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Alphamin Resources a annoncé, ce 13 mars 2025, l’arrêt temporaire de la production sur sa mine d’étain de Bisie, situé dans le territoire de Walikale, province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC). Cette décision, prise par le conseil d’administration de l’entreprise, fait suite à l’avancée des rebelles du M23 et de leurs soutiens au sein des forces armées rwandaises, qui progressent vers l’ouest en direction du site minier.

« Le 9 mars 2025, ces groupes ont occupé la ville de Nyabiondo, capitale du secteur Osso-Banyungu, située à environ 110 km au nord-ouest de Goma. Le 12 mars, ils ont poursuivi leur progression et pris la localité de Kashebere, située à 13 km à l’ouest de Nyabiondo (et à 172 kilomètres du site minier, NDLR) », affirme l’entreprise.

Face à cette menace sécuritaire croissante, Alphamin a estimé que la sécurité de ses employés et sous-traitants ne peut plus être garantie, ce qui a justifié l’évacuation du personnel opérationnel. Seule une équipe réduite est restée sur place pour assurer la maintenance et la protection des installations.

L’entreprise dit suivre de près les pourparlers de paix prévus le 18 mars 2025 en Angola, dans l’espoir de reprendre ses activités dès que la situation le permettra. Mais l’annonce de la suspension de ses opérations a eu un effet quasi immédiat sur le marché mondial de l’étain.

Selon les données du London Metal Exchange (LME), les prix de l’étain ont bondi de 3,3 %, atteignant 34 530 dollars la tonne métrique, après avoir culminé à 34 815 dollars, leur plus haut niveau depuis juillet. Tom Langston, analyste principal pour l’International Tin Association (ITA), précise que le prix de l’étain pour livraison à trois mois s’élève aujourd’hui à près de 36 000 dollars la tonne sur la bourse des métaux de Londres, un sommet inégalé depuis juin 2022.

La décision d’Alphamin renforce la pression sur un marché déjà sous tension. L’ITA souligne que cette fermeture vient s’ajouter aux difficultés du Myanmar, où la mine de Man Maw peine à redémarrer. En 2024, la RDC et le Myanmar représentaient ensemble 66 % des importations chinoises de concentré d’étain. L’organisation ajoute que les fonds d’investissement accentuent leurs positions haussières sur l’étain, signe que le marché anticipe une nouvelle flambée des prix.

Alphamin Resources est le principal exploitant industriel d’étain en RDC. Avec la mise en service d’une usine de traitement à Bisie en mai dernier, la société a produit 17 324 tonnes d’étain en 2024, soit une hausse de 38 % par rapport à 2023. Cette production représente 6 % de l’offre mondiale d’étain extrait l’an dernier.

Timothée Manoke, stagiaire

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Depuis la suspension des exportations de cobalt décidée par la République Démocratique du Congo (RDC) le 22 février 2025, le prix de l’hydroxyde de cobalt a bondi de 84 %, atteignant 10,5 dollars la livre, selon les données de Fastmarkets. De son côté, le cobalt métal a enregistré une progression de plus de 43 %. Cette flambée des prix semble conforter la stratégie congolaise. Avec une production représentant environ 75 % de l’offre mondiale, la RDC occupe une position centrale dans l’approvisionnement du marché. La décision de Kinshasa vise donc à résorber un excédent qui pèse sur les prix depuis deux ans.

L’activation des clauses de force majeure par Telf AG, agent de commercialisation du cobalt d’Eurasian Resources Group (ERG), illustre l’ampleur des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement. ERG, troisième plus grand producteur de cobalt en RDC après CMOC et Glencore, a prévenu certains clients qu’elle pourrait ne pas être en mesure d’honorer ses engagements de livraison. Cette incertitude impacte déjà le secteur des batteries, où plusieurs fabricants chinois ont dû réajuster leurs coûts et suspendre certains devis.

