Une revue du Plan de développement local des 145 territoires (PDL 145T) a été menée le 19 septembre 2024 par des représentants de sept ministères : Agriculture, Éducation, Aménagement du Territoire, Santé et Prévoyance sociale, Infrastructures et Travaux publics, Développement rural, ainsi que Finances. Concrètement, cette réunion portait sur « l’évaluation des recommandations issues des deux dernières rencontres du Comité opérationnel national du Programme de développement local des 145 territoires (CONA), avant de les soumettre à la Première ministre », précise le ministère du Plan et de la Coordination de l’aide au développement dans un communiqué publié sur son compte X (ex-Twitter).
Toutefois, la communication est restée discrète sur les détails des avancées constatées. Parmi les recommandations « urgentes » de cette cinquième réunion du CONA, on note d’ailleurs l’importance d’améliorer la communication sur les premiers résultats du projet ainsi que la nécessité d’une revue pour renforcer la gouvernance du programme.
Actuellement, la mise en œuvre du PDL 145T est supervisée par trois institutions. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) supervise l’exécution dans 54 territoires, principalement situés dans les provinces centrales et les régions minières du sud-est de la RDC. La Cellule d’exécution des financements en faveur des États fragiles (CFEF) prend en charge 43 territoires dans la partie ouest du pays, tandis que le Bureau central de coordination (BCeCO) gère 48 territoires dans des zones difficiles comme le Nord-Kivu, l’Ituri et le Haut-Uélé.
Qualité et état d’avancement de la mise en œuvre
Au 31 décembre 2023, les rapports d’intervention du PNUD et de la CFEF sont accessibles. La CFEF rapporte environ 90 réalisations sur son site internet, bien qu’il subsiste des marges de progression. Ainsi, 78,6 % des bâtiments administratifs prévus sont déclarés construits, mais seulement 49 % des centres de santé et 57 % des écoles ont été achevés par rapport aux objectifs initiaux. Au total, 96,7 % des travaux auraient démarré.
Le PNUD, dont l’étude de base a été menée par Daniel Mukoko Samba avant sa nomination comme ministre de l’Économie, affiche un taux d’exécution de 87 %. Cela inclut la construction de 334 écoles, 245 centres de santé et 52 bâtiments administratifs. L’agence onusienne revendique également avoir généré 168,2 millions de dollars de contrats à travers 25 accords d’exécution signés avec des prestataires locaux, incluant 18 entreprises et deux ONG. Elle rapporte également avoir formé près de 800 chefs d’entreprise. Quant au BCeCO, bien que certaines de ses actions soient en cours, un bilan de son action n’est pas accessible publiquement.
Le PDL 145T a été initié par le gouvernement congolais pour répondre aux besoins de développement équilibré à travers la République Démocratique du Congo. Son objectif principal est de fournir des infrastructures et des services de base aux populations des zones souvent négligées, afin de créer des opportunités de croissance et de développement durable. Dans un pays où plus de 60 % des recettes budgétaires sont gérées directement par l’État central, le plan vise à corriger cette centralisation en permettant aux zones locales, qui abritent environ 65 % des 102 millions d’habitants, d’accéder à des infrastructures de développement. Il s’agit d’une adaptation du plan stratégique national pour mieux répondre aux besoins spécifiques des territoires.
Les détails du rapport d’évaluation qui sera soumis à la Première ministre ne sont pas encore publics. Cependant, l’étude de base réalisée pour le PNUD avait déjà mis en lumière les difficultés auxquelles le programme est confronté, notamment les inégalités profondes dans les zones minières et l’enclavement persistant de plusieurs territoires. Il faut dire que les besoins de développement de la RDC dépassent largement les ressources budgétaires disponibles pour financer les dépenses d’investissement public.
Georges Auréole Bamba
Les responsables de Mole Group, une société suisse spécialisée dans le trading des matières premières agricoles, entament ce 23 septembre 2024 une série de rencontres avec les autorités centrales (présidence et ministères) et locales de la République Démocratique du Congo pour présenter un projet d’investissement dans la chaîne de valeur agricole. Ce projet prendra la forme d’un parc agro-industriel intégrant des activités de production, de transformation et de conservation. Il devrait être mis en œuvre en collaboration avec plusieurs partenaires spécialisés dans des domaines tels que la transformation, le stockage, et les techniques modernes de production.
