Cyrille Mukendi Ilunga, directrice des ressources humaines chez FirstBank DRC, a été sacrée meilleure femme directrice des ressources humaines dans le secteur bancaire en République Démocratique du Congo (RDC) lors des Women’s Tabloid Awards 2024, tenus le 23 janvier 2025 à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Selon le magazine Women’s Tabloid, cette distinction récompense son expertise, son leadership et son engagement en faveur du développement du capital humain dans le secteur bancaire congolais. Pour FirstBank DRC, ce prix illustre non seulement son savoir-faire, mais aussi son dévouement à incarner les valeurs d’excellence et d’inspiration chères à la banque.
Avec plus de 15 ans d’expérience en ressources humaines, Cyrille Mukendi est une figure incontournable du secteur en RDC. Depuis 2015, elle supervise les fonctions RH chez FBNBank RDC, où elle met en place des stratégies visant à renforcer la culture de la performance et le développement du capital humain. Avant cela, elle a occupé des postes clés chez UBA RDC et Millicom, développant une expertise approfondie en gestion des talents, recrutement et stratégie RH.
Titulaire d’une licence en droit privé de l’Université Protestante du Congo, elle associe sa formation juridique à une vision stratégique des ressources humaines, contribuant ainsi à l’excellence opérationnelle et à la croissance des institutions qu’elle accompagne.
Organisés chaque année, les Women’s Tabloid Awards sont des distinctions qui célèbrent les réalisations remarquables des femmes à travers le monde, tous secteurs confondus. L’événement met particulièrement en avant les femmes leaders, les cadres supérieures, les entrepreneures et les entreprises dirigées par des femmes. Les candidatures peuvent être soumises par des individus, des entreprises ou leurs représentants.
Boaz Kabeya, stagiaire
Il fait partie de ceux qui façonnent l’émergence de l’industrie du streaming en République Démocratique du Congo. Charles Maleshila est le fondateur de Plustube, une plateforme de streaming 100 % congolaise. Son ambition : réinventer la manière dont les Congolais accèdent à leurs films, séries et contenus culturels locaux.
Diplômé en Technologie de l’information de Stratford University en Inde, Charles Maleshila a été fasciné par le succès des plateformes de streaming indiennes, qui ont su valoriser les contenus audiovisuels locaux. Lorsqu’il rentre au pays en 2015, l’idée de créer Plustube commence à germer.
« J’ai observé comment les Indiens consommaient leurs films et séries via des plateformes locales. Ces plateformes ont permis aux acteurs indiens de devenir des superstars, très riches, grâce aux abonnements et à la consommation en ligne. J’ai vu là une véritable opportunité pour le cinéma congolais », explique Maleshila.
Alternative locale à Canal+
Depuis son retour au Congo, Charles Maleshila s’est consacré au développement de Plustube, une plateforme qu’il présente comme un espace dédié à la diffusion de films et séries locales, mais aussi internationales. Après plusieurs années de travail, Plustube a officiellement vu le jour en 2024.
Pour son fondateur, Plustube est bien plus qu’un simple service de streaming. Il le positionne comme une alternative locale à Canal+. « Plustube ambitionne de devenir une véritable chaîne de télévision en ligne », explique-t-il, soulignant que la plateforme entend regrouper des contenus congolais et internationaux, avec une diffusion directe dans les foyers congolais, avant d’étendre sa portée à l’international.
Le développement de Plustube repose sur six chaînes thématiques, chacune dédiée à un secteur spécifique. Plustube Cinéma diffuse en continu des films et séries, aussi bien locaux qu’internationaux. Plustube Éducation propose des cours en ligne et des tutoriels, offrant aux utilisateurs la possibilité de développer des compétences pratiques dans divers domaines professionnels. Plustube Business s’adresse aux entrepreneurs et hommes d’affaires, avec des contenus axés sur la croissance et l’innovation. Plustube Actualités et Plustube Musique viennent compléter l’offre, visant à toucher un large public.
Récompenses
L’accès à la plateforme est payant, avec un système d’abonnement comprenant deux forfaits : mensuel (3 dollars) et annuel (33 dollars). Pour faciliter l’abonnement, le paiement via Mpesa, largement utilisé en Afrique, a été intégré, permettant ainsi aux utilisateurs de souscrire en toute simplicité, explique Charles Maleshila.
Disponible sur mobile, ordinateur et télévision connectée, Plustube ne se limite pas à proposer des contenus à ses utilisateurs ; elle les récompense pour leur engagement. Chaque minute passée sur la plateforme permet de gagner des points, convertibles en argent réel ou utilisables directement sur Plustube.
Cette innovation incite non seulement à consommer du contenu, mais offre également une expérience interactive et rémunératrice. « Nous avons voulu créer un écosystème où les utilisateurs sont récompensés pour leur temps passé sur la plateforme. Cela permet d’instaurer une véritable relation de confiance et d’engagement », explique Charles Maleshila.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Depuis 2022, Malick Fall est le représentant régional de la Société financière internationale (IFC) pour le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo. Ce ressortissant sénégalais occupe également, depuis 2021, le poste de représentant résident de l’IFC en RDC. À l’issue de la première édition de l’IFC Day Congo, organisée le 14 janvier 2025 à Brazzaville, l’expert en finance s’est entretenu avec Bankable. Il revient sur les projets de l’IFC au Congo et en RDC, et les enjeux de financement dans ces deux économies en quête de développement.
Bankable : Depuis un an et demi, la Société financière internationale (IFC) a renforcé sa présence au Congo-Brazzaville en y ouvrant un bureau dédié. Toutefois, son portefeuille actuel dans le pays ne compte qu’un investissement d’environ 10 millions de dollars. Quels sont vos objectifs en matière de financement de l’économie dans ce pays ?
Malick Fall : Comme vous l’avez dit, nous avons réalisé l’année dernière un investissement de 10 millions de dollars, mais nous travaillons en parallèle à la préparation de plusieurs autres projets dans les secteurs prioritaires pour le Congo.
Lors de l’IFC Day, nous a mis en avant nos actions dans le secteur de l’énergie, avec pour objectif de réduire le déficit énergétique et de soutenir le développement du secteur de l’électricité. Un projet de partenariat public-privé (PPP) est également en préparation dans le secteur de l’eau, afin d’améliorer l’approvisionnement et la distribution à l’échelle nationale.
L’IFC collabore aussi avec la Banque mondiale sur un nouveau programme visant à attirer davantage d’investissements privés dans l’agriculture. L’objectif est d’augmenter la production agricole locale et de réduire la dépendance aux importations alimentaires.
