Morgan Stanley, institution financière de premier plan dans la banque d’investissement basée aux États-Unis, projette dans une note relayée par plusieurs médias internationaux une baisse de 9 % de la valeur du dollar américain d’ici le milieu de l’année 2026. Cette prévision renforce les préoccupations exprimées, le 30 mai 2025, par le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, lors de la 45e réunion ordinaire du Conseil des ministres.
Attribuant cette dépréciation à la « perte de confiance dans les marchés obligataires et à une dynamique accélérée de dédollarisation des échanges », comme l’ont fait de grandes banques d’investissement telles que JP Morgan, le chef de l’État a attiré l’attention de son gouvernement sur les répercussions possibles de cette évolution sur l’économie locale. « Pour un pays comme le nôtre, où 91 % des dépôts et 97 % des prêts bancaires sont libellés en devises, ces bouleversements sont majeurs », a-t-il déclaré.
Pour Félix Tshisekedi, cette situation fait courir au pays quatre risques : une inflation importée due à la hausse mondiale des prix manufacturés ; une pression sur le franc congolais (FC), aggravée par la baisse des recettes d’exportation, qui réduit les ressources financières disponibles pour stabiliser la monnaie ; un ralentissement de l’économie chinoise, qui fragilise la demande pour les ressources stratégiques du pays (cuivre, cobalt…) ; et une forte volatilité des cours des métaux, rendant la planification économique incertaine.
Le communiqué du Conseil des ministres n’a pas précisé les indicateurs ayant servi de base aux conclusions du président de la République. Le franc congolais, par exemple, a légèrement perdu de sa valeur et se rapprochait, au 1er juin 2025, de 2 900 FC pour un dollar, contre une moyenne de référence de 2 780 FC fin 2024. Dans ce contexte, il conviendra d’observer si les facteurs influençant la valeur du dollar à l’international se répercutent sur l’offre et la demande en RDC. Pour l’instant, la primauté de la monnaie américaine sur le franc congolais persiste.
Les revenus d’exportation, quant à eux, ne devraient pas être négativement affectés par une baisse du dollar américain. Au contraire, cela pourrait rendre les produits d’origine congolaise plus compétitifs. Cependant, avec une masse monétaire composée à 90 % de dollars, les importations de biens de consommation, le paiement des salaires des travailleurs internationaux et d’autres coûts libellés dans une monnaie plus forte pourraient engendrer des déséquilibres.
Face à ces évolutions géopolitiques et économiques, le président Tshisekedi a engagé son gouvernement, la Banque centrale du Congo et d’autres administrations à se concerter pour proposer des mesures concrètes visant à protéger la RDC des chocs économiques extérieurs et à renforcer la souveraineté monétaire et commerciale.
Georges Auréole Bamba
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