La localité de Mbanga-Ngunzu, ciblée pour cet investissement, est située à proximité de la route nationale n° 1, qui relie Matadi, principal port de la RDC, à Kinshasa, la capitale comptant plus de 22 millions d’habitants. Elle se trouve également près de Lufu, un important marché d’approvisionnement pour la RDC et l’Angola. Mole Group est resté discret sur le montant exact des investissements envisagés avec ses partenaires, mais ceux-ci pourraient atteindre plusieurs centaines de millions de dollars. Le projet vise une production alimentaire de 750 000 tonnes par an, principalement du manioc, du maïs et du sucre.
Selon les estimations récentes du ministre de l’Économie, Daniel Mukoko Samba, la RDC affiche un déficit annuel de 10 millions de tonnes de maïs pour répondre à une demande intérieure estimée à 13 millions de tonnes. Ce déficit s’observe également pour d’autres produits, comme le manioc et le sucre. Le Centre international pour le commerce a rapporté que le pays a importé pour 222 millions de dollars de céréales en 2023. Avec le sommet Afrique-Chine, la stratégie agricole de la RDC a été renforcée par des objectifs d’exportation, un accord de principe permettant au pays de vendre jusqu’à un million de tonnes de produits agricoles à la Chine.
Mole Group, déjà présent en RDC avec un projet de développement de cacao équitable, semble cibler en priorité le marché local. En plus de contribuer à l’amélioration de l’approvisionnement alimentaire en RDC, l’entreprise prévoit des programmes visant à améliorer les conditions de vie des agriculteurs et des populations locales. Le projet intègre également une dimension écologique avec l’utilisation d’énergies renouvelables et un volet consacré au transfert de technologies.
Georges Auréole Bamba
Le ministre Marc Ekila, en charge de la formation professionnelle en République Démocratique du Congo, a évoqué lors d’une récente session du conseil des ministres la possibilité de recourir à des partenaires privés pour moderniser les infrastructures destinées à un projet pilote de formation des jeunes dans les provinces de Kinshasa et du Haut-Katanga. Ce projet vise à renforcer le rôle de l’État dans l’organisation et la gestion de la formation professionnelle, afin de répondre aux besoins croissants en compétences dans divers secteurs clés de l’économie.
Bien que le ministre n’ait pas fourni de détails précis sur les rôles des partenaires privés ou la nature des partenariats public-privé envisagés, il a souligné la nécessité de doter le pays d’infrastructures modernes pour former efficacement les jeunes. Ces collaborations pourraient inclure des entreprises spécialisées dans le développement des compétences et la construction de centres de formation adaptés aux exigences actuelles du marché du travail.
Ce projet s’inscrit dans la vision politique globale des autorités congolaises, visant à élargir la classe moyenne et à diversifier l’économie du pays. La formation professionnelle est perçue comme un levier clé pour permettre aux PME locales de tirer parti des opportunités offertes par les chaînes de valeur économiques, notamment dans des secteurs comme l’agriculture et l’industrie minière. Par exemple, la production de maïs, essentielle pour le pays, présente un déficit annuel estimé à 10 millions de tonnes, nécessitant une main-d’œuvre qualifiée pour améliorer la productivité.
Les actions rapportées par le ministre Ekila s’ajoutent à plusieurs autres initiatives déjà en cours. Le 20 juillet 2023, le président Félix Tshisekedi avait lancé la construction d’un centre des métiers à Mombélé, Kinshasa, financé à hauteur de 10 millions d’euros par la coopération belge. Par ailleurs, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a mis en place des programmes de formation pour initier des jeunes à l’exploitation d’engins lourds sur les sites miniers, avec des résultats significatifs en matière de qualification professionnelle dans les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga.
En parallèle, la Banque africaine de développement (BAD) a lancé dès 2021 un projet visant à offrir des alternatives économiques aux jeunes vivant dans les zones minières du cobalt. Ce programme inclut la construction de centres de promotion de l’entrepreneuriat dans les localités de Komesha (Lualaba) et de Kipushi (Haut-Katanga). Les travaux sont déjà bien avancés, et un contrat d’un montant de 1,1 million de dollars a été attribué en mai 2024 à Pakam Service, une entreprise basée à Kinshasa, pour la fourniture des équipements nécessaires à ces centres, dont l’achèvement est prévu avant fin octobre 2024.
