Le nouveau gouverneur de la ville - province de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki, fait du numérique un axe prioritaire de son programme de développement de la capitale de la République démocratique du Congo pour la période 2024-2028. C’est le dernier des sept axes contenus dans son plan d’action pour la période 2024-2028 intitulé « Kinshasa Ezo Bonga », présenté au public le samedi 3 août. Il est budgétisé à hauteur de 10,9 dollars américains.
Daniel Bumba Lubaki ne dévoile pas spécifiquement les grands investissements qui soutiendront son projet de transformation numérique de Kinshasa. Mais l’on peut supputer que le nouveau gouverneur souhaite bâtir un écosystème, attrayant aussi bien pour les consommateurs de produits numériques, que pour les innovateurs et les investisseurs, semblable à celui de certaines capitales africaines comme Johannesburg en Afrique du Sud, Accra au Ghana, ou encore Dakar au Sénégal.
La transformation numérique annoncée de Kinshasa pourrait faire grimper la ville dans le classement des 1000 meilleurs écosystèmes startup du monde, qu’elle a rejoint cette année même si c’est l’un des derniers. Classée en fonction de plusieurs critères, notamment, la qualité et le coût d’Internet, la disponibilité des infrastructures numériques, la capitale congolaise se retrouve à la 878e place mondiale.
Sur les 38 villes africaines classées, Kinshasa occupe la 34e place, loin derrière Le Caire (Égypte), Cape Town et Johannesburg (Afrique du Sud), Victoria (Seychelles), Dakar (Sénégal), Accra (Ghana), Port-Louis (Maurice), Addis-Abeba (Éthiopie), Tunis (Tunisie) et Casablanca (Maroc) qui représentent le Top10 du continent.
Plusieurs enjeux sont en prendre en compte dans la transformation numérique de Kinshasa, notamment l’amélioration des services publics, l’efficacité administrative, le développement économique, l’inclusion numérique. Il n’est pas seulement question de modernisation technologique de la capitale, mais aussi d’amélioration de la qualité de vie de sa population. Cela sous-entend entre autres de nouvelles opportunités d’emplois, un meilleur accès aux services sociaux, une présence plus effective de l’autorité publique dans la sécurisation des biens et des personnes.
Muriel Edjo
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Moins de 100 jours après sa nomination, Kizito Pakabomba a successivement rencontré le gotha mondial de l’industrie minière à Paris, discuté avec des diplomates étrangers basés à Kinshasa ou encore échangé avec les cadres de son ministère. Propulsé fin mai 2024 à la tête du stratégique portefeuille des Mines en RDC, ce diplômé de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) possède une connaissance approfondie des secteurs extractifs et des marchés internationaux des matières premières. Au cours de ses deux premiers mois comme ministre des Mines de RDC, l’ancien cadre de TotalEnergies a pris le temps de se familiariser avec les grands dossiers de son département ministériel.
La question de la contribution des Mines au développement communautaire a ainsi été au cœur d’une réunion avec sa collègue des Affaires sociales, Nathalie-Aziza Munana, le 11 juillet dernier. Les deux ministres ont échangé sur la stratégie à mettre en œuvre pour optimiser la dotation de 0,3% du chiffre d’affaires des compagnies minières en faveur des communautés locales. L’ancien conseiller de Félix Tshisekedi a aussi reçu en audience une délégation de l’Entreprise générale du cobalt (EGE), fer de lance du gouvernement congolais pour mieux valoriser la production artisanale de cobalt.
Conduite par le président du conseil d’administration, Gino Buhendwa, et le directeur général Éric Kalala, cette délégation est venue présenter au ministre les progrès enregistrés depuis le lancement officiel des activités de cette société en 2021. Il faut souligner que l’opérationnalisation de l’EGC est stratégique pour la RDC, car la production artisanale représente environ 15% de l’offre mondiale de cobalt.
Outre l’EGC, d’autres défis attendent Kizito Pakabomba à la tête du ministère des Mines. On peut citer la question de la transformation locale des minéraux essentiels à la transition énergétique (cuivre, cobalt, etc.), la mise en œuvre du projet de fabrication de matériaux pour batteries électriques avec la Zambie ou encore la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence ainsi que de la traçabilité dans la chaine d’approvisionnement des minéraux en RDC.
Emiliano Tossou
En RDC, plus personne n’est autorisé à importer de bières et de boissons gazeuses pendant un an. L’interdiction est contenue dans un arrêté ministériel, signé le 26 par Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur. « En cas de nécessité d’approvisionnement dans les parties du territoire national où les consommateurs ont un accès difficile aux produits locaux, les opérateurs économiques peuvent bénéficier d’une dérogation d’importation par le ministre ayant le Commerce extérieur dans ses attributions », a précisé Julien Paluku.
