Le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likonde, a dirigé le 4 septembre 2024 une séance de travail visant à réformer le processus de création d’entreprises en RDC, dans le but de respecter le délai de trois jours. Il en est ressorti que le plan de ce haut fonctionnaire, entré au gouvernement le 29 mai 2024 après une longue carrière au ministère des Finances, repose sur deux axes principaux : renforcer les moyens du Guichet unique de création d’entreprise (Guce) et centraliser toutes les procédures d’attribution du numéro d’identification fiscale (Nif), indispensable pour exercer légalement en RDC.
Pour renforcer les moyens du Guce, il est prévu d’accorder des subventions à cette structure. Cependant, le montant de ces appuis n’a pas encore été dévoilé. Selon le ministère des Finances, cette subvention est d’autant plus nécessaire que le Guce sera désormais chargé de centraliser toutes les procédures d’attribution du numéro d’identification fiscale, délivré par la Direction générale des impôts, afin de faciliter son obtention.
Cette initiative s’inscrit dans les efforts visant à améliorer le climat des affaires en RDC. Grâce à cette mesure, Kinshasa souhaite simplifier davantage les démarches administratives pour les entrepreneurs. À terme, la réussite de cette réforme devrait soutenir le développement économique du pays en facilitant la création d’entreprises et en renforçant la confiance des investisseurs en RDC.
Le code Ohada, qui régit la création d’entreprises en RDC, fixe à trois jours maximum le délai de création d’une entreprise. Cependant, ce délai est souvent dépassé, en raison de lourdeurs administratives et de divers obstacles, telles que les problèmes récurrents dans l’attribution du numéro d’identification fiscale (NIF). Les procédures d’obtention du NIF, jusqu’ici fragmentées, ont entravé la mission du Guce, qui vise à centraliser et simplifier ces démarches.
OS
Le ministre des Postes, Télécommunications et du Numérique, Augustin Kibassa Maliba, a présenté les opportunités d’investissement dans le secteur numérique en République Démocratique du Congo à des investisseurs chinois. Il s’est exprimé le lundi 2 septembre 2024, lors du forum économique RDC-Chine qui s’est tenu à Beijing, en prélude au 9e Forum de coopération Chine-Afrique (Focac), organisé dans la capitale chinoise du 4 au 6 septembre.
Le ministre a identifié six projets numériques clés, considérés comme des catalyseurs du développement national, dans lesquels les investisseurs chinois pourraient soutenir l’État. Il s’agit de l’extension du réseau national de fibre optique à 50 000 km ; la construction d’un centre d’excellence ; l’extension de la couverture 3G et 4G dans les zones rurales (8 406 villages) ; la construction de centres de données nationaux ; le déploiement d’une infrastructure satellitaire ; et la création de télécentres communautaires à travers le pays.
Une fois mis en œuvre, ces différents projets auront la capacité de faciliter l’accès d’une plus grande partie de la population à des services Internet et numérique de qualité, d’accélérer la digitalisation de l’administration publique, gage de bonne gouvernance, de promouvoir la formation des jeunes aux compétences numériques, sources d’emplois, et d’encourager l’innovation numérique, créatrice de richesses.
Depuis 2019, le gouvernement de la RDC a entrepris des réformes visant à renforcer l’attractivité de son marché des télécommunications et du numérique. En 2020, le pays a adopté une nouvelle loi sur les télécommunications et les technologies de l’information et de la communication, remplaçant ainsi la loi-cadre n° 013/2002 du 16 octobre 2002, qui était principalement axée sur les télécoms. La loi relative à la promotion de l’entrepreneuriat et des startups a suivi en 2022. En mars 2023, le Code du numérique, définissant les projets stratégiques pour favoriser l’émergence de l’économie numérique, a été adopté.
