Facebook Bankable LinkedIn Bankable
Twitter Bankable WhatsApp Bankable
Bankable
Bankable

PLUS LUS

Jean-Pierre Latere : de Lubumbashi à l’élite mondiale de la biotech

Jean-Pierre Latere : de Lubumbashi à l’élite mondiale de la biotech

Un deal à un milliard de dollars a propulsé Jean-Pierre Latere sur le devant de la scène. Durant la semaine du 17 au 23 mars 2025, le Belge d’origine congolaise a fait la une des journaux. Lundi, EsoBiotec, l’entreprise qu’il a fondée en 2020 à Mont-Saint-Guibert, en Belgique, a annoncé la signature d’un accord définitif en vue de son acquisition par AstraZeneca. Le groupe britannique figure parmi le top 10 des plus grandes entreprises pharmaceutiques mondiales, avec un chiffre d’affaires de 54,1 milliards de dollars en 2024.

L’accord prévoit un premier versement immédiat de 425 millions de dollars, suivi de 575 millions supplémentaires, conditionnés aux résultats futurs de la jeune pousse.

AstraZeneca accepte de miser autant sur EsoBiotec en raison du potentiel de sa technologie révolutionnaire : la thérapie cellulaire in vivo imaginée par Jean-Pierre Latere. Elle devrait permettre de traiter le cancer par une simple injection, rendant ainsi les traitements plus rapides, moins coûteux, et donc accessibles à un plus grand nombre de patients.

Après plus de quatre ans de recherche, un premier patient a été injecté début décembre 2024. Au terme de près de 28 jours de test, les résultats publiés en janvier ont été qualifiés d’« exceptionnels », attirant l’attention des géants de la pharmacie. Deux mois plus tard, le deal avec AstraZeneca était conclu, projetant son fondateur sous les feux des projecteurs.

L’enfant de Lubumbashi

Ce succès résonne aussi en République démocratique du Congo (RDC), non seulement pour l’espoir qu’il suscite dans le traitement du cancer, mais aussi parce que Jean-Pierre Latere est un fils du pays. Le chimiste est né à Lubumbashi et a grandi à Kinshasa, où il a étudié au Collège Boboto. Cet établissement confessionnel est réputé dans le pays pour la qualité de sa formation.

En 1994, à l’âge de 18 ans, Latere s’envole pour la Belgique. Il y poursuit ses études supérieures à l’Université de Liège, où il décroche un doctorat en chimie des polymères, avant d’effectuer un post-doctorat à l’Université du Michigan, aux États-Unis.

À l’issue de son parcours académique, Jean-Pierre Latere entame sa carrière chez Johnson & Johnson, l’un des leaders mondiaux de la pharmacie et des dispositifs médicaux. Il y travaille au sein de la filiale Janssen, aux États-Unis puis en Belgique, dans le développement pharmaceutique et les technologies médicales. Le Congolais d’origine occupera par la suite plusieurs postes de direction, notamment chez Celyad Oncology, qu’il rejoint en janvier 2017.

C’est chez Celyad Oncology que Jean-Pierre Latere travaille pour la première fois sur les thérapies cellulaires. Cette approche consiste à prélever le sang du patient, à isoler certains globules blancs, puis à les modifier génétiquement en laboratoire afin de les rendre capables de reconnaître et d’éliminer les cellules cancéreuses, et à les réinjecter au patient. Mais cette méthode, bien que prometteuse, est coûteuse et s’étale sur plusieurs semaines.

Rendez-vous dans au plus six ans 

Touché personnellement par la maladie d’un proche, Latere décide de s’attaquer à ces limites. Son objectif : rendre la thérapie plus rapide et accessible au plus grand nombre. En 2020, il quitte Celyad et fonde EsoBiotec. Son idée est simple mais audacieuse : utiliser le corps du patient comme laboratoire. C’est ainsi qu’est née la thérapie cellulaire in vivo. Contrairement à la méthode classique, cette approche élimine plusieurs étapes (prélèvement sanguin, transport, manipulation en laboratoire), rendant le traitement à la fois plus rapide et moins coûteux.

Au cœur de cette innovation se trouve une plateforme développée par EsoBiotec : l’Engineered NanoBody Lentiviral (ENaBL, qui signifie « permettre » en français). Il s’agit d’un outil génétique aux applications potentielles multiples, capable de cibler différents types de cancers, et peut-être même certaines maladies auto-immunes.

Lorsqu’il se lance dans cette aventure, Jean-Pierre Latere, alors âgé de 45 ans, s’imagine parti pour vingt ans de travail… Mais une douzaine d’années pourrait suffire. Le premier produit est espéré sur le marché d’ici cinq à six ans.

Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya, stagiaire

Abonnez-vous à notre newsletter (gratuit)

Chaque jour, recevez les actualités et les analyses de la rédaction de Bankable.


centrale-de-lubilanji-le-tcheque-seko-promet-de-lancer-les-travaux-sous-peu
Un an après la signature de son contrat, l’entreprise tchèque Seko annonce le lancement « sous peu » des travaux de réhabilitation de la centrale...
projet-hydroelectrique-au-lualaba-un-appel-lance-pour-concurrencer-parfait-energie
L’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE) a publié, le 31 mars 2025, un appel à manifestation d’intérêt pour l’attribution d’une...
etats-unis-une-proposition-de-loi-pour-bloquer-le-cobalt-congolais-raffine-par-la-chine
Selon la presse américaine, une proposition de loi déposée le 24 mars 2025 à la Chambre des représentants des États-Unis vise à interdire...
carburants-apres-avoir-double-en-quelques-jours-les-prix-baissent-a-bunia
Selon des témoins contactés sur place, le litre de carburant se vend, ce 31 mars 2025, à 4 000 francs congolais (FC) à Bunia, capitale...

 
 

PLUS LUS

Please publish modules in offcanvas position.