En parallèle, la Banque africaine de développement (BAD) a lancé en 2021 un projet visant à offrir des alternatives économiques aux jeunes vivant dans les zones minières de cobalt. Ce programme inclut la construction de centres de promotion de l’entrepreneuriat dans les localités de Komesha (Lualaba) et de Kipushi (Haut-Katanga). Les travaux sont déjà bien avancés, et un contrat de 1,1 million de dollars a été attribué en mai 2024 à Pakam Service, une entreprise basée à Kinshasa, pour la fourniture des équipements nécessaires à ces centres, dont l’achèvement est prévu avant fin octobre 2024. Ce programme pourrait servir de modèle pour accélérer la finalisation du centre public de formation professionnelle en construction à Dilala (Kolwezi), déjà achevé à plus de 80 %.
Grâce à ces différents projets soutenus par des partenaires privés et des organisations internationales, la RDC se positionne pour répondre aux besoins croissants de main-d’œuvre qualifiée dans ses secteurs stratégiques, tout en favorisant l’émergence de nouveaux consommateurs de biens et services dans le pays.
Georges Auréole Bamba
Le président Félix Tshisekedi est arrivé le 22 septembre 2024 à New York, aux États-Unis, pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies aux côtés d’autres dirigeants mondiaux. Dans un communiqué de la présidence, il est précisé que la République Démocratique du Congo attend avec impatience son élection au Conseil des droits de l’homme, prévue pour le 9 octobre prochain. De plus, le pays est candidat à l’un des deux sièges réservés à l’Afrique en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité.
Le président congolais devrait également profiter de cette occasion pour aborder la situation sécuritaire à la frontière est de la RDC, une région gravement affectée par des conflits. Au-delà des pertes humaines, cette insécurité a un impact direct sur la capacité du pays à mobiliser des ressources pour investir dans les infrastructures de développement. Des discussions avec des acteurs internationaux concernant l’organisation du sommet de l’AGOA, principal outil des États-Unis pour renforcer le commerce avec l’Afrique, pourraient également se tenir en marge de l’Assemblée générale.
Sur le plan économique, la RDC joue un rôle clé dans la lutte contre les changements climatiques grâce à ses récentes découvertes de cuivre et de cobalt, deux minerais essentiels à l’économie électrique mondiale. Cependant, le projet de longue date du barrage Inga 3 reste en quête de financements. En juillet 2024, plusieurs banques de développement ont manifesté leur intérêt pour ce projet, mais aucune information concrète n’a encore été communiquée. L’obtention de fonds pour ce projet crucial demeure donc incertaine.
Avant les interventions des chefs d’État, la RDC a déjà fait entendre sa voix à travers la ministre de l’Environnement, Ève Bazaiba. Dans son discours, elle a plaidé pour une réforme de l’architecture financière mondiale afin que des pays comme la RDC aient un accès plus facile aux financements nécessaires à leur développement durable. Elle a également souligné l’importance du bassin forestier congolais, qui joue un rôle crucial dans la capture du carbone à l’échelle mondiale, appelant à une meilleure valorisation des efforts du pays pour préserver cet écosystème vital.
Nations-Unies/Sommet de l’avenir: Mon intervention au nom de la #RDC au Dialogue interactif sur le thème: « Transformer la gouvernance mondiale et accélérer la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030 ». pic.twitter.com/z2lD6Z9JBv
— Eve Bazaiba (@Evebazaiba) September 22, 2024
Cette 79e Assemblée générale des Nations unies se déroule dans un contexte où les discussions sur la réforme du Conseil de sécurité progressent, une réforme longtemps réclamée par les pays africains. Un point central de l’ordre du jour sera l’adoption des termes de référence pour la mise en place d’un cadre de négociations fiscales internationales, une initiative fortement soutenue par le groupe africain, avec un appui affirmé de la RDC.
Georges Auréoles Bamba
La République Démocratique du Congo, représentée par son ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde, a rejoint, le 19 septembre 2024, la convention multilatérale proposée par l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) sur la Règle de soumission obligatoire des multinationales à l’impôt (Subject to Tax Rule). Selon le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, cet accord permet aux pays en développement de demander l’inclusion automatique de la Règle de soumission à l’impôt dans les accords fiscaux qu’ils signent avec les pays développés. Cela devrait garantir que les entreprises multinationales paient leur juste part d’impôts dans les pays où elles réalisent des profits, rendant ainsi le système fiscal mondial plus équitable et efficace.
