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Equipe Publication

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The African Growth and Opportunity Act (AGOA), the US trade preference program benefiting sub-Saharan Africa since 2000, was at the heart of the 16th AfCFTA Council of Trade Ministers meeting on April 15, 2025, in Kinshasa.

“AGOA is due to expire in September,” South African Trade Minister Parks Tau told Radio 702 on April 10. “The continent’s trade ministers will meet to discuss a collective solution.” Formal talks between African nations and the US are planned for June or July.

However, Tau warned it “will be difficult to save the trade preference program” after recent US tariff hikes. On April 2, President Trump imposed tariffs ranging from 10% to 50% on imports from 51 African countries. A week later, he suspended these so-called “reciprocal” tariffs for 90 days but kept a 10% minimum rate.

Even this 10% tariff could effectively end AGOA. The program has allowed eligible African countries to export nearly 1,800 products duty-free to the US. Since 2000, Washington updates eligibility annually based on market economy commitment, rule of law, poverty reduction, and democratic progress.

During the Biden administration, a bipartisan Senate bill proposed extending AGOA until 2041. Still, with today’s protectionist rhetoric, the program’s renewal remains uncertain—despite surviving similar challenges during Trump’s first term.

This article was initially published in French by Walid Kéfi (Agence Ecofin)

Edited in English by Ola Schad Akinocho

Au 16 avril 2025, la Société minière de Bakwanga (MIBA), absent de la liste des exporteurs de diamants en 2024, n’a toujours pas repris ses opérations minières, compromettant ainsi les objectifs de production annoncés par son président du conseil d’administration (PCA), Jean-Charles Okoto, en novembre 2024.

« Nous voulons produire un million de carats par mois en 2025 », déclarait-il alors au quotidien belge L’Écho. Ce qui représente un total annuel de 12 millions de carats. Un objectif particulièrement ambitieux, sachant que la production de la République démocratique du Congo (RDC) s’est élevée à 8,34 millions de carats en 2023, contre 10,78 millions en 2022.

Nommé en novembre 2023, Jean-Charles Okoto s’était rendu en Europe, un an plus tard, à la recherche de « nouveaux partenaires » pour relancer cette entreprise minière publique, en difficulté depuis plus de deux décennies. À cette occasion, ASA Resource, qui détient 20 % des parts de la MIBA, s’était engagée à investir 50 millions de dollars dans le processus de relance.

Fin août 2024, la République démocratique du Congo, actionnaire majoritaire avec 80 % du capital, avait pour sa part adopté un plan minimum de relance de 70 millions de dollars, lors d’un Conseil des ministres.

En visite à Mbuji-Mayi à la fin décembre 2024, le président de la République, Félix Tshisekedi, avait annoncé qu’une enveloppe de 50 millions de dollars serait prochainement affectée à la relance de la MIBA.

Malgré ces engagements, les fonds semblent faire défaut. Selon un compte rendu publié le 8 avril 2025 par les services du gouvernorat du Kasaï Oriental, à l’issue d’une audience entre le directeur général de la MIBA, André Kabanda Kana, et le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo, les 50 millions de dollars promis par le chef de l’État n’avaient toujours pas été débloqués.

On ignore également si ASA Resource a effectivement versé sa contribution. Quant au plan minimum de relance, l’état d’avancement de sa mise en œuvre n’a pas fait l’objet de communication.

Des sociétés se positionnent

Ce plan, moins ambitieux que les annonces du PCA Jean-Charles Okoto, visait une production de près de 2,5 millions de carats en 2026. Il prévoyait des « mesures urgentes » notamment une restructuration de la dette, un allègement significatif du passif de la MIBA, ainsi que la convocation d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires.

Lors de la même audience, le directeur général de la MIBA a présenté quatre compagnies — installées en Afrique du sud — intéressées par une collaboration en vue de la relance. Il s’agit de Bond Equipment, Mining Services, Athur Mining et Consulmet. Après la visite des infrastructures et des sites miniers, ces entreprises sont appelées à soumettre des offres pour la fourniture d’équipements modernes nécessaires à la reprise des activités.

