La gestion des risques sera au cœur de l’action de Willy K. Mulamba, nommé directeur général d’EquityBCDC lors du conseil d’administration tenu le 8 novembre 2024. Il remplace Célestin Mukeba, qui occupait cette fonction depuis 2020.
Selon la banque, cette nomination ainsi que celles intervenues au sein du conseil visent à « renforcer la surveillance, la gouvernance et les contrôles internes ».
À fin octobre 2024, EquityBCDC, contrôlé à 85,67% par le groupe Equity Holdings basé au Kenya, revendiquait plus de 1,8 million de clients pour un total bilan de 4,4 milliards de dollars. Mais, selon une récente analyse de Moody's, la banque doit faire face à une forte concentration des prêts et à un niveau élevé des créances à risque, ce qui pourrait affecter la qualité de ses actifs.
Dans son rapport 2023 sur les risques, la banque indiquait que « les engagements sur les contreparties individuelles ou groupes d’affaires se situent en dessous de la limite de 25 % ». A fin décembre 2023, Elle affichait un niveau de créances en souffrance de 417,70 millions de dollars, soit 21 % du portefeuille global. Ces créances étaient en hausse de 44 % par rapport à 2022.
EquityBCDC ambitionne de toucher 30 millions de personnes en République démocratique du Congo d'ici 2030. Mais, bien que sa capitalisation soit adéquate, il faudra trouver le rythme parfait entre la volonté de mener une croissance rapide des prêts et l’amélioration de la capacité d'absorption des pertes, dans le cas où celles-ci surviendraient.
Willy K. Mulamba a le profil pour relever ces défis. Ce banquier cumule plus de 20 ans d'expérience dans l'industrie mondiale des services financiers. Son expertise couvre la gouvernance d'entreprise, la gestion des risques et la négociation de transactions. M. Mulamba a précédemment dirigé Citibank RDC et présidé l'Association congolaise des banques.
Il s’appuiera sur une équipe de direction réorganisée, avec l'arrivée de directeurs généraux adjoints dans les régions Ouest et Sud du pays, ainsi que d'un nouveau directeur de la fondation EquityGroup pour la RDC. « La fondation jouera un rôle crucial dans la réalisation de la vision d'EquityBCDC, qui est de promouvoir la prospérité socio-économique des Africains, et des Congolais en particulier », indique la banque.
Georges Auréoles Bamba
Lors de la 10e édition du Makutano, tenue du 13 au 15 novembre 2024 à Kinshasa, le directeur général de Vodacom RDC, Khalil F. Al Americani, a accordé un entretien d’une quinzaine de minutes à Bankable. Il sortait alors d’un panel d’échanges intitulé « Télécoms : quel new deal pour accroître la pénétration réseau ? ». Dans cet entretien, le dirigeant, fort de plus de 20 ans d’expérience dans les télécommunications, partage sa vision pour le secteur, revient sur son engagement, et lève le voile sur les secrets du succès de M-Pesa, leader incontesté du marché de la monnaie électronique en RDC avec plus de 50 % de parts de marché.
Bankable : Avec plus de 25 ans d’expérience dans les télécoms, dont une grande partie passée chez Vodacom, qu’est-ce qui explique votre fidélité à ce secteur ? Qu’est-ce qui vous passionne dans cette industrie ?
Khalil Al Americani : Merci pour cette belle question. Ce qui me passionne dans le secteur des télécommunications, c’est sa capacité à transformer la vie des gens. J’ai eu la chance de participer au lancement du premier réseau mobile au Niger, un moment clé où j’ai pu observer l’impact direct de cette innovation.
Au-delà de fournir la connectivité, ce qui me motive profondément, c’est de permettre l’accès à l’information mondiale via internet et de faciliter des services essentiels, comme les services financiers. Ces avancées transforment le quotidien et illustrent toute la richesse de notre métier.
Pouvoir se connecter au monde par la voix, ensuite par le SMS, par l’internet, par les services financiers, c’est ce qui rend notre métier absolument exceptionnel.
Bankable : La RDC a fait des avancées notables en matière d’accès aux télécommunications et aux services associés, mais des défis importants subsistent. Fort de votre longue expérience dans le secteur et de votre connaissance approfondie de la RDC, où vous avez passé une grande partie de votre vie, pouvez-vous nous dire quelles sont les spécificités de ce marché ? Quels leviers faut-il actionner pour étendre l’accès aux télécommunications et atteindre le plus grand nombre possible de personnes ?
Khalil Al Americani : J’ai passé 29 ans en République démocratique du Congo (RDC), entre ma jeunesse et ma carrière. La RDC est un pays-continent, sept fois plus grand que l’Allemagne, avec neuf frontières et seulement 40 km d’accès à la mer. Ces caractéristiques posent des défis structurels, mais ouvrent aussi des opportunités.
Pour avancer, plusieurs axes sont prioritaires : un cadre règlementaire qui stimule les investissements, une collaboration accrue entre acteurs des secteurs prioritaires via la mutualisation des réseaux, et une formation adaptée pour que la jeunesse réponde aux besoins du marché. Une ouverture sur les marchés internationaux et des infrastructures résilientes sont également essentielles pour répondre à la demande croissante en connectivité et en services.