Enfin, l’institution travaille avec des banques et des entreprises du numérique pour développer de nouveaux services favorisant l’inclusion financière des PME.
Bankable : Avec ces projets, l’IFC pourrait injecter combien dans le secteur privé congolais ? Et à quelle échéance ?
MF : Il est difficile de donner un montant à ce stade. Plusieurs de ces projets sont en cours de préparation. Vous savez, les projets d’infrastructure demandent un niveau de préparation assez important.
Nous disposons au sein de l’IFC d’une approche appelée Upstream, qui nous permet de préparer des projets pour les rendre finançables. L’IFC travaille donc dans ce cadre au Congo pour identifier des opportunités, les structurer et les financer, tout en mobilisant des financements auprès d’autres partenaires financiers afin de répondre aux besoins du pays.
Nous espérons, très bientôt, grâce à l’ensemble des initiatives lancées, augmenter significativement notre portefeuille d’investissement au Congo. Mais aujourd’hui, il est encore trop tôt pour donner un montant précis concernant ces projets en préparation.
Bankable : En tant que représentant régional, avez-vous une ambition en termes de financement pour le Congo ?
MF : Vous savez, le rôle de l’IFC, c’est de financer, mais notre objectif doit être mesuré en termes d’impact. Aujourd’hui, ce qui nous intéresse, ce n’est pas le financement en soi. Le financement est un moyen.
Ce qui nous importe, c’est de savoir combien de personnes auront accès à l’énergie, combien pourront bénéficier des produits issus de nos projets agricoles, ou encore combien de PME pourront accéder au financement grâce aux initiatives et services que nous développons avec nos partenaires.
Nous sommes une institution de développement, et notre priorité est l’impact. Le financement, lui, n’est qu’un levier pour atteindre ces objectifs.
Bankable : Avez-vous donc des objectifs quantifiables ? Combien de personnes voulez-vous, par exemple, connecter à l’électricité ? Quels sont vos objectifs en matière de production agricole ?
MF : Dans chaque pays, nous établissons une stratégie pays qui va encadrer nos actions. Cette stratégie pays est définie à partir des priorités du gouvernement. En l’occurrence, au Congo, nous nous basons sur le Plan national de développement et sur le cadre de partenariat établi avec la Banque mondiale. L’ensemble de ces données nous a permis aujourd’hui de définir les axes stratégiques sur lesquels l’IFC va se positionner.
Au Congo, nous avons quatre axes stratégiques. Le premier, c’est l’inclusion financière. Les PME sont les principaux acteurs qui contribuent à la création d’emplois. Si nous apportons une solution à leurs besoins de financement, nous contribuons également à la création d’emplois.
La deuxième priorité est le développement des infrastructures de base, notamment l’énergie, l’eau et les télécoms. L’énergie, par exemple, est indispensable à l’industrialisation du pays. S’il n’y a pas d’énergie, il n’y aura pas d’industrie. Et sans industrie, les objectifs de création d’emplois peuvent être compromis.
Si nous n’avons pas encore d’acteurs présents sur ces marchés, notre travail consiste aussi à identifier des partenaires potentiels parmi notre réseau de clients pour les inciter à investir au Congo.
Le troisième objectif, c’est le développement des industries réelles. Ce qu’on appelle l’industrie réelle, c’est tout ce qui est industrie et agriculture. Le Congo dispose d’un immense potentiel agricole, avec de grandes surfaces de terres arables qui demandent à être exploitées pour répondre aux besoins du pays et de la sous-région. Le Congo est voisin de grands pays comme la RDC et le Cameroun, qui peuvent représenter des marchés importants.
Nous partons de là et nous identifions les partenaires que nous pouvons accompagner pour atteindre ces objectifs. Et si les conditions ne sont pas réunies, nous prenons les mesures nécessaires pour les créer.
Si aujourd’hui des réformes sont nécessaires, nous allons y travailler en partenariat avec la Banque mondiale, d’autres partenaires et le gouvernement. Si nous n’avons pas encore d’acteurs présents sur ces marchés, notre travail consiste aussi à identifier des partenaires potentiels parmi notre réseau de clients pour les inciter à investir au Congo.
Bankable : Vous avez tout à l’heure évoqué l’un des grands voisins du Congo-Brazzaville : la RDC. Vous êtes aussi le représentant pays de l’IFC pour ce pays immense (plus de 2 millions de km², plus de 100 millions d’habitants), mais confronté à d’importants défis en matière de transport, de logements et d’énergie… Quelles sont vos priorités pour la RDC ?
MF : En RDC, nous avons depuis 2021 accéléré nos activités avec des investissements dans le secteur financier, afin d’apporter les fonds nécessaires pour que les banques puissent prêter davantage aux PME.
Nous avons également beaucoup investi dans les infrastructures télécoms. Il existait un retard très important en matière d’investissements dans ce secteur, qui représente aujourd’hui une part significative de nos engagements en RDC ces dernières années.
Nous intervenons sur tous ces fronts pour créer les conditions favorables à l’implantation de promoteurs immobiliers, afin qu’ils puissent réaliser des projets d’envergure et contribuer à réduire le déficit de logements, estimé à environ 4 millions d’unités selon une étude que nous avons menée.
Bien sûr, nous sommes également présents dans le secteur de l’énergie. Le pays affiche un taux d’accès à l’électricité très bas, autour de 19 % ou 20 %, et nous avons l’ambition d’apporter des solutions, parfois innovantes, pour réduire ce déficit énergétique.
Sur ce point, nous travaillons actuellement à la préparation de plusieurs projets dans le secteur de l’énergie, qui devraient permettre, je l’espère, très bientôt, d’améliorer ce taux d’accès encore assez bas.
Bankable : En 2024, vous estimiez qu’il fallait un investissement de 132 milliards de dollars sur les 16 prochaines années pour réduire le déficit de logements en RDC. Et selon nos informations, vous avez un projet dans ce secteur. Où en êtes-vous ?
MF : Le logement est un enjeu très important pour la RDC. Pour vous donner une idée, une ville comme Kinshasa va doubler de population d’ici les 30 prochaines années. Aujourd’hui, elle compte 15 à 20 millions d’habitants, selon les sources, et bientôt, elle sera l’une des plus grandes mégalopoles d’Afrique.
