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Equipe Publication

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Le gouvernement prépare des mesures visant à accorder le marché de l’approvisionnement en carburant des sociétés du portefeuille de l’État aux entreprises Sonahydroc et Cobil. L’objectif est de maintenir ces deux sociétés publiques, actives dans le secteur pétrolier, en « équilibre financier ». Cette information a été communiquée par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Busa, à l’issue d’une réunion intergouvernementale tenue le 28 août 2024. Les ministres des Finances, des Hydrocarbures, ainsi que les responsables de Sonahydroc et Cobil ont également participé à cette réunion, présidée par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka.

Pour le même objectif, les autorités ont également mentionné une collaboration plus étroite avec les banques commerciales afin de consolider les lignes de crédit existantes.

Les retombées attendues de ces mesures incluent non seulement une stabilisation des prix des produits pétroliers, mais aussi une amélioration des services offerts par Sonahydroc et Cobil, qui pourront ainsi sécuriser les chaînes d’approvisionnement. 

Ces mesures interviennent alors que les problèmes de pénurie, d’irrégularités, et de prix élevés des produits pétroliers prennent de l’ampleur, affectant le portefeuille des consommateurs et freinant le bon fonctionnement des activités économiques sur l’ensemble du territoire. Conscient des enjeux, lors du Conseil des ministres il y a deux semaines, le Président Félix Tshisekedi a appelé les responsables en charge du secteur à mener des réflexions pour assainir le secteur.

Cela passe par la réorganisation de la tarification des produits pétroliers, favorisant ainsi un marché plus transparent et compétitif. Par ailleurs, Kinshasa espère lutter contre la fraude douanière, qui affecte négativement l’offre de produits et la régulation du marché, particulièrement dans les régions du sud du pays. Cette fraude constitue un obstacle majeur à la stabilité des prix, entraînant une forte volatilité des coûts.

Olivier de Souza

 

En République démocratique du Congo, les acteurs de la filière café robusta pourraient bénéficier de l’amélioration des prix de cette variété sur le marché mondial. Après une hausse de 58 % en 2023, les prix ont déjà augmenté de 63 % cette année, atteignant le mardi 9 juillet dernier, un record de 4 667 $ la tonne sur le marché de Londres.

Cette situation est liée à la forte demande de la part des torréfacteurs, sur fond de ralentissement des ventes du Vietnam, premier exportateur mondial de robusta et second fournisseur de café. Dans le pays asiatique, en effet, les exploitants ont été touchés par la pire sécheresse depuis plus de 10 ans, phénomène qui a assombri les perspectives de la nouvelle campagne qui débutera en novembre prochain.

Pour la filière café congolaise, la hausse du prix à l’export crée une opportunité pour renforcer les investissements dans les plantations de robusta, une variété plus résistante au temps sec, qui fournit plus de 70 % de la production totale de café du pays.

Selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC), l’offre de robusta a atteint 23 130 tonnes en 2022, soit 385 500 sacs de 60 kg. Un tel volume fait de la RDC, le 5e fournisseur africain de robusta aux côtés de l’Ouganda, de la Côte d’Ivoire, de la Tanzanie et du Cameroun. 

Plus globalement, le second pays le plus vaste d’Afrique devrait bénéficier des perspectives positives concernant la consommation mondiale. Selon les données de l’Organisation internationale du café (OIC), la consommation de la fève devrait grimper de 2,2 % durant la campagne 2023/2024. 

Pour rappel, en RDC, la culture de café s’effectue sur près de 200 000 hectares, selon les données du secrétariat de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

Espoir Olodo 

Le projet de révision du code minier de la République démocratique du Congo, proposé en 2015, a vu son processus d’adoption suspendu en mars 2016 en raison des vives objections des compagnies minières, qui se plaignaient que cela compromette la rentabilité des investissements dans le secteur. Finaliser ce projet en 2018 n’a pas été facile pour le gouvernement, qui s’est de nouveau heurté aux protestations de l’industrie minière. Mais la RDC, premier producteur mondial de cobalt et leader de la production cuprifère en Afrique, semble, si l’on en croit le FMI, avoir atteint un des premiers objectifs annoncés lors de l’adoption de sa nouvelle charte minière en 2018 : tirer plus de profits de l’exploitation des richesses de son sous-sol.

Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI), publié en juillet 2024, les recettes du secteur minier congolais ont « considérablement » augmenté depuis le nouveau code minier de 2018. Elles sont passées d’une moyenne de 4 milliards $ sur la période 2013-2017 à une moyenne de 5,5 milliards $ sur la période 2018-2022. Ces revenus proviennent principalement de l’impôt sur les sociétés (CIT), des redevances et des paiements échelonnés de primes de signature ainsi que des droits d’importation.

« Cela [la hausse des recettes, NDLR] pourrait s’expliquer par l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation de la RDC (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement », peut-on lire dans le rapport. Promulgué en 2018 alors que plusieurs compagnies minières s’y opposaient, le nouveau code minier de la RDC a augmenté les redevances et imposé de nouvelles taxes.

Contre vents et marées

Pourtant, à l’époque, un groupe, constitué de sociétés comme Randgold, Glencore, Ivanhoe Mines ou encore China Molybdenum, avait déclaré que le gouvernement pourrait perdre plus de 3 milliards $ sur une décennie et faire face à des poursuites judiciaires s’il n’abandonne pas certaines clauses du nouveau code minier. « Il ne peut y avoir aucune ambiguïté, d’un point de vue gouvernemental, quant à l’intention des compagnies minières de protéger leurs droits si la législation est appliquée. », avait alors déclaré des représentants l’industrie dans la presse internationale.

Pour sa part, Randgold (racheté plus tard par Barrick), alors propriétaire de la mine Kibali (aujourd’hui plus grande mine d’or d’Afrique), avait indiqué en février 2018 que le pays pourrait perdre annuellement jusqu’à 10 millions de dollars si la nouvelle charte minière de la RDC était promulguée. « Au plus haut, ce serait 10 millions $ par an, ce qui n’est pas important pour un investissement comme celui de Kibali, mais si vous étiez une petite entreprise qui opère sur un petit gisement, vous seriez sous une énorme pression. », expliquait Mark Bristow, le DG de la société.

A son arrivée au pouvoir en 2019, le président Félix Tshisekedi n’a pas reculé face à la pression de l’industrie minière, poursuivant les réformes engagées par son prédécesseur au sujet de la charte minière. « Nous allons assainir le climat des affaires par la vulgarisation du nouveau code minier et la conclusion de contrats gagnant-gagnant. Je serai attentif aux doléances des opérateurs miniers par un dialogue permanent », avait déclaré M. Tshisekedi. Sous le nouveau régime, il faut noter que les plaintes des entreprises au sujet du code minier ont diminué et la RDC a, en plus, renégocié plusieurs contrats conclus avec des sociétés étrangères.

Au-delà du code minier, la hausse de la production et des prix

En dehors de la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement dans le cadre du nouveau code, le FMI évoque l’augmentation de la production minière congolaise, un facteur dont l’importance ne doit pas être négligée.

Selon les données du ministère congolais des Mines, la production de cobalt (la RDC est le premier producteur mondial) est passée de 109 402 tonnes en 2018 à 115 371 tonnes en 2022, soit une hausse de 5 %.

Évolution de la production de cobalt en RDC

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Source : ministère des Mines

L’importance de la hausse de la production de cobalt sur les recettes congolaises s’explique par les niveaux de prix élevés de cette matière première utilisée dans les batteries des véhicules électriques et nécessaire pour la transition énergétique. Selon une analyse du site ressources-naturelles.canada.ca, le prix du cobalt a fluctué entre 26 000 et 30 000 dollars la tonne entre 2013 et 2016. Il va ensuite grimper à 56 000 dollars/t en 2017 puis 95 000 $ en 2018. Cette hausse « spectaculaire » sera suivie en 2019 d’une baisse proportionnelle qui amènera le prix à 33 000 $ la tonne. La pandémie de Covid-19 n’arrangera rien à la chute, expliquée par plusieurs analystes comme une explosion de la bulle spéculative créée autour de cette matière première. Toutefois, vers fin 2020, la hausse du cours du cobalt a progressivement repris jusqu’à 64 000 dollars la tonne en 2022.