Pour la RDC, il est crucial de démocratiser l’accès aux smartphones 4G à des prix abordables, de connecter les zones rurales et de permettre l’autonomisation des communautés.
Les télécommunications et la technologie sont des leviers incontournables de développement, soutenant des secteurs comme l’éducation, la santé, l’agriculture et l’industrie. Nous avons vu dans d’autres pays que la digitalisation stimule directement la croissance économique.
Pour la RDC, il est crucial de démocratiser l’accès aux smartphones 4G à des prix abordables, de connecter les zones rurales et de permettre l’autonomisation des communautés. Ces efforts permettront de créer des écosystèmes autonomes, favorisant le développement humain, industriel et économique du pays.
Bankable : Vous avez évoqué la connectivité rurale, et pour de nombreux experts, la connectivité par satellite apparaît comme la solution la plus adaptée, notamment dans des zones difficiles d’accès et sur de vastes territoires. Chez Vodacom, cette connectivité satellitaire est-elle perçue comme une opportunité ou davantage comme un défi ?
Khalil Al Americani : Depuis ses débuts, Vodacom s’appuie sur la connectivité satellite, une technologie en constante évolution. Aujourd’hui, nous utilisons aussi bien des satellites géostationnaires que des satellites à orbite basse. Bien que le satellite soit une solution idéale pour les zones rurales à faibles besoins en capacité, nous complétons souvent cette connectivité par des réseaux micro-ondes et, lorsque cela est possible, par la fibre optique, en fonction des besoins et des distances à couvrir.
Depuis 2013, Vodacom a déployé plus de 800 sites ruraux connectés par satellite, alimentés par des panneaux solaires et des batteries, démontrant notre engagement à réduire l’empreinte carbone. Ces sites ont évolué au fil du temps, passant de la 2G à la 3G, et continueront de s’adapter aux nouvelles technologies. Nous sommes fiers d’avoir été des pionniers dans cette initiative, qui reste au cœur de notre stratégie pour connecter les zones reculées tout en inspirant d’autres acteurs du secteur.
Bankable Africa : Le service M-Pesa de Vodacom domine le marché avec plus de 50 % de part. Quel est le secret de cette réussite ?
Khalil Al Americani : Le succès d’M-Pesa repose sur une stratégie claire, un travail acharné, une exécution rigoureuse et une motivation constante. Depuis plus de 10 ans nous avons réussi à gagner la confiance de la banque centrale, régulateur de notre segment Fintech, VODACASH, ainsi que de nos fidèles abonnés à qui nous avons proposé une gamme de services évolutive.
Aujourd’hui, M-Pesa offre des solutions allant du transfert d’argent simple à des outils avancés pour les particuliers et les entreprises, comme les prêts, les paiements multiples et des API (interface de programmation d’application, NDLR) ouvertes pour intégrer des services tiers. Accessible même via un téléphone 2G, M-Pesa démocratise les paiements numériques tout en proposant une application mobile enrichie de mini-apps pour des intégrations sécurisées.
Nous avons déjà de nombreux services en place, et une longue liste de nouveaux services arrivera au fur et à mesure que les besoins de nos différents segments évoluent.
L’inclusion financière est au cœur de notre mission. En digitalisant les paiements, nous réduisons les risques liés aux transactions en espèces et contribuons à l’efficacité du système financier. Cela profite à tous : gouvernement, entreprises et particuliers. Et avec de nouveaux services en développement, nous restons engagés à répondre aux besoins changeants de nos abonnés tout en renforçant la digitalisation du pays.
Nous avons déjà de nombreux services en place, et une longue liste de nouveaux services arrivera au fur et à mesure que les besoins de nos différents segments évoluent. Nous sommes très fiers de ce qui a été fait jusqu’à présent, et ravis de voir évoluer les comportements et les besoins de nos abonnés.
Bankable : Dans le domaine de la monnaie électronique, les banques développent de plus en plus des applications intelligentes pour améliorer l’expérience client, tandis que des fintechs émergent avec des solutions d’inclusion financière. Comment Vodacom perçoit-elle cette évolution ? Est-ce une opportunité de renforcer l’écosystème ou plutôt une concurrence à surveiller de près ?
Khalil Al Americani : Nous voyons l’évolution des applications intelligentes développées par les banques et l’émergence des fintechs comme une formidable opportunité de renforcer l’écosystème financier. Ces innovations permettent d’améliorer l’expérience client et d’élargir l’inclusion financière, ce qui est en parfaite adéquation avec notre mission de connecter les gens pour un avenir meilleur.
Nous croyons fermement que la collaboration entre les différents acteurs du secteur, y compris les banques, les fintechs et les opérateurs de télécommunications, est essentielle pour créer des solutions durables et accessibles à tous. Plutôt que de voir ces développements comme une concurrence, nous les considérons comme des partenaires potentiels avec lesquels nous pouvons travailler pour offrir des services encore plus innovants et inclusifs à nos clients.
En fin de compte, notre objectif est de contribuer à un écosystème financier dynamique et intégré qui profite à tous les Congolais.