Mais il n’y a pas assez de logements construits chaque année pour répondre à cette demande, en particulier sur le segment des logements accessibles à la classe moyenne. Face à ce constat, nous avons identifié une opportunité d’accroître massivement les investissements dans ce secteur et travaillons actuellement sur les réformes nécessaires pour attirer ces investissements.
Plusieurs défis doivent être levés : des problèmes fonciers, des difficultés dans l’établissement des titres de propriété, ainsi qu’un marché hypothécaire encore insuffisant. Nous intervenons sur tous ces fronts pour créer les conditions favorables à l’implantation de promoteurs immobiliers, afin qu’ils puissent réaliser des projets d’envergure et contribuer à réduire le déficit de logements, estimé à environ 4 millions d’unités selon une étude que nous avons menée.
C’est un projet de longue haleine, mais les enjeux sont majeurs, puisqu’il s’agit de permettre à chaque Congolais d’accéder à un logement décent à un prix compétitif.
Bankable : Un des défis en RDC est la difficulté d’obtenir des prêts longs. Avez-vous des actions précises pour permettre aux banques d’accorder des crédits à long terme ?
MF : L’IFC peut mettre à disposition des banques locales des ressources à long terme, notamment pour développer le marché hypothécaire. Lorsqu’un Congolais souhaite acheter une maison, si on lui propose un crédit sur 10 ans, cela lui permet d’être éligible à certains logements.
Cependant, la mise à disposition de crédits à long terme ne suffira pas à résoudre le problème. Il faut également créer les conditions nécessaires pour produire des logements de qualité. Ces deux actions doivent avancer simultanément.
Depuis 2021, nous avons investi en cumulatif un peu plus de 550 millions de dollars en RDC, dans les différents secteurs que j’ai évoqués tout à l’heure. Mais l’activité de l’IFC en RDC ne se limite pas aux investissements.
On ne peut pas régler le problème de l’offre sans considérer la demande, et inversement, si l’on résout l’aspect demande sans traiter celui de l’offre, le marché restera déséquilibré.
Nous travaillons donc sur ces deux fronts. D’un côté, nous avons la possibilité de mettre à disposition des crédits à long terme, ce qui permettra à un plus grand nombre de Congolais d’accéder au logement. Mais à côté de cela, il faut aussi attirer des promoteurs immobiliers solides, avec l’expérience et la capacité de construire des logements en masse en RDC. »
Bankable : Quel est le volume de votre portefeuille actuel ?
MF : Depuis 2021, nous avons investi en cumulatif un peu plus de 550 millions de dollars en RDC, dans les différents secteurs que j’ai évoqués tout à l’heure. Mais l’activité de l’IFC en RDC ne se limite pas aux investissements. De manière plus générale, nous apportons également un appui en services-conseils pour aider le pays à relever plusieurs défis.
Par exemple, nous travaillons étroitement avec la Banque centrale pour améliorer l’infrastructure financière. Un des projets en cours est la mise en place d’un crédit bureau, qui permettrait aux banques d’avoir une meilleure information sur les emprunteurs et ainsi de prêter avec plus de sûreté. À terme, cela pourrait augmenter le taux de crédit au secteur privé.
Nous avons également collaboré avec le ministère des Finances pour la révision de la loi sur le crédit-bail, afin de le rendre plus attractif et de donner aux banques un outil largement utilisé dans d’autres pays, notamment par les PME.
Interview réalisée par Aboudi Ottou
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Yogo Dubois est un entrepreneur congolais spécialisé dans les technologies financières. Depuis 2024, il est le fondateur et président-directeur général de Rego, une start-up fintech qui ambitionne de révolutionner l’accès aux services financiers en Afrique subsaharienne.
Concrètement, Rego facilite l’identification numérique et l’évaluation du crédit. Sa plateforme offre des solutions sécurisées, évolutives et inclusives, permettant aux entreprises et aux particuliers d’accéder plus facilement aux services financiers.
En intégrant des technologies avancées telles que le cryptage, l’authentification biométrique et l’analyse alternative des données, Rego garantit une sécurité optimale et favorise l’autonomie financière. De la vérification d’identité au profilage de crédit, elle comble ainsi le fossé entre innovation et inclusion financière.
Yogo Dubois est le président de la DRC Fintech Association, une organisation engagée dans le développement du secteur des technologies financières en République Démocratique du Congo (RDC). Il siège également au conseil d’administration de Africa Fintech Network, une plateforme réunissant les leaders de la fintech en Afrique, ainsi que de Onafriq en RDC, une fintech panafricaine dont il est aussi actionnaire.
Diplômé de la Frankfurt School of Finance & Management en Allemagne, il obtient un master en marketing en 2017, suivi d’un master en gestion et administration des affaires en 2019. En 2024, il obtient une certification d’analyste en banque commerciale et en crédit auprès du Corporate Finance Institute.
Sa carrière débute en 2002 chez Airtel DRC, où il occupe successivement les postes de représentant du service client et gestionnaire de produits. En 2008, il devient chef régional du développement commercial chez InTarget Mobile Advertising, une entreprise spécialisée dans la publicité et le marketing mobile en Afrique. En 2016, il rejoint Onafriq en tant que directeur commercial pour l’Afrique australe et de l’Est.
En 2017, Yogo Dubois intègre la société sud-africaine Siyavula Education, spécialisée dans la technologie éducative. En 2020, il est nommé directeur régional du développement commercial en Afrique subsaharienne pour Mondia Group, une entreprise de commerce mobile.
Melchior Koba, We Are Tech
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, s’est exprimé pour la première fois ce 29 janvier 2025 depuis le lancement de l’offensive des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, à l’est du pays. Dans son adresse à la télévision nationale (RTNC), le chef de l’État congolais a lancé un appel à la résilience et à la résistance. Il a par ailleurs annoncé qu’« une riposte rigoureuse et coordonnée est en cours », assurant que « la RDC surmontera cette tempête ».
Le président de la RDC a également dénoncé « l’inaction » de la communauté internationale, dont « la passivité frôle la complicité ». À propos de la présence de milliers de soldats rwandais sur le sol congolais, il a évoqué « une violation flagrante de la Charte des Nations unies » et « un affront aux valeurs universelles ».
