Jean-Michel Sama Lukonde est le nouveau président du Sénat, la chambre haute du parlement congolais. L’information a été rendue publique le lundi 12 août au terme d’une élection ayant permis au candidat unique de la majorité au pouvoir de récolter 84 voix sur 96. Dans la foulée, il a annoncé un « plan visant à mettre en place un Sénat efficace, moderne et accessible » et un Sénat qui « devra exercer en toute indépendance le contrôle sur le gouvernement, les institutions d’appui à la démocratie, les entreprises publiques, les établissements publics et services publics ».
L’action publique, Jean-Michel Sama Lukonde la connait bien pour avoir été Premier ministre de février 2021 à février 2024. Né le 4 août 1977 à Paris, il est le fils de Stéphane Lukonde Kyenge, un homme politique de la province du Katanga assassiné en 2001. Après des études universitaires en Chimie industrielle et en informatique, en RDC et en Afrique du Sud, il débute sa vie professionnelle au sein du groupe audiovisuel sud-africain MultiChoice. Il s’oriente ensuite vers le secteur des mines en s’impliquant notamment dans des projets de la Gécamines, Métal mines, Huashin ou Rubamin. Il est nommé directeur de la Gécamines en 2019 par le président de la RDC, Félix Tshisekedi avant d’être porté aux fonctions de Premier ministre.
SA
Lors de sa visite de travail en République démocratique du Congo (RDC), la semaine dernière, Richard Nelson (photo), le coordonnateur du Programme Power Africa, a annoncé un nouvel investissement de 15,5 millions de dollars pour renforcer l’accès durable à l’électricité dans le pays. Concrètement, l’investissement qui s’étalera sur les trois prochaines années ira dans des projets d’électrification des milieux ruraux et la distribution de kits solaires pour les ménages, dans les zones reculées et non desservies par le réseau de distribution.
Cette enveloppe vient en renfort aux efforts déjà entrepris par le Programme en Afrique centrale et de l’est, comme l’acquisition, l’année dernière d’une participation de 85 % dans deux projets solaires. Notons qu’à court terme, Power Africa envisage de développer 350 MW d’électricité sur place, à travers en priorité l’énergie solaire.
D’ailleurs, Richard Nelson a laissé entendre que Power Africa s’investira davantage dans l’apport de solutions durables aux compagnies minières dans le pays. Celles-ci, faut-il le rappeler, présentent une demande électrique importante que le réseau de distribution peine à satisfaire. La situation est telle que de plus en plus d’opérateurs miniers développent leurs propres systèmes d’approvisionnement électrique.
« Nos efforts visent à avoir très bientôt un impact significatif notamment dans l’électrification des milieux ruraux », a-t-il déclaré, avant de mentionner que la mise en œuvre de ce projet sera réalisée par des entreprises privées partenaires.
Une fois réalisée, ce projet de Power Africa permettra de réduire le gap de l’accès à l’électricité dans le pays, qui selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), compte parmi les 20 pays avec le plus grand déficit d’accès à l’électricité dans le monde. On estime à 78 millions, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité en RDC.
Power Africa, qui est une initiative de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) lancée en 2013, veut ajouter 30 000 MW de capacité de production propre au mix africain d’ici 2030, afin de réaliser 60 millions de connexions électriques à cet horizon. Ceci implique la conception et la mise en place de programmes nationaux d’électrification, la modernisation des services de transmission et de distribution, le déploiement de technologies énergétiques propres, ainsi que la promotion des investissements dans le secteur de l’énergie.
L’initiative a déjà accompagné 42 pays africains dans leurs efforts pour l’électrification avec entre autres 14 300 MW de projets ayant atteint le closing financier, 7 600 MW ayant été mis en service à partir d’énergies propres.
Olivier de Souza
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En RDC, il faut en moyenne entre 10 et 15 ans pour développer une nouvelle mine de cuivre, de cobalt ou autre métal essentiel à la transition énergétique. C’est le deuxième temps le plus rapide au monde, après le Laos, selon un rapport publié le 18 juillet 2024 par S&P Global. Intitulé « Mine Development times : The US in perspective », ce rapport sur les États-Unis se concentre sur le temps nécessaire pour développer un projet minier, de la découverte à l’entrée en production. Pour réaliser son classement, S&P a pris en compte 268 mines réparties dans 23 pays. L’étude comprenait des mines de cobalt, de cuivre, d’or, de lithium, de nickel, de palladium, de platine, de vanadium et de zinc, en production ou non.