Propos recueillis par Aboudi Ottou
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Le ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PT-NTIC), Augustin Kibassa, a visité le 14 novembre 2024 les installations de Thales Alenia Space en France. Lors de cette visite, il a échangé avec les dirigeants de la société européenne et s’est familiarisé avec les différentes étapes de fabrication des satellites, de la conception à la mise en orbite.
La visite de Thales Alenia Space fait suite à la signature de deux protocoles d’accord : l’un entre la RDC et l’opérateur satellite Monacosat, et l’autre avec la Pologne. Ces initiatives s’inscrivent dans la stratégie du gouvernement pour développer les capacités satellitaires du pays, afin de répondre aux besoins croissants en matière de communication et de technologie, et ce, sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones les plus reculées.
Bien qu’aucune information officielle n’ait été communiquée par le ministère des PT-NTIC concernant l’objectif précis de la visite chez Thales Alenia Space, cette démarche semble suggérer des pistes de réponses à certaines préoccupations liées à la surveillance du territoire, soulevées par la RDC dans le passé. En 2022, le gouvernement congolais avait exprimé son intention d’acquérir un satellite d’observation de la Terre, financé sur fonds propres, d’une valeur estimée à 100 millions de dollars. Un appel d’offres avait d’ailleurs été lancé à cet effet en novembre par le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique.
Que ce soit pour les télécommunications ou l’observation de la Terre, le satellite s’impose comme une technologie de grandes valeurs. Pour la RDC, confrontée à des défis sécuritaires et économiques, il pourrait constituer un atout majeur dans plusieurs domaines. Il permettrait notamment de renforcer la sécurisation des frontières et des localités face aux groupes rebelles, d’identifier les zones touchées par des catastrophes naturelles, de lutter contre les activités minières illégales et d’évaluer l’état des infrastructures stratégiques du pays.
Samira Njoya, We Are Tech
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Ce 13 novembre 2024, à l’ouverture de la dixième édition du forum d’affaires international Makutano, le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a mis en avant le rôle essentiel de cet événement, devenu au fil des années une véritable « vitrine du soft power congolais » et un lieu privilégié d’échanges et de partenariats pour l’Afrique.
Félix Tshisekedi a exprimé son admiration pour l’évolution du forum, qui ne se limite plus à une simple rencontre économique, mais s’affirme comme un moteur de dynamisme et de transformation pour le Congo et pour l’Afrique. En saluant Nicole Sulu, fondatrice du réseau Makutano, le président a reconnu son engagement sans faille, qui a permis à ce forum de devenir un espace stratégique pour promouvoir les talents africains, les petites et moyennes entreprises, et favoriser des alliances entre divers acteurs économiques et institutionnels.
Cette édition anniversaire, placée sous le thème « Un New Deal pour une RDC et une Afrique fortes et prospères : des actions concrètes pour transformer le continent », est pour le président Tshisekedi une opportunité de concrétiser des engagements clés pour un développement durable et inclusif en RDC. Dans ce cadre, il appelle à une « transformation profonde » du pays, où l’innovation, l’inclusivité et la transparence se retrouvent au cœur de son projet pour une « RDC forte et unie au sein d’une Afrique prospère ».
Le président Tshisekedi a profité de l’audience qui lui était donnée pour rappeler les six engagements pris lors de son investiture pour un second mandat en janvier 2024 : la création d’emplois, la protection du pouvoir d’achat, la sécurité du territoire, la diversification économique, l’accès aux soins de santé et l’efficacité des services publics. Ce sont, selon lui, des conditions nécessaires pour une RDC stable et compétitive, capable de transformer ses ressources en leviers de développement.
Pour concrétiser ce projet, Félix Tshisekedi a détaillé plusieurs piliers essentiels : la restauration de la paix, notamment à l’est du pays, l’inclusivité économique, l’innovation technologique, la gouvernance transparente et le renforcement du capital humain. Chacun de ces piliers est indispensable pour attirer les investissements et bâtir une croissance durable et équitable.
La RDC, avec ses ressources naturelles, son potentiel agricole, sa population jeune et sa position géographique stratégique, est un acteur clé pour l’Afrique, selon le président Tshisekedi. Mais pour tirer parti de ces atouts, il reconnaît la nécessité de réformer l’administration, de stabiliser les régions affectées par des conflits et de moderniser les infrastructures. Le chef de l’État considère ce « nouveau pacte » comme une feuille de route pour une RDC et une Afrique prêtes à relever les défis du XXIe siècle.
En se tournant vers l’avenir, Tshisekedi espère que les succès de Makutano serviront de modèle pour d’autres nations africaines, en mettant l’accent sur la collaboration entre le secteur public et privé, l’innovation et l’inclusivité. « Ensemble, soyons les bâtisseurs d’un avenir prospère pour nos enfants et pour les générations à venir », a-t-il conclu.
GAB
La Révérende Sœur Rita Mboshu-Kongo, originaire de la République Démocratique du Congo (RDC) et membre de la Congrégation des Filles de Marie Corédemptrice, a reçu le 31 octobre 2024 le prix d’excellence lors de la IXᵉ édition du « Standout Woman Award 2024 » à Rome. Cette distinction salue son engagement remarquable pour l’éducation et la formation professionnelle des femmes et des jeunes filles en RDC.