Parmi les 140 pays membres du cadre inclusif de l’OCDE, seuls neuf ont adhéré à la Règle de soumission à l’impôt. En plus de la RDC, on compte deux autres pays africains : le Bénin et le Cap-Vert. Dix autres pays ont promis de rejoindre cette initiative prochainement, mais aucun délai n’a été fixé.
Le gouvernement congolais ne s’est pas particulièrement expliqué sur les raisons de son engagement dans cet accord multilatéral. Toutefois, l’objectif pour la RDC pourrait être de renforcer ses capacités à collecter davantage d’impôts sur les profits réalisés sur son territoire, notamment dans des secteurs clés comme les mines. En effet, l’OCDE a présenté cette mesure, inscrite dans son pilier 2 de lutte contre l’évasion fiscale, comme un moyen d’aider les pays en développement, tels que la RDC, à mobiliser plus de recettes fiscales issues des transactions internationales. Cette règle permettrait à la RDC de collecter davantage d’impôts sur les flux financiers internationaux, notamment les dividendes et intérêts, en permettant de taxer les revenus transférés à l’étranger qui ne sont pas suffisamment imposés dans le pays de destination.
Toutefois, cette ambition de coopération pour le développement ne fait pas l’unanimité. De nombreux experts et organisations spécialisées dans la justice fiscale critiquent cette mesure, la jugeant complexe à mettre en œuvre. La règle concerne des flux de revenus spécifiques entre une entité locale et une entité liée située dans une juridiction étrangère. Bien que l’objectif soit de limiter l’évasion fiscale, sa mise en œuvre requiert une solide maîtrise des systèmes fiscaux internationaux. De plus, le seuil minimal de 9 %, et de 10 % pour les intérêts bancaires, est jugé faible par rapport aux bénéfices réalisés par les multinationales, ce qui limite les gains potentiels pour les pays en développement.
Des compétences spécifiques nécessaires
Pour la RDC, les bénéfices de cette mesure dépendront d’un travail approfondi pour identifier les opportunités fiscales à exploiter. Dans le secteur minier, par exemple, 63 % des investissements proviennent de l’Île Maurice, alors que les entreprises concernées ont souvent leurs sièges dans des pays comme le Canada, la Chine, le Kazakhstan ou la Suisse. Plus complexe encore, les bénéficiaires effectifs se trouvent souvent dans des juridictions différentes, y compris des paradis fiscaux. Une mise en œuvre efficace nécessiterait que l’administration fiscale congolaise développe des compétences spécifiques pour analyser les systèmes fiscaux étrangers et identifier les paiements susceptibles de générer des impôts supplémentaires.
L’administration des douanes et des impôts devra, en plus, identifier les entités liées aux multinationales opérant en RDC, analyser les systèmes fiscaux des pays où ces entités sont basées, et évaluer l’impôt supplémentaire qui pourrait être réclamé en vertu du nouvel engagement de la RDC avec l’OCDE. Cette tâche nécessitera également des investissements dans les infrastructures fiscales et la formation des équipes afin de maîtriser les règles internationales.
À court terme, il est probable que le secteur minier soit amené à payer davantage d’impôts, notamment sur les dividendes. La RDC applique un taux spécifique et dérogatoire de 10 % depuis le code minier de 2002, taux maintenu dans celui de 2018. À l’Île Maurice, le taux effectif sur les dividendes peut atteindre 3 % sous certaines conditions, ce qui pourrait représenter une opportunité pour la RDC. Cependant, pour d’autres types de paiements, tels que les intérêts, la situation est plus complexe, car le taux à Maurice est de 15 %, bien supérieur aux seuils de 9 % et 10 % fixés par l’OCDE.
Georges Auréole Bamba
Une nouvelle cérémonie officielle de signature de contrats de sous-traitance a été organisée par Kamoa Copper, filiale en RDC d’Ivanhoe Mines, et l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé. Au total, 20 contrats ont été annoncés pour les mois de juillet et août 2024, pour un montant total de 75 millions de dollars, avec des délais d’exécution pouvant aller jusqu’à trois ans.
