acteurs du secteur insistent sur la nécessité de renforcer la traçabilité des minerais, de digitaliser le cadastre minier, d’améliorer la connaissance du sous-sol, de mieux encadre l’activité minière artisanale ou encore de garantir une meilleure fourniture en électricité.
Conscient de la complexité de ces défis, le ministre mise sur la collaboration de tous : « Moi, je suis convaincu que si nous mettons nos intelligences ensemble, nous allons petit à petit sortir de cette situation », a-t-il affirmé aux exploitants artisanaux, confrontés à des difficultés multiples : non-respect du Code et du Règlement miniers, manque de financement, conditions de travail précaires, difficultés d’accès au marché formel, pollution… « Nous avons notre part à jouer et ils ont leur part à jouer », a-t-il ajouté aux sortir de cette réunion.
Louis Watum prend la tête du ministère dans un contexte sensible : discussions entre la RDC et les États-Unis autour d’un accord « sécurité contre minerais » pour attirer des investissements américains, et instauration par Kinshasa d’un système de quotas pour réguler le marché international du cobalt et inciter à la transformation locale. L’efficacité de la « méthode Watum » sera rapidement mise à l’épreuve par ces dossiers stratégiques.
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya
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Dans un communiqué signé le 16 septembre 2025, le nouveau ministre de l’Emploi et du Travail, Ferdinand Massamba wa Massamba, a donné 30 jours ouvrables aux services privés de placement (SPP) de main-d’œuvre pour « se conformer strictement aux prescriptions de la législation et de la réglementation en vigueur ».
Selon le ministre, cette législation (articles 203 à 207 du Code du travail) et réglementation (arrêtés ministériels n°012/CAB.MIN/TPS/062/08 du 18 septembre 2008 et n°047/CAB.VPM/METPS/2015 du 8 octobre 2015) conditionnent l’exercice de cette activité à la détention d’un arrêté ou d’une autorisation régulièrement actualisée. Massamba wa Massamba demande donc aux SPP de déposer leurs dossiers de mise à jour ou d’autorisation auprès de l’Office national de l’emploi (ONEM) avant la fin du délai imparti. Une commission mixte, regroupant le cabinet du ministre, l’ONEM, l’inspection générale du travail et le secrétariat général à l’Emploi et au Travail, sera chargée d’examiner et de suivre l’ensemble des dossiers déposés.
Passé ce délai, tout SPP non régularisé sera considéré comme illégal et ses responsables s’exposeront à des sanctions sévères, incluant le retrait d’autorisation, la suspension des activités et, éventuellement, des poursuites judiciaires pour exercice illégal de placement de main-d’œuvre. Pour contrôler l’application de cette directive, une mission nationale sera déployée sur tout le territoire.
Selon le ministère, cette action s’inscrit dans une volonté d’assainir le secteur du placement privé, de garantir un marché du travail transparent et équitable, et de protéger les travailleurs contre toute exploitation abusive. Le communiqué précise qu’il s’agit du dernier avertissement avant l’application stricte des sanctions.
Député provincial de Nyunzu et ancien vice-gouverneur de la province du Tanganyika, Massamba wa Massamba a été nommé ministre de l’Emploi et du Travail dans le gouvernement Suminwa II, formé le 7 août dernier. Lors de sa prise de fonction quelques jours après, il s’était engagé à œuvrer pour la création d’emplois durables, la dignité du travail et la valorisation du capital humain.
Boaz Kabeya
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Le ministre du Développement rural, Grégoire Mutshail Mutomb, a visité, le 13 novembre 2025, l’avenue Bakole dans la commune de Lemba à Kinshasa, où est déployée la technologie Ecoroads. Conçue par la société américaine TerraFusion International Inc., cette technologie permet de « transformer les sols, en améliorant la résistance, la densité et la durabilité des routes et de leurs fondations ». Selon ses promoteurs, elle réduit l’empreinte carbone jusqu’à 75 %, les coûts de construction jusqu’à 50 % et les coûts d’entretien jusqu’à 60 %.