Avec près de 100 millions d’habitants, la RDC affiche aujourd’hui un taux de pénétration d’Internet avoisinant les 40 %. Le dernier rapport du régulateur télécom montre que l’intérêt des Congolais pour les solutions numériques est en forte croissance, comme en témoigne l’augmentation de la consommation d’Internet mobile, qui est en passe de dépasser l’usage de la voix. Cependant, le faible niveau de préparation numérique du pays, classé 132e sur 134 selon le Network Readiness Index 2023, met en évidence les défis persistants en matière d’infrastructures stratégiques.
Pour inciter les investisseurs chinois à considérer la RDC comme un marché numérique riche en opportunités, le ministre a présenté certaines politiques mises en place par le gouvernement. Parmi celles-ci figurent des avantages fiscaux attractifs ainsi qu’une approche de partenariat public-privé (PPP).
Muriel Edjo
Lire aussi :
Avec un nouveau centre de données, la RDC se positionne davantage comme un hub technologique
Le ministre d’État, en charge de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire en République démocratique du Congo, a récemment visité Mbuji-Mayi, la principale ville du Kasaï oriental, connu comme la capitale du diamant. Son objectif : discuter de la diversification de l’économie locale en exploitant le potentiel agricole d’une région où l’exploitation des pierres précieuses domine, souvent au détriment de la sécurité alimentaire.
Lors de cette visite, M. Mutshail Mutomb a rencontré son homologue provincial pour identifier les zones de production agricole et affiner les plans de la prochaine campagne. Il a mis en avant la culture du soja comme une solution contre la malnutrition. Au forum sino-congolais sur les mines, il a lancé un appel aux participants, insistant sur la nécessité d’investir dans l’agriculture pour répondre à la pénurie de maïs.
« À tous ceux qui ont de l’argent en banque, sachez que mon ministère est prêt à vous accompagner pour reconstruire le Kasaï dans le domaine de l’agriculture », a déclaré le ministre. Il a ajouté : « Mon ministère, sous la direction du président Félix Antoine Tshisekedi, est là pour faciliter les opportunités d’investissement dans l’agriculture et la sécurité alimentaire ».
La sécurité alimentaire dans le Kasaï, et en RDC en général, reste un défi majeur pour les gouvernements successifs. Avant l’indépendance, le pays était un grand producteur agricole, notamment d’huile et de manioc. Aujourd’hui, bien que la RDC possède 80 millions d’hectares de terres arables et 4 millions d’hectares de terres irrigables, seulement 10 % de ces terres sont exploitées. Lors d’une récente intervention télévisée, le ministre de l’Économie a mentionné que pour le maïs, l’aliment de base le plus consommé dans le pays, il y a un déficit de 10 millions de tonnes. Outre le manque de capacités de production, il y a aussi un faible investissement dans les solutions de stockage, ce qui rend le pays dépendant du maïs importé.
Comme défis, le ministre Mutshail Mutomb évoque les fortes pluies et les perturbations dans l’approvisionnement en engrais. Ce dernier veut donc attirer des investisseurs pour relever ces défis. Un projet est d’ailleurs en maturation avec une entreprise de négoce, basée en Suisse. Elle souhaite s’associer à des acteurs de la chaîne de valeur agricole, notamment pour les équipements de transformation et de conservation, afin de créer des filières de production agricole solides.
Georges Auréole Bamba
Depuis quelques semaines, le mpox, anciennement appelé variole du singe, se propage en République démocratique du Congo. Dans le pays, le dernier bilan communiqué, le 23 août 2024, par le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Africa) fait état de 17 342 cas suspects, 3 167 cas confirmés en laboratoire par l’Institut national de santé publique, et 582 décès.
Pour mener la riposte contre cette maladie, le ministre de la Santé, Hygiène et Prévoyance sociale a présenté, lors d’une conférence de presse le 19 août dernier, un plan de 49 millions de dollars. Selon Samuel Roger Kamba, cet argent servira à la sensibilisation, au déploiement des équipes, et à la prise en charge des malades. Ce plan ne prévoit donc pas la vaccination pourtant présentée comme une « mesure phare » de lutte contre cette épidémie.