Il n’a pas été clairement précisé si ces nouveaux contrats s’ajoutent aux 13 autres annoncés le 20 juillet 2024 ou s’il s’agit d’un complément. Les informations rapportées indiquent que des contrats ont été signés le 4 juillet pour un montant de 5,6 millions de dollars, et 14 autres le 22 août pour un total de 69,4 millions de dollars.
Le contrat le plus important de cette série a été attribué à l’entreprise Taky Corp. Créée seulement en 2023 sous la forme de Société par actions simplifiée unipersonnelle (Sasu), l’entreprise a su convaincre de sa capacité à réaliser des prestations de transport de minerais, avec à la clé un chiffre d’affaires de 13,6 millions de dollars.
Le président Félix Tshisekedi a fait de la sous-traitance une priorité politique, visant à permettre aux Congolais de capter une part maximale de la chaîne de valeur dans divers secteurs, notamment celui des mines, le plus important du pays. Le site internet de l’Autorité de régulation de la sous-traitance publie régulièrement de nombreux appels d’offres. Actuellement, une quarantaine d’appels d’offres de diverses compagnies sont disponibles sur le site.
Pour le secteur financier, cela représente une opportunité significative, notamment en matière de gestion de trésorerie, de préfinancements, ou encore de services de soutien pour les opérations à l’international. Le stock actuel d’appels d’offres disponibles sur le site de l’ARSP laisse présager la signature d’une centaine d’autres contrats dans les semaines à venir, avec une forte prédominance de Kamoto Copper (filiale de Glencore à 75 %) et de Tenke Fungurume Mining (filiale du groupe chinois CMOC).
Georges Auréole Bamba
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La République démocratique du Congo (RDC) pourrait devenir le moteur de la transformation économique de l’Afrique, grâce à ses minéraux stratégiques, selon un rapport publié le 4 septembre 2024 par le réseau mondial d’organisations de la société civile, Publish What You Pay (PWYP). Pour ce faire, les experts indiquent que le pays doit encore développer une véritable industrie de transformation de ces produits miniers.
D’après ce rapport, l’Afrique pourrait augmenter son produit intérieur brut (PIB) de 24 milliards de dollars par an et créer 2,3 millions d’emplois supplémentaires en s’intégrant dans les segments aval des chaînes de valeur des minerais de transition, tels que la conception, la fabrication et la commercialisation des technologies liées aux énergies renouvelables. Hébergeant près de 60 % des réserves mondiales de cobalt, un minerai essentiel à la production des batteries lithium-ion, et en tant que deuxième producteur mondial de cuivre, la RDC est idéalement placée pour tirer parti des opportunités dans ce secteur, alors que la demande pour ces ressources devrait croître de manière exponentielle avec la transition vers des économies à faible émission de carbone. La Banque mondiale prévoit notamment une augmentation de 500 % de la production mondiale de cobalt dans les années à venir pour répondre à cette demande croissante.
« La RDC connaîtrait le plus grand potentiel de création d’emplois sur le continent – nos estimations suggèrent que près de la moitié de ces opportunités se trouvent dans ce pays », indique le rapport intitulé « How can Africa make the most of its transition minerals ? ».
Cette publication intervient alors que plusieurs pays africains affichent de plus en plus leur volonté de transformer localement leurs matières premières pour mieux intégrer les chaînes de valeur mondiales. D’après les experts du PWYP, la RDC, l’Afrique du Sud, le Soudan, la Zambie et la République du Congo représentent 90 % des capacités actuelles de l’Afrique à accroître les exportations de produits minéraux transformés.
Pour réaliser ce potentiel, les autorités congolaises ont signé ces dernières années des accords avec des partenaires tels que l’Union européenne et les États-Unis pour soutenir la transformation locale des produits miniers destinés à l’exportation. « Cependant, ces engagements sont souvent contredits par d’autres politiques menées par ces mêmes partenaires de développement », soulignent les experts du PWYP. Ils ajoutent : « Les régions consommatrices ne devraient pas faire pression sur les pays africains pour qu’ils renoncent à leurs politiques industrielles favorisant le traitement et la transformation des minerais sur place. Elles devraient plutôt respecter leurs engagements en matière de transferts financiers et technologiques, renforcer les capacités industrielles des pays partenaires et garantir des avantages économiques aux citoyens africains ».