Outre l’équipement, la réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Lubilanji est jugée cruciale pour relancer la production. Un an après la signature de son contrat, l’entreprise tchèque Seko a annoncé, le 24 mars dernier, que les travaux débuteront « sous peu ».

A l’observation, le chemin vers une reprise effective reste long, mais les attentes locales sont immenses. Selon les services de communication du gouvernorat du Kasaï Oriental, la relance de la MIBA est « le vœu de plus d’un Kasaïen ». Les autorités estiment que la reprise des activités de l’ancienne numéro un mondiale du diamant pourrait générer jusqu’à 2 500 emplois.

La MIBA prévoit par ailleurs de diversifier ses activités vers d’autres filières minières, notamment l’or, le nickel et le chrome, et d’étendre ses opérations dans d’autres provinces du Grand Kasaï.

Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya, stagiaire

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À Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, les robinets sont à sec depuis plus d’un mois. Interrogé par la radio Top Congo, le directeur provincial de la Régie de distribution d’eau (REGIDESO), Didier Claude Mbudi, attribue cette situation à la crise énergétique qui paralyse les activités de l’entreprise publique.

Selon Didier Claude Mbudi, la REGIDESO dispose d’infrastructures capables de produire et de distribuer suffisamment d’eau pour répondre aux besoins de la population. Mais l’absence d’un approvisionnement électrique stable et suffisant empêche leur fonctionnement optimal. Il précise que l’entreprise a besoin d’au moins 4 MW d’énergie pour faire tourner ses installations.

Actuellement, la REGIDESO s’appuie sur des groupes thermiques, mais ceux-ci sont jugés instables. Les variations brutales de tension endommagent régulièrement les équipements, aggravant les difficultés d’approvisionnement.

En janvier 2025, une mission technique de 14 jours, dirigée par l’ingénieur Henri Kazadi, s’était rendue à Mbuji-Mayi pour compléter les études de faisabilité d’une nouvelle centrale hybride destinée à la REGIDESO. Cette mission visait à collecter les données techniques nécessaires à la concrétisation du projet, qui prolonge un premier volet ayant déjà permis d’alimenter une partie de la ville.

L’infrastructure envisagée doit permettre d’approvisionner les quartiers périphériques, notamment Tshibombo village. Elle prévoit une capacité initiale de 5,2 MW, extensible à 10 voire 12 MW, un système de stockage de 3,9 MWh, ainsi que des groupes électrogènes de secours d’une puissance de 2 MW.

Le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo a affirmé son soutien à ce projet structurant, soulignant son importance pour le développement socio-économique de Mbuji-Mayi, et s’est engagé à accompagner toutes les étapes de sa mise en œuvre.

Boaz Kabeya, stagiaire

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Lors du Conseil des ministres tenu le 11 avril 2025, le gouvernement congolais a adopté un projet de décret portant régime d’attribution des droits pétroliers à la Société nationale des hydrocarbures du Congo (Sonahydroc). Le texte définit les modalités d’attribution directe de ces droits à la société publique, ainsi que le régime juridique et fiscal applicable, dans le respect de la loi du 1er août 2015 régissant le secteur des hydrocarbures.

Ce projet de décret s’inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie de la République démocratique du Congo (RDC) visant à relancer les travaux d’exploration et à dynamiser la production pétrolière. L’objectif affiché est de mieux valoriser le domaine pétrolier national.

Selon le compte rendu du Conseil des ministres, cette stratégie prévoit, « dans l’immédiat », l’attribution à la Sonahydroc des droits pétroliers pour les blocs 1 et 2 du Graben Albertine. Cette attribution se fera sur la base d’un contrat de services.

Le contrat de services est présenté comme plus avantageux qu’un contrat de partage de production. Il offre un régime fiscal plus attrayant et permet d’éviter le versement d’un bonus à la signature.

Par cette démarche, les autorités congolaises espèrent attirer de nouveaux investisseurs étrangers dans le secteur pétrolier. Une fois les droits acquis, la Sonahydroc aura pour mission de valoriser ces blocs, en s’associant à des entreprises locales et internationales.