#RDC | Retour en images sur l’allocution du Président Félix Tshisekedi prononcée, ce mercredi soir à la Cité de l’Union africaine, sur la situation sécuritaire dans la province du #NordKivu, suite à l’invasion de #Goma par l’armée rwandaise. pic.twitter.com/D98u7UT2LW
— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) January 30, 2025
Le Conseil d’administration de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) a désigné, le 23 janvier 2025, Thierry Ngoy Kasumba comme nouvel administrateur délégué. Il succède à Kimona Bononge, qui a occupé ce poste pendant 10 ans, soit deux mandats de 5 ans. Sa mission consistera à défendre les intérêts du secteur privé tout en maintenant un dialogue constructif avec le gouvernement.
La nomination de Thierry Ngoy Kasumba intervient d’ailleurs alors que les discussions entre le patronat, les syndicats des travailleurs et le gouvernement sur la hausse du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) ont été relancées le 21 janvier.
Il dire que 10 jours avant, la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a instruit le ministre de l’Emploi et du Travail de rapporter son arrêté du 31 décembre 2024 portant ajustement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en République Démocratique du Congo (RDC) et de reprendre le processus à zéro. Pour justifier sa décision, elle évoque dans son courrier un « vice de forme » et l’« incompétence matérielle de l’auteur ».
En plus de ces irrégularités juridiques, la FEC et d’autres organisations patronales estiment que ce texte présente « des risques d’injustice sociale et de déséquilibre économique et social », car il n’a pas intégré une tension salariale permettant de calculer les SMIG de toutes les catégories de travailleurs. La fixation de cette tension salariale devrait d’ailleurs être au cœur des discussions, de même que la question des mesures d’allégement fiscal, considérées comme nécessaires pour permettre aux secteurs agroalimentaire et pastoral, présentés comme étant en difficulté, de supporter la hausse attendue du SMIG.
En tant que responsable de l’exécution des décisions et de la gestion quotidienne de l’organisation, Thierry Ngoy Kasumba devra donc s’assurer que les intérêts des membres de la FEC soient préservés. Sa longue expérience professionnelle lui sera certainement d’un grand apport.
Le nouvel administrateur délégué cumule en effet plus de 32 ans d’expérience dans la gestion des entreprises et des institutions financières. Diplômé en sciences économiques de l’Université de Kinshasa et titulaire de plusieurs certifications internationales, il a occupé des postes de haute responsabilité au sein de Citigroup et de la Trust Merchant Bank, avant de prendre les rênes du Fonds national de la microfinance en 2011.
Olivier de Souza
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Lors du Forum économique mondial, qui s’achève ce 24 janvier 2025 à Davos, en Suisse, John Kerry a exprimé son soutien à la création de l’aire protégée à vocation communautaire baptisée Couloir vert Kivu-Kinshasa. Ce projet a été présenté le 22 janvier par le président Félix Tshisekedi, lors d’un panel intitulé : « Le dernier poumon de la Terre ».
« Avec le président Tshisekedi, nous avons discuté avec passion de ce projet et des perspectives qu’il offre… Le bassin du Congo ne doit pas être laissé seul. Nous avons tous vu ce qui se passe en Amazonie, rongée par des pratiques destructrices telles que l’élevage intensif ou l’exploitation forestière illégale. Ces tendances se répètent ailleurs, comme en Indonésie ou au Cambodge, où la déforestation illégale persiste », a déclaré John Kerry.
Pour l’ancien secrétaire d’État américain, l’initiative du Couloir vert Kivu-Kinshasa est « une idée formidable » qui mérite le soutien du secteur privé. « C’est une idée énorme et inspirante, et elle repose sur une coopération étroite entre le secteur public et privé. Cela exige une forte conviction du secteur privé, montrant qu’il est possible non seulement de faire du profit, mais aussi de faire le bien. » Il considère ce projet comme l’une des propositions les plus stimulantes auxquelles il a eu le privilège de contribuer ces dernières années.
La voix de John Kerry, actuellement co-président exécutif de Galvanize Climate Solutions, une société d’investissement mondiale fondée en 2021 pour accélérer la transition énergétique, pourrait influencer la perception des investisseurs vis-à-vis de ce projet congolais. Bien qu’il privilégie désormais son rôle d’acteur du secteur privé, John Kerry demeure une figure centrale des négociations climatiques. En tant qu’envoyé spécial pour le climat sous la présidence de Joe Biden, il a joué un rôle clé dans de complexes discussions internationales.
Une collaboration renforcée avec la RDC pourrait permettre de transformer le Couloir vert Kivu-Kinshasa en une opportunité unique, alliant conservation de la nature et génération de revenus économiques pour les acteurs privés et les populations locales.
Créé par décret le 15 janvier 2025 par la Première ministre, le Couloir vert Kivu-Kinshasa s’étend de l’est à l’ouest de la République Démocratique du Congo (RDC), sur une superficie de 544 270 km², soit un peu plus du quart du territoire national. Ce projet ambitionne de promouvoir une économie verte tout en préservant plus de 100 000 km² de forêts primaires, consolidant ainsi le rôle clé de la RDC dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Georges Auréole Bamba
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Le projet de l’Entreprise générale de cobalt (EGC), qui vise à instaurer une chaîne d’approvisionnement responsable pour le cobalt et d’autres minéraux stratégiques extraits de manière artisanale (sans engins ou infrastructures industrielles) en République démocratique du Congo (RDC), a obtenu le soutien des États-Unis. Dans un communiqué publié le 14 janvier 2025, le gouvernement américain a annoncé une contribution de 2 millions de dollars pour ce projet, via l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
« Le financement de l’USAID permettra à l’EGC d’améliorer ses opérations sur le terrain et de mettre en œuvre des normes pour garantir une exploitation responsable du cuivre-cobalt artisanal congolais, dans le respect des normes internationales, y compris des principes volontaires en matière de sécurité et de droits humains », précise le communiqué.
En vue d’élaborer un schéma directeur pour transformer progressivement l’ensemble des activités minières artisanales en RDC, l’EGC, filiale détenue à 100 % par l’entreprise publique Gécamines, mène actuellement un projet pilote sur cinq carrés miniers confiés par sa maison mère en février 2024. Depuis quelques mois, Éric Kalala, le directeur général d’EGC, qui a déjà conclu un partenariat avec Cobalt for Development (C4D), un projet conduit par l’Agence de coopération allemande GIZ, multiplie les rencontres avec des bailleurs de fonds afin de mobiliser les ressources nécessaires pour financer le programme d’exploration sur ces sites. En novembre 2024, il s’est notamment rendu au siège de la Commission européenne à Bruxelles, accompagné de Guy-Robert Lukama, président du conseil d’administration de la Gécamines.