Moutiou Adjibi Nourou
Le secteur de l’éducation est celui qui nécessitera le plus de dépenses publiques en République Démocratique du Congo (RDC) dans le cadre de l’agenda de transformation structurelle de l’économie d’ici 2063, selon le rapport pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD), publié le 31 juillet dernier.
Sur un besoin d’investissements publics de 2,9 milliards de dollars par an d’ici 2063 pour accélérer le changement structurel, la BAD estime que l’éducation représentera 42,3 % du total, soit environ 1,2 milliard de dollars par an. Ce montant est supérieur à celui requis pour les infrastructures routières (34,9 %) et l’énergie (9,4 %).
Cette enveloppe reflète l’ampleur des défis auxquels la RDC est confrontée en matière de capital humain. Actuellement, le pays est à la traîne avec un indice de capital humain (ICH) de 0,37 en 2020, contre une moyenne de 0,40 pour l’Afrique subsaharienne, ce qui le place au 164e rang sur 174 pays dans le monde.
En outre, le marché de l’emploi devra absorber une proportion toujours croissante de jeunes en âge de travailler. Près de 60 % de la population congolaise, estimée à plus de 100 millions de personnes, est déjà composée de jeunes, et cette part pourrait encore augmenter dans les années à venir.
Dans un tel contexte, le renforcement du capital humain sera la clé de voûte de toutes les politiques ayant un impact sur l’économie en général et sur l’appareil productif en particulier. Selon la BAD, le secteur de l’éducation jouera un rôle crucial en fournissant au secteur privé une main-d’œuvre qualifiée. Bien que le pays ait déjà mis en place une politique de gratuité de l’éducation de base, le rapport souligne qu’il sera nécessaire d’aller encore plus loin dans les efforts pour répondre aux besoins futurs.
« Pour réussir l’insertion des jeunes, l’État pourrait miser sur l’enseignement technique et la formation professionnelle dont il faudra renforcer l’accès équitable, améliorer la qualité, mieux les valoriser dans le système éducatif et assurer son alignement sur les besoins du secteur privé. Enfin, le développement du secteur privé aura besoin d’un système d’enseignement supérieur performant, orienté vers la qualification et l’insertion professionnelle », préconise l’institution financière panafricaine.
Espoir Olodo
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Début septembre 2024, les prix du carbonate de lithium et de l’hydroxyde de lithium sont tombés en dessous de 11 000 dollars la tonne, une première depuis juin 2021. Selon les données de Standard & Poor’s (S&P), le carbonate de lithium se négociait à 10 550 dollars la tonne au 4 septembre, tandis que la tonne d’hydroxyde de lithium était à 10 400 dollars. Le marché du lithium, dans une dynamique baissière depuis plusieurs mois, ne montre pas de signes d’amélioration. La semaine dernière, plusieurs sources concordantes ont rapporté que CATL, l’un des plus grands producteurs mondiaux de batteries, envisage de fermer sa mine de lithium dans la province chinoise de Jiangxi (qui représente 5 à 6 % de l’offre mondiale) en raison de la chute des prix et des coûts d’exploitations élevés. Comme cette entreprise chinoise, plusieurs acteurs du marché s’inquiètent de cette baisse prolongée. Pour les pays africains, futurs producteurs de lithium, comme la RDC, où les richesses en lithium de la région de Manono ont attiré plusieurs entreprises étrangères ces dernières années, l’état actuel du marché pourrait ralentir les plans de développement de ce secteur.
Selon le rapport « Comment l’Afrique tire profit des opportunités sur le marché du lithium » disponible sur Ecofin Pro, la plateforme d’Ecofin dédiée aux professionnels, les premières attributions de blocs d’exploration de lithium à des sociétés par la RDC remontent seulement à 2010. Très en avance sur d’autres minéraux stratégiques comme le cuivre ou le cobalt, l’intérêt de la RDC pour ses ressources de lithium est un peu plus récent et a coïncidé avec l’intérêt mondial accru pour cette matière première utilisée dans les batteries de véhicules électriques.
Dans son code minier promulgué en 2018, la RDC a classé le lithium dans la catégorie des métaux stratégiques avec le cobalt, le coltan et le germanium. Elle a instauré pour ces métaux une hausse de la redevance, qui passe de 2 % à 10 %. De plus, l’État exige des participations dans les différents projets, par le biais de la Société commerciale et minière du Congo (Cominière SA), qu’il détient à 90 %. Cette dernière a ainsi conclu différents accords avec les entreprises étrangères sur les découvertes majeures réalisées à ce jour. Il faut rappeler que le plus grand projet de lithium de la RDC reste celui de Manono, où l’Australien AVZ Minerals prédisait en 2021 une capacité de production annuelle de 700 000 tonnes de concentré de spodumène et 45 375 tonnes de sulfate de lithium primaire.
