La République démocratique du Congo envisage de conclure un partenariat avec des banques commerciales afin de faciliter le financement des indemnités de fin de carrière des agents publics admis à la retraite. Cette orientation figure dans la note d’information présentée par le ministre de la Fonction publique, de la Modernisation de l’administration et de l’Innovation du service public, Jean-Pierre Lihau, lors du Conseil des ministres du 11 juillet 2025.
Relancé en 2022 avec une première vague de 11 000 départs à la retraite, le processus s’est de nouveau interrompu. Résultat : le nombre d’agents éligibles à la retraite n’a cessé d’augmenter pour atteindre plus de 314 000 à ce jour, tous régimes confondus.
Face à cette situation, Jean-Pierre Lihau a soumis au Conseil un plan décennal (2025–2035) de mise à la retraite. Le partenariat avec les banques commerciales y est présenté comme un mécanisme « innovant », censé fluidifier le processus. La relance effective a été amorcée avec la signature des ordonnances de mise à la retraite des secrétaires généraux, directeurs et chefs de division, dont le paiement des droits et avantages est en cours.
Montage financier sans endettement
Selon le compte rendu du Conseil, ce montage permettrait aux banques d’avancer les indemnités aux retraités, l’État s’engageant à les rembourser sous forme de mensualités équivalentes aux anciennes rémunérations. Il repose sur les acquis de la bancarisation de la paie et est conçu pour éviter tout recours à l’endettement, ce qui le rend « sans surcoût pour le budget », selon les termes du compte rendu.
Le dispositif devrait être opérationnel dès 2026, mais sa mise en œuvre sera précédée par la signature d’un protocole d’accord entre l’État et les banques payeuses, qui en fixera les modalités pratiques.
Une commission technique interinstitutionnelle sera chargée de piloter la mise en œuvre de ce mécanisme. Elle réunira des représentants de la Présidence, de la Primature, des ministères de la Fonction publique, du Budget et des Finances, ainsi que de la CNSSAP (Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics de l’État). Cette structure aura pour mission de garantir : la régularité, la soutenabilité, et l’automaticité du processus de retraite, tout en veillant à l’équilibre entre le nombre de départs et la capacité de la CNSSAP à assurer le versement régulier des pensions.
Contrainte sécuritaire
Dans la loi de finances 2025, l’État s’est engagé à allouer chaque mois 20 milliards de francs congolais (environ 7 millions de dollars) au financement des départs à la retraite. Mais, selon Jean-Pierre Lihau, cet engagement n’est pas encore respecté, en raison des pressions accrues sur la trésorerie publique liées à la hausse des dépenses sécuritaires. À titre d’illustration, entre janvier et avril, plus de la moitié du budget consacré aux dépenses de sécurité exceptionnelles avait déjà été consommée.
Le coût total du plan décennal (2025–2035) n’a pas encore été dévoilé. Toutefois, dans la version initiale de la loi de finances 2025, une enveloppe de 379,4 milliards de francs congolais (environ 128,4 millions de dollars) avait été inscrite au budget pour couvrir les indemnités de retraite.
Ce plan de mise à la retraite intervient dans un contexte de surcharge administrative, conséquence d’une vague massive de recrutements entre 2017 et 2018, période durant laquelle près d’un million de numéros matricules ont été attribués sans planification budgétaire préalable. Cette situation continue de peser lourdement sur les finances publiques et la gestion des ressources humaines de l’État. Dans une logique de rationalisation, le ministre prévoit de remplacer un seul agent sur deux admis à la retraite.
Timothée Manoke, stagiaire