Évolution du prix du cobalt entre 2013 et 2022 

34guilum

Source : ressources-naturelles.canada.ca

Quant à la production de cuivre, elle est passée de 1,2 million de tonnes en 2018 à 2,4 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 100 %. Premier producteur de cuivre d’Afrique, la RDC est aujourd’hui dans le top3 mondial, grâce notamment à l’entrée en service du projet Kamoa-Kakula. Ce dernier est présenté comme pouvant devenir la future deuxième plus grande mine de cuivre, avec en plein régime une capacité de production de plus de 800 000 tonnes de concentré de cuivre par an. Elle a livré 393 551 tonnes en 2023.

Évolution de la production de cuivre en RDC

56guilum

Source : ministère des Mines

Il est également important de souligner que si les revenus miniers de la RDC ont augmenté depuis 2018, c’est également à cause de la hausse du prix du cuivre. Selon le FMI, « il existe une corrélation presque parfaite entre les recettes intérieures et les prix du cuivre ».

Évolution des cours du cuivre et des recettes intérieures  

78guilum

Source : FMI

De bonnes perspectives

Les recettes minières tirées par la RDC de son secteur minier devraient continuer d’augmenter. Selon le FMI, les redevances minières des compagnies, composante importante de ces recettes, devraient passer de 1 499 milliards de francs congolais en 2022 à 2 688 francs congolais en 2024. Les mêmes facteurs qui ont porté la hausse des recettes sur les dernières années devraient également être déterminants dans les prochaines années.

La production de cuivre du pays devrait continuer de croître à mesure que le projet Kamoa-Kakula voit sa capacité augmenter. En 2024 par exemple, Ivanhoe Mines prévoit d’y produire entre 440 000 et 490 000 tonnes. Dans le même temps, les perspectives pour le prix du cuivre sont également reluisantes. Le métal rouge, qui a établi un nouveau record de prix historique à 11 000 dollars en mai dernier, pourrait se négocier à 15 000 dollars d’ici 2025, selon les analystes de Citibank et Macquarie. De plus, son potentiel de croissance à long terme serait plus grand du fait de son importance pour la transition énergétique.

En ce qui concerne le cobalt, si son prix est depuis plusieurs mois assez bas, comparativement au niveau de 2017-2018, les perspectives à long terme restent solides selon plusieurs analystes. Selon le Cobalt Institute (qui prévoit un excédent sur le marché jusqu’en 2025), la demande mondiale de la matière première devrait doubler, passant de 187 000 tonnes en 2022 à près de 388 000 tonnes d’ici 2030, une prévision qui devrait impacter les prix.

Louis-Nino Kansoun

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Zinc de Kipushi, le nouveau trésor de la RDC

Le rythme de la hausse des prix continue de ralentir en République Démocratique du Congo. Selon la Banque centrale, les prix affichent globalement une progression de 14,5 % sur une base annuelle sur quatre semaines du mois d’août. En début de mois, l’inflation avait déjà ralenti à 15,25 %, contre 23,75 % fin janvier 2024, selon des données de la Banque centrale du pays (BCC). Toutefois, l’objectif d’une augmentation des prix limitée à 11,5 % par an reste encore loin d’être atteint.

Cette évolution révèle la difficulté pour le gouvernement congolais de contenir l’inflation tout en maintenant un taux de change stable. Dans les rues et marchés de Kinshasa, la capitale qui compte près de 23 millions d’habitants selon plusieurs estimations, la principale cause évoquée pour la hausse des prix est la dépréciation du franc congolais.

Cependant, selon la plus récente note de conjoncture de la Banque centrale, la monnaie nationale a commencé à s’apprécier. Cette évolution correspond mieux à la situation du commerce extérieur, où les exportations de biens et services dépassent les importations. Pourtant, pour des millions de Congolais, ces améliorations macroéconomiques tardent à se traduire par un pouvoir d’achat accru.