Grégoire Mutshail mise sur cette innovation pour la mise en œuvre du programme national de stabilisation des routes agricoles, actuellement à l’étude. Selon lui, Ecoroads est dix fois moins coûteuse que le goudronnage classique et pourrait permettre à l’État de consacrer moins de ressources à la construction des près de 87 000 kilomètres de routes agricoles que compte le pays.
« Les méthodes traditionnelles ont montré leurs limites. Le coût d’une route goudronnée est dix fois supérieur à celui d’une route stabilisée. Cette technologie représente donc une solution plus efficace pour le développement du pays », a déclaré le ministre.
En République démocratique du Congo (RDC), la technologie Ecoroads est actuellement déployée par la société congolaise Jet BTP. Selon Daudet Jérémie Kandolo, Lead Manager de Jet BTP, chaque étape des travaux est supervisée par le laboratoire national de l’Office des routes (OR), qui assure le contrôle qualité. La société a déjà appliqué cette technologie à Lowa, dans le territoire de Kasangulu (Kongo Central), où plus de deux kilomètres de routes ont été stabilisés depuis juin 2022. Toutefois, peu d’informations sont disponibles sur cette entreprise.
En janvier dernier, Muhindo Nzangi Butondo, alors ministre du Développement rural, déclarait : « Partant du diagnostic déjà fait, plus de 11 000 km de routes de desserte agricole prioritaires et 38 000 autres ordinaires seront réhabilités chaque année à travers le territoire national, dans la vision du Chef de l’État ». Lors du gouvernement Suminwa II du 7 août dernier, ce dernier a échangé son portefeuille avec Grégoire Mutshail Mutomb, jusque-là ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire.
Ronsard Luabeya
Alphamin Resources a annoncé, le 5 septembre 2025, l’entrée de Ziad Mikhael et Salman Bhatti au conseil d’administration de la société en qualité d’administrateurs non exécutifs, sous réserve de l’approbation des autorités réglementaires. Ces nominations interviennent à la demande d’International Resources Holding (IRH), filiale du conglomérat émirati IHC, qui a conclu en juin dernier un accord pour l’acquisition de 56 % du capital d’Alphamin, de manière indirecte via le rachat de Tremont Master Holdings.
Mikhael et Bhatti occupent tous deux des postes de direction au sein de 2PointZero, société d’investissement basée à Abou Dhabi et maison-mère d’IRH.
Ziad Mikhael, actuellement directeur des investissements chez 2PointZero, est titulaire d’un Master of Engineering en génie électrique, option télécommunications, ainsi que d’un MBA. Après une première carrière dans l’ingénierie et la gestion de projets, il s’est orienté vers la finance à partir de 2019 en rejoignant Chimera Capital, société d’investissement appartenant à la holding 2PointZero.
Salman Bhatti, vice-président des investissements chez 2PointZero, est diplômé d’un master en économie et membre de l’Association of Chartered Certified Accountants (ACCA). Il a débuté sa carrière dans l’audit et le conseil, cumulant près de neuf années chez Deloitte et KPMG, avant d’intégrer le secteur des investissements en 2022 au sein de Chimera Capital de 2PointZero.
En tant qu’administrateurs non exécutifs, leur rôle sera d’apporter un regard externe et une expertise complémentaire à la direction. Dans les faits, leur présence traduit surtout la volonté d’IRH de protéger ses intérêts et de suivre de près la stratégie et la gouvernance d’Alphamin, sans intervenir directement dans la gestion quotidienne.
Pour permettre leur entrée, deux administrateurs en place ont dû céder leurs sièges, conformément à la constitution d’Alphamin qui limite la taille du conseil sans convocation d’une assemblée générale des actionnaires. Eoin O’Driscoll et Jan Trouw ont ainsi présenté leur démission, tout en conservant des fonctions opérationnelles : O’Driscoll demeure directeur financier (CFO) de la société, tandis que Trouw continuera d’apporter son expertise en tant que consultant technique, fort de son expérience dans le secteur minier.
Alphamin Resources est l’opérateur de Bisie, la plus importante mine d’étain de la République démocratique du Congo (RDC) et l’une des plus riches au monde. La société vise une production de 17 500 tonnes d’étain cette année.
