La République démocratique du Congo (RDC) a officiellement lancé, le 5 mai 2025 à Kinshasa, en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le processus d’élaboration de sa Stratégie nationale de développement de l’irrigation (SNDI). L’atelier y consacré doit se tenir sur deux jours.
« Cet atelier constitue une opportunité pour mener un diagnostic approfondi du secteur de l’irrigation afin d’élaborer une stratégie nationale efficace et de promouvoir une gestion durable des ressources en eau en faveur du secteur agricole », a déclaré le ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Mutshail Mutomb Grégoire.
L’objectif affiché est de rendre l’agriculture congolaise plus résiliente face au changement climatique et d’améliorer la productivité du secteur. Le pays consacre en effet près de 3 milliards de dollars par an à l’importation de denrées alimentaires, conséquence notamment d’une production agricole insuffisante.
Selon les données officielles, la RDC dispose de 4 millions d’hectares de terres irrigables, dont moins de 1 % sont actuellement valorisés. Les dernières estimations de la FAO indiquent que seulement 0,1 % des terres agricoles du pays étaient équipées pour l’irrigation en 2022.
Lancement du projet de formulation de la stratégie nationale de développement de l’irrigation en RD Congo pic.twitter.com/4ypQWabgwt
— Ministère de l'Agriculture et Sécurité Alimentaire (@minagri_rdc) May 5, 2025
D’après l’organisation onusienne, la future stratégie permettra d’identifier les zones à fort potentiel d’irrigation et constituera un outil décisionnel clé pour valoriser ce potentiel encore largement sous-exploité.
L’existence d’une telle stratégie pourrait également accroître l’attractivité du pays auprès des investisseurs privés dans les infrastructures agricoles, notamment pour des systèmes d’irrigation à petite et grande échelle. Elle guidera aussi les choix budgétaires du gouvernement en matière d’aménagement rural, orientera les programmes des bailleurs de fonds et facilitera l’intégration de la RDC dans les chaînes de valeur agricole régionale.
Si elle est correctement mise en œuvre, cette stratégie marquera une étape décisive dans la transformation de l’agriculture congolaise, en passant d’un modèle pluvial aléatoire à une agriculture maîtrisée et productive.
Cependant, le développement de l’irrigation devra s’accompagner d’une extension des surfaces cultivées pour véritablement accroître l’offre agricole. Le pays dispose de 80 millions d’hectares de terres arables, dont seulement 10 % sont exploitées à ce jour.
L’agriculture contribue à hauteur de 17,4 % au PIB et emploie environ 55 % de la population active en RDC.
Stéphanas Assocle, Agence Ecofin
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