Sœur Rita est fondatrice et présidente de la Fondation « Pape François pour l’Afrique » (FOPAFA), une organisation engagée dans l’autonomisation des femmes et des jeunes grâce à l’éducation et la formation professionnelle. Basée à Kinshasa, la fondation concentre ses efforts dans les quartiers défavorisés où les niveaux de pauvreté et d’analphabétisme sont élevés.
L’une des initiatives phares de la FOPAFA, le projet « Focolare della Carità : Fraternità Laudato Si' », propose des formations en couture, pâtisserie, esthétique et autres compétences pratiques à de jeunes mères célibataires et à des filles en situation de vulnérabilité. Ce programme vise à leur donner les moyens d’acquérir une autonomie financière et d’améliorer leurs conditions de vie.
La reconnaissance internationale accordée à Sœur Rita met en lumière l’impact crucial de son action en faveur de l’éducation des filles et de la formation professionnelle des femmes en Afrique. Son engagement constitue une réponse concrète aux défis socio-économiques auxquels sont confrontées de nombreuses femmes en RDC, leur ouvrant des perspectives de développement personnel et professionnel.
Lors de la réception du « Standout Woman Award 2024 », Sœur Rita a exprimé sa profonde gratitude et a lancé un appel aux personnes de bonne volonté pour soutenir les initiatives de la FOPAFA. Elle a souligné que la collaboration est essentielle au succès des projets qui visent à transformer la vie des femmes et des jeunes filles en Afrique.
Cette distinction met en lumière le rôle décisif de l’éducation et de la formation professionnelle dans l’autonomisation des femmes en République démocratique du Congo, où 49 % de la population a moins de 14 ans. Alors que le pays devra bientôt répondre aux besoins croissants d’emploi de cette jeunesse, cette reconnaissance sert aussi d’exemple inspirant pour encourager d’autres initiatives similaires à travers le territoire.
Georges Auréole Bamba
En visite le 28 octobre 2024 à Gbadolite, dans le Nord-Ubangi, le ministre du Développement rural, Muhindo Nzangi Butondo, a une nouvelle fois abordé le projet de construction et de réhabilitation de 11 000 kilomètres de voies de desserte agricole en République démocratique du Congo (RDC). Ce programme, qui prévoit des routes terrestres et des voies navigables, vise à renforcer l’interconnexion entre les routes nationales et les axes desservant les zones agricoles, pour améliorer l’accès aux marchés ruraux et stimuler le développement local.
Le ministre a indiqué que des projets de balisage des voies navigables et de réhabilitation des routes de desserte ont déjà bénéficié de financements gouvernementaux. Muhindo Nzangi Butondo a également mis en avant la collaboration avec la Régie des voies fluviales (RVF) et l’Office des voies de desserte agricole (OVDA) dans la réalisation de ces travaux, afin de tirer parti des voies navigables dans les zones rurales à fort potentiel. Créé en 2020, l’OVDA est spécifiquement mandaté pour assurer la connexion des zones de production par les voies fluviales et les routes de troisième et quatrième catégories.
Ces déclarations ont été faites dans le cadre d’une tournée qui a conduit le ministre dans plusieurs localités du nord du pays. Objectif : « évaluer les priorités locales avec l’aide des responsables provinciaux et établir un plan de développement des infrastructures de desserte agricole. »
Pour l’instant, aucune information n’a été communiquée concernant le coût ou le calendrier du projet de construction et de réhabilitation de 11 000 kilomètres de voies de desserte agricole. Cependant, cet engagement a été pris dans le cadre de l’exercice budgétaire en cours. « Mon ministère s’est engagé dans sa prévision de cette année à construire et réhabiliter 11 000 km de routes de desserte agricole répartis sur l’ensemble du territoire national (26 provinces) », avait déjà déclaré Muhindo Nzangi à Binga-Mopepe, dans le territoire de Lisala, province de la Mongala, sans fournir de précisions sur l’état d’avancement du projet.
Un précédent projet de désenclavement de zones de production agricole fournit une indication sur les bénéfices potentiels pour les producteurs. D’après un retour d’expérience de la Banque africaine de développement, qui avait financé ce projet, l’amélioration des voies de desserte agricole permet de réduire par quatre le temps et le coût des trajets nécessaires à la commercialisation des produits. Des effets positifs additionnels ont également été constatés, notamment un accès plus rapide aux soins de santé et à des points d’eau potable.
Le potentiel agricole de la RDC reste encore largement inexploité, faute de voies d’évacuation et d’infrastructures de conservation adaptées. Avec le soutien des bailleurs de fonds, le pays s’efforce de renforcer la place de l’agriculture dans sa stratégie de développement économique. Pour le lancement de la campagne agricole 2024/2025, le gouvernement a distribué aux provinces cinq millions de semences, des tracteurs, des pesticides, des équipements de protection, des fertilisants, des boutures de manioc, ainsi que des motos et des vélos. Cette dynamique ouvre de nouvelles perspectives pour le secteur logistique, particulièrement en matière de transport et d’évacuation des produits agricoles.