« Nous avons besoin d’à peu près 3,5 millions de doses, mais ces vaccins sont très chers. 3 millions de doses de vaccins, c’est 600 millions de dollars américains », a indiqué le membre du gouvernement. Pour couvrir les besoins du pays en vaccin, il faut donc débourser 700 millions de dollars, soit un peu plus de 4 % du budget du pays.
Face au coût élevé des vaccins, Samuel Roger Kamba devra donc s’appuyer sur sa longue expérience pour mobiliser l’aide de la communauté internationale. « Je peux vous rassurer que grâce à la Belgique, on va avoir 215 000 doses, ce n’est même pas le dixième. Grâce au Japon, on devrait avoir 3 millions de doses et les États-Unis sont en train de se tâter pour dire combien on envoie parce qu’ils ont eux-mêmes besoin de ces vaccins », a indiqué le ministre le 19 août. Finalement, les États-Unis ont annoncé, le lendemain, une aide de 35 millions $ pour soutenir la RDC dans sa lutte contre le mpox. Les premiers vaccins promis devraient arriver cette semaine.
Ministre de la Santé depuis mars 2023, Samuel Roger Kamba est un médecin congolais cumulant 30 ans de carrière. Avant d’être nommé ministre, il était conseiller du président de la République en matière de Couverture santé universelle (CSU). En 2020, il a été coordonnateur de la Task force présidentielle de la riposte contre la Covid-19.
Servan Ahougnon
En République Démocratique du Congo (RDC), la problématique de la contrebande des produits pétroliers en provenance de certains pays voisins inquiète de plus en plus les autorités. Les réseaux de contrebande agissent notamment dans le frelatage des produits, le mélange, les fausses déclarations sur la quantité, l’origine des produits et les réexportations.
Mardi dernier, le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, a déclaré que « la contrebande fait perdre au Trésor plusieurs centaines de millions de dollars par an, privant la République des moyens substantiels dont elle a grandement besoin, ce qui est inacceptable ».
Pour y faire face, Sakombi Molendo a lancé une campagne de marquage moléculaire des produits pétroliers dans le Haut Katanga, sur les routes de l’approvisionnement du sud-est du pays. L’objectif est de « lutter efficacement contre le commerce illicite, organisé par des cartels quasi institués », a-t-il expliqué, avant d’indiquer que le contrôle s’accentuera particulièrement sur l’industrie minière. Cette dernière représente plus de 80 % de la demande en carburant et ses acteurs représentent les plus grands consommateurs des produits pétroliers importés illégalement dans le pays. D’ailleurs, la contrebande engendre aussi un manque à gagner pour les distributeurs, confrontés à une concurrence déloyale.
Techniquement, le marquage moléculaire des produits pétroliers se traduira en amont par la soumission du carburant à un test rapide via un spectrophotomètre pour en déterminer la qualité à travers la présence de la molécule qui garantit effectivement leur fiabilité. Ensuite, les contrôleurs du ministère opéreront un suivi rigoureux du circuit emprunté par le carburant de son entrée dans le pays, jusqu’à la consommation. À terme, le mécanisme permettra d’améliorer la qualité des produits pétroliers en circulation et permettra d’augmenter les recettes du Trésor public. Pour l’instant, aucun chiffre n’a été communiqué sur les attentes des autorités concernant le programme.
L’engagement des autorités congolaises via le marquage moléculaire des produits pétroliers vient en renfort aux efforts de renforcement de la lutte contre le trafic d’essence et de gasoil vers le voisin burundais, qui fait face à une grave crise d’approvisionnement depuis plusieurs semaines. En effet, les réseaux de contrebande acheminent les produits via le fleuve Ruzizi. La situation a même engendré une pénurie dans la région d’Uvira, dans l’est du pays avec pour conséquence une hausse des prix sur place.
