Le doublement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 5 dollars par jour pour les manœuvres ordinaires en République démocratique du Congo (RDC) suscite des préoccupations au sein du patronat. Cette augmentation a été entérinée par un arrêté du ministre de l’Emploi et du Travail, Éphraïm Akwakwa Nametu, signé le 31 décembre 2024.
« Sans ignorer l’intention de veiller à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs face à la dépréciation monétaire, cet arrêté, à la lumière de l’analyse des textes légaux et règlements en vigueur, soulève quelques préoccupations juridiques, tant sur la forme que sur le fond, nécessitant une harmonisation », estime la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans un courrier adressé au ministre de l’Emploi et du Travail.
Dans cette correspondance datée du 14 janvier 2025 et signée par le secrétaire général de la FEC, John Nkono Mubualudimi, l’organisation patronale ne donne pas de détails sur ses préoccupations. Elle sollicite néanmoins une audience avec le ministre de l’Emploi et du Travail le 20 janvier. Objectif : échanger sur les voies et moyens susceptibles de remédier à la situation « dans le but ultime de veiller au bon climat des affaires dans son volet de récente juridique et de demeurer respectueux des textes juridiques applicables dans la fixation et l’ajustement du SMIG dans le pays », indique la lettre, ampliée au Premier ministre, Judith Suminwa Tuluka.
En d’autres termes, la FEC estime que l’arrêté ministériel portant augmentation du SMIG à 5 dollars par jour pour les manœuvres ordinaires n’a pas respecté les textes. Pourtant, cet arrêté a été pris à la suite d’un dialogue social engagé en octobre 2024 entre le ministère du Travail et de l’Emploi, les organisations patronales et les syndicats des travailleurs. Lors des discussions, les parties prenantes avaient reconnu l’urgence d’une révision du SMIG pour réduire l’écart croissant entre le salaire minimum et le coût de la vie.
Pour l’instant, on ignore comment le ministre Éphraïm Akwakwa Nametu a réagi à ce courrier. Cette réaction est d’autant plus attendue qu’un désaccord entre le gouvernement et le patronat pourrait compromettre l’entrée en vigueur de cette décision, prévue en février 2025.
Pierre Mukoko
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