Si le document ne donne pas assez de détails ou d’explications sur le classement de la RDC, les critères avancés pour justifier le rang des États-Unis (2e temps de développement minier le plus long) apportent des éléments de réponse. Selon les auteurs, le temps long (29 ans en moyenne) pris chez l’Oncle Sam pour développer une mine s’explique principalement par la complexité des autorisations nécessaires (retard, imprévisibilité et coût de l’octroi de permis sur les terres fédérales). Ils évoquent également une volonté politique insuffisante malgré une forte dotation en ressources minérales, ou encore la faiblesse des investissements dans l’exploration.
Le rapport indique également que « le développement d’une mine aux États-Unis n’est pas seulement long et coûteux, mais il est également exceptionnellement incertain ». Aux États-Unis, apprend-on, même si les projets miniers obtiennent tous les permis nécessaires, ils sont soumis à un risque de litige (avec les parties prenantes) plus élevé comparativement à des pays comme le Canada ou l’Australie qui ont des temps de développement également élevé (27 et 20 ans respectivement).
Temps mis pour développer une mine par pays
Source : S&P
On pourrait en déduire que les autorisations réglementaires sont moins complexes et plus faciles à obtenir dans les pays mieux classés comme la RDC. Aussi, étant donné le poids du secteur minier dans l’économie congolaise, il est normal que les efforts du gouvernement pour le développement minier y soient plus marqués. En revanche, il est difficile de déterminer si les risques de litige moins élevés dans un pays comme la RDC sont liés aux lois en vigueur ou à une moins forte sensibilité des parties prenantes aux questions d’ordre environnemental ou social.
L’attractivité du secteur minier congolais
Pour mesurer l’attractivité d’une juridiction minière pour les investisseurs, plusieurs critères sont à prendre en compte, en l’occurrence le potentiel minéral, mais aussi les politiques en vigueur. Concernant le premier point, la RDC est reconnue comme étant un des pays les mieux dotés au monde en ressources minérales indispensables à la transition énergétique, comme le cuivre, le cobalt ou encore le lithium.
Pour le deuxième point, si le temps nécessaire pour développer une mine (selon les critères susmentionnés) en RDC peut être vu comme un indicateur de politiques attractives pour les investisseurs, d’autres facteurs sont à prendre en compte. En 2023, l’Institut Fraser a mis la RDC au 67e rang sur 83 dans son classement des juridictions minières africaines, selon leur attractivité pour les investisseurs étrangers. Ces deniers ont évoqué des défis comme « la récente augmentation unilatérale du taux de redevance en RDC », ou « le manque de clarté des limites des concessions minières d’exploration et la corruption ».
Malgré les critiques à l’encontre du pays pour certains aspects de sa politique minière, il faut remarquer que depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, plusieurs efforts ont été consentis pour faire évoluer la perception qu’ont les investisseurs étrangers de l’environnement minier congolais. Actuellement deuxième producteur mondial de cuivre et leader de la production de cobalt, le pays cherche à attirer toujours plus d’investissements pour concrétiser son vaste potentiel minier tout en tirant davantage de profits de ce secteur.
Louis-Nino Kansoun
Ntambwa Basambombo et Christel Ilaka sont en passe de décrocher une récompense pour leur projet visant à moderniser l’inclusion financière en République démocratique du Congo. Leur entreprise, Vaultpay, spécialisée dans les technologies financières, figure parmi les 10 finalistes du prix de l’innovation en fintech du groupe panafricain Ecobank. En cas de victoire, ils remporteront la somme de 50 000 $.
La solution de Vaultpay se distingue par sa simplicité et son efficacité. En RDC, où la taille du pays complique l’implantation d’agences bancaires, Vaultpay permet d’ouvrir un compte bancaire directement depuis un téléphone portable. Ce compte, capable de recevoir et d’émettre des paiements, est lié à une carte virtuelle, disponible dès l’inscription, puis physiquement sous 24 heures. Tout comme les néobanques telles que Wise, Fortuneo, Hello Bank ou Revolut, Vaultpay s’adapte aux besoins d’un marché de 105 millions d’habitants où l’accès aux services financiers reste encore limité pour une majeure partie de la population.
Les fondateurs de Vaultpay tirent parti de leurs expériences variées et longues. Christel Ilaka a débuté sa carrière chez Rawbank, la plus grande banque de RDC en termes d’actifs, en tant que chargé de relation clientèle pendant cinq ans et demi, avant de rejoindre Google comme développeur pendant trois ans. Ntambwa Basambombo, quant à lui, cumule 13 ans dans le développement informatique, dont 6,5 ans chez Airbnb.