Olivier de Souza
Lire aussi :
Mohammed Bouhelal devrait jouer un rôle clé dans le positionnement international de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, en tant que place forte pour les données numériques. À la tête d’OADC Texaf Digital – Kinshasa, il supervise le premier centre de données de colocation neutre Tier-III du pays, inauguré officiellement dans la capitale le mercredi 14 août 2024. Cette infrastructure résulte d’une collaboration stratégique entre les groupes Open Access Data Center (OADC) et Texaf.
Le directeur général explique que « OADC Texaf Digital - Kinshasa est essentiel pour dynamiser de nombreux secteurs de l’économie de la RDC, créer des écosystèmes numériques riches et dynamiques, et offrir aux réseaux de distribution de contenu ainsi qu’aux fournisseurs de cloud un accès à un emplacement de peering de qualité dans le pays ». Il a également révélé que 12 grands opérateurs, nationaux et internationaux, se sont déjà connectés et ont adopté les solutions d’OADC Texaf Digital – Kinshasa, le secteur bancaire étant le premier à en bénéficier.
Ce centre de données arrive à un moment crucial pour la RDC dont le gouvernement place la transformation numérique au cœur du développement national. Dans le secteur public, cette infrastructure pourrait susciter plus d’efficacité pour des services tels que l’identification des personnes, les paiements, l’enseignement, les soins médicaux, l’agriculture, et la coordination de la logistique, entre autres.
Mohammed Bouhelal compte faire du centre de données d’une capacité de 2 mégawatts (MW) un atout stratégique pour la création d’un écosystème numérique dynamique. Il sera orienté pour répondre aux besoins des points d’échange Internet, des fournisseurs de contenu, des opérateurs de cloud, des transporteurs de données, des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs d’accès Internet, leur permettant de développer leurs opérations en RDC de manière rentable, flexible et sécurisée.
Située à Silikin Village, la nouvelle infrastructure technologique d’OADC et Texaf ouvre ses portes quelques jours avant celle de Raxio, un autre centre de données neutre de niveau Tier-III, dont l’inauguration est également imminente.
Muriel Edjo
Lire aussi :
15-08-2024-Numérique : Prosper Ntetika défend un droit progressiste favorable aux affaires en RDC
Jean-Michel Sama Lukonde est le nouveau président du Sénat, la chambre haute du parlement congolais. L’information a été rendue publique le lundi 12 août au terme d’une élection ayant permis au candidat unique de la majorité au pouvoir de récolter 84 voix sur 96. Dans la foulée, il a annoncé un « plan visant à mettre en place un Sénat efficace, moderne et accessible » et un Sénat qui « devra exercer en toute indépendance le contrôle sur le gouvernement, les institutions d’appui à la démocratie, les entreprises publiques, les établissements publics et services publics ».
L’action publique, Jean-Michel Sama Lukonde la connait bien pour avoir été Premier ministre de février 2021 à février 2024. Né le 4 août 1977 à Paris, il est le fils de Stéphane Lukonde Kyenge, un homme politique de la province du Katanga assassiné en 2001. Après des études universitaires en Chimie industrielle et en informatique, en RDC et en Afrique du Sud, il débute sa vie professionnelle au sein du groupe audiovisuel sud-africain MultiChoice. Il s’oriente ensuite vers le secteur des mines en s’impliquant notamment dans des projets de la Gécamines, Métal mines, Huashin ou Rubamin. Il est nommé directeur de la Gécamines en 2019 par le président de la RDC, Félix Tshisekedi avant d’être porté aux fonctions de Premier ministre.
SA
Ntambwa Basambombo et Christel Ilaka sont en passe de décrocher une récompense pour leur projet visant à moderniser l’inclusion financière en République démocratique du Congo. Leur entreprise, Vaultpay, spécialisée dans les technologies financières, figure parmi les 10 finalistes du prix de l’innovation en fintech du groupe panafricain Ecobank. En cas de victoire, ils remporteront la somme de 50 000 $.