Les biens de consommation, qu’ils soient produits localement ou importés, doivent transiter par des corridors de transport coûteux, limitant la marge d’intervention de l’État, qui ne peut agir, à court termes, que sur les taxes. Selon le ministère de l’Économie, ces taxes ne représentent pas plus de 23 % du coût des produits. De plus, pour un produit de base comme le maïs, la RDC souffre d’un important déficit de production et doit recourir à l’importation.

La situation exige une approche plus complexe que celles envisagées par les théories économiques classiques. En RDC, l’essentiel de la masse monétaire est en dollars américains, une devise sur laquelle la Banque centrale congolaise n’a aucun contrôle. Le reste de la masse monétaire (18 %), représenté par la monnaie locale, est non seulement insuffisant pour la majorité de la population, mais est d’autant plus coûteux à obtenir en raison des taux d’intervention élevés de la Banque centrale (25 %).

Georges Auréole Bamba

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Le groupe minier chinois CMOC a annoncé en fin de semaine dernière une hausse en glissement annuel de 670% à 762 millions $ de son bénéfice net attribuable au premier semestre 2024. Selon les détails énoncés dans son bilan, cette performance a été portée entre autres par la croissance de sa production (qui a dépassé les objectifs) et « des progrès majeurs réalisés sur ses opérations en RDC ».

Si les détails fournis ne permettent pas de mesurer le poids réel des opérations congolaises (TFM et KFM) dans les performances de CMOC, ils permettent de s’en faire une idée. La production de cuivre de CMOC a augmenté de 100,74% au premier semestre, totalisant 313 788 tonnes, alors que celle de cobalt a augmenté de 178,22% à 54 024 tonnes sur la même période.

En effet, ces hausses interviennent alors que la société chinoise signale que l’usine de traitement de TFM Est a atteint ses objectifs de production au cours de la période, « avec cinq lignes de production désormais opérationnelles ». Grâce à ce progrès, le projet dispose maintenant d’une capacité de production annuelle de 450 000 tonnes de cuivre et 37 000 tonnes de cobalt, ce qui en fait la 5e plus grande mine de cuivre et la 2e plus grande mine de cobalt au monde. Quant au second projet, il a maintenu une « production élevée » avec une « capacité annuelle dépassant 150 000 tonnes de cuivre et 50 000 tonnes de cobalt, consolidant ainsi sa position de plus grande mine de cobalt au monde ».

L’analyse de ces données montre que CMOC a donc une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes de cuivre et 87 000 tonnes de cobalt. Si la compagnie chinoise produit également du molybdène, du tungstène, du niobium, des engrais phosphatés, la hausse de ses performances au premier semestre est à mettre principalement à l’actif du cobalt et du cuivre. CMOC cite par exemple comme autres facteurs expliquant ses bonnes performances « la hausse des prix des métaux sur les marchés mondiaux, notamment du cuivre et du cobalt ».

Pour la RDC, l’amélioration des capacités de production de CMOC présente un certain nombre d’enjeux. Leader mondial de la production de cobalt et 2e producteur mondial de cuivre, le pays d’Afrique central devrait pouvoir compter sur les mines TFM et KFM pour consolider ses statuts dans ces deux secteurs. L’objectif final reste pour la RDC de tirer davantage de revenus (impôts, taxes, redevances, etc.) de l’exploitation de ses ressources minières.  

Selon les données du FMI, ces revenus sont passés d’une moyenne de 4 milliards $ sur la période 2013-2017 à une moyenne de 5,5 milliards $ sur la période 2018-2022, « grâce à l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement ».

Louis-Nino Kansoun

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Le président congolais Félix Tshisekedi se rendra en Chine la semaine prochaine pour rencontrer son homologue Xi Jinping, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié sur sa plateforme X (anciennement Twitter).

Le chef de l’État congolais assistera à Pékin au neuvième Forum Chine-Afrique (Focac), qui se tiendra du 4 au 6 septembre 2024 en présence de plusieurs autres chefs d’État africains. Lors de cette visite, les deux dirigeants devraient aborder des questions essentielles de coopération bilatérale.