Georges Auréole Bamba
Le directeur général de la Régie de distribution d’eau (Regideso), David Tshilumba, a annoncé le 27 octobre 2024 que Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, sera l’une des premières villes à bénéficier du programme de déploiement de 100 000 compteurs intelligents à travers le pays. Cette initiative s’inscrit dans une politique de modernisation des services de la Regideso, visant à améliorer l’efficacité de la gestion de l’eau en République démocratique du Congo.
« Aujourd’hui nous avons embrassé les compteurs intelligents. Nous avons une première commande de 100 000 pièces. Certains seront en prépayé et d’autres en post-paid. La ville de Goma sera parmi les premiers bénéficiaires de ce lot », a-t-il déclaré. La phase pilote de ce projet, déjà réalisée à Kinshasa et à Mbuji-Mayi, a été conclue sur une note positive.
Le responsable assure que les nouveaux compteurs, dont la date de distribution n’a pas été dévoilée, permettront de suivre la consommation d’eau en temps réel, de détecter rapidement les fuites et d’améliorer la précision de la facturation. Cette avancée technologique marquera un tournant décisif pour la Regideso et les consommateurs, qui pourront ainsi retracer efficacement leur consommation. Cela permettra aussi d’optimiser la distribution de l’eau tout en garantissant une plus grande transparence et équité dans la facturation.
Dans cette optique de digitalisation de ses activités, la société a lancé l’année dernière le paiement en ligne des factures d’eau via la solution numérique Regipaye.
Dans la même veine que la Regideso, le ministre des Ressources hydrauliques, Teddy Lwamba, a lancé, fin août 2024, un projet destiné à lutter contre les captages illicites d’eau à travers une solution numérique. Ce problème compromet la distribution équitable de cette ressource essentielle. Le projet vise à « renforcer le contrôle et la réglementation, assurant ainsi que chaque citoyen ait accès à une eau potable de qualité », a déclaré le ministre.
Olivier de Souza
Le 17 octobre 2024, lors de l’ouverture du Forum Rebranding Africa à Bruxelles, Albert Zeufack, représentant de la Banque mondiale en République Démocratique du Congo (RDC), a souligné les atouts économiques du pays et a plaidé pour des investissements massifs afin d’accompagner sa transformation.
Albert Zeufack a mis en avant le potentiel inexploité de la RDC dans divers secteurs, soulignant que le pays dispose de vastes terres arables et de ressources minières stratégiques. Cependant, il a noté que la croissance économique repose encore trop sur le secteur minier. Selon lui, l’agriculture et d’autres secteurs non extractifs pourraient jouer un rôle crucial dans la diversification économique. « Cette économie peut être diversifiée en ajoutant de la valeur au secteur minier et en développant l’agroalimentaire », a-t-il déclaré, rappelant que le développement de l’agriculture est l’une des priorités de la Banque mondiale en RDC.
Pour l’économiste camerounais, l’accès à l’énergie est un élément essentiel à la transformation du potentiel économique de la RDC. Il a rappelé que l’un des principaux axes d’investissement de la Banque mondiale concerne le secteur énergétique, avec le projet Inga en tête. « L’accès à l’énergie est la clé pour diversifier l’économie et améliorer les conditions de vie », a-t-il insisté, soulignant que les infrastructures énergétiques sont cruciales pour attirer les investissements et favoriser le développement d’industries locales.
Avec des prévisions de croissance pour 2024 s’élevant à plus de 5 %, dont supérieure à la moyenne africaine, Zeufack a souligné que la RDC demeure un terreau prometteur pour les investissements. Cependant, il a également insisté sur la nécessité d’accompagner ces investissements d’une stratégie claire de diversification économique.
L’économiste camerounais a conclu son intervention en exhortant les investisseurs à ne pas manquer les opportunités offertes par la RDC, en soulignant que la Banque mondiale soutient activement les réformes économiques en cours. « Si nous avons triplé notre portefeuille en RDC, c’est parce que nous percevons une réelle volonté de transformation au sein du gouvernement », a-t-il déclaré.
Le portefeuille d’investissements de la Banque mondiale en RDC s’élève actuellement à 7,3 milliards de dollars, avec la possibilité d’atteindre 9,5 milliards si les processus en cours aboutissent. Cela inclut un milliard pour l’appui budgétaire et un milliard pour le projet Inga.
Georges Auréole Bamba à Bruxelles
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L’agripreneure Joana Wani, fondatrice et directrice générale de la société Épices du Kivu, a débuté sa première journée de formation à l’université de Harvard, aux côtés de neuf autres entrepreneures de la République Démocratique du Congo (RDC). Ce programme, intitulé Academy for Women Entrepreneurs (AWE), vise à renforcer les compétences des femmes dirigeantes d’entreprises dans le cadre de la coopération entre les États-Unis et les pays en développement.
« Nos brillantes femmes entrepreneures sont arrivées à Harvard pour apprendre à mieux gérer leurs entreprises ! Nous sommes fiers de leurs accomplissements et comptons sur elles pour inspirer d’autres femmes et renforcer le réseau des entreprises féminines en RDC », a tweeté l’ambassade des États-Unis en RDC.