La solution de Vaultpay se distingue par sa simplicité et son efficacité. En RDC, où la taille du pays complique l’implantation d’agences bancaires, Vaultpay permet d’ouvrir un compte bancaire directement depuis un téléphone portable. Ce compte, capable de recevoir et d’émettre des paiements, est lié à une carte virtuelle, disponible dès l’inscription, puis physiquement sous 24 heures. Tout comme les néobanques telles que Wise, Fortuneo, Hello Bank ou Revolut, Vaultpay s’adapte aux besoins d’un marché de 105 millions d’habitants où l’accès aux services financiers reste encore limité pour une majeure partie de la population.
Les fondateurs de Vaultpay tirent parti de leurs expériences variées et longues. Christel Ilaka a débuté sa carrière chez Rawbank, la plus grande banque de RDC en termes d’actifs, en tant que chargé de relation clientèle pendant cinq ans et demi, avant de rejoindre Google comme développeur pendant trois ans. Ntambwa Basambombo, quant à lui, cumule 13 ans dans le développement informatique, dont 6,5 ans chez Airbnb.
Leur parcours les a menés en 2023 à Y Combinator, un accélérateur américain ayant soutenu des milliers de startups à travers de l’appui technique et des capitaux risque. Vaultpay a reçu 500 000 $ de Y Combinator en septembre 2023, selon des informations de la base des données Ecofin Pro de l’Agence Ecofin. Malgré son positionnement innovant, Vaultpay devra faire face à une forte concurrence des neuf autres finalistes de la compétition Ecobank, qui sont tous porteurs de solutions tout aussi disruptives.
Georges Auréole Bamba
Le Congolais Prosper Ntetika Mbakata a officiellement lancé les activités du Think Tank Law and Technologies dont il est le président, mardi 6 août à Kinshasa. L’avocat au barreau de Kinshasa-Gombe, spécialiste en droit du numérique, voit dans ce cabinet d’étude qui regroupe des experts pluridisciplinaires un atout pour doter la République démocratique du Congo d’un cadre juridique le mieux adapté au développement d’un secteur numérique national évolutif et fort.
Les missions du Think Tank englobent la conduite de recherches et d'analyses sur les questions juridiques et réglementaires liées aux technologies numériques en RDC ; la promotion du dialogue et de la collaboration entre experts, chercheurs, décideurs politiques et acteurs du secteur privé. Law and Technologies propose également sa contribution à l'élaboration de politiques publiques, de stratégies de développement du numérique et de législations adaptées au contexte technologique de la RDC. En résumé, il s’agit pour le cabinet d’anticiper l’évolution technologique pour façonner un cadre légal adapté aux enjeux de demain.
L’Organisation de coopération et de développement économique (OECD) considère qu’un cadre réglementaire adapté est un atout indispensable pour la croissance économique. C’est d’ailleurs l’un des points sur lesquels elle insiste pour améliorer la facilité des affaires car un cadre juridique adapté offre plusieurs avantages à un secteur économique. Il est la garantie d’un environnement d’affaires stable et d’une équité économique pour les investisseurs, il protège les consommateurs ainsi que les travailleurs. Il protège l’État dans ses droits.
L’expertise du Think Tank Law and Technologies, la RDC en aura besoin au regard des ambitions de l’État dans le numérique qui pourraient être entravées par le faible niveau actuel de préparation juridique du secteur. Dans son Network Digital Report 2023, Portulans Institute, qui classe les économies mondiales selon divers critères, situe la RDC parmi celles avec le plus faible niveau de réglementation relative aux TIC. Dans la sous-catégorie « réglementation » du critère « gouvernance », le pays est 131e sur 134.
Niveau réglementaire du secteur numérique de la RDC
Source : NRI 2023
L’économie numérique est aujourd’hui porteuse de nombreuses opportunités économiques selon la Banque mondiale. Son impact bénéfique dans le développement économique et social n’est plus à démontrer. Prosper Ntetika Mbakata souhaite penser le droit à l’ère du numérique comme un outil qui concilie les intérêts aussi bien publics que privés.