L’aboutissement des discussions avec l’USAID devrait permettre de faire progresser ce programme d’exploration. Une fois les études de faisabilité achevées, des coopératives seront sélectionnées pour opérer sur ces sites, conformément à un cahier des charges garantissant une exploitation responsable, conforme aux normes du marché international. Ensuite, l’exploitation pourra démarrer. Il est prévu que l’ensemble de la production soit acheté par l’EGC, qui la revendra à l’international, garantissant ainsi sa traçabilité. Si ce modèle s’avère concluant, il devrait être progressivement étendu à tous les sites miniers artisanaux du pays.
L’engagement de l’USAID intervient quelques mois après que le ministère américain du Travail a inscrit le cobalt congolais sur sa « liste noire » des produits obtenus grâce au travail des enfants. Une décision jugée sévère par le gouvernement congolais et les acteurs de la filière, car elle met en cause l’ensemble du secteur. En réalité, la problématique du travail des enfants concerne essentiellement l’exploitation artisanale, qui ne représente qu’au plus 20 % de la production nationale comptabilisée. Une situation que les États-Unis, qui disent accompagner le secteur minier de la RDC depuis plus de 20 ans, sont loin d’ignorer.
Pierre Mukoko
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Le doublement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 5 dollars par jour pour les manœuvres ordinaires en République démocratique du Congo (RDC) suscite des préoccupations au sein du patronat. Cette augmentation a été entérinée par un arrêté du ministre de l’Emploi et du Travail, Éphraïm Akwakwa Nametu, signé le 31 décembre 2024.
« Sans ignorer l’intention de veiller à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs face à la dépréciation monétaire, cet arrêté, à la lumière de l’analyse des textes légaux et règlements en vigueur, soulève quelques préoccupations juridiques, tant sur la forme que sur le fond, nécessitant une harmonisation », estime la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans un courrier adressé au ministre de l’Emploi et du Travail.
Dans cette correspondance datée du 14 janvier 2025 et signée par le secrétaire général de la FEC, John Nkono Mubualudimi, l’organisation patronale ne donne pas de détails sur ses préoccupations. Elle sollicite néanmoins une audience avec le ministre de l’Emploi et du Travail le 20 janvier. Objectif : échanger sur les voies et moyens susceptibles de remédier à la situation « dans le but ultime de veiller au bon climat des affaires dans son volet de récente juridique et de demeurer respectueux des textes juridiques applicables dans la fixation et l’ajustement du SMIG dans le pays », indique la lettre, ampliée au Premier ministre, Judith Suminwa Tuluka.
En d’autres termes, la FEC estime que l’arrêté ministériel portant augmentation du SMIG à 5 dollars par jour pour les manœuvres ordinaires n’a pas respecté les textes. Pourtant, cet arrêté a été pris à la suite d’un dialogue social engagé en octobre 2024 entre le ministère du Travail et de l’Emploi, les organisations patronales et les syndicats des travailleurs. Lors des discussions, les parties prenantes avaient reconnu l’urgence d’une révision du SMIG pour réduire l’écart croissant entre le salaire minimum et le coût de la vie.
Pour l’instant, on ignore comment le ministre Éphraïm Akwakwa Nametu a réagi à ce courrier. Cette réaction est d’autant plus attendue qu’un désaccord entre le gouvernement et le patronat pourrait compromettre l’entrée en vigueur de cette décision, prévue en février 2025.
Pierre Mukoko
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Ce remaniement militaire intervient une semaine après l’annulation de la rencontre tripartite entre la RDC, le Rwanda et l’Angola pour tenter de résoudre la crise dans l’est de la RDC.
Le président Félix Tshisekedi a procédé à un remaniement au sein de la haute hiérarchie militaire, en nommant le lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe (photo), chef d’état-major général des Forces armées de la RDC (FARDC). L’annonce a été rendue publique par la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC), le jeudi 19 décembre 2024.
Jules Banza Mwilambwe remplace le général d’armée Christian Tshiwewe, reconduit au poste de conseiller militaire du chef de l’Etat. Avant cette nomination, Mwilambwe était chef adjoint de la Maison militaire du président Tshisekedi, chargé des opérations et des renseignements militaires. Il a également servi comme commandant adjoint de la Garde républicaine, une unité d’élite assurant la protection du président et des institutions congolaises.
D’autres nominations ont été faites au sein de l’état-major général. Le major général Makombo Muinaminayi Jean-Roger est désormais responsable des renseignements militaires, le général de brigade Mulume Oderwa est quant à lui chargé des opérations et le général de brigade Mbuyi Tshivuadi chargé de l’administration. Plusieurs officiers ont été promus aux grades d’officiers généraux et supérieurs.
Ce remaniement intervient une semaine après l’annulation de la rencontre tripartite prévue le 15 décembre à Luanda entre les présidents congolais, rwandais et angolais. Le Rwanda avait conditionné sa participation à l’organisation d’un dialogue direct entre Kinshasa et le M23, une proposition rejetée par les autorités congolaises. Cette réunion avait pour objectif de mettre fin aux affrontements entre les Forces armées congolaises et le groupe rebelle dans l’est du pays. Kinshasa et des rapports des Nations unies accusent ce groupe d’être soutenu par Kigali qui réfute ses accusations.
La RDC est confrontée à d’importants défis sécuritaires, en particulier dans l’est du pays où sévissent des groupes armés tels que le M23. Ces groupes continuent de mener des attaques, exacerbant les crises humanitaires. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), entre juin et août 2024, le pays comptait environ 6,9 millions de déplacés internes. Les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de Tanganyika concentrent la majorité de ces populations déplacées, dont 96% ont fui en raison des conflits armés.
L’administration Tshisekedi a placé la sécurité nationale au cœur de ses priorités. Pour 2025, 7,43% du budget national, soit 3371,7 milliards de francs congolais (1,18 milliard $), seront alloués à ce secteur, marquant une augmentation par rapport aux 2767,6 milliards de francs congolais prévus dans la Loi de finances révisée 2024.
Charlène N’dimon
Depuis plusieurs mois, Albert Zeufack est présenté comme le joker de Yaoundé dans la course au poste de président de la Banque africaine de développement. Jusqu’ici, l’intéressé n’avait pas publiquement réagi. Il se prononce pour la première fois dans ce portrait que lui consacre Bankable.