Depuis juillet 2022, la RDC cherche des partenaires pour exploiter 27 blocs pétroliers. Après un appel d’offres annulé en octobre 2024, le ministre des Hydrocarbures avait annoncé, un mois plus tard, la relance du processus d’attribution des blocs pour le premier trimestre 2025. Aimé Molendo Sakombi précisait cependant que le pays privilégierait désormais les « appels d’offres restreints pour certains blocs stratégiques ».

Mais c’est une tout autre stratégie qui semble mise en œuvre. Selon le compte rendu du Conseil des ministres du 11 avril, cette nouvelle orientation s’inscrit dans le cadre de la lettre de mission de la Première ministre, qui préconise une meilleure organisation de l’attribution des blocs pétroliers et un renforcement du rôle de l’État dans la chaîne de valeur.

Selon la présidence congolaise, les réserves pétrolières réparties sur les 27 blocs explorables du pays seraient estimées à 22 milliards de barils. D’autres sources, plus prudentes, ramènent cette estimation à environ 5 milliards de barils. De son côté, le CIA World Factbook, publication relevant du principal service de renseignement des États-Unis, évalue les réserves prouvées à seulement 180 millions de barils.

Ronsard Luabeya, stagiaire

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The Council of Trade Ministers for the African Continental Free Trade Area (AfCFTA) convenes its 16th meeting today, April 15, in Kinshasa. This summit comes at a critical moment for African economic integration as global trade turbulence intensifies.

World trade is under strain, amid an escalating US-China trade war, sparked by President Donald Trump’s recent move to slap 145% tariffs on Chinese imports. Beijing swiftly retaliated, imposing 125% tariffs on American goods. The tit-for-tat is disrupting supply chains and rattling financial markets, with US-China trade volume already dropping.

China, having anticipated possible decoupling from the US for years, now faces immediate pain. According to French media Le Monde, Chinese exporters are already feeling the squeeze; major ports like Shanghai report shrinking shipments to the US. Even with Trump’s temporary exemptions for some electronics, the situation remains volatile. As growth in China slows to around 5% in 2025, the country is being forced to rethink its export and trade strategies.

Africa Caught in the Crossfire

The conflict between the US and China threatens Africa’s economic stability, since the two behemoths are the continent’s two biggest trading partners. 

China has been Africa’s top trading partner for more than a decade. Now, with Beijing under mounting pressure from Washington and Brussels, Africa faces new threats: falling demand from China for African raw materials, disruptions to the supply chains that keep its factories running, and greater volatility in commodity prices—all of which hit export revenues hard.

There’s also the growing danger of Africa becoming an “economic proxy battlefield” for global powers, especially over critical minerals.

China’s move to cut back on US soybean imports shows just how quickly commodity markets can shift. If the trade conflict heats up, African exports could face similar jolts, threatening the continent’s already fragile economic balance.

AfCFTA: Africa’s Strategic Shield

In these uncertain times, the African Continental Free Trade Area (AfCFTA) is more than just a trade pact—it’s a strategic shield for the continent. Speeding up its implementation is crucial.

First, the AfCFTA can break Africa’s dependence on outside players. Intra-African trade is just 15% today. Raising this number would help cushion the continent from global shocks and supply chain chaos.

Second, deeper integration makes Africa far more attractive to global investors. With 1.3 billion people and a combined GDP above $3 trillion, the AfCFTA gives investors access to a vibrant, continent-wide market. When companies know that investing in one African country opens the door to the entire continent, Africa becomes a much stronger proposition compared to other emerging markets.

Finally, the AfCFTA would bolster Africa’s voice in the economic and diplomatic spheres, enabling African countries to demand fairer deals from giants like China, the EU, and the US. Alone, they get pushed around. United, they hold real negotiating power.

AfDB’s Unit of Account: A Tool for African Financial Independence

Beyond trade, monetary reform is key to Africa’s resilience. In this regard, the African Development Bank (AfDB) has proposed a new African Unit of Account (AUA), a bold step toward financial autonomy.