« Les experts congolais et chinois se sont accordés sur les points essentiels à aborder, soulignant ainsi la volonté des deux États de renforcer leur coopération sur des enjeux de développement économique, au-delà du cadre du Focac », précise le ministère congolais des Affaires étrangères.

La Chine est le principal partenaire commercial de la RDC, avec des échanges estimés à près de 19 milliards de dollars en 2023, et une balance commerciale largement excédentaire pour le pays d’Afrique centrale. Au cours des sept premiers mois de 2024, Kinshasa a enregistré un excédent commercial de 10,3 milliards de dollars dans ses échanges avec Pékin, soit le chiffre le plus élevé des cinq dernières années.

Ces échanges sont principalement dominés par les matières premières que la RDC exporte vers la Chine, notamment le cobalt et le cuivre, dont 90 % des exportations sont destinées au pays asiatique. Cependant, la Chine investit également dans d’importants projets d’infrastructure en RDC, tels que le port sec de Sakania, la centrale hydroélectrique de Busanga, et l’avenue Nzolana.

Dans le cadre de son ambition de diversifier l’économie congolaise, le président Félix Tshisekedi a lancé plusieurs initiatives pour attirer les investissements étrangers vers d’autres secteurs clés, notamment les infrastructures. Bien qu’aucun accord spécifique n’ait encore été annoncé, il est probable que ces sujets d’intérêt soient abordés lors de ses discussions avec le président chinois.

Moutiou Adjibi Nourou, Agence Ecofin

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Paul Hinks, le dirigeant de la société américaine Symbion Power, producteur indépendant d’énergie, a rencontré la Première ministre de la République Démocratique du Congo, Judith Suminwa Tuluka, le 27 août 2024. Les ministres des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, et des Ressources hydrauliques et de l’Électricité, Teddy Lwamba, étaient également présents. A l’ordre du jour de la rencontre figurait les procédures administratives nécessaires au lancement de son projet visant à transformer le gaz contenu dans le lac Kivu en électricité, apprend-on de médias ayant couvert l’évènement.

« Nous sommes venus pour régler certaines questions de nature administrative avec la cheffe du gouvernement. Nous pensons que les questions qui étaient pendantes vont être résolues le plus rapidement possible. Si tel est le cas, dans les trois mois à venir, nous allons initier les différentes étapes pour l’exploitation », a fait savoir monsieur Hinks à sa sortie de la rencontre avec les membres du gouvernement. Il est question d’investir 300 millions de dollars pour installer une capacité de production de 60 mégawatts.

Aucun détail n’a filtré sur la nature des procédures administratives à surmonter. En janvier 2023, Symbion Power a remporté l’appel d’offres du gouvernement de RDC pour le développement du projet de biogaz de Makelele sur le lac Kivu, via sa filiale locale Renewable Energy Development. À l’analyse d’une autre initiative menée par Kivu Power, la société de projet mise en place par le Tunisien EPPM pour développer un projet similaire, on note que, même après avoir remporté l’appel d’offres, il a fallu encore obtenir une concession gazière et une licence de producteur d’électricité. Il n’est pas exclu que Symbion Power soit dans ce processus.

Avec la Première ministre, Paul Hinks dit avoir également discuté du projet visant à produire jusqu’à 150 mégawatts d’électricité, via 33 micro-barrages. Ce projet est porté par MyHydro, une coentreprise formée par Symbion Power et Natel, une startup américaine qui a inventé des turbines adaptées à des petits barrages électriques. Pour ce projet, l’entreprise américaine a déjà obtenu les autorisations réglementaires.

Le premier site est annoncé à Kabeya-Kamwanga, sur la rivière Lubi, près de Mbuji-Mayi, capitale du diamant de la RDC. La localité ne compte pas moins de 3 millions d’habitants qui ne sont pas tous connectés au réseau national, alors qu’elle est proche d’une rivière au débit d’eau jugé intéressant. Ici, il était prévu un développement en deux phases : une première de 1,2 mégawatt, dont la livraison est attendue avant fin septembre 2024, et l’autre de 3,6 mégawatts, prévue pour être livrée avant la fin du mois de mars 2025. Pour l’heure, on n’a pas d’informations sur les prix que compte pratiquer la joint-venture MyHydro.