Malgré la pression sur l’offre, les analystes restent prudents. Selon CRU Group, environ 85 000 tonnes de cobalt sont actuellement stockées hors de RDC, soit l’équivalent de six mois de consommation mondiale. Cette réserve pourrait atténuer l’impact à long terme de la suspension et limiter la flambée des prix surtout si la levée de l’interdiction entraîne un afflux massif de cobalt sur le marché. Kinshasa envisage d’ailleurs de nouvelles mesures, notamment l’instauration de quotas d’exportation, afin de prévenir une rechute des prix une fois la suspension levée.

Si la hausse des cours se confirme, son ampleur et sa durée restent incertaines. Les prochains mois seront décisifs pour mesurer l’efficacité de la stratégie congolaise et son influence sur un marché du cobalt toujours marqué par un excédent structurel.

Emiliano Tossou, Agence Ecofin

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On en sait désormais un peu plus sur les solutions mises en place par les deux principales banques de la République Démocratique du Congo (RDC) pour assurer le paiement des fonctionnaires dans les zones occupées par les rebelles du M23 et leurs alliés des forces armées rwandaises à l’est du pays. Cela concerne notamment les villes de Goma et Bukavu, où ces deux banques payeuses ont été contraintes de fermer leurs agences.

Ces dispositifs ont été détaillés la semaine dernière lors d’une réunion avec Hilaire Ekobo, directeur en charge du suivi et du paiement à la Direction nationale de contrôle de la paie et de la maîtrise des enseignants et du personnel administratif des établissements scolaires (DINACOPE).

Selon le compte rendu de cette réunion, publié par le ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté, Equity BCDC a confirmé avoir assuré le paiement des enseignants « en utilisant les solutions digitales mises à leur disposition », sans plus de précisions.

En réalité, les comptes des agents de l’État ont simplement été crédités, leur permettant, via les applications mobiles bancaires, de transférer leurs salaires vers des portefeuilles électroniques comme Airtel Money, M-Pesa (Vodacom) ou Orange Money. Une fois les fonds transférés, ils peuvent les retirer auprès des agents agréés de ces réseaux de télécommunications.

Cependant, cette solution présente des inconvénients. Selon des témoignages recueillis à Goma et Bukavu, les agents appliquent des frais de retrait pouvant atteindre jusqu’à 10 % du montant retiré depuis la fermeture des banques. Ces frais élevés amputent le pouvoir d’achat des travailleurs, déjà confrontés à un contexte économique difficile.

Du côté de la Rawbank, le responsable ayant participé à l’échange avec la DINACOPE recommande aux clients d’utiliser l’application Illico-Cash pour accéder à leurs fonds. Il a également assuré que les distributeurs automatiques de billets (DAB) restent opérationnels pour les retraits, offrant ainsi une alternative aux frais excessifs imposés par les agents des réseaux mobiles.

« Tenant compte des difficultés exprimées par les enseignants concernant l’utilisation des solutions numériques, les délégués des banques ont rassuré quant à leur amélioration », indique le compte rendu de la réunion.

Les travailleurs des ONG et des entreprises privées, qui dépendent également des banques pour percevoir leurs salaires, sont confrontés aux mêmes difficultés.

Timothée Manoke, stagiaire

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Dans la Zone économique spéciale (ZES) de Maluku, située à environ 70 km au nord-est de Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC), Saphire Ceramics devient la première entreprise à exporter ses produits. Spécialisée dans la production de carreaux et de faïences, cette société à capitaux chinois a expédié plus de 300 000 m² de marchandises vers le Congo-Brazzaville début mars 2025, a annoncé, le 7 mars dernier, le ministère de l’Industrie et du Développement des PME.

Première usine de ce type en RDC, Saphire Ceramics a lancé sa production en 2023 et affiche une capacité de 70 000 m² par jour.

