Au cours de la première semaine de mars 2025, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) en provenance de Washington a séjourné à Kinshasa. En l’absence d’un communiqué de fin de mission, Bankable s’est rapproché du représentant résident du FMI en République Démocratique du Congo (RDC) afin d’en comprendre les enjeux.
En poste depuis octobre 2024, après six années passées au même poste au Mali, René Tapsoba a accepté de répondre à nos questions. L’économiste, passé également par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), évoque l’impact de la crise sécuritaire sur la mise en œuvre du nouveau programme de la RDC avec le Fonds, ainsi que l’aide que l’institution de Bretton Woods est en mesure d’apporter à un pays qui, face à l’escalade du conflit à l’est, pourrait avoir un besoin accru de ressources en devises pour financer ses dépenses militaires.
Bankable : Au début du mois de mars, une mission du FMI s’est rendue en RDC. Depuis la validation du programme le 15 janvier, le pays a connu un choc interne marqué par l’intensification du conflit au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Dans ce contexte, quel état d’esprit avez-vous trouvé au sein de l’administration congolaise ?
René Tapsoba : Comme vous le soulignez, à peine deux semaines après l’approbation des deux programmes soutenus par le FMI, la RDC s’est retrouvée confrontée à une escalade des hostilités dans l’est du pays. Nous regrettons vivement cette détérioration de la situation sécuritaire, qui s’accompagne d’un drame humanitaire.
A la suite de notre directrice générale, qui a exprimé sa solidarité au ministre des Finances lors d’une récente rencontre à Washington, je tiens ici à réitérer notre compassion et notre soutien à toutes les populations durement éprouvées par cette violence. Nous espérons un retour rapide à la paix et à la sécurité, afin que la RDC puisse se concentrer sur l’essentiel : mobiliser ses ressources et son énergie à l’exploitation de son immense potentiel en vue de parvenir à un développement socio-économique plus harmonieux, mieux partagé et plus durable.
Cela dit, nous avons été très encouragés par la volonté réaffirmée du gouvernement de poursuivre la mise en œuvre des deux programmes, malgré un contexte plus difficile. Le ministre des Finances l’avait déjà assuré à la directrice générale à Washington et, au cours de la mission de la semaine dernière, notre équipe a pu constater cet esprit de résilience chez ses différents interlocuteurs dans les services techniques.
« Au cours de la mission de la semaine dernière, notre équipe a pu constater cet esprit de résilience chez ses différents interlocuteurs dans les services techniques. »
Nous avons perçu un intérêt renouvelé pour consolider les efforts de stabilisation macroéconomique et approfondir les réformes, malgré les défis croissants. Bien entendu, nos interlocuteurs ont également témoigné leur solidarité envers leurs compatriotes de l’Est.
Bankable : Les autorités se sont engagées à fournir une quarantaine d’indicateurs dans le cadre de la Facilité élargie de crédit, ainsi qu’une douzaine dans le cadre de la Facilité pour la résilience et la durabilité. Avez-vous obtenu toutes ces informations nécessaires pour la première revue ?
René Tapsoba : Avant tout, il convient de préciser que si les discussions dans le cadre de la mission formelle consacrée à la première revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit sont provisoirement prévues pour avril, elles devront être suivies d’un processus de revue interne au FMI, avant la soumission du dossier au Conseil d’administration, probablement en fin juin ou plus tôt. Ce n’est donc qu’après l’approbation par le Conseil d’administration qu’un second décaissement au titre de la Facilité élargie de crédit pourrait intervenir, ce qui ne saurait se faire avant fin juin 2025.
Pour la Facilité pour la résilience et la durabilité, la première échéance est prévue pour octobre-novembre 2025. Si les réformes sont mises en œuvre dans les délais, cela pourra ouvrir la voie à un décaissement de deux tranches après approbation par le Conseil d’administration, prévu pour la fin décembre ou le début de janvier 2026.
Bankable : Ces précisions étant faites, pouvez-vous nous dire si vous avez reçu les informations attendues ?
René Tapsoba : Nos différents interlocuteurs au sein des services techniques ont fourni tous les efforts nécessaires pour les mettre à disposition les données et informations demandées. Les premières mesures ont déjà été mises en place pour garantir l’atteinte des réformes attendues dans les délais impartis.
« Les premières mesures ont déjà été mises en place pour garantir l’atteinte des réformes attendues dans les délais impartis. »
Pour la Facilité pour la résilience et la durabilité, les échéances sont relativement plus éloignées, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre. S’agissant de la Facilité élargie de crédit, nous avons bien reçu les données initialement requises. Toutefois, compte tenu des implications macroéconomiques et budgétaires potentielles de l’escalade de la crise sécuritaire et de ses conséquences humanitaires, il sera nécessaire de collecter des données supplémentaires afin de réévaluer le cadrage macroéconomique en fonction de ces nouveaux développements.
Ce travail sera essentiel pour préparer, dans les meilleurs délais, la mission formelle dédiée à la première revue du programme prévue autour du mois d’avril. En résumé, toutes les données initialement demandées ont été obtenues, mais le nouveau contexte exige un complément d’information pour affiner l’analyse des implications macroéconomiques et budgétaires.
Bankable : Faut-il en conclure qu’un réexamen du programme aura lieu avant la première revue ?
René Tapsoba : Non, il ne s’agit pas d’un réexamen du programme, mais d’une réévaluation des implications macroéconomiques potentielles, car nous faisons face à un choc. Lorsqu’un tel événement survient, il est essentiel d’analyser ses répercussions sur plusieurs aspects : le secteur réel (croissance, inflation), la balance des paiements et la gestion des finances publiques.
« Non, il ne s’agit pas d’un réexