Le plaidoyer de Michel Kanyimbu a trouvé un écho particulier le 22 février dernier. Ce jour-là, l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (Arecoms) a annoncé la suspension des exportations de cobalt pour quatre mois. Objectif : réduire l’offre afin de faire remonter les prix, tombés à 20 000 dollars la tonne en ce début d’année, contre environ 81 000 dollars en 2022, pour le cobalt métal.
Toutefois, rien ne garantit que cette mesure suffira à ramener les exportations de la République Démocratique du Congo (RDC) à 80 000 tonnes d’oxyde de cobalt, comme le préconise le sénateur. En 2023, ces exportations ont atteint 152 798 tonnes, soit près du double du seuil visé.
« Si nous ramenons la quantité de nos exportations de [oxide] cobalt à 80 000 tonnes par an, nous allons tripler le coût sur le marché », avait déclaré cet économiste de formation lors de la plénière du 3 décembre dernier sur le projet de loi de finances 2025, devant un auditoire attentif. Et selon lui, cette hausse des prix est d’autant plus envisageable que la RDC contrôle actuellement 70 % du marché mondial du cobalt.
« En 2022, lorsque la quantité de cobalt sur le marché mondial tournait autour de 115 000 tonnes, son cours était à 81 000 dollars la tonne. Mais nous n’avons cessé d’augmenter nos volumes et cela a eu un impact direct sur les prix. Il est grand temps que le gouvernement prenne la décision de limiter les quantités à exporter », avait-il plaidé.
Michel Kanyimbu est originaire du Lualaba, l’une des provinces les plus cobaltifères. Alors que l’excédent mondial de cobalt, en grande partie dû à la production massive du chinois CMOC (114 000 tonnes en 2024), a fait chuter les prix, le sénateur estime que cette limitation des exportations pourrait rapporter près d’un milliard de dollars au Trésor public, à travers les redevances minières et l’impôt sur les bénéfices. Une projection basée sur un prix de vente de 11 000 dollars la tonne d’oxyde de cobalt. « Sur une année, avec une décision courageuse du gouvernement, nous pourrions récupérer autour de 900 millions à un milliard de dollars », avait-il martelé.
Grâce à ces revenus, le sénateur espère voir sa province d’origine bénéficier de nouvelles infrastructures. Il cite notamment la réhabilitation de la route Dilolo-Kolwezi sur la RN39 ainsi que celle de Kolwezi-Solwezi. « Voici pourquoi j’insiste qu’on trouve ces recettes additionnelles », avait-il déclaré.
Déjà il y a un an, le président Félix Tshisekedi avait évoqué, lors d’un Conseil des ministres, l’éventualité d’instaurer des quotas d’exportation sur le cobalt. Ce plaidoyer a-t-il fini par convaincre le gouvernement d’agir ? Rien n’est moins sûr.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Cobalt : la RDC suspend ses exportations pour contrer la chute des prix