Ces différents projets menés par des producteurs indépendants sont désormais possibles grâce à la libéralisation du secteur de l’électricité. L’objectif est d’adresser le déséquilibre entre l’offre et le demande d’électricité, notamment dans les zones rurales.

Georges Auréole Bamba

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Le ministre d’État, en charge de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire en République démocratique du Congo, a récemment visité Mbuji-Mayi, la principale ville du Kasaï oriental, connu comme la capitale du diamant. Son objectif : discuter de la diversification de l’économie locale en exploitant le potentiel agricole d’une région où l’exploitation des pierres précieuses domine, souvent au détriment de la sécurité alimentaire.

Lors de cette visite, M. Mutshail Mutomb a rencontré son homologue provincial pour identifier les zones de production agricole et affiner les plans de la prochaine campagne. Il a mis en avant la culture du soja comme une solution contre la malnutrition. Au forum sino-congolais sur les mines, il a lancé un appel aux participants, insistant sur la nécessité d’investir dans l’agriculture pour répondre à la pénurie de maïs.

« À tous ceux qui ont de l’argent en banque, sachez que mon ministère est prêt à vous accompagner pour reconstruire le Kasaï dans le domaine de l’agriculture », a déclaré le ministre. Il a ajouté : « Mon ministère, sous la direction du président Félix Antoine Tshisekedi, est là pour faciliter les opportunités d’investissement dans l’agriculture et la sécurité alimentaire ».

La sécurité alimentaire dans le Kasaï, et en RDC en général, reste un défi majeur pour les gouvernements successifs. Avant l’indépendance, le pays était un grand producteur agricole, notamment d’huile et de manioc. Aujourd’hui, bien que la RDC possède 80 millions d’hectares de terres arables et 4 millions d’hectares de terres irrigables, seulement 10 % de ces terres sont exploitées. Lors d’une récente intervention télévisée, le ministre de l’Économie a mentionné que pour le maïs, l’aliment de base le plus consommé dans le pays, il y a un déficit de 10 millions de tonnes. Outre le manque de capacités de production, il y a aussi un faible investissement dans les solutions de stockage, ce qui rend le pays dépendant du maïs importé.

Comme défis, le ministre Mutshail Mutomb évoque les fortes pluies et les perturbations dans l’approvisionnement en engrais. Ce dernier veut donc attirer des investisseurs pour relever ces défis. Un projet est d’ailleurs en maturation avec une entreprise de négoce, basée en Suisse. Elle souhaite s’associer à des acteurs de la chaîne de valeur agricole, notamment pour les équipements de transformation et de conservation, afin de créer des filières de production agricole solides.

Georges Auréole Bamba

Portées par la croissance démographique et économique, favorisée par l’exploitation minière, plusieurs branches de l’industrie comme les boissons alcoolisées et gazeuses ont connu des évolutions positives sur la dernière décennie. Selon l’édition 2023/2024 du rapport sur le marché mondial de la boisson du cabinet d’analyse BarthHaas, la production de bière de la République démocratique du Congo a atteint 5,2 millions d’hectolitres (520 millions de litres) en 2023. Cette production, en hausse de 6 % par rapport à l’année précédente (4,9 millions d’hectolitres), est la 6e plus importante du continent.

S’il s’agit d’une hausse appréciable en volume, force est de constater que, globalement, le secteur congolais des boissons n’arrive pas encore à combler les besoins grandissants qui entretiennent les importations. D’après la Banque centrale du Congo (BCC), la valeur des achats de cette catégorie de produits a augmenté de 9,8 % en moyenne par an entre 2018 et 2022, passant de 627 millions $ à plus d’un milliard $.