Leur parcours les a menés en 2023 à Y Combinator, un accélérateur américain ayant soutenu des milliers de startups à travers de l’appui technique et des capitaux risque. Vaultpay a reçu 500 000 $ de Y Combinator en septembre 2023, selon des informations de la base des données Ecofin Pro de l’Agence Ecofin. Malgré son positionnement innovant, Vaultpay devra faire face à une forte concurrence des neuf autres finalistes de la compétition Ecobank, qui sont tous porteurs de solutions tout aussi disruptives.
Georges Auréole Bamba
Les banques commerciales en République démocratique du Congo ont manifesté un intérêt remarqué pour les obligations assimilables du Trésor, qui vont rapporter un intérêt global de 3,91 millions de dollars distribués sur une période de 18 mois, selon des calculs de Bankable. Cette souscription qui a atteint 278,2 % selon le ministère des Finances, contraste avec l’opération du 30 juillet, où le taux de souscription n’avait atteint que 49,8 % pour des besoins exprimés de 68,7 milliards de francs congolais (CDF).
L’émission actuelle portait sur un montant de 50 millions de dollars, et a suscité des offres totalisant 139,1 millions de dollars. Pour les investisseurs, cette opération présente l’avantage d’une immobilisation courte des capitaux avec une rémunération moyenne de 8 %. Cependant, la rentabilité nette dépend de facteurs non divulgués au public, comme le coût des ressources et la prime de risque.
Pour le gouvernement, l’opération est un engagement budgétaire conséquent, nécessitant des paiements trimestriels de 8,27 millions de dollars. Les fonds levés serviront à financer des projets structurants, mais la capacité de ces derniers à générer des ressources suffisantes pour rembourser cette dette sur le court terme reste incertaine. En juillet 2024, l’encours des titres publics congolais libellés en devises atteignait 491 millions de dollars, avec des maturités allant de trois mois à deux ans.
La configuration monétaire unique de la République démocratique du Congo, où 91 % des dépôts bancaires sont en dollars américains, facilite la mobilisation de fonds en devises par le gouvernement. Par ailleurs, la banque centrale a durci ses mesures pour stabiliser la monnaie nationale, en augmentant le taux directeur à 25 % et le coefficient des réserves obligatoires sur les dépôts en CDF à 12 %.
Georges Auréole Bamba
Le Congolais Prosper Ntetika Mbakata a officiellement lancé les activités du Think Tank Law and Technologies dont il est le président, mardi 6 août à Kinshasa. L’avocat au barreau de Kinshasa-Gombe, spécialiste en droit du numérique, voit dans ce cabinet d’étude qui regroupe des experts pluridisciplinaires un atout pour doter la République démocratique du Congo d’un cadre juridique le mieux adapté au développement d’un secteur numérique national évolutif et fort.
Les missions du Think Tank englobent la conduite de recherches et d'analyses sur les questions juridiques et réglementaires liées aux technologies numériques en RDC ; la promotion du dialogue et de la collaboration entre experts, chercheurs, décideurs politiques et acteurs du secteur privé. Law and Technologies propose également sa contribution à l'élaboration de politiques publiques, de stratégies de développement du numérique et de législations adaptées au contexte technologique de la RDC. En résumé, il s’agit pour le cabinet d’anticiper l’évolution technologique pour façonner un cadre légal adapté aux enjeux de demain.
L’Organisation de coopération et de développement économique (OECD) considère qu’un cadre réglementaire adapté est un atout indispensable pour la croissance économique. C’est d’ailleurs l’un des points sur lesquels elle insiste pour améliorer la facilité des affaires car un cadre juridique adapté offre plusieurs avantages à un secteur économique. Il est la garantie d’un environnement d’affaires stable et d’une équité économique pour les investisseurs, il protège les consommateurs ainsi que les travailleurs. Il protège l’État dans ses droits.
L’expertise du Think Tank Law and Technologies, la RDC en aura besoin au regard des ambitions de l’État dans le numérique qui pourraient être entravées par le faible niveau actuel de préparation juridique du secteur. Dans son Network Digital Report 2023, Portulans Institute, qui classe les économies mondiales selon divers critères, situe la RDC parmi celles avec le plus faible niveau de réglementation relative aux TIC. Dans la sous-catégorie « réglementation » du critère « gouvernance », le pays est 131e sur 134.
Niveau réglementaire du secteur numérique de la RDC
Source : NRI 2023
L’économie numérique est aujourd’hui porteuse de nombreuses opportunités économiques selon la Banque mondiale. Son impact bénéfique dans le développement économique et social n’est plus à démontrer. Prosper Ntetika Mbakata souhaite penser le droit à l’ère du numérique comme un outil qui concilie les intérêts aussi bien publics que privés.