DAY 1 À HARVARD
— U.S.Embassy Kinshasa (@USEmbKinshasa) October 15, 2024
🌟 Nos brillantes femmes entrepreneurs sont arrivées à l’université de Harvard aux 🇺🇸 pour apprendre à mieux gérer leurs entreprises ! Nous sommes fiers de leurs accomplissements jusqu’ici et comptons sur elles pour motiver d’autres femmes entrepreneurs et… pic.twitter.com/VMJCZpvRow
« Je suis très reconnaissante de cette opportunité et de cette plateforme pour apprendre des meilleurs. C’est un rêve devenu réalité », a déclaré Joana Wani après l’annonce de sa sélection en septembre 2024.
Ce séjour aux États-Unis marque l’aboutissement d’un processus entamé avec l’opportunité offerte à cent entrepreneures de cinq villes de la RDC de bénéficier de formations, de mentorat et de mises en relation. Au cours de cette première phase du programme AWE en RDC, Joana Wani a pu renforcer ses compétences en affaires, marketing, finance et gestion des opérations. Elle a également pris part à des sessions de réseautage avec d’autres femmes partageant les mêmes aspirations, afin d’échanger sur les meilleures pratiques. Elle fait partie des dix entrepreneures sélectionnées pour participer à cette phase finale de développement professionnel.
Avant le programme AWE, Joana Wani a également été sélectionnée pour le programme Orange Corners, mis en œuvre par la coopération néerlandaise et la société Bralima, filiale du groupe Heineken. Âgée de 32 ans, elle est diplômée en génie industriel et titulaire d’un master en gestion d’entreprise, avec quatre années d’expérience dans l’industrie agroalimentaire et la gestion de projets.
En 2020, elle a fondé son entreprise spécialisée dans la culture et le conditionnement d’épices locales telles que le piment, l’ail, le gingembre, le romarin et la citronnelle. Ces produits sont conditionnés selon les normes internationales, ce qui permet de prolonger leur durée de conservation tout en réduisant la dépendance aux épices importées en RDC. Avec trois hectares de terres à Walungu, dans le Sud-Kivu, et une unité de transformation à Bukavu, Joana Wani exporte désormais ses épices vers l’Asie, l’Amérique latine et l’Europe.
L’agripreneure incarne cette nouvelle génération de Congolais en quête d’alternatives durables aux industries minières, telles que l’or, le cobalt, le cuivre et le lithium, des secteurs qui attirent des millions de dollars d’investissements, mais mobilisent aussi une jeunesse désireuse de gains rapides. En RDC, les épices sont considérées comme de « l’or végétal » par ceux qui savent les exploiter. Avec ses vastes terres agricoles inexploitées et sa position géographique stratégique, le pays offre des opportunités uniques de développement dans ce secteur.
Georges Auréole Bamba
Le temps presse pour Norbert Sengemali Lukukwa, nommé directeur général par intérim de Congo Airways le 5 octobre 2024. En effet, il ne reste qu’une soixantaine de jours sur les 90 accordés par l’Association du transport aérien international (IATA) et l’Autorité congolaise de l’aviation à la compagnie aérienne nationale. Ce moratoire vise à permettre à Congo Airways de résoudre les « problèmes en suspens » afin d’éviter la perte de son agrément IATA ainsi que de son certificat de transporteur aérien (CTA).
La conservation de cet agrément et de ce certificat est le premier défi majeur pour relancer Congo Airways, tel qu’assigné au directeur général par intérim. Lors du conseil des ministres du 20 septembre, le vice-Premier ministre et ministre des Transports, des Voies de communication et du Désenclavement, Jean-Pierre Bemba, a souligné que ce moratoire devait permettre à la compagnie de mettre en service l’un de ses aéronefs et de finaliser les démarches en cours pour l’acquisition de nouveaux avions. Ce processus est essentiel pour relancer les activités de Congo Airways en arrêt depuis juillet dernier.
Face à l’urgence de la situation, Sengemali Lukukwa devra adopter une approche rapide et efficace. Il pourrait notamment s’appuyer sur sa longue expérience au sein de l’entreprise, son arrivée dans la compagnie remontant à l’époque où elle s’appelait Air Zaïre. Son ancienneté pourrait également être un atout pour réduire les dettes, atteindre un équilibre financier, régler les conflits entre les organes de gestion interne et améliorer la gouvernance, qui constituent également des priorités.
En effet, Norbert Sengemali Lukukwa a été nommé directeur général par intérim après la suspension, le 4 octobre, de José Lueya Dubier, directeur général de Congo Airways, et de son adjointe, Marie Pontshi Lobo. Selon les services de communication du ministère du Portefeuille, cette décision fait suite à une mission d’audit initiée au sein de la société, qui aurait révélé des insuffisances dans sa gestion.
Pour le gouvernement, la relance de Congo Airways est cruciale en raison de son rôle clé dans le transport à destination et en provenance de l’intérieur de la République démocratique du Congo. Avant que la pandémie de Covid-19 ne l’affaiblisse davantage, alors qu’elle faisait déjà face à des difficultés financières, la compagnie transportait près de 400 000 passagers par an, selon les statistiques de 2018.