En octobre 2024, une dizaine d’entreprises avaient signé des conventions d’occupation avec l’Agence des zones économiques spéciales (AZES) pour s’installer dans la ZES de Maluku. Parmi elles figure Varun Beverages RDC, qui a inauguré son usine la même année et lancé la production de boissons destinées au marché de Kinshasa.

Parmi les entreprises ayant signé des conventions d’occupation avec l’Agence des zones économiques spéciales (AZES) figurent aussi Sopaco, une société à capitaux libanais spécialisée dans la transformation de produits agricoles ; K Timber, active dans le secteur du bois ; Eben Ezer International, impliquée dans diverses activités industrielles, dont la production de papier ; Hema Beverage, opérant dans le secteur des boissons, ainsi que Refriango, une entreprise évoluant dans les domaines des boissons et de l’agroalimentaire.

En octobre 2024, trois entreprises suisses Seprinto, Ineos et Jtix ont également manifesté leur intérêt pour s’implanter dans la ZES de Maluku. Leurs projets portent principalement sur des innovations technologiques, notamment la sécurisation des documents, la gestion des bases de données et le développement de logiciels spécialisés. À ce jour, aucune information n’a été communiquée sur l’état d’avancement de leur implantation.

Le gouvernement encourage les investissements dans la ZES de Maluku en accordant aux entreprises des exonérations fiscales et douanières sur une période de 5 à 10 ans. Ce dispositif vise à réduire les coûts d’exploitation et à améliorer le climat des affaires, dans l’optique d’accélérer la transformation économique du pays.

Projet pilote, la ZES de Maluku sert de modèle pour la création d’autres zones économiques spéciales à travers le pays. Toutefois, ces initiatives doivent faire face à un défi majeur : le déficit d’électricité, qui reste un frein au développement industriel en RDC.

Ronsard Luabeya, stagiaire

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L’Union européenne (UE) revendique un investissement de 805 000 euros (près de 900 000 dollars au taux actuel) dans le financement de cinq mini-projets numériques en République Démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris lors de l’atelier de capitalisation du projet Promotion de la recherche, de l’innovation et de la culture numérique en Afrique centrale (Pricnac), tenu du 10 au 14 mars 2025 à Douala, au Cameroun. Ce financement s’inscrit dans le cadre du Pricnac, coordonné par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) entre janvier 2021 et janvier 2025.

Selon le coordonnateur du Pricnac, Jean Calvin Tjombe, les mini-projets ont été sélectionnés après un appel à candidatures, sur la base d’un plan de recherche et d’innovation propre à chaque initiative. L’atelier de capitalisation du projet a permis de dresser un bilan des cinq mini-projets. À cette occasion, Bankable a rencontré trois des cinq responsables de projet, qui présentent les résultats obtenus.

Enseignement à distance

Olivier Mugisho Mugaruka est enseignant à l’Université catholique de Bukavu et coordonnateur adjoint du projet Renforcement de l’apprentissage individuel et amélioration de la qualité de la formation via l’accès aux ressources numériques (RAQF). Financé à hauteur de 155 000 euros, ce projet a permis l’installation d’un intranet visant à améliorer la qualité de l’enseignement à l’Université catholique de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, ainsi qu’à l’Institut supérieur d’informatique et de gestion de Ngoma, dans le Nord-Kivu.

En plus de la mise en place de l’intranet, « nous avons configuré la bibliothèque numérique à partir des serveurs que nous avons acquis, de telle sorte que les étudiants et les enseignants aient accès aux ressources numériques », explique Olivier Mugisho Mugaruka. Il précise également que les fonds du projet ont permis la scénarisation et la numérisation des cours dans les deux institutions universitaires. Ces infrastructures et cette expérience devraient être précieuses pour la mise en place de l’enseignement à distance, récemment décidé par le gouvernement pour assurer la continuité des cours dans les localités sous occupation, notamment à Goma et Bukavu.