Muriel EDJO
Lire aussi :
06-08-2024-Daniel Bumba Lubaki place le numérique au cœur du plan de développement de Kinshasa
Le ministre de la Justice de la République Démocratique du Congo, Constant Mutamba, a réaffirmé son engagement à lutter contre ce qu’il appelle la « mafia judiciaire ». « J’ai lancé une commission à cet effet, et le rapport sera remis au président de la République », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec les journalistes de la chaîne de télévision Télé 50. Cette initiative fait partir des efforts déployés pour réformer le système judiciaire du pays.
Le ministre a détaillé les actions qu’il a entreprises pour lutter contre les détournements de fonds et la corruption. Il a précisé que la commission, évoquée plus tôt, a été déployée sur l’ensemble du territoire national avec pour mission de recueillir les dénonciations concernant les actes mafieux affectant les dossiers judiciaires et pénitentiaires.
En outre, le ministre Mutamba a encouragé les populations à soutenir l’initiative par des dénonciations et des déclarations. Comme dans de nombreux pays, la justice joue un rôle crucial dans la sécurisation des transactions économiques et la création d’entités juridiques. Cependant, certains témoignages évoquent encore l’existence de pratiques de corruption, telles que le versement de pots-de-vin pour accélérer le traitement des dossiers.
Les déclarations du ministre Mutamba devront se traduire par des changements concrets. Dans une intervention similaire avec la presse, Daniel Mukoko Samba, vice-premier ministre et ministre de l’Économie, a souligné que l’une des causes de la vie chère dans le pays réside dans l’existence de barrières et de postes de contrôle non réglementaires, où de l’argent est extorqué aux agents économiques.
Plus globalement, le gouvernement congolais a fait de la lutte contre la corruption et les détournements un des principaux axes de sa gouvernance. Une agence de lutte contre la corruption a été mise en place et plusieurs ministères, dont celui des Finances, sont activement impliqués dans cette lutte. L’engagement du ministre Mutamba sur le terrain judiciaire est une initiative à suivre de près. Selon une enquête Afrobaromètre publiée en décembre 2023, la corruption persiste dans le pays en grande partie parce que les populations craignent de dénoncer les abus.
Georges Auréole Bamba
Le vice-premier ministre en charge de l’Économie de la République démocratique du Congo (RDC), Daniel Mukoko Samba, a annoncé une série de mesures visant à lutter contre la vie chère et à stimuler le pouvoir d’achat des Congolais. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre des efforts du gouvernement en vue de stabiliser l’économie et réduire l’inflation.
Lors d’une rencontre avec la presse ce 12 août 2024, Mukoko Samba a dévoilé un plan ambitieux ciblant neuf produits de première nécessité. Parmi les mesures phares, on note une réduction de 50% des droits d’entrée à l’importation et la suppression de la redevance rémunératoire informatique de 2,25% sur la valeur Caf de ces produits essentiels. Il s’agit notamment du maïs, de la farine de maïs, du lait en poudre, du riz importé, de la volaille, du poisson, de la viande et de l’huile végétale. Le vice-premier ministre a également annoncé la réduction ou la suppression de diverses taxes et prélèvements imposés par des agences publiques telles que l’Office congolais de contrôle (OCC) et la Direction générale des douanes et accises (DGDA). Ces mesures visent à alléger significativement la charge fiscale sur les produits de base.
Mukoko Samba a souligné que ces initiatives s’inspirent du modèle de subvention des carburants déjà en place en RDC. Il a rappelé que ce programme de subvention a permis de maintenir les prix de l’essence et du gazole respectivement à 3 475 et 3 465 francs congolais le litre, bien en deçà des prix du marché. Le coût de cette subvention pour l’État est estimé à près de 285 millions de dollars à fin 2023, avec des projections atteignant les 400 millions de dollars d’ici fin juin 2024.