Pierre Mukoko
La Première ministre Judith Suminwa a récemment fixé un délai de deux semaines aux autorités compétentes pour présenter des propositions concrètes visant à résoudre les défis qui maintiennent le franc congolais (CDF) à un niveau historiquement bas. Elle a souligné que cette situation est en grande partie attribuable à la spéculation, un phénomène qu’elle considère comme un facteur majeur qui « sape les efforts budgétaires et monétaires » du gouvernement.
La Première ministre a mis en exergue l’importance de combattre la spéculation, qu’elle estime être alimentée par « certains bureaux de change en collusion avec certaines banques ». Selon elle, ces pratiques aggravent la dépréciation du franc congolais. Les chiffres récents fournis par la Banque centrale du Congo révèlent une perte de 479 % de la valeur du franc congolais entre juillet 2005 et juillet 2024.
Jusqu’à récemment, cette dévaluation était en partie attribuée aux faibles réserves de change du pays, qui ne couvraient guère plus d’un mois d’importations. En outre, les crises internationales, qu’elles soient économiques ou politiques, ont provoqué des chocs ayant renforcé la valeur du dollar américain. Ce renforcement a accentué la dépréciation des monnaies qui en dépendent, comme le franc congolais.
Les propositions demandées par Judith Suminwa seront scrutées, en particulier celles liées aux bureaux de change. Il faut néanmoins dire que ces bureaux ont un impact limité sur le marché des devises, avec des volumes de transactions relativement modestes. Entre janvier et juillet 2024, les bureaux de change n’ont réalisé que 2,16 millions de dollars de ventes, contre 4,68 milliards de dollars pour les banques, qui dominent largement ce marché.
En effet, les banques représentent près de 90 % des volumes totaux des transactions, qu’il s’agisse d’achats ou de ventes de dollars américains. Cette domination s’explique par leurs importantes réserves en devises. Par ailleurs, le marché des changes est largement orienté vers les opérations d’achat de dollars, ce qui accentue la demande et exerce une pression à la baisse sur la valeur du CDF. Même dans l’économie informelle, les taux de change appliqués par les cambistes de rue restent très proches de ceux publiés par la Banque centrale.
Au début de l’année 2023, plusieurs facteurs ont entraîné une forte spéculation, provoquant une dépréciation significative du franc congolais. Cependant, depuis la fin du premier semestre, cette monnaie a montré des signes de résistance, malgré les incertitudes liées aux décisions de la Réserve fédérale américaine (Fed) sur le dollar. Cette accalmie s’est confirmée, et en 2024, le CDF affiche une résilience remarquable, surtout lorsqu’il est comparé à d’autres monnaies africaines.
Georges Auréole Bamba
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Le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique de la République démocratique du Congo (RDC), Augustin Kibassa Maliba, prospecte aux États-Unis pour le secteur numérique national. Présent à New York du 20 au 27 septembre, il profitera de sa participation à la 79e Assemblée générale des Nations unies pour échanger au bureau de Google à Manhattan avec plusieurs partenaires gouvernementaux et des organisations internationales sur des solutions innovantes pour la coopération numérique.
Le ministère des Postes, Télécommunications et Numérique renseigne qu’il sera aussi question de présenter les opportunités d’investissement qu’offre la RDC dans le numérique. Augustin Kibassa Maliba participera aussi à la rencontre bilatérale entre le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi et celui de la Pologne, Andrzej Duda, au consulat polonais à New York.
La RDC a fait du numérique une composante de sa stratégie de diversification économique. Ce secteur est perçu comme un levier de croissance essentiel pour l’avenir du pays. Améliorer la connectivité à haut débit à travers le territoire pour renforcer l’inclusion numérique des populations ; transformer les services publics ; ouvrir le marché aux investisseurs internationaux porteurs de produits et services numériques à forte valeur ajoutée, sont des éléments essentiels pour l’atteinte de cette diversification économique.
Le voyage de prospection du ministre des Postes, Télécommunications et Numérique aux États-Unis intervient près de deux semaines après celui de Chine où il a présenté et vanté à de potentiels investisseurs locaux les besoins et les opportunités d’affaires du secteur numérique congolais.
Dans le plan national numérique, le président de la République exprime le désir de « faire du numérique un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social ». La RDC a besoin d’expertise et de financements pour y parvenir. Les discussions et les potentiels accords obtenus à New York pourraient contribuer à cela.
Muriel Edjo
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Le président Félix Tshisekedi est arrivé le 22 septembre 2024 à New York, aux États-Unis, pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies aux côtés d’autres dirigeants mondiaux. Dans un communiqué de la présidence, il est précisé que la République Démocratique du Congo attend avec impatience son élection au Conseil des droits de l’homme, prévue pour le 9 octobre prochain. De plus, le pays est candidat à l’un des deux sièges réservés à l’Afrique en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité.
Le président congolais devrait également profiter de cette occasion pour aborder la situation sécuritaire à la frontière est de la RDC, une région gravement affectée par des conflits. Au-delà des pertes humaines, cette insécurité a un impact direct sur la capacité du pays à mobiliser des ressources pour investir dans les infrastructures de développement. Des discussions avec des acteurs internationaux concernant l’organisation du sommet de l’AGOA, principal outil des États-Unis pour renforcer le commerce avec l’Afrique, pourraient également se tenir en marge de l’Assemblée générale.