Valorisation des déchets

Bénéficiaire d’une subvention de 150 000 euros, le projet Hub numérique d’accompagnement des femmes dans la valorisation des déchets (Hubnafe-Vad) est mené conjointement par le FabLab Ecodechet UEA de l’Université évangélique en Afrique (UEA) de Bukavu et le Centre de recherches intégrées en éducation relative à l’environnement (CRI-ERE) de l’Université protestante d’Afrique centrale (UPAC) au Cameroun. Il est porté par Fabrice Nfuamba Lukeba, enseignant à l’UEA de Bukavu.

Selon lui, le projet a permis la création de deux hubs, l’un à Bukavu et l’autre à Yaoundé, où 20 femmes, réparties équitablement entre les deux villes, ont conçu des prototypes brevetés basés sur la valorisation des déchets. Ces femmes ont été équipées d’outils de pointe, notamment des imprimantes 3D, des scanners et des logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO), leur permettant de développer des solutions durables pour la gestion et la traçabilité des déchets urbains, face aux défis logistiques rencontrés dans ce domaine.

De son côté, le projet Entrepreneuriat vert au service du développement durable dans la ville de Kisangani et ses environs (Unikis), financé à hauteur de 160 000 euros, a permis la formation et la structuration de dix jeunes entrepreneurs en coopérative. Selon son coordonnateur, Jean Bakondongama Babapene, ces entrepreneurs transforment les déchets plastiques et ménagers en produits écologiques, tels que des pavés et du charbon écologique, contribuant ainsi à la dépollution de Kisangani et à la préservation de l’environnement.

Renforcer la recherche-innovation

D’un coût global de 4 884 128 millions d’euros pour 17 mini-projets dans huit pays d’Afrique centrale, le Pricnac a été financé à 15 % par l’Organisation des États de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Oeacp), et à 85 % par l’UE dans le cadre du fonds ACP pour l’innovation et son programme recherche et innovation.

Le projet a pour objectif de renforcer les capacités recherche-innovation dans les pays d’Afrique centrale par la consolidation des écosystèmes d’innovation et la création des synergies productrices entre l’entrepreneuriat, le numérique et les politiques d’innovation au service du développement durable et de la réduction de la pauvreté.

Frédéric Nonos à Douala

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Le 10 mars 2025, le prix d’un bidon de 25 litres d’huile de palme en provenance de la province du Bandundu a bondi de près de 36 %, passant de 70 000 à 95 000 francs congolais (FC) sur les marchés de Kinshasa. Cette flambée s’inscrit dans une tendance plus large observée à travers le pays, rapportée par plusieurs médias.

À Bunia, dans la province de l’Ituri, le prix d’un bidon de 20 litres d’huile de palme a grimpé de 60 000 à 85 000 FC au 4 mars 2025, enregistrant une hausse de 41 %. À Kikwit, chef-lieu du Kwilu, la flambée des prix s’est accélérée entre le 15 et le 22 janvier 2025, avec un bidon de 25 litres passant de 30 000 à 52 000 FC, soit une augmentation de 73 %. Même constat à Matadi, chef-lieu du Kongo-Central, où, à la troisième semaine de février, le prix d’un bidon de 25 litres a doublé, atteignant 60 000 FC contre 30 000 FC auparavant, soit une hausse de 100 %.

D’après plusieurs sources citées par les médias, cette envolée des prix résulte d’une combinaison de facteurs. La sécheresse saisonnière de janvier à mars a considérablement réduit la production locale d’huile de palme, limitant la disponibilité des noix de palme et entraînant une baisse de l’offre sur le marché. Lors d’une réunion tenue le 5 février dernier avec le ministre de l’Agriculture, les producteurs d’huile de palme avaient déjà pointé du doigt « la sécheresse qui frappe actuellement les plantations des provinces du nord du pays où passe l’équateur » comme l’un des défis majeurs auxquels la filière est confrontée.