Muriel EDJO
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Le ministre de la Justice de la République Démocratique du Congo, Constant Mutamba, a réaffirmé son engagement à lutter contre ce qu’il appelle la « mafia judiciaire ». « J’ai lancé une commission à cet effet, et le rapport sera remis au président de la République », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec les journalistes de la chaîne de télévision Télé 50. Cette initiative fait partir des efforts déployés pour réformer le système judiciaire du pays.
Le ministre a détaillé les actions qu’il a entreprises pour lutter contre les détournements de fonds et la corruption. Il a précisé que la commission, évoquée plus tôt, a été déployée sur l’ensemble du territoire national avec pour mission de recueillir les dénonciations concernant les actes mafieux affectant les dossiers judiciaires et pénitentiaires.
En outre, le ministre Mutamba a encouragé les populations à soutenir l’initiative par des dénonciations et des déclarations. Comme dans de nombreux pays, la justice joue un rôle crucial dans la sécurisation des transactions économiques et la création d’entités juridiques. Cependant, certains témoignages évoquent encore l’existence de pratiques de corruption, telles que le versement de pots-de-vin pour accélérer le traitement des dossiers.
Les déclarations du ministre Mutamba devront se traduire par des changements concrets. Dans une intervention similaire avec la presse, Daniel Mukoko Samba, vice-premier ministre et ministre de l’Économie, a souligné que l’une des causes de la vie chère dans le pays réside dans l’existence de barrières et de postes de contrôle non réglementaires, où de l’argent est extorqué aux agents économiques.
Plus globalement, le gouvernement congolais a fait de la lutte contre la corruption et les détournements un des principaux axes de sa gouvernance. Une agence de lutte contre la corruption a été mise en place et plusieurs ministères, dont celui des Finances, sont activement impliqués dans cette lutte. L’engagement du ministre Mutamba sur le terrain judiciaire est une initiative à suivre de près. Selon une enquête Afrobaromètre publiée en décembre 2023, la corruption persiste dans le pays en grande partie parce que les populations craignent de dénoncer les abus.
Georges Auréole Bamba
Dans son Plan national d’adaptation (PNA), la République Démocratique du Congo (RDC) prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 21% d’ici 2030. Toutefois, selon le dernier rapport pays du Fonds monétaire international (FMI) sur la RDC, publié en juillet 2024, l’État ne peut financer que 2% des efforts de réduction des émissions, les 19% restants dépendent de financements extérieurs.
Cette situation représente une opportunité unique pour les entreprises actives dans la chaîne de valeur des solutions énergétiques, surtout que le pays est l’un des principaux producteurs de minerais nécessaires à ces technologies.
De plus, la RDC possède un potentiel hydroélectrique considérable dans la région. Le fleuve Congo seul offre un potentiel de production de 100 000 MW, représentant environ 37% du potentiel africain et près de 6% du potentiel mondial. Le projet Grand Inga, quant à lui, propose un potentiel d’exploitation de 39 000 MW, consolidant ainsi l’hydroélectricité comme une solution majeure pour répondre aux besoins énergétiques du pays et aux ambitions climatiques.
En parallèle de l’hydroélectricité, le FMI souligne les opportunités offertes par d’autres technologies énergétiques propres, toutes aussi prometteuses.
Les autorités reconnaissent l’importance des programmes soutenus par le Fonds pour mobiliser le soutien des partenaires au développement et des investisseurs privés, et pour offrir un cadre stable pour atteindre les objectifs de développement de la RDC. Le Fonds s’engage à accompagner les autorités dans l’optimisation de la réglementation afin d’attirer les investissements nécessaires pour atteindre ces objectifs.
Olivier de Souza
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En RDC, le développement de l’élevage commercial peut positionner le pays comme un acteur majeur de la chaîne de valeur de la viande bovine sur le continent africain. Alors que le top 3 des principaux producteurs de cette catégorie est formé par l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Égypte, la Banque mondiale indique dans son rapport diagnostique du secteur privé, publié en mars 2022, que le pays a les atouts pour bousculer cette hiérarchie.
En effet, les pâturages disponibles dans le pays couvrent près de 87 millions d’hectares et peuvent nourrir, selon l’institution, environ 40 millions de têtes de bétail. Si ce potentiel en matières premières peut permettre de débloquer l’aval de la chaîne et stimuler les maillons de la commercialisation, de la transformation et de la distribution, il faut rappeler que pour l’heure, la filière bovine reste encore à ses débuts.
Selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC), le cheptel bovin occupait en 2022, le 3e rang en termes d’importance avec 1,39 million de têtes derrière la volaille (19,3 millions) et les caprins (4,1 millions). Par comparaison, la Tanzanie possède plus de 30 millions de têtes de bovins en dépit d’une zone de pâturage plus limitée et des conditions climatiques plus sèches.