Modeled on the gold standard, the AUA would be backed by Africa’s rich reserves of critical minerals—cobalt, lithium, manganese—which make up 30% of the world’s supply and have surged over 600% in value from 2004 to 2024.

This unit could cut Africa’s reliance on the US dollar, shielding economies from exchange rate swings. It could also lower infrastructure financing costs by 30 to 40%, stabilize intra-African trade, and transform natural resources into financial leverage instead of just exporting them.

With 70% of African debt tied to foreign currencies like the dollar and euro, the AUA could protect the continent from currency shocks, especially as global trade tensions escalate.

Time to Act

Africa can’t afford to wait. The US-China trade war isn’t a passing storm—it signals a deep shift in the global economic order. In this new reality, fast-tracking the African Continental Free Trade Area (AfCFTA) is critical.

Three priorities stand out: enabling the free movement of people, harmonizing trade standards, and investing heavily in transport corridors and digital infrastructure to connect Africa’s economic hubs.

The AfCFTA isn’t just another trade deal—it’s Africa’s economic project of the century, a blueprint for a new economic civilization. As global power dynamics shift, Africa must stop playing on the sidelines and emerge as an independent, influential force.

This article was initially published in French by Idriss Linge (Ecofin Agency)

Edited in English by Ola Schad Akinocho

L’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un régime de préférences commerciales accordé par les États-Unis aux pays d’Afrique subsaharienne depuis mai 2000, sera au centre des discussions lors de la 16e réunion du Conseil des ministres du Commerce des pays membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), qui se tient ce 15 avril 2025 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

« L'AGOA doit expirer en septembre, et les ministres du Commerce du continent se réuniront le mardi 15 avril en République démocratique du Congo pour discuter d'une solution collective », a annoncé le ministre sud-africain du Commerce, Parks Tau, le jeudi 10 avril sur les ondes de Radio 702.

Selon lui, des discussions entre les pays africains et les États-Unis sont prévues en juin ou en juillet autour de ce pacte commercial, qui garantit un accès en franchise de droits de douane au marché américain. Parks Tau estime toutefois qu’il « sera difficile de sauver le programme de préférences commerciales » après la récente annonce de nouvelles mesures tarifaires par l’administration Trump.

Le président américain Donald Trump a en effet décidé, le mercredi 2 avril, d’imposer des droits de douane allant de 10 % à 50 % à l’encontre de 51 pays africains. Il a toutefois annoncé, une semaine plus tard, la suspension pour 90 jours de ces surtaxes mondiales dites « réciproques », tout en maintenant un taux minimum uniforme de 10 %.

Même le maintien d’un tarif douanier minimal de 10 % sur les importations américaines en provenance des pays d’Afrique subsaharienne signifierait la fin de l’AGOA. Ce dispositif permettait jusque-là aux pays éligibles d’exporter près de 1800 produits vers les États-Unis sans acquitter de droits de douane.

Depuis sa mise en place en 2000, Washington actualise chaque année la liste des pays bénéficiaires en fonction de critères comme l’engagement en faveur de l’économie de marché, le respect de l’État de droit ou les politiques de lutte contre la pauvreté. L’évolution démocratique des États concernés fait également partie des paramètres pris en compte.

Durant le mandat de Joe Biden, un groupe bipartisan de sénateurs a présenté au Sénat une proposition de loi visant à proroger l’AGOA jusqu’en 2041. Mais de fortes incertitudes subsistent quant à la reconduction de ce programme, qui avait pourtant survécu à la première administration Trump malgré une rhétorique protectionniste similaire à celle qui prévaut aujourd’hui à Washington.

Walid Kéfi, Agence Ecofin

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Le conseil des ministres du Commerce des pays membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) tient sa 16e réunion ce mardi 15 avril à Kinshasa. Cette réunion se tient au moment où cette zone mérite une vive attention des dirigeants africains. Face à la nouvelle crise mondiale qui s’annonce avec la guerre commerciale déclenchée par l’administration américaine dirigée par Donald Trump, banques centrales et responsables des politiques économiques africaines doivent rapidement accélérer l’intégration du continent.

