Des représentants du gouvernement congolais et du groupe rebelle Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 Mars (AFC/M23) ont signé un accord préliminaire selon des posts publiés par les deux délégations sur Twitter. Cet accord, négocié sous la médiation de l’État du Qatar, se prévaut d’être une étape vers un retour de la paix dans une région en proie à des décennies de violence. Ces engagements interviennent alors que les combats dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu ont déplacé des millions de personnes et aggravant une crise humanitaire déjà sérieuse.
Au terme des travaux de Doha, au Qatar, l’AFC/M23 et le gouvernement congolais décident d’observer une trêve devant permettre l’instauration d’un cessez-le-feu effectif. pic.twitter.com/xbpTqyhZNw
— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) April 23, 2025
La déclaration conjointe, signée à Goma et à Kinshasa, engage les deux parties à une cessation immédiate des hostilités et à rejeter tout discours de haine ou d’intimidation. Elle appelle également les communautés locales à respecter ces engagements. Un extrait clé de la déclaration stipule : « Les deux parties réaffirment leur engagement en faveur d’une cessation immédiate des hostilités, le rejet catégorique de tout discours de haine et d’intimidation, et appellent toutes les communautés locales à respecter ces engagements. »
De plus, l’accord prévoit un dialogue constructif pour aborder les causes profondes de la crise et définir les modalités pour mettre fin au conflit dans les territoires de l’est de la RDC, avec un engagement à respecter ces promesses pendant toute la durée des pourparlers.
Toutefois, l’accord reste muet sur plusieurs aspects comme le calendrier précis pour les prochaines étapes et le mécanismes de suivi pour garantir le respect du cessez-le-feu. Des négociations supplémentaires restent donc nécessaires pour aboutir à une paix durable.
Le conflit dans l’est de la RDC est ancré dans un réseau complexe de facteurs. Les tensions ethniques, notamment entre les communautés tutsies et autres groupes, alimentent les hostilités, le M23 se présentant comme le défenseur des intérêts tutsis. Mais surtout, la compétition pour le contrôle des ressources minières, telles que le coltan et l’or, est un moteur majeur du conflit, les groupes armés et les acteurs régionaux, notamment le Rwanda, profitent de l’exploitation des richesses minières de la région. Les accusations de soutien du Rwanda au M23, bien que démenties par Kigali, ajoutent une dimension régionale complexe à la crise.
Un facteur récent qui compliquera le processus de paix est l’implication présumée de l’ancien président Joseph Kabila. Selon des rapports récents, Kabila, qui conserve une influence significative à travers son parti et ses réseaux politiques, est arrivé à Goma, une zone contrôlée par le M23, où des combattants rebelles auraient assuré sa sécurité. Le gouvernement congolais a suspendu son parti et engagé des poursuites judiciaires contre lui et son patrimoine.
Les répercussions économiques du conflit continuent d’émerger. Le contrôle par le M23 de zones minières clés, comme Rubaya, leur permet de générer des revenus estimés à 800 000 USD par mois, rien qu’à partir des taxes sur l’extraction de coltan qui constituent autant de pertes de recettes pour le gouvernement. De plus, le conflit a entraîné un augmentation des personnes déplacées depuis le début 2025, perturbant la production agricole, le commerce local et aggravant l’insécurité alimentaire qui touche désormais 23,4 millions de personnes selon des documents de l’ONU. L’initiative de paix sera aussi suivie par les secteurs de l’éducation et du tourisme, avec des parcs nationaux comme Virunga, affectés par les combats.
Georges Auréole Bamba