Défis
Plus largement, les auteurs du rapport soulignent que l’industrie de la viande bovine doit faire face, à l’image des autres segments du secteur de la viande, à plusieurs défis qui nourrissent des importations de l’ordre de 124 millions $ de produits carnés et de produits laitiers depuis l’Union européenne (UE). Il s’agit notamment du coût prohibitif des aliments qui limite l’essor de la production, des maladies animales. Sur ce dernier volet, le manque d’accompagnement des ménages ruraux qui pratiquent essentiellement le petit élevage, notamment par les services vétérinaires publics, et la faiblesse de la recherche sont également des freins à l’amélioration de la productivité du secteur.
Avec une politique beaucoup plus volontariste, un plan de développement plus spécifique et un cadre incitatif plus favorable, le pays pourrait non seulement améliorer la disponibilité au niveau local de cette source de protéines, mais aussi en tirer profit à l’export. En attendant le secteur public, il faut noter que certains acteurs privés ont déjà compris l’opportunité que présentait la chaîne de valeur bovine en RDC et investissent depuis quelques années pour se renforcer.
Parmi les poids lourds, figure le groupe agroalimentaire GoCongo Holding Belgium qui a racheté, en 2022, la Pastorale du Haut-Lomami (PHL) qui était le second acteur du secteur de l’élevage dans la région du Grand-Katanga. L’opération a permis au groupe de porter son troupeau de bovins à près de 56 000 têtes sur une superficie de 73 000 hectares.
Espoir Olodo
Le vice-premier ministre en charge de l’Économie de la République démocratique du Congo (RDC), Daniel Mukoko Samba, a annoncé une série de mesures visant à lutter contre la vie chère et à stimuler le pouvoir d’achat des Congolais. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre des efforts du gouvernement en vue de stabiliser l’économie et réduire l’inflation.
Lors d’une rencontre avec la presse ce 12 août 2024, Mukoko Samba a dévoilé un plan ambitieux ciblant neuf produits de première nécessité. Parmi les mesures phares, on note une réduction de 50% des droits d’entrée à l’importation et la suppression de la redevance rémunératoire informatique de 2,25% sur la valeur Caf de ces produits essentiels. Il s’agit notamment du maïs, de la farine de maïs, du lait en poudre, du riz importé, de la volaille, du poisson, de la viande et de l’huile végétale. Le vice-premier ministre a également annoncé la réduction ou la suppression de diverses taxes et prélèvements imposés par des agences publiques telles que l’Office congolais de contrôle (OCC) et la Direction générale des douanes et accises (DGDA). Ces mesures visent à alléger significativement la charge fiscale sur les produits de base.
Mukoko Samba a souligné que ces initiatives s’inspirent du modèle de subvention des carburants déjà en place en RDC. Il a rappelé que ce programme de subvention a permis de maintenir les prix de l’essence et du gazole respectivement à 3 475 et 3 465 francs congolais le litre, bien en deçà des prix du marché. Le coût de cette subvention pour l’État est estimé à près de 285 millions de dollars à fin 2023, avec des projections atteignant les 400 millions de dollars d’ici fin juin 2024.
Le ministre a reconnu que ces mesures ne constituent qu’une partie de la solution face aux défis économiques du pays. Il a insisté sur la nécessité d’une approche globale, incluant des investissements structurels dans les infrastructures de stockage et de logistique pour réduire les pertes post-récolte, qui atteignent jusqu’à 30% dans certaines régions comme le Kasaï. Dans le cadre de sa stratégie économique, Mukoko Samba a également mis en avant quatre priorités pour son ministère : la diversification des exportations, la levée des entraves à l’amélioration du pouvoir d’achat, le soutien à l’économie informelle et le financement de l’économie.
Le vice-premier ministre a appelé à la solidarité gouvernementale pour concrétiser les six engagements du président Félix Tshisekedi, soulignant l’importance de neutraliser certains freins économiques tels que la dépendance aux importations alimentaires, l’état précaire du système financier national et la dollarisation de l’économie. Alors que la banque centrale de la RDC vise un taux d’inflation de 11%, contre 15,3% actuellement, Mukoko Samba a promis une vigilance accrue contre les pratiques spéculatives et une période d’observation pour évaluer l’impact des nouvelles mesures sur les prix à la consommation.
Ces annonces interviennent dans un contexte où la RDC cherche à stabiliser son économie et à améliorer le niveau de vie de sa population, tout en attirant les investissements nécessaires pour soutenir une croissance économique durable à long terme.
Idriss Linge