Pour le ministre, qui a pris cette décision en concertation avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le but est de protéger l’industrie locale face à la concurrence étrangère. Pour celui qui a été l’ancien gouverneur du Nord-Kivu de 2007 à 2019, avant d’être nommé ministre de l’Industrie, le savoir-faire congolais peut jouer un rôle important dans l’économie locale.
Né à Buramba, dans le Nord-Kivu, il y a fait son cursus scolaire avant de se rendre dans le sud, à Bukavu notamment, pour son graduat. Enseignant à Nyamilima, puis à Goma, il s’engage peu à peu en politique. Il est notamment chef de quartier des Virunga dans la ville de Goma, puis administrateur assistant chargé du territoire de Lubero, avant d’être nommé maire de la ville de Butembo en 2003. Cette fonction le pousse notamment à engager plusieurs travaux de réfection et d’aménagement urbain. Cette période semble avoir fondé son désir de protéger l’industrie locale qu’il a côtoyée à de nombreuses reprises dans divers secteurs. Ministre du Commerce extérieur depuis quelques semaines, il a annulé les autorisations d’importation des carreaux et faïences accordées, dans l’ouest de la RDC, aux sociétés Safricode Sarl et Roadex.
La décision de Julien Paluku de bloquer les importations de boissons gazeuses et de bière devrait aider à rediriger la demande vers la production des entreprises locales. D’après les données de la Banque centrale de RDC, la valeur des importations de boissons a augmenté de 9,8% en moyenne par an entre 2018 et 2022, passant de 627 millions $ à plus de 1 milliard $.
Servan Ahougnon
La ministre de l’Éducation, Raïssa Malu, a reçu une délégation de la Banque mondiale le 29 juillet dernier. Cette délégation, conduite par Albert Zeufack, le directeur des opérations de l’institution, est venue lui présenter son portefeuille de 1,4 milliard $ dédiés à l’éducation. Pour Raïssa Malu, cette rencontre marque un moment important dans la conduite du plan pour redorer le blason de l’éducation nationale.
Pour celle qui a été longtemps connue pour son combat visant à faire aimer les sciences aux jeunes Congolais, les éléments semblent enfin réunis pour mener les changements qu’elle souhaite implémenter dans l’éducation nationale. En effet, quelques jours plus tôt, « Education Cannot Wait (ECW) », Fonds des Nations unies destiné à l’éducation des enfants vivant en situation d’urgence, a annoncé vouloir débloquer 20 millions $ sur les trois prochaines années pour la RDC.
Fille du physicien Félix Malu wa Kalenga, qui a notamment dirigé le Centre nucléaire régional d’études nucléaires de Kinshasa (CREN-K) après les indépendances, Raïssa Malu est une passionnée de sciences et également physicienne comme son père. Elle organise en 2014 la première édition de la Semaine de la science et des technologies.
Membre du panel présidentiel de la RDC à la présidence de l’Union africaine pour l’exercice 2021-2022, elle a supervisé l’élaboration d’une feuille de route sur l’utilisation des technologies spatiales, dans la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 de l’organisation. Malgré tout, l’éducation reste une de ses priorités. Elle se bat pour faire apprécier les sciences par les jeunes congolais, notamment les femmes.
Elle dirige pendant 5 ans, le Projet d’éducation pour la qualité et la pertinence des enseignements aux niveaux secondaire et universitaire (PEQPESU). Son travail à cette fonction lui vaut d’être nommée ministre de l’Éducation en mai 2024. Depuis elle se bat pour impulser une nouvelle dynamique dans le secteur de l’éducation congolaise.
Servan Ahougnon
En juin 2024, la troisième usine de traitement du complexe cuprifère Kamoa-Kakula est entrée en production. Derrière ce succès qui augmente la capacité de production annuelle de la plus grande mine de cuivre en RDC, on retrouve un homme : Robert Friedland. Né en 1950 à Chicago, dans l’État de l’Illinois, c’est le fondateur et coprésident exécutif d’Ivanhoe Mines, compagnie canadienne qui pilote le projet Kamoa-Kakula.
L’épopée congolaise de M. Friedland commence à la fin du 20e siècle. Ivanhoe Mines obtient en 1996 des licences d’exploration sur 50 000 km² dans l’ancienne province du Katanga. L’homme d’affaires vient de faire fortune en vendant pour le compte d’une de ses sociétés un important gisement de nickel au Canada pour 4,3 milliards de dollars canadiens, et recherche de nouveaux terrains de jeu. Et le temps lui donne vite raison, puisque moins d’une décennie sépare le début des travaux d’exploration (2001) de la découverte d’un gisement.