Le ministre a reconnu que ces mesures ne constituent qu’une partie de la solution face aux défis économiques du pays. Il a insisté sur la nécessité d’une approche globale, incluant des investissements structurels dans les infrastructures de stockage et de logistique pour réduire les pertes post-récolte, qui atteignent jusqu’à 30% dans certaines régions comme le Kasaï. Dans le cadre de sa stratégie économique, Mukoko Samba a également mis en avant quatre priorités pour son ministère : la diversification des exportations, la levée des entraves à l’amélioration du pouvoir d’achat, le soutien à l’économie informelle et le financement de l’économie.
Le vice-premier ministre a appelé à la solidarité gouvernementale pour concrétiser les six engagements du président Félix Tshisekedi, soulignant l’importance de neutraliser certains freins économiques tels que la dépendance aux importations alimentaires, l’état précaire du système financier national et la dollarisation de l’économie. Alors que la banque centrale de la RDC vise un taux d’inflation de 11%, contre 15,3% actuellement, Mukoko Samba a promis une vigilance accrue contre les pratiques spéculatives et une période d’observation pour évaluer l’impact des nouvelles mesures sur les prix à la consommation.
Ces annonces interviennent dans un contexte où la RDC cherche à stabiliser son économie et à améliorer le niveau de vie de sa population, tout en attirant les investissements nécessaires pour soutenir une croissance économique durable à long terme.
Idriss Linge
Le nouveau gouverneur de la ville - province de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki, fait du numérique un axe prioritaire de son programme de développement de la capitale de la République démocratique du Congo pour la période 2024-2028. C’est le dernier des sept axes contenus dans son plan d’action pour la période 2024-2028 intitulé « Kinshasa Ezo Bonga », présenté au public le samedi 3 août. Il est budgétisé à hauteur de 10,9 dollars américains.
Daniel Bumba Lubaki ne dévoile pas spécifiquement les grands investissements qui soutiendront son projet de transformation numérique de Kinshasa. Mais l’on peut supputer que le nouveau gouverneur souhaite bâtir un écosystème, attrayant aussi bien pour les consommateurs de produits numériques, que pour les innovateurs et les investisseurs, semblable à celui de certaines capitales africaines comme Johannesburg en Afrique du Sud, Accra au Ghana, ou encore Dakar au Sénégal.
La transformation numérique annoncée de Kinshasa pourrait faire grimper la ville dans le classement des 1000 meilleurs écosystèmes startup du monde, qu’elle a rejoint cette année même si c’est l’un des derniers. Classée en fonction de plusieurs critères, notamment, la qualité et le coût d’Internet, la disponibilité des infrastructures numériques, la capitale congolaise se retrouve à la 878e place mondiale.
Sur les 38 villes africaines classées, Kinshasa occupe la 34e place, loin derrière Le Caire (Égypte), Cape Town et Johannesburg (Afrique du Sud), Victoria (Seychelles), Dakar (Sénégal), Accra (Ghana), Port-Louis (Maurice), Addis-Abeba (Éthiopie), Tunis (Tunisie) et Casablanca (Maroc) qui représentent le Top10 du continent.
Plusieurs enjeux sont en prendre en compte dans la transformation numérique de Kinshasa, notamment l’amélioration des services publics, l’efficacité administrative, le développement économique, l’inclusion numérique. Il n’est pas seulement question de modernisation technologique de la capitale, mais aussi d’amélioration de la qualité de vie de sa population. Cela sous-entend entre autres de nouvelles opportunités d’emplois, un meilleur accès aux services sociaux, une présence plus effective de l’autorité publique dans la sécurisation des biens et des personnes.
