Pour son entrée sur le marché de la République Démocratique du Congo (RDC), le cinquième pays après le Cameroun, le Tchad, la RCA et la Guinée équatoriale, Tradex a donné les commandes à un enfant de la maison. Philippe Attang Atomb Bekondj, nommé directeur général de Tradex RDC à l’issue du premier conseil d’administration, tenu ce 26 novembre 2024 à Kinshasa, a passé 15 de ses 18 ans d’expérience dans le secteur pétrolier aval chez le marketeur camerounais. Le promu est aujourd’hui âgé de 47 ans. Il a donc consacré pratiquement le tiers de sa vie à cette entreprise créée en 1999 par la Société nationale des hydrocarbures (SNH).
Philippe Attang est par ailleurs un vendeur expérimenté. De Total (aujourd’hui TotalEnergies), où il a débuté sa carrière en 2004, à Tradex, le diplômé en marketing a toujours travaillé à la commercialisation des produits, à l’optimisation du portefeuille clients et au développement du chiffre d’affaires. En sa qualité de directeur commercial adjoint de Tradex Cameroun de 2021 à ce jour, il revendique, avec ses 22 collaborateurs, la réalisation d’un chiffre d’affaires de 311 milliards FCFA, avec une progression moyenne annuelle des ventes et revenus de 6 %, apprend-on de son CV.
Avec sa filiale en RDC, Tradex « continue de poser des actes structurants qui renforcent son positionnement de leader dans les maillons clés du secteur pétrolier africain », a indiqué Igor Emmanuel Soya Bissaya, élu ce même 26 novembre 2024 président du conseil d’administration de Tradex RDC, un mois après avoir été porté au même poste à Chanas Assurances SA, une autre filiale de la SNH. Le profil du premier DG de Tradex RDC reflète d’ailleurs l’appétit du marketeur camerounais pour ce pays où le marché de la commercialisation des carburants est estimé à un milliard de dollars, en plus des 600 à 700 millions de dollars de produits pétroliers importés directement par les opérateurs miniers.
Défi logistique
Pour se faire une place aux côtés d’Engen Petroleum, TotalEnergies ou Cobil, qui forment le top 3 du marché congolais, Tradex prévoit de ratisser large en intervenant « sur l’essentiel de la chaîne de valeur du secteur pétrolier aval ». Ainsi, les activités de la nouvelle société comprennent la distribution des produits pétroliers, y compris le gaz domestique, à travers un réseau de stations-service et des points de consommation installés sur les sites de production des entreprises, ainsi que l’avitaillement des aéronefs sur les plateformes aéroportuaires du pays et l’approvisionnement des navires et autres embarcations naviguant dans les eaux congolaises.
Pour le lancement de ses activités, Tradex RDC a prévu un capital social de 2,5 milliards de FCFA, soit environ 40 millions de dollars (à la valeur actuelle du dollar). Pour l’instant, on ignore si ce capital a été totalement libéré. Une chose est certaine : la mise en place de la chaîne de distribution devrait nécessiter des capitaux plus importants dans un pays aussi vaste que la RDC (plus de deux millions de kilomètres carrés), qui connaît, en plus, un déficit en matière d’infrastructures de transport.
Le défi logistique est d’ailleurs l’un des premiers que devra surmonter Philippe Attang pour réussir l’entrée de Tradex sur le marché congolais. Des options s’offrent néanmoins à la filiale de la SNH pour avancer rapidement. Selon nos informations, un acteur non négligeable du marché est disposé à céder ses actifs. Il possède des capacités de stockage de plus de 10 000 m³ de gasoil et de plus de 1 000 m³ d’essence, localisées dans un point stratégique pour les importations de l’ouest de la RDC, ainsi que d’une dizaine de camions-citernes, d’une barge fluviale et deux stations-service.
Aboudi Ottou
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