En 2008, Ivanhoe annonce en effet la découverte du gisement de Kamoa et signe en mai 2015 un accord avec le chinois Zijin Mining pour le développer. Un an après cet accord, un nouveau gisement de cuivre à haute teneur, Kakula, est découvert en juin 2016 et les travaux de construction de la première usine démarrent en 2020. Kamoa-Kakula entre en production en 2021 et contribue depuis cette date à la croissance de la production congolaise de cuivre, qui a atteint 2,8 millions de tonnes en 2023.
« Nous étudions des options pour augmenter la production de cuivre vers notre prochain objectif de 800 000 tonnes par an […] Un taux de production qui propulserait le complexe cuprifère de Kamoa-Kakula vers l’un des deux plus grands producteurs de cuivre de notre planète », indique désormais l’homme d’affaires américano-canadien.
Pour rappel, Kamoa-Kakula a livré 393 551 tonnes de concentré de cuivre en 2023, pour un chiffre d’affaires de 2,7 milliards de dollars. Le complexe est détenu à parts égales par Ivanhoe et Zijin (39,6% chacun) et à 20% par le gouvernement congolais. Crystal River Global Limited, qui a investi en même temps que Zijin en 2015, contrôle la participation de 0,8% restante.
Emiliano Tossou
Les sociétés minières, coopératives et artisans miniers sont désormais interdits d’activité sur l’ensemble des concessions minières du Sud-Kivu. Dans un arrêté rendu public le 19 juillet 2024, le gouverneur de cette province, Jean-Jacques Purusi, a en effet ordonné la suspension des opérations jusqu’à nouvel ordre.
Selon le document, cette décision vise à « remettre de l’ordre » dans l’exploitation minière en vue de préserver les vies humaines et assurer la traçabilité de la production des minerais sur ces sites. Les services compétents n’arriveraient plus à remplir correctement leurs missions, en raison du « désordre occasionné par les exploitants ». Arrivé à la tête du Sud-Kivu en juin, le gouverneur cherche à assainir l’exploitation minière dans une province chère à son cœur.
C’est en effet dans cette partie de la RDC qu’il a vu le jour en 1964, avant de s’envoler quelques décennies plus tard en Belgique pour ses études supérieures. Titulaire d’un doctorat de l’université de Gand en Belgique, c’est un spécialiste reconnu des questions de droits de l’Homme.
Professeur invité dans des universités européennes et africaines, il a travaillé, de 1994 à 2008, comme expert des Nations unies dans le cadre d’opérations de maintien de la paix au Rwanda, au Kosovo, au Togo, au Liberia et au Soudan. Ces décennies d’expérience devraient désormais être mises à profit pour réorganiser l’exploitation minière au Sud-Kivu. Dans cette province riche en minerais, notamment or, coltan et étain, les cas de violations de droits de l’Homme dans les mines côtoient ceux liés aux exportations illégales de minerais.
Emiliano Tossou
En RDC, la star de la rumba Koffi Olomide a été convoquée par le procureur général près la Cour de cassation à Kinshasa. Il doit être entendu ce 15 juillet pour « des faits qui lui seront communiqués sur place », d’après les médias locaux. Le 11 juillet, le chanteur avait déjà été convoqué devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac) suite à des propos controversés dans l’émission « Le Panier, the Morning show » à la RTNC, la télévision nationale.
Invité sur l’émission le 6 juillet, le chanteur a laissé entendre qu’il n’y a pas de réponse efficace aux agressions des rebelles du M23 dans l’Est de la RDC. « Il n’y a pas de guerre. Nous sommes tapés. On nous gifle. On fait de nous ce qu’on veut. […] J’ai vu que nos militaires vont à la guerre à moto. J’ai des larmes. Il n’y a pas de guerre. On nous traite comme des enfants. La guerre, c’est quand on tire, nous nous répliquons », avait déclaré Koffi Olomide.
Contrairement à la convocation devant le CSAC, le passage de Koffi Olomide devant le procureur fait craindre une sanction pour ses propos. L’annonce de la convocation de l’artiste a provoqué de vives réactions. Martin Fayulu, candidat aux élections présidentielles de 2018 a déclaré que « l’invitation de Koffi Olomide au parquet général près la Cour de cassation est une insulte de trop » pour le peuple.
Servan Ahougnon