C’est désormais un secret de Polichinelle ! Albert Zeufack souhaite briguer le poste de président de la Banque africaine de développement (BAD). En milieu d’année, le directeur pays de la Banque mondiale pour l’Angola, le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC) et Sao Tomé-et-Principe s’en est ouvert à l’ambassadeur du Cameroun en RDC, Martin Chungong Ayafor. Un dossier a été préparé et envoyé à Yaoundé. Cependant, à quelques semaines de la clôture des candidatures, le sommet de l’État reste aphone.
L’économiste camerounais demeure néanmoins optimiste : « Je continue de croire que les autorités vont réserver une suite favorable à mon dossier pour donner plus de chances à l’Afrique centrale… », lâche-t-il sur notre insistance. Cette sous-région n’ayant jamais présidé aux destinées de cette institution financière, plusieurs analystes estiment que le poste devrait cette fois revenir à un candidat issu d’un pays membre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Mais rien n’est gagné. Pour se donner des chances de succéder au Nigérian Akinwumi Adesina, dont le mandat arrive à son terme le 31 août 2025, l’Afrique centrale doit proposer un profil capable de convaincre les 82 actionnaires de la BAD, dont 28 pays non africains.
Dans ces conditions, « M. Zeufack apparaît comme une alternative capable de mieux préserver les intérêts de l’Afrique centrale », estiment plusieurs officiels au Cameroun et même dans la sous-région.
Le 9 mars 2024, la CEEAC a adoubé Mahamat Abbas Tolli comme le « candidat unique de l’Afrique centrale ». Ce 13 décembre 2024, le Tchad a d’ailleurs officiellement déposé la candidature de l’ex-gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Mais si l’on en croit une correspondance du ministre délégué aux Relations extérieures du Cameroun, Félix Mbayu, datée du 17 juillet 2024 ayant fuité dans la presse, le Tchadien « n’aurait pas bonne presse auprès des États membres de l’Union africaine (UA) », qui représentent 61 % des voix.
Selon ce courrier, ces États reprocheraient à Mahamat Abbas Tolli « des erreurs de gestion lors de son passage à la BEAC, notamment le tribalisme, le népotisme et le non-respect des procédures ayant conduit au scandale des recrutements en 2022 ». Pour la diplomatie camerounaise, le fait qu’un Tchadien soit depuis 2017 à la tête de la Commission de l’UA pourrait également être contre-productif et faire perdre à l’Afrique centrale l’opportunité d’occuper le poste de président de la BAD.
RDC comme laboratoire
Dans ces conditions, « M. Zeufack apparaît comme une alternative capable de mieux préserver les intérêts de l’Afrique centrale », estiment plusieurs officiels au Cameroun et même dans la sous-région. En comparant son parcours à celui des personnalités qui se sont succédé à la tête de la BAD, la seule différence notable est que le Camerounais n’a pas encore occupé de fonction ministérielle dans son pays. Une différence que ce dernier perçoit comme un atout. « Et si le conseil d’administration cherchait un candidat non conventionnel pour réformer l’institution ? Je serai le candidat idéal… », répond-il.
« Avec sa longue carrière internationale dans le développement économique et une expérience de premier plan acquise chez les dragons asiatiques, comme la Malaisie, Albert a acquis les compétences pour apporter des solutions concrètes aux défis auxquels est confronté le continent », estime un proche. Pour ce dernier, cette expérience est déterminante pour conduire la stratégie décennale (2024–2033) de la BAD, qui vise l’accélération de la croissance verte et inclusive ainsi que la promotion d’économies prospères et résilientes sur le continent.
L’ancien étudiant de l’Université de Yaoundé a passé à ce jour plus de 30 ans dans le développement économique. Déjà consultant à la Banque mondiale entre 1993 et 1994, il a rejoint cette institution financière en 1997 comme économiste au sein de la division macroéconomie du département recherche, après un concours très sélectif. En 2016, il devient le premier Africain à occuper le poste d’économiste en chef pour la région Afrique. En 2022, le Camerounais est nommé directeur pays pour l’Angola, le Burundi, la RDC et Sao Tomé-et-Principe en 2022. Entre 2008 et 2012, il s’est mis en disponibilité pour travailler pour le fonds souverain malaisien Khazanah Nasional Berhad, en tant qu’économiste en chef et directeur de la recherche et de la stratégie.
Durant cette longue carrière, le Camerounais affirme avoir activement travaillé pour le développement du continent. L’économiste revendique notamment avoir contribué à changer le discours sur l’industrialisation de l’Afrique à travers ses nombreuses publications et sa position de stratégiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique ; avoir obtenu le financement par la Banque mondiale du projet de décentralisation du Kenya, avoir participé au programme de développement de la compétitivité du Maroc en réalisant la première grande enquête du pays sur la compétitivité, ou encore avoir contribué à l’élaboration de la vision 2030 de la Côte d’Ivoire. On lui doit aussi l’arrivée sur le continent du fonds souverain malaisien…
« La RDC ressemble à un laboratoire de ce que je pourrais faire à l’échelle de l’Afrique. (…) La RDC combine toutes les difficultés que connaissent les pays d’Afrique. Faire des projets en RDC nous prépare à en faire partout en Afrique », explique-t-il.
Le fonctionnaire international a également constitué un important carnet d’adresses sur et hors du continent, ce qui pourrait faciliter son action au sein de la BAD. En plus d’avoir créé un réseau de conseillers économiques au sein des exécutifs africains, qui s’étend sur 42 pays, il est membre du réseau de l’ONU pour le développement durable, du Comité technique consultatif pour la Charte des ressources naturelles (Oxford), du Conseil consultatif de l’Institut pour la gouvernance des ressources naturelles (NRGI) et du Conseil d’administration du Consortium pour la recherche économique en Afrique (AERC).
Mais pour mieux apprécier ce qu’il est capable de faire à l’échelle continentale, M. Zeufack invite à se rendre dans le pays de Lumumba, qui s’étend sur plus de deux millions de kilomètres carrés et compte plus de 100 millions d’habitants. « La RDC ressemble à un laboratoire de ce que je pourrais faire à l’échelle de l’Afrique. (…) La RDC combine toutes les difficultés que connaissent les pays d’Afrique. Faire des projets en RDC nous prépare à en faire partout en Afrique », explique-t-il.