Un marché du lithium sous pression
Selon Ecofin Pro, les prix du carbonate de lithium ont connu une baisse significative passant d’un record de 81 360 dollars par tonne en novembre 2022 à 20 782 dollars par tonne en février 2024, soit le niveau le plus bas affiché sur une période de deux ans. Cette tendance baissière a continué dans les mois qui ont suivi. Comme mentionné plus haut, l’hydroxyde de lithium, extrait de lacs salés ou de saumures et utilisé principalement dans les batteries au phosphate de fer et de lithium (LFP), a vu don prix baisser à 10 550 dollars la tonne début septembre. Quant au carbonate de lithium, issu de l’extraction du minerai de spodumène et utilisé principalement dans les batteries au nickel, cobalt et manganèse (NCM), son prix a baissé à 10 400 dollars la tonne.
La principale raison évoquée par les analystes pour expliquer cette chute durable des prix est le ralentissement des ventes de voitures électriques (VE), surtout en Chine (qui représente 60 % des immatriculations mondiales de VE). Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les nouvelles immatriculations de voitures électriques ont augmenté de 35 % en 2023, un ralentissement notable par rapport à la croissance de 82 % en 2022. D’après une note publiée le 16 septembre par le site Carbon Credits, la reprise économique incertaine de la Chine et la suppression progressive des subventions pour les VE ont également freiné la demande.
Évolution du prix du lithium depuis 2020
Source : Trading Economics
L’état du marché est l’une des raisons évoquées par la société chinoise CATL « pour ajuster sa production de lithium dans la province méridionale de Jiangxi ». « Sur la base des conditions récentes du marché du carbonate de lithium, l’entreprise prévoit d’ajuster la production de carbonate de lithium à Yichun », a déclaré la société à Reuters, suite à la publication d’un rapport d’analystes indiquant qu’elle avait suspendu les opérations à la mine de lithium.
En Afrique, où plusieurs pays se positionnent pour produire également du lithium, les inquiétudes grandissent aussi. Dans une sortie relayée par plusieurs médias internationaux, Martin Ayisi, directeur de la Commission des minéraux du Ghana, a déclaré que le projet de lithium phare du pays (Ewoyaa), où une production annuelle d’environ 360 000 tonnes est attendue, risque d’être interrompu. « Il en coûtera environ 650 dollars à Atlantic Lithium pour produire une tonne de concentré de lithium et, avec un prix (du spodumène de lithium, NDLR) juste au-dessus de 700 dollars, cela nous inquiète », a-t-il déclaré.
Un obstacle de plus
Sur les 1175 projets miniers en cours d’exploration et de développement sur le continent africain recensé par Ecofin Pro, 47 portent sur le lithium. Sur les 47 projets de lithium, quatre sont localisés en RDC.
Projets de lithium répertoriés par Ecofin Pro en Afrique
Malgré l’engouement autour du lithium en RDC au cours de ces dernières années, le pays ne fait toujours pas partie du cercle des producteurs. Pour cause, un litige survenu sur le plus grand gisement du pays, celui de Manono, l’une des plus importantes réserves non exploitées de lithium à l’échelle mondiale, avec environ 400 millions de tonnes de ressources minérales contenant 1,65 % de lithium, selon les estimations d’AVZ. En 2022, AVZ annonçait la signature par la ministre des Mines de l’époque, Antoinette N’Samba Kalambayi, d’un décret attribuant une licence d’exploitation. Cependant, le projet s’est rapidement retrouvé au centre d’un différend judiciaire. La société australienne revendique 75 % d’intérêts, tandis que Cominière, son partenaire congolais, affirme que l’accord de coentreprise entre les deux parties a pris fin. Cominière a annoncé fin octobre 2023 un accord avec la société chinoise Zijin Mining, pour développer une mine de lithium sur la licence d’exploration de lithium précédemment détenu par sa coentreprise avec AVZ. Toutefois, une décision de la Chambre de commerce internationale lui a interdit toute mesure visant à « explorer et exploiter, directement ou indirectement », le projet de lithium Manono revendiqué par AVZ.