Des turbulences s’intensifient sur le commerce mondial. Le monde assiste à une situation sans précédent de perturbations dans le commerce mondial, avec une confrontation entre les États-Unis et le reste du monde, en particulier la Chine. Le président américain Donald Trump a récemment imposé des droits de douane prohibitifs de 145 % sur les importations chinoises, provoquant une riposte immédiate de Pékin qui a répliqué avec des taxes de 125 % sur les produits américains. Cette surenchère a déjà commencé à perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales et à ébranler les marchés financiers. Les échanges entre la Chine et les États-Unis commencent à plonger.

Si le pays asiatique se prépare depuis des années au découplage avec l’économie américaine, ses exportateurs en souffrent déjà, lisait-on récemment dans un article publié par le journal français Le Monde. Bien que Trump ait accordé des exemptions pour certains produits électroniques, cette accalmie reste fragile et temporaire. Les ports chinois comme Shanghai, premier port mondial, constatent déjà une réduction notable des cargaisons à destination des États-Unis. La Chine, dont la croissance ralentit déjà à environ 5 % en 2025, se trouve contrainte de repenser ses stratégies d’exportation et son positionnement commercial mondial.

L’Afrique prise entre deux feux

Pour l’Afrique, cette confrontation entre ses deux principaux partenaires commerciaux présente des risques considérables. La Chine, premier partenaire commercial du continent depuis plus d’une décennie, voit son modèle économique remis en question et fait face à des pressions combinées des États-Unis et de l’Europe. Cette situation menace directement l’écosystème commercial africain pour plusieurs raisons : un ralentissement probable de la demande pour les matières premières africaines par la Chine qui en est le plus gros client et un des partenaires de poids à la production, la perturbation des chaînes d’approvisionnement dont dépendent les économies africaines, la volatilité accrue des prix des matières premières, affectant les recettes d’exportation et un risque de devenir un terrain de « guerre économique par procuration » entre puissances (ce qui se voit déjà avec les minerais critiques).

La récente annonce de la Chine de réduire ses importations de soja américain illustre la volatilité des marchés des matières premières. Un phénomène similaire pourrait affecter les exportations africaines si le conflit s’intensifie, mettant en péril les équilibres économiques fragiles du continent.

La Zlecaf : un bouclier stratégique indispensable

Face à ces incertitudes, la Zone de libre-échange continentale africaine représente bien plus qu’un simple accord commercial — elle constitue un véritable rempart protecteur pour les économies africaines. Les avantages de son accélération sont multiples et cruciaux dans le contexte actuel : Elle possède la capacité de réduire la dépendance excessive aux partenaires extérieurs. En développant les échanges intra-africains au-delà des 15 % actuels, le continent pourrait amortir les chocs provenant des turbulences commerciales mondiales.

Aussi, l’intégration continentale rehausserait l’attractivité de l’Afrique pour les investisseurs internationaux. Avec 1,3 milliard de consommateurs potentiels et un PIB combiné dépassant 3000 milliards de dollars, la Zlecaf offre une alternative aux marchés devenus incertains à cause des tensions commerciales. Un investisseur qui sait qu’en s’implantant dans un pays africain, il accède à tout le continent y réfléchira à deux fois avant de privilégier d’autres marchés émergents.

Enfin, la Zlecaf permettrait d’équilibrer les négociations avec les grandes puissances. En parlant d’une seule voix dans les forums commerciaux internationaux, l’Afrique gagnerait en poids diplomatique et économique. Divisés, les pays africains sont facilement ballottés entre la Chine, l’UE et les États-Unis. Unis, ils peuvent exiger des partenariats plus équitables.