Avec son arrivée à la tête des opérations en juillet 2022, le portefeuille de la Banque mondiale dans le pays a quasiment doublé, passant de 5,2 milliards de dollars en 2021 à 8,3 milliards de dollars à mi-2024. Convaincu que « bâtir des infrastructures modernes de connectivité est la clé pour l’industrialisation », l’économiste camerounais a poussé plusieurs projets touchant aux infrastructures numériques, énergétiques, d’adduction d’eau et de transport. Grâce à ceux-ci, plus de trois millions de Kinois ont pu avoir accès à l’eau potable, deux millions de connexions améliorées à l’électricité ont vu le jour et les travaux de l’autoroute Mbuji-Mayi-Kabinda-Bukavu ont été lancés grâce à un financement de la Banque mondiale de 1,5 milliard de dollars…
Par ailleurs, après un gel de plus de 15 ans, les appuis budgétaires de la Banque mondiale ont repris en 2022 avec une première enveloppe de 250 millions de dollars et devraient totaliser 2,25 milliards de dollars d’ici 2026. « Nous avons obtenu que le premier appui budgétaire, qui était de 250 millions de dollars en 2022, passe à 500 millions l’année suivante et que ce montant soit reconduit chaque année jusqu’en 2026. Vous savez que pour bénéficier des appuis budgétaires, il faut remplir des critères précis. Donc, mener ce plaidoyer n’a pas été du tout facile », explique le directeur pays de la Banque mondiale pour la RDC. Ces fonds permettent de soutenir des réformes en vue d’améliorer la gouvernance et le climat des affaires afin d’accroître les investissements du secteur privé dans le pays.
« Monsieur Inga »
À la Banque mondiale ou en RDC, Albert Zeufack est surtout devenu « Monsieur Inga », du nom du gigantesque projet qui vise à construire, sur le fleuve Congo, en plusieurs étapes, une centrale électrique d’une capacité totale de plus de 40 GW. C’est que le Camerounais est reconnu comme l’artisan du retour de l’institution de Bretton Woods, qui s’était désengagée d’Inga III (troisième phase du projet, après Inga I et II, prévu pour avoir une capacité installée d’au moins 3 GW) en 2016 à la suite de divergences avec les dirigeants congolais de l’époque.
Aujourd’hui, plus de 50 employés de tout le groupe de la Banque mondiale travaillent au quotidien sur le projet. L’institution financière a également fait une provision pour financer de nouvelles études techniques, les anciennes datant déjà de plus d’une dizaine d’années. Un programme d’un milliard de dollars sur 10 ans devrait aussi être soumis au conseil d’administration de la banque dans la première moitié de 2025. Ce programme vise à préparer le pays au projet. Il s’agira notamment de renforcer les compétences des populations du Kongo-Central pour qu’elles soient en capacité de profiter des emplois que le projet va générer ; de construire des infrastructures de base pour préparer la province à accueillir le flux de personnes que le projet va drainer.
« Là où le projet a longtemps été perçu uniquement comme une solution aux besoins énergétiques d’une grande partie du continent, la nouvelle vision, inspirée par l’actuel directeur pays de la Banque mondiale, est plutôt d’en faire d’abord un moteur de développement pour le pays », explique Landry Djimpé, consultant à la Banque mondiale pour le projet Inga III.
En fait, Albert Zeufack a en plus réussi à convaincre ses patrons et les autorités locales de réorienter le projet. « Là où le projet a longtemps été perçu uniquement comme une solution aux besoins énergétiques d’une grande partie du continent, la nouvelle vision, inspirée par l’actuel directeur pays de la Banque mondiale, est plutôt d’en faire d’abord un moteur de développement pour le pays », explique Landry Djimpé, consultant à la Banque mondiale pour le projet Inga III. Il faudra dont commencer par donner de l’électricité aux 80 millions de Congolais qui en sont privés aujourd’hui, soutenir la transformation économique de la RDC, avant de penser aux exportations vers la sous-région et l’Afrique.
Mais comme le rappelle M. Zeufack lui-même, le chemin vers le lancement des travaux de construction de la centrale hydroélectrique est encore long : il faut réaliser les études, choisir entre plusieurs options en fonction du coût et de la demande en électricité, mobiliser les financements… Une arrivée de l’économiste camerounais à la tête de la BAD devrait donc aussi permettre à cette institution financière d’avoir un rôle de premier plan dans Inga III, comme elle l’a souvent manifesté.
Aboudi Ottou
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Dans une interview exclusive accordée à nos collègues d’Investir au Cameroun, le PDG du groupe BGFIBank s’est prononcé sur l’état de santé de la filiale en République Démocratique du Congo (RDC) après l’épisode Congo Hold-up de fin 2021.
IC : Il y a quelques années, votre filiale en RDC a fait face à un tourbillon médiatique. Comment se porte-t-elle aujourd’hui, et quelles sont ses perspectives de développement dans ce pays de plus de 100 millions d’habitants ?
Henri-Claude Oyima : Vous êtes nostalgique du passé (rire). BGFIBank RDC évolue aussi dans un pays que nous avons défini comme pôle de croissance, au même titre que le Gabon, la République du Congo, le Cameroun, la Côte d'Ivoire. Ce que nous avons fait en RDC, c’est qu’aujourd’hui, nous nous sommes conformés aux exigences de fonds propres qui sont de 50 millions de dollars.
En RDC, on s’est conformé aux exigences de fonds propres qui sont de 50 millions dollars.
L’autre chose, c’est que nous avons travaillé à être plus présents au niveau des grands centres commerciaux de la RDC. Notamment au Katanga, à Kinshasa et dans la zone Est, à la frontière avec l’Ouganda. Donc, la filiale de BGFIBank en RDC fonctionne normalement à ce jour. La banque suit son programme de développement et nous aurons un aperçu de l’évolution des choses en 2025.
IC : Vous avez choisi le Cameroun pour annoncer l’introduction de BGFI Holding à la BVMAC en 2025. Pourquoi le Cameroun et pourquoi 2025 ?
Henri-Claude Oyima : Le Cameroun, parce que c’est le pays siège de la BVMAC où nous ferons l’introduction. Aussi, la veille de cette cérémonie (d’inauguration du siège de la filiale camerounaise), s’est tenu le conseil d’administration de la BVMAC. Dans le cadre du budget de l’année 2025, nous avons fixé au directeur général de cette institution des objectifs pour animer les deux compartiments qui constituent ce marché boursier.
Un de ces compartiments, qui fonctionne très bien, c’est celui des obligations, où nous avons des emprunts obligataires qui sont lancés. Des obligations de trésor et des bons de trésor sont également émis par les différents États.
De l’autre côté, nous avons discuté de la problématique du dépositaire central unique qui est aujourd’hui géré par la Banque centrale (BEAC). Dans le projet de la BVMAC, il est question de créer une société autonome qui sera gestionnaire de ce dépositaire central.