Timothée Manoke
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Nommé ministre des Postes et Télécommunications lors de la formation du gouvernement Suminwa II, le 7 août 2025, José Mpanda Kabangu a présenté au Conseil des ministres du 5 septembre un constat préoccupant sur la qualité des services de télécommunications en République démocratique du Congo (RDC). Il a pointé plusieurs problèmes : coupures fréquentes, saturation du réseau, pertes de crédit injustifiées et transactions mobiles échouées mais néanmoins facturées.
Selon le ministre, cette situation porte un préjudice direct à la population, dans un contexte où les services numériques sont devenus essentiels à la vie économique et sociale. L’absence d’échange de données malgré un forfait actif ou la présence d’interférences durant les communications vocales illustrent l’ampleur des dysfonctionnements.
En amont, les causes identifiées renvoient à des problématiques structurelles : infrastructures de réseau endommagées ou mal protégées, manque de coordination entre ministères lors des travaux publics, carences dans le contrôle qualité des équipements installés et régulation peu contraignante à l’égard des opérateurs.
Pour redresser la situation, le ministre a soumis plusieurs recommandations. Il préconise la création d’une commission interministérielle regroupant les ministères concernés (Urbanisme, Aménagement du territoire, Économie numérique, etc.) afin de coordonner les déploiements d’infrastructures. Il recommande également la mise en place d’un cadre de concertation technique pour planifier tous les travaux susceptibles d’affecter les réseaux de télécommunications, le renforcement du contrôle des opérateurs par le régulateur (ARPTC) avec une application rigoureuse des cahiers des charges, ainsi que la protection systématique des réseaux de fibre optique lors des travaux publics, conformément au manuel de procédure administrative et technique en vigueur.
Le Conseil des ministres a pris acte de ces recommandations et réaffirmé son engagement à faire des télécommunications un levier du développement socio-économique. Pour y parvenir, José Mpanda, avocat de profession, devra aussi encourager les investissements dans les infrastructures en promouvant un environnement fiscal et réglementaire plus transparent et stable. Les opérateurs estiment en effet que la taxation excessive du secteur en RDC freine les investissements dans les infrastructures numériques nécessaires à l’expansion du réseau.
Malgré l’ambition présidentielle de réduire la fracture numérique, la RDC reste confrontée à une lenteur dans le déploiement des infrastructures de base. Le FMI notait dans un rapport de 2024 que la faible densité du réseau fibre et le manque de stations de base 4G dans les zones rurales limitaient fortement la numérisation de l’économie et des services publics. La couverture 4G demeure inégalement répartie, concentrée dans les grandes villes. Et selon la GSMA, près de 43 % de la population reste exclue de tout service mobile, soit par absence de couverture, soit pour des raisons économiques.
Ronsard Luabeya
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Les nominations dévoilées le 5 septembre 2025 au sein de Rawbank, première banque de la République démocratique du Congo (RDC), traduisent un renforcement de sa direction générale avec la création d’un poste de directeur général adjoint (DGA) chargé du business et du développement.
Ce pôle, qui regroupe les directions production bancaire, commerciale, performance et réseau et fintech, relevait jusqu’ici directement du directeur général, Mustafa Rawji. Il revient désormais à Hugues Bosala (à gauche sur la photo), nommé à ce nouveau poste. Il rejoint ainsi Christian Kamanzi, chargé de l’administration et des risques, et Nadeem Akhtar, en charge du support et des infrastructures, tous deux en poste depuis 2019. La direction générale compte donc désormais un DG et trois DGA.
Outre ce renforcement, de nouveaux profils ont été nommés à des fonctions clés. Kadija Sangho Keita (à droite sur la photo), débauchée de Société Générale, prend la tête de la direction des Finances, en remplacement de Baby Pallipadan. Tatiana Maresca (au centre sur la photo), déjà en poste à Rawbank depuis 2009, est nommée à la direction du capital humain, succédant à Dieudonné Nkunzi.
Pour Rawbank, ces nominations traduisent la volonté de consolider trois piliers essentiels de son développement : la croissance commerciale, la rigueur financière et la gestion du capital humain, en vue de la mise en œuvre de son plan stratégique 2026-2030, dont les détails restent à venir.