L’unité de compte de la BAD : un outil monétaire pour l’autonomie africaine

Au-delà de l’intégration commerciale, la question monétaire est cruciale pour renforcer la résilience africaine. Une initiative récente mérite l’attention : la création d’une unité de compte africaine, baptisée African Units of Account (AUA), proposée par la Banque africaine de Développement (BAD). Ce mécanisme inédit s’inspire de l’étalon-or, mais serait adossé aux vastes réserves de minerais critiques dont dispose l’Afrique — cobalt, lithium, manganèse — qui représentent 30 % des réserves mondiales et dont la valeur a progressé de plus de 600 % entre 2004 et 2024.

Cette unité de compte permettrait de réduire la dépendance excessive au dollar qui expose les économies africaines aux fluctuations des taux de change, diminuer de 30 à 40 % le coût du capital pour les projets d’infrastructures africains, créer un instrument africain de réserve capable de stabiliser les échanges commerciaux intra-africains et transformer les ressources naturelles africaines en levier financier plutôt qu’en simple produit d’exportation

Alors que 70 % des dettes publiques et privées africaines sont libellées en devises fortes (dollar, euro), cette initiative pourrait protéger les économies africaines des turbulences monétaires internationales que la guerre commerciale ne manquera pas d’amplifier.

L’urgence d’agir

L’Afrique ne peut plus se permettre d’attendre. La guerre commerciale entre grandes puissances n’est pas un phénomène passager, mais le symptôme d’une reconfiguration profonde de l’ordre économique mondial. Dans ce contexte, accélérer la mise en œuvre effective de la Zlecaf est devenu impératif. Les efforts doivent se concentrer sur trois priorités immédiates : Rendre la libre circulation des personnes effective, harmoniser les normes et standards pour faciliter le commerce et investir massivement dans les corridors de transport et les infrastructures digitales qui relieront nos capitales économiques.

La Zlecaf n’est pas qu’un accord commercial, c’est le projet économique du siècle pour l’Afrique, un projet de civilisation économique nouvelle. Dans un monde où les cartes sont rebattues par la rivalité entre grandes puissances, l’Afrique ne doit plus être un simple terrain de jeu, mais devenir un acteur autonome et influent.

Idriss Linge, Agence Ecofin

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Jean-Jacques Purusi Sadiki, Governor of South Kivu, revealed that at least 1,600 companies are illegally mining resources in eastern Democratic Republic of Congo (DRC). He made this statement before the French National Assembly's Foreign Affairs Committee on April 2, 2025, during a hearing on the region's security and economic situation.

Upon taking office in June 2024, Sadiki initiated a mining sector overhaul. A month later, he issued an order suspending mining activities to identify companies operating illegally. "We expected 400 companies, but 1,600 showed up—some having operated for 8 to 10 years without permits, taxes, or registration," he said.

These companies, mostly Chinese-owned, are part of a broader network illicitly exploiting gold, coltan, cassiterite, copper, and diamonds. Sadiki and UN experts believe this network benefits Rwanda, which acts as a gateway for multinationals due to its superior infrastructure and supply chain. This allows them to bypass the DRC's disorganized market to access its minerals through the neighboring country.

Economic War

Governor Sadiki alleged that 750,000 kg of gold are smuggled out every six months for refining in Rwanda, "which has set up refineries right on the border." The EU sanctioned Rwanda's Gasabo Gold Refinery on March 17, 2025, for processing illegally mined gold from the DRC, though Kigali denies involvement without providing mineral origin proof.

The official added that most of this illicit gold is exported to the Middle East—67% goes to Dubai, UAE, and Saudi Arabia—while less than 2% reaches Europe. The rest heads to China. 

Purusi Sadiki argues that the conflict in eastern DRC is economically driven, with Rwanda seeking land control, commercial dominance, and mineral monopolization. He notes that “M23 rebels, backed by Rwanda, align their progress with mining site locations.”

Rwanda countered, stating it only took defensive actions to “protect its sovereignty and territorial integrity” against the Democratic Forces for the Liberation of Rwanda (FDLR), which it sees as an “existential threat” following their refuge in the DRC since the 1994 genocide.

Internal Struggles 

To address ongoing tensions, Governor Jean-Jacques Purusi Sadiki advocates for a "mining for peace, security, and development" deal. This would involve integrating more European and American companies into the DRC's mineral exploitation, hoping their presence could deter armed groups and stabilize the region.