L’offensive des rebelles du M23 et de leurs soutiens rwandais dans plusieurs zones de production, notamment au Nord-Kivu, perturbe également la chaîne d’approvisionnement, limitant l’accès aux produits et contribuant à la hausse des prix.

Par ailleurs, l’ouverture de nouvelles usines de transformation d’huile de palme, comme celle de Tshela, a intensifié la demande de matières premières locales. Cette concurrence accrue pour les régimes de noix de palme réduit la quantité disponible pour les petits producteurs, accentuant ainsi la pression sur les prix.

La RDC possède un important potentiel agricole pour la production d’huile de palme, avec environ 60 % des 280 millions d’hectares de terres favorables à la culture du palmier à huile. Pourtant, le pays peine à couvrir sa demande, estimée à plus de 500 000 tonnes en 2023, selon Kalaa Mpinga, président de la commission nationale agriculture et forêt de la FEC. L’huile de palme figure d’ailleurs parmi les cinq produits alimentaires les plus importés par la RDC la même année.

Avec son adhésion au Conseil des pays producteurs d’huile de palme (CPOPC) en 2025, la RDC espère dynamiser sa production. Cependant, les estimations de volumes varient selon les sources, illustrant le besoin d’une meilleure structuration du secteur.

Boaz Kabeya, stagiaire

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D’ici quatre ans au plus, une cité de 5 800 logements devrait voir le jour dans la commune de la Nsele, à 9 km de l’aéroport de Ndjili à Kinshasa, a annoncé, le 7 mars 2025, la ministre des Affaires foncières, Acacia Bandubola, lors d’une interview avec la presse. Une grande première depuis la construction de la Cité Mama Mobutu dans les années 1980, il y a plus de 40 ans. « Le dernier site qui avait été loti avec des normes, c’était la Cité Mama Mobutu », a déclaré la ministre, reconnaissant qu’en quatre décennies, l’État a failli à son obligation de mettre à la disposition de ses citoyens des logements décents.

Baptisé Cité-Jardin, le projet repose sur un partenariat public-privé avec Modern Construction. Des sources internes à l’entreprise affirment que les travaux, réalisés sur un site de 33 hectares, ont débuté il y a deux semaines, bien que la cérémonie officielle de pose de la première pierre n’ait pas encore eu lieu.

Filiale de HJ Group of Companies, Modern Construction revendique plusieurs réalisations en République Démocratique du Congo (RDC), notamment la Galerie La Fontaine, l’hôtel Hilton et le centre commercial CTC Mall (Congo Trading Centre) à Kinshasa. Pour le projet Cité-Jardin, les termes de l’accord avec l’État n’ont pas été rendus publics. Cependant, selon des sources aussi bien au sein de l’entreprise qu’au Fonds national de l’habitat, l’État fournit le foncier, tandis que Modern Construction se charge de la construction et de la commercialisation des logements.

Coût des logements

Selon la ministre des Affaires foncières, le projet vise à construire « des logements sociaux, accessibles à tous les Congolais ». De son côté, Modern Construction le présente comme un projet « de logements abordables ». Sur la plateforme de réservation, les logements de deux et trois chambres sont proposés à des prix de 59 900 et 79 900 dollars, respectivement. Deux options de paiement sont prévues : un financement via une banque ou un paiement direct à Modern Construction, avec un dépôt initial de 20 % et un solde échelonné sur cinq ans.

Rien ne garantit que ces prix et modalités de paiement soient réellement accessibles à la majorité des Congolais. En 2024, environ 73,5 % de la population vivait avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale. Ce constat souligne la nécessité d’une stratégie plus inclusive pour répondre au déficit de logements, estimé à 4 millions d’unités en 2023 par l’ONU-Habitat. Avec une population dépassant les 15 millions d’habitants, Kinshasa concentre 54,4 % du besoin en logement, selon la même source. Pour combler ce déficit, 143 092 logements devraient être construits chaque année dans la capitale et 265 000 à l’échelle nationale.