Muriel Edjo
Lire aussi :
24-07-2024-Kinshasa entre dans le classement mondial des meilleurs écosystèmes start-up
Moins de 100 jours après sa nomination, Kizito Pakabomba a successivement rencontré le gotha mondial de l’industrie minière à Paris, discuté avec des diplomates étrangers basés à Kinshasa ou encore échangé avec les cadres de son ministère. Propulsé fin mai 2024 à la tête du stratégique portefeuille des Mines en RDC, ce diplômé de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) possède une connaissance approfondie des secteurs extractifs et des marchés internationaux des matières premières. Au cours de ses deux premiers mois comme ministre des Mines de RDC, l’ancien cadre de TotalEnergies a pris le temps de se familiariser avec les grands dossiers de son département ministériel.
La question de la contribution des Mines au développement communautaire a ainsi été au cœur d’une réunion avec sa collègue des Affaires sociales, Nathalie-Aziza Munana, le 11 juillet dernier. Les deux ministres ont échangé sur la stratégie à mettre en œuvre pour optimiser la dotation de 0,3% du chiffre d’affaires des compagnies minières en faveur des communautés locales. L’ancien conseiller de Félix Tshisekedi a aussi reçu en audience une délégation de l’Entreprise générale du cobalt (EGE), fer de lance du gouvernement congolais pour mieux valoriser la production artisanale de cobalt.
Conduite par le président du conseil d’administration, Gino Buhendwa, et le directeur général Éric Kalala, cette délégation est venue présenter au ministre les progrès enregistrés depuis le lancement officiel des activités de cette société en 2021. Il faut souligner que l’opérationnalisation de l’EGC est stratégique pour la RDC, car la production artisanale représente environ 15% de l’offre mondiale de cobalt.
Outre l’EGC, d’autres défis attendent Kizito Pakabomba à la tête du ministère des Mines. On peut citer la question de la transformation locale des minéraux essentiels à la transition énergétique (cuivre, cobalt, etc.), la mise en œuvre du projet de fabrication de matériaux pour batteries électriques avec la Zambie ou encore la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence ainsi que de la traçabilité dans la chaine d’approvisionnement des minéraux en RDC.
Emiliano Tossou
En RDC, plus personne n’est autorisé à importer de bières et de boissons gazeuses pendant un an. L’interdiction est contenue dans un arrêté ministériel, signé le 26 par Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur. « En cas de nécessité d’approvisionnement dans les parties du territoire national où les consommateurs ont un accès difficile aux produits locaux, les opérateurs économiques peuvent bénéficier d’une dérogation d’importation par le ministre ayant le Commerce extérieur dans ses attributions », a précisé Julien Paluku.
Pour le ministre, qui a pris cette décision en concertation avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le but est de protéger l’industrie locale face à la concurrence étrangère. Pour celui qui a été l’ancien gouverneur du Nord-Kivu de 2007 à 2019, avant d’être nommé ministre de l’Industrie, le savoir-faire congolais peut jouer un rôle important dans l’économie locale.
Né à Buramba, dans le Nord-Kivu, il y a fait son cursus scolaire avant de se rendre dans le sud, à Bukavu notamment, pour son graduat. Enseignant à Nyamilima, puis à Goma, il s’engage peu à peu en politique. Il est notamment chef de quartier des Virunga dans la ville de Goma, puis administrateur assistant chargé du territoire de Lubero, avant d’être nommé maire de la ville de Butembo en 2003. Cette fonction le pousse notamment à engager plusieurs travaux de réfection et d’aménagement urbain. Cette période semble avoir fondé son désir de protéger l’industrie locale qu’il a côtoyée à de nombreuses reprises dans divers secteurs. Ministre du Commerce extérieur depuis quelques semaines, il a annulé les autorisations d’importation des carreaux et faïences accordées, dans l’ouest de la RDC, aux sociétés Safricode Sarl et Roadex.
La décision de Julien Paluku de bloquer les importations de boissons gazeuses et de bière devrait aider à rediriger la demande vers la production des entreprises locales. D’après les données de la Banque centrale de RDC, la valeur des importations de boissons a augmenté de 9,8% en moyenne par an entre 2018 et 2022, passant de 627 millions $ à plus de 1 milliard $.
Servan Ahougnon