President Félix-Antoine Tshisekedi and Sadiki both believe that Western interests can help restore order. Currently, Kinshasa is negotiating a mineral agreement with Washington.

However, the governor's early tenure in South Kivu highlights the DRC's internal challenges. Corruption and an overly complex tax system—featuring over 1,400 taxes, including 147 deemed unnecessary—pose significant obstacles. Despite these hurdles, Sadiki claims to have boosted the province's mining revenues from $500,000 to $1.75 million after just one month of reforms.

This article was initially published in French by Georges Auréole Bamba

Edited in English by Ola Schad Akinocho

A cause de la guerre, 4,5 % des ressources budgétaires échappent actuellement au contrôle de l’État, a indiqué le ministre des Finances, Doudou Fwamba, lors d’une rencontre avec la presse, le 9 avril 2025 à Kinshasa. Selon la loi de finances 2025, les recettes attendues s’élèvent à 51 553,6 milliards de francs congolais (FC). Sur cette base, le manque à gagner pourrait atteindre 2 319,9 milliards de FC sur l’année, soit près d’un milliard de dollars.

Depuis janvier 2025, les tensions se sont intensifiées dans l’est de la République démocratique du Congo. Plusieurs localités stratégiques, dont Goma, Bukavu, Masisi, Minova ou encore Walikale, sont passées sous le contrôle des rebelles du M23/AFC. Cette occupation perturbe le fonctionnement de l’administration publique et freine l’activité économique dans la région.

« Des stratégies sont actuellement mises en place pour combler ce fossé », a assuré le ministre, sans en préciser la nature. Il n’est cependant pas certain que le gouvernement atteigne son objectif d’augmenter de 30 % les recettes internes par rapport à 2024. Les recettes douanières et accises, par exemple, qui devraient atteindre 7 769,1 milliards FC, sont parmi les plus directement affectées, en raison de la paralysie des corridors commerciaux à l’est et du blocage des activités portuaires régionales.

La loi de finances 2025 identifie d’ailleurs la persistance de l’insécurité dans l’est du pays comme « l’un des risques majeurs pesant sur les finances publiques ». Cette situation menace non seulement l’équilibre budgétaire, mais aussi la capacité de l’État à financer les politiques publiques, tout en fragilisant la stabilité économique.

Outre la baisse des recettes, les dépenses militaires en hausse pourraient accentuer les pressions budgétaires. Alors qu’elle n’était pas prévue dans le budget initial, la décision de doubler le salaire des militaires et des policiers depuis mars 2025 a nécessité des ajustements. Le gouvernement a dû renoncer à certaines dépenses, dont les détails ne sont pas encore communiqués.

Boaz Kabeya, stagiaire

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« Les autorités congolaises avancent dans la bonne direction » : entretien exclusif avec René Tapsoba (FMI)

The DRC plans to phase out customs duties on 6,230 products from African member countries by 2031, exempting only 209 items. Foreign Trade Minister Julien Paluku announced this on April 3 after a meeting on implementing the African Continental Free Trade Area (AfCFTA). Prime Minister  Judith Suminwa chaired the meeting. 

Paluku noted that the lists of products, drawn in collaboration with the private sector, have been relayed to AfCFTA’s secretary general. However, the lists remain undisclosed, leaving the specifics unclear.

Paluku stressed that to fully benefit from the AfCFTA, compliance with rules of origin is critical—70% of a product's components must be from member countries. The Congolese authorities also view special economic zones (ZES) as crucial for leveraging the AfCFTA, as these zones have been designed to foster industrialization and diversification and bolster intra-African trade.

Despite these plans, the Foreign Trade Minister highlighted significant structural challenges in the DRC. He stressed notably the need to develop key infrastructure, including roads, railroads, and hydroelectric power plants, all essential for enhancing competitiveness in the African market.

This article was initially published in French by Ronsard Luabeya (intern)

Edited in English by Ola Schad Akinocho

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