Le gouvernement présente la Cité-Jardin comme un projet pilote appelé à être répliqué à l’échelle nationale afin de réduire progressivement le déficit de logements. Mais pour les acteurs du secteur, pour être plus efficace, l’État devrait créer les conditions favorables à l’implantation de promoteurs immobiliers sérieux. Selon Malick Fall, représentant résident de la Société financière internationale (IFC) en RDC, plusieurs défis restent à relever : des problèmes fonciers, des difficultés dans l’établissement des titres de propriété, ainsi qu’un marché hypothécaire encore insuffisant.

Timothée Manoke, stagiaire

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Sofibanque a annoncé, le 4 mars 2025, la nomination de Bobo Makunda Sefekese en tant que directeur général adjoint (DGA). Il occupera un second poste de DGA, nouvellement créé par la banque. Louis-Odilon Alaguillaume, en poste depuis avril 2022, conserve ses fonctions. Toutefois, selon la direction de Sofibanque, c’est Bobo Makunda Sefekese qui sera chargé de la mise en œuvre du plan de continuité des activités de la banque.

Approuvé par le conseil d’administration le 9 octobre 2023, ce plan vise à garantir la disponibilité des produits et services essentiels en cas de crise, qu’elle soit endogène ou exogène. Il s’accompagne d’un dispositif de secours informatique définissant les stratégies à adopter pour assurer la continuité technique et opérationnelle en situation de crise majeure. Ce dispositif relève également de la supervision du nouveau directeur général adjoint.

La nomination de Bobo Makunda Sefekese à ce poste prend ainsi tout son sens. Son profil correspond aux enjeux stratégiques liés à la continuité des activités. Titulaire d’une maîtrise en informatique de l’Université de Namur et d’un master en gestion des risques financiers de l’Université Saint-Louis de Bruxelles, il dispose des compétences nécessaires pour piloter ce plan. Fort de plus de 20 ans d’expérience dans les secteurs bancaire et assurantiel, en Belgique comme en RDC, il a notamment occupé les fonctions de directeur des systèmes d’information à Equity BCDC et de directeur organisation et informatique à la Banque commerciale du Congo.

Dans ses nouvelles fonctions, Bobo Makunda Sefekese travaillera aux côtés de Henry Yoan Wazne, administrateur directeur général (ADG) de Sofibanque depuis 2012. Selon le rapport 2023 de la banque, le(s) DGA assiste(nt) l’ADG au sein du comité de direction, organe chargé de préparer les décisions stratégiques du conseil d’administration et d’en assurer la mise en œuvre. Il(s) participe(nt) ainsi à la supervision des opérations, à l’optimisation des processus ainsi qu’à l’exécution des projets de développement de la banque. L’expertise de Bobo Makunda Sefekese en transformation digitale devrait notamment être mise à profit face à l’essor des fintechs et à la numérisation croissante des services bancaires.

En 2023, la Sofibanque occupait la 6e position du marché bancaire en République Démocratique du Congo avec un total bilan de 964 millions de dollars.

Boaz Kabeya, stagiaire

Le secteur privé congolais a capté plus de 2,044 milliards de dollars de contrats en sous-traitance en 2024, selon le rapport partiel que vient de publier l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) en République Démocratique du Congo. Ce document recense 1 282 contrats signés avec 797 sous-traitants. 

Le secteur minier se taille la part du lion, avec plus de 2,016 milliards de dollars, soit 98 % du montant global. Parmi les principaux donneurs d’ordre figurent les entreprises minières telles que Tenke Fungurume Mining, Kipushi Corporation (KICO), CMOC Kisanfu, Kamoto Copper Compagnie (KCC), Metalkol, Sicomines ou Ruashi Mining.