Tous ces projets ne peuvent pas fonctionner de façon efficiente s’il n’y a que des obligations. Il faut donc qu’il y ait aussi des sociétés cotées pour davantage animer le compartiment des actions. À cet effet, nous avons décidé que les principales entreprises de la zone Cemac, dont celles qui sont membres du conseil d’administration de la bourse, doivent montrer l’exemple.
Il faut qu’il y ait beaucoup plus de sociétés cotées pour davantage animer le compartiment des actions.
Maintenant, pourquoi 2025 ? Déjà, il faut savoir que l’introduction de BGFI Holding avait été annoncée pour 2020. Cette année-là, la Covid-19 est survenue et mon conseil d’administration a jugé que le moment n’était pas opportun pour lancer cette opération. Car, dans ce contexte, l’avenir était incertain pour les investisseurs et il régnait une grande peur. Nous avons estimé qu'une initiative d'une telle envergure devait être menée dans un climat plus serein.
Aujourd'hui, la pandémie de la Covid est passée. Alors que nous touchons à la fin de notre programme quinquennal « Dynamique 2025 », nous pensons que le moment est idéal pour concrétiser ce projet. Le principal objectif est de répondre à ce que le conseil d’administration avait adopté. Ce dernier avait décidé d’aller en bourse avec un maximum de 10 % du capital et c’est ce que nous voulons faire. C’est un projet qui avait déjà été mûri en 2020, et nous allons le reprendre là où nous nous étions arrêtés à cette date-là.
IC : Nous sommes à la fin de l'exercice 2024. Quel bilan dressez-vous en termes de performances du Groupe BGFIBank, qui a enregistré un résultat net de 96 milliards de FCFA en 2023, soit une hausse de 55 % en glissement annuel ?
Henri-Claude Oyima : Les états financiers de 2024 seront finalisés en mars prochain. En attendant, concernant les chiffres, je peux vous indiquer que nous sommes en bonne voie pour atteindre cette année un total bilan de 6 000 milliards de FCFA et un résultat net consolidé de 130 milliards de FCFA.
Extrait d’une interview réalisée par Baudouin Enama, Investir au Cameroun
Trish Kalombola, présidente-directrice générale de la société d’infrastructures de tours télécoms TowerCo of Africa (TOA) RDC, est lauréate des Inspiring Fifty Africa Awards 2024. Elle figure parmi les 50 Africaines distinguées cette année. Dévoilée le 10 novembre dernier par le réseau EQL:HER, promoteur du programme Inspiring Fifty Africa Awards, cette distinction célèbre l’engagement et les réalisations des femmes dans le domaine de la technologie en Afrique.
TowerCo of Africa, filiale à 100 % d’Axian Telecom, s’est réjouie de cette reconnaissance et a affirmé : « En tant que PDG de TowerCo of Africa RDC, Trish a joué un rôle essentiel dans l’avancement des infrastructures de télécommunications, la réduction des fractures numériques et la promotion de la connectivité pour autonomiser les communautés. Son leadership illustre les valeurs d’innovation, d’inclusion et de résilience qui définissent l’initiative Inspiring Fifty Africa. »
Un leadership qui s’est encore illustré en octobre dernier à travers une énième action forte. Trish Kalombola a fait intégrer TowerCo of Africa RDC au Pacte mondial des Nations unies sur les droits de l’homme, le travail, l’environnement et la lutte contre la corruption, ainsi qu’à ses dix principes. Elle s’est engagée à intégrer ces principes dans la stratégie, la culture et les opérations quotidiennes de TOA RDC, et à impliquer l’entreprise dans des projets de collaboration qui font progresser les objectifs de développement plus larges des Nations unies, en particulier les Objectifs de développement durable.
En rendant hommage à Trish Kalombola et aux quarante-neuf autres lauréates africaines des Inspiring Fifty Africa Awards, Laura Stebbing, présidente-directrice générale de EQL:HER, a affirmé : « Non seulement nous célébrons leurs réalisations, mais nous inspirons aussi la prochaine génération de femmes leaders dans le domaine des STIM. Leurs parcours témoignent de l’impact de la diversité et de l’inclusion sur les avancées technologiques et le progrès. »
Muriel Edjo
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En octobre dernier, la Société générale des carrières et des mines (Gécamines) a acquis un important stock de smartphones et de tablettes Okapi, conçus par le Congolais d’origine Jean Mongu Bele, fondateur et président de la société Okapi, spécialisée dans la conception et le développement de produits technologiques. Les smartphones désignés 15 Rambo Ultra, 15 Rambo et les tablettes Rambo Okapi, destinés aux cadres et agents de terrain de l’entreprise minière, ont été choisis pour leur robustesse, en plus de leurs capacités techniques qui n’ont rien à envier aux appareils étrangers.
« Quand vous donnez à quelqu’un le “Rambo” et qu’il le fait tomber, ce n’est pas un problème. Même si c’est dans l’eau, il n’y a aucun problème. C’est une réponse à nos préoccupations », explique alors Verdy Mukuka, le directeur des systèmes d’information de la Gécamines. Pour ce dernier, cette acquisition répond donc à un besoin réel de la société, aussi bien à la mine que dans ses hôpitaux. Les appareils Okapi sont d’ailleurs brevetés et commercialisés aux États-Unis.
Professeur de physique nucléaire au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Cambridge, aux États-Unis, Jean Mongu Bele a démarré l’aventure Okapi en 2019. Son ambition : répondre aux besoins des Africains en produits technologiques de qualité, à des prix abordables, et surtout placer sur le marché mondial une marque africaine qui développera davantage les capacités du continent en matière de production et de technologie.
Le smartphone Okapi est le premier produit mis sur le marché. Il est d’abord lancé aux États-Unis avant de faire son apparition officielle à Kinshasa en août 2021. Le même mois, l’ordinateur portable Okapi Win8 reçoit la certification ISO aux États-Unis. Alors que la numérisation se développe en RDC avec l’amélioration de la connectivité Internet et l’augmentation de la demande, la société Okapi voit davantage d’opportunités d’affaires se présenter.
Okapi US n’est pas la première expérience entrepreneuriale de Jean Mongu Bele. En 2000, il a créé la firme Arithmtech Corporation, spécialisée dans le développement de logiciels de haute technologie dans un large champ d’application, incluant l’aéronautique, la pharmacologie, la biotechnologie, la biométrie et plusieurs autres applications de bases de données.
Muriel Edjo
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