S’il existe donc encore un énorme potentiel de progression sur le marché intérieur pour la substitution des importations par la production locale, de nombreux défis continuent à limiter la performance des industriels. Dans son rapport Diagnostic du secteur privé du Congo, publié en mars 2022, la Banque mondiale estime que l’un des principaux écueils réside dans l’approvisionnement en bouteilles en verre, un type de conditionnement très apprécié sur le marché congolais, comme dans la plupart des pays africains. « Les producteurs de boissons non alcoolisées et de bière ont indiqué que la qualité des bouteilles en verre produites localement entraîne 10 % de déchets supplémentaires dans le cycle de production en raison des bris de verre », indique l’institution.

Plus de 100 impôts différents

En dehors de l’embouteillage, les auteurs du rapport soulignent que, globalement, les intrants locaux ne sont pas disponibles ou ne sont pas compétitifs en termes de prix et de qualité sur le marché intérieur. À cela s’ajoute une situation des affaires marquée par le coût élevé de l’électricité, l’enclavement de certaines localités et le poids de la fiscalité auxquels fait face l’industrie de la boisson et secteur manufacturier en général.

« Comme dans la plupart des autres secteurs, le harcèlement fiscal et les paiements non fiscaux constituent une contrainte majeure. Les entreprises manufacturières déclarent payer plus de 100 impôts différents. Une étude de la Commission européenne a conclu que l’application de tous les impôts sur l’industrie manufacturière (impôts nationaux et infranationaux combinés) ne permet pas à une entreprise légale d’être rentable », souligne la Banque mondiale.

Dans un tel contexte, l’institution estime que l’amélioration de l’environnement des entreprises, des infrastructures et un assouplissement de la fiscalité pourraient permettre « de développer une production dirigée vers le marché intérieur ».

En attendant, il faut noter que le gouvernement a annoncé le 26 juin dernier la suspension des importations de bières et de boissons gazeuses sur une période de 12 mois. Selon les autorités, cette mesure devrait participer à réduire la concurrence que les produits importés exercent sur les produits locaux. Mais une partie de l’opinion redoute qu’elle engendre des pénuries ou une hausse des prix des boissons.

Espoir Olodo

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Le gouvernement a exprimé son soutien à la Gécamines dans son opposition à l’accord de vente de la société minière Chemaf SA à l’entreprise chinoise Norin Mining. Selon le compte-rendu du Conseil des ministres, tenu vendredi 23 août 2024, la transaction en question viole le « droit discrétionnaire d’approbation préalable » de la Gécamines dans tout accord impliquant les actifs de Chemaf.

« Considérant la violation flagrante des clauses du contrat d’amodiation entre la Gécamines SA et Chemaf, il a été recommandé l’arrêt de la transaction en cours suite à l’opposition de la Gécamines », indique le compte-rendu de la rencontre gouvernementale.

En proie à des difficultés financières, Chemaf Resources a annoncé en juin avoir accepté une offre de rachat présentée par Norin Mining, s’apprêtant ainsi à céder d’ici la fin de l’année le contrôle de son projet phare Mutoshi. Il s’agit d’un complexe, contrôlé par sa filiale congolaise Chemaf, capable de livrer annuellement 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre, en cours de développement sur un permis concédé pour 25 ans par la Gécamines en 2015.

« Chemaf SA est uniquement un preneur à bail [amodiataire] des actifs concernés. En tant que bailleur [amodiant] et propriétaire, la Gécamines dispose d’un droit d’information préalable et, plus fondamentalement, d’un droit d’approbation en cas de changement de contrôle direct ou indirect », avait donc réagi la Gécamines, dans un communiqué du 1er juillet.

Le blocage de la transaction par les plus hautes autorités du pays modifie désormais les plans de Chemaf Resources qui prévoyait boucler l’opération d’ici la fin de l’année. Selon un porte-parole de la compagnie citée par Reuters, Chemaf entend poursuivre les discussions avec les autorités pour trouver une solution.

Pour rappel, Norin Mining possède déjà plusieurs exploitations de cuivre et de cobalt en RDC, contribuant au statut mondial du pays comme premier producteur de cobalt et deuxième producteur de cuivre.

Agence Ecofin

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