En dehors du secteur minier, les autres domaines d’activité en RDC peinent à tirer leur épingle du jeu dans la sous-traitance. Les télécommunications arrivent loin derrière en deuxième position, avec environ 19 millions de dollars de contrats attribués par quatre sociétés (Huawei, Orange RDC, Helios Towers Congo et Liquid Intelligence Technologies).

Encore loin des objectifs

La cimenterie suit avec 6,8 millions de marchés attribué par Carrière du Lualaba (Carrilu), PPC Barnet et la Grande Cimenterie du Katanga (GCK). Enfin, l’agroalimentaire, pourtant essentiel à la consommation locale, reste marginal avec seulement 1,4 million de dollars de contrats signés par Brasimba, Marsavco, ELS et Biso Na Biso.

Selon les conclusions d’une mission de l’ARSP réalisée en 2023, la RDC perd près de 8 milliards de dollars chaque année en raison de pratiques irrégulières dans la sous-traitance. Face à ce constat, le gouvernement avait fixé un objectif ambitieux : atteindre entre 50 000 et 60 000 sociétés de sous-traitance à capitaux majoritairement congolais d’ici fin 2023.

Mais selon le rapport partiel des contrats de sous-traitance pour 2024, la réalité est bien différente, avec seulement 797 sociétés répertoriées à ce jour. L’écart entre l’objectif initial et les résultats actuels met en évidence les défis que le pays doit encore relever pour développer efficacement la sous-traitance locale.

Ronsard Luabeya, stagiaire

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Pour l’année 2024, le chiffre d’affaires déclaré sur la mine de Kamoa-Kakula en République Démocratique du Congo (RDC) est de 3,11 milliards de dollars, indique une note publiée le 18 février 2025 par Ivanhoé Mines, un des actionnaires indirects du projet à travers Kamoa Holding, qui détient 80 % de participations.

À la lecture du document, cette performance s’explique par une augmentation conjointe des volumes nets de cuivre vendus (+5 %) et du prix moyen réalisé par tonne (+6 %), comparativement à l’année précédente.  Dans ce contexte, malgré une hausse des coûts d’exploitation, la valeur ajoutée générée par la mine en 2024 s’élève à 1,4 milliard de dollars, le résultat d’exploitation à 1,8 milliard dollars et bénéfice net à environ 777 millions dollars, précise le même document.

Dans le détail, 397 976 tonnes de concentrés de cuivre payables ont été vendues sur la période considérée, à un prix moyen de 4,09 dollars la tonne. Sur la base de ces données, un écart de 470 millions de dollars apparaît entre le chiffre d’affaires calculé et celui annoncé par la société. Contacté pour expliquer cette différence, Kamoa-Kakula n’a toujours pas matérialisé sa promesse d’éclairage deux semaines après la requête.

Un autre élément important ressort de la note : la méthode de vente employée. Sur l’exercice 2025, une avance sur ventes de 500 millions de dollars a déjà été reçue des acheteurs CITIC Metal et Gold Mountains. Cette avance portera un taux d’intérêt annuel fixe de 3,75 %, majoré du taux moyen du marché interbancaire américain à un mois (SOFR) au moment de la finalisation de la vente. Par ailleurs, on observe que le chiffre d’affaires peut faire l’objet d’ajustement d’ajustements à la hausse ou à la baisse, en fonction des conditions fixées sur le marché international.

Pour le gouvernement, les précisions sur ces opérations sont essentielles. Selon les règles en vigueur, les revenus déclarés par l’entreprise constituent une base pour calculer les taxes et redevances dues à l’État. En 2024, un montant de 307,1 millions de dollars a été déclaré au titre des redevances, taxes sur la production et autres taxes non précisées.

En outre, un montant d'un peu plus de 345 millions de dollars est attendu au titre de l'impôt sur les bénéfices de l'année 2024 et des ajustements associés. Par ailleurs, grâce à sa participation de 20 % dans le projet, le gouvernement recevra 155,4 millions de dollars sur le bénéfice net attribuable.

Georges Auréole Bamba

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