Sur le plan économique, la RDC joue un rôle clé dans la lutte contre les changements climatiques grâce à ses récentes découvertes de cuivre et de cobalt, deux minerais essentiels à l’économie électrique mondiale. Cependant, le projet de longue date du barrage Inga 3 reste en quête de financements. En juillet 2024, plusieurs banques de développement ont manifesté leur intérêt pour ce projet, mais aucune information concrète n’a encore été communiquée. L’obtention de fonds pour ce projet crucial demeure donc incertaine.
Avant les interventions des chefs d’État, la RDC a déjà fait entendre sa voix à travers la ministre de l’Environnement, Ève Bazaiba. Dans son discours, elle a plaidé pour une réforme de l’architecture financière mondiale afin que des pays comme la RDC aient un accès plus facile aux financements nécessaires à leur développement durable. Elle a également souligné l’importance du bassin forestier congolais, qui joue un rôle crucial dans la capture du carbone à l’échelle mondiale, appelant à une meilleure valorisation des efforts du pays pour préserver cet écosystème vital.
Nations-Unies/Sommet de l’avenir: Mon intervention au nom de la #RDC au Dialogue interactif sur le thème: « Transformer la gouvernance mondiale et accélérer la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030 ». pic.twitter.com/z2lD6Z9JBv
— Eve Bazaiba (@Evebazaiba) September 22, 2024
Cette 79e Assemblée générale des Nations unies se déroule dans un contexte où les discussions sur la réforme du Conseil de sécurité progressent, une réforme longtemps réclamée par les pays africains. Un point central de l’ordre du jour sera l’adoption des termes de référence pour la mise en place d’un cadre de négociations fiscales internationales, une initiative fortement soutenue par le groupe africain, avec un appui affirmé de la RDC.
Georges Auréoles Bamba
Lors d’une visite le 17 septembre 2024 à Lufu, une localité de la province du Kongo Central réputée depuis des décennies pour son rôle clé dans le commerce des biens et services dans l’ouest de la République Démocratique du Congo, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a promis de lutter contre certaines pratiques commerciales aux frontières. Selon lui, ces pratiques font perdre au pays 5 milliards de dollars par an.
Dans sa communication, le ministre n’a pas précisé la nature exacte des pertes évoquées. On ignore s’il s’agit de pertes fiscales, douanières, ou simplement de ressources en devises ou en épargne qui auraient pu être utilisées pour le développement de la RDC. Quoi qu’il en soit, la somme annoncée dépasse les recettes du secteur minier, selon les rapports de l’ITIE, et représente près du tiers du budget de l’année 2024.
Julien Paluku a énuméré les pratiques incriminées : « Il s’agit, entre autres, des transbordements de marchandises avec changement de destination, du fractionnement des marchandises en transit dans les pays voisins, de la minoration des valeurs et de la dénaturation des marchandises ». Selon lui, ces pratiques sont facilitées par des complicités « internes avérées », notamment celles qui évitent l’utilisation de la fiche électronique des renseignements à l’importation. Il a également pointé du doigt « certaines administrations douanières des pays voisins ».
Néanmoins, dans un pays qui continue d’améliorer son processus d’identification administrative des personnes, il demeure difficile de constituer un fichier complet des acteurs et de les gérer efficacement. Dans l’immédiat, le ministre Julien Paluku a annoncé la construction d’un laboratoire de contrôle pour certifier les produits entrant en RDC, notamment en provenance de l’Angola.
Kongo Central 17 septembre 2024.
— JULIEN PALUKU (@julienpalukucom) September 17, 2024
A #LUFU, frontière avec L'#ANGOLA, j'ai été on ne peut plus claire sur les pratiques qui nous font perdre 5 milliards USD chaque année en complicité avec certaines administrations douanières des pays voisins à la #RDC.
Il s'agit entre autres des… pic.twitter.com/FjUUoKn9yd
Julien Paluku connaît bien Lufu, dont il a été l’administrateur pendant cinq ans (de 1998 à 2003). Devenue, au fil du temps, un véritable supermarché géant, cette localité a gagné en importance pour plusieurs raisons. Située à proximité de l’Angola, elle permet, dans une certaine mesure, d’approvisionner la partie nord-ouest du pays en divers biens de consommation.
Cependant, avec la baisse de performance annuelle du port de Matadi, l’approvisionnement par ce point est devenu plus coûteux et complexe. Il est désormais plus rapide de s’approvisionner à partir du port de Luanda, en Angola, situé à environ 576 kilomètres par route. La qualité de la route permet une arrivée à Kinshasa plus rapide pour des coûts plus faibles.
Les défis de Lufu et de son marché sont bien connus. Cependant, d’un point de vue commercial, cette localité incarne parfaitement la recherche de rendements maximaux. Un exemple symbolique des risques que les produits vendus sur ce marché représentent pour la RDC est celui du ciment. Celui acheté à Lufu est plus compétitif que la production locale. Dans un pays où le PIB par habitant, bien qu’ayant doublé ces dernières années, ne s’élève qu’à 680 dollars par an, un écart de deux dollars sur un matériau de construction peut faire une réelle différence.
Georges Auréole Bamba
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