Dans un communiqué publié en août 2024, AVZ Minerals accuse par ailleurs la RDC d’avoir violé l’ordonnance judiciaire susmentionnée (en délivrant un permis d’exploitation à la coentreprise entre Cominière et Zijin) et réclame des pénalités s’élevant à 73,85 millions $. Elle a indiqué être en discussion avec le gouvernement congolais pour « tenter de résoudre à l’amiable le différend concernant l’octroi d’un permis d’exploitation minière pour le projet de lithium à Manono ».
Pour le moment donc, la baisse des prix sur le marché ne semble pas être la raison qui justifie le retard de la RDC dans le développement de son projet phare (et le plus avancé) de lithium. En attendant un dénouement pour cette affaire qui doit être encore jugée sur le fond, notons qu’une autre société (dénommée AJN Resources) a annoncé le 31 mai dernier le début de travaux de forage sur son projet Manono Nord-Est pour trouver des minéralisations de lithium et d’étain. La compagnie compte notamment sur la proximité du projet avec le site au cœur du litige entre AVZ et Cominière.
Perspectives du marché de lithium
Les enjeux pour la RDC du développement d’une industrie du lithium sont simples à comprendre. Le pays, dont les revenus miniers sont passés d’une moyenne de 4 milliards $ sur la période 2013-2017 à une moyenne de 5,5 milliards $ sur la période 2018-2022 selon le FMI, disposerait d’une nouvelle source de recettes dans le secteur. Si la RDC doit encore résoudre les problèmes ci-dessus évoqués pour concrétiser cet espoir, l’évolution du marché est un paramètre à surveiller de près, car elle pourrait influencer les décisions de développement des compagnies.
Selon Adam Megginson, un analyste cité par le média INN et relayé dans un rapport d’Ecofin Pro, « si les perspectives à long terme du marché du lithium restent reluisantes, les niveaux actuels de prix assez bas sont préoccupants, surtout pour les entreprises qui ne l’avaient pas prévu. Un environnement de prix constamment plus bas […] peut également suspendre certaines des sources d’approvisionnement les plus coûteuses et éliminer les projets prévus plus coûteux fondés sur des prix élevés », a-t-il déclaré.
L’annonce par CATL de ses plans de réduction de production a eu comme effet de « soulager » dans une certaine mesure le marché du lithium, même si les prévisions d’excédents sur le marché sont maintenues. Les analystes semblent s’accorder sur le fait que des réductions supplémentaires de l’offre pourraient être nécessaires pour que le marché revienne à un état d’équilibre d’ici 2025. Pour le moment, c’est un sentiment d’incertitude qui prévaut à court terme sur le marché du lithium et la donne ne devrait pas changer avant 2026 où une reprise des prix est prévue par les analystes de Guotai Junan Securities Co.
Louis-Nino Kansoun
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On September 16, 2024, the World Bank announced a $200 million funding commitment for climate risk prevention and management in the Democratic Republic of Congo (DRC). This financing was yielded by a 2022 partnership agreement to help the country fight climate better. The deal is valid until 2026.
According to the Congolese Ministry of Interior, the funds will be managed by the World Bank and used to support the country's National Adaptation Plan (PNA). This plan includes installing early warning systems to prevent future disasters and rebuilding damaged infrastructure.
World Bank Country Director Albert Zeufack emphasized the need for preventive investments, noting that the DRC faces increasing risks from climate hazards like flooding, soil erosion, and drought. In late 2023 and early 2024, extreme rainfall affected 18 of the 26 provinces, leading to record levels of the Congo River. UNICEF reported over 300 deaths and two million displaced people due to floods that destroyed nearly 100,000 homes, 1,325 schools, and 267 health centers.
However, the $200 million from the World Bank may not be enough for the DRC to effectively address climate risks. The country ranks fifth globally in exposure to climate change and has very low adaptive capacity. To meet its goal of reducing greenhouse gas emissions by 21% by 2030, the DRC can only fund 2% of what is needed; the rest relies on external support.
Overall, Africa needs $331 billion for adaptation measures by 2030, according to the State and Trends in Adaptation in Africa Report 2021 How Adaptation Can Make Africa Safer, Greener and More Prosperous in a Warming World.
OS