« En accueillant ces profils d’exception, Rawbank renforce sa capacité à anticiper les évolutions du secteur et à incarner un leadership exigeant, dynamique et tourné vers l’avenir », a commenté la présidente du conseil d’administration, Isabelle Lessedjina.
Des trajectoires confirmées
À 42 ans, Hugues Bosala sera au cœur de l’exécution du nouveau plan stratégique. Arrivé à Rawbank en 2008 comme analyste de crédit de détail, il a ensuite gravi les échelons : gérant d’agence, directeur régional de la zone Est, puis directeur de la zone Kinshasa depuis 2019.
Âgée de 40 ans, Kadija Sangho Keita apporte son expérience internationale acquise au sein de Société Générale, où elle supervisait la gestion comptable de huit filiales africaines. Elle sera responsable de la fiabilité de l’information financière, de la comptabilité, de la fiscalité et des relations avec les correspondants bancaires.
Tatiana Maresca, 44 ans, supervisera l’administration, la paie, le recrutement, la gestion des carrières et la formation, en plaçant le développement des talents, la mixité et la performance collective au cœur de la transformation de la banque. Au sein de Rawbank depuis 2009, elle était déjà impliquée dans ces thématiques, notamment en tant qu’ambassadrice du programme She Leads, dédié à la promotion des femmes.
En juillet dernier, Rawbank avait déjà renforcé son conseil d’administration avec la nomination d’un quatorzième membre, Françoise Lungangi Kitundu, spécialiste de l’audit et de la certification, désignée présidente du comité d’audit et membre du comité de rémunération.
Alors que s’achève son actuel plan quinquennal, Rawbank affiche des performances solides. En 2024, la banque a enregistré un produit net bancaire de 514 millions de dollars, en progression de 6,2 % par rapport à 2023, et un bénéfice net de 212,7 millions de dollars, en hausse de 11,4 %. Des résultats portés par la diversification, la digitalisation et la finance durable, qui confirment son rôle central dans le financement de l’économie congolaise.
Pierre Mukoko et Timothée Manoke
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Deux ordonnances présidentielles, lues le 3 septembre 2025 à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), ont modifié l’organisation de l’Africaine d’explosifs (Afridex), entreprise publique rattachée au ministère de la Défense nationale. Elles créent deux postes de directeurs généraux adjoints (DGA) : l’un consacré aux aspects techniques et opérationnels, l’autre aux questions administratives et financières.
À la faveur de ces réformes, Marcel Mbuyu Kyungu a été nommé DGA chargé des questions techniques et opérationnelles, huit mois après avoir quitté l’entreprise. Le second poste de DGA a été attribué à Serge Bokana, qui occupait jusque-là la fonction unique d’adjoint. Sikabwe Asinda reste directeur général.
Afridex détient le monopole de la production, de l’importation, du stockage et de la distribution des explosifs et munitions sur tout le territoire. Elle a pour mission de réguler les flux de ces produits et d’assurer leur traçabilité, de la fabrication à l’utilisation finale.
La nomination de Marcel Mbuyu intervient au moment où le complexe industriel de Likasi, dont la construction a été lancée en mai 2024, doit entrer en service. Les travaux, prévue sur 18 mois, arrive à terme en septembre 2025. Ce projet est développé avec des partenaires chinois, dont Norinco, et turcs, via MKE, dans une stratégie visant à renforcer l’autonomie de la RDC en matière d’armement et à réduire la dépendance aux importations.
Marcel Mbuyu avait déjà exercé comme directeur général adjoint de l’Afridex de février 2018 à janvier 2025. Ingénieur mécanique formé à l’Université des sciences appliquées de Dortmund, avec une spécialisation en technologies de production métalliques, il est également titulaire d’un master en management de l’ingénierie de l’Université de Pretoria, ainsi que d’un diplôme du Collège des Hautes Études de Stratégie et Défense de Kinshasa.
Avant son entrée à Afridex, il a travaillé plus de huit ans chez Rheinmetall Denel Munition en Afrique du Sud, filiale du groupe allemand Rheinmetall AG (19e producteur mondial d’armement en 2023), où il a dirigé la chaîne d’approvisionnement et supervisé les opérations de quatre usines de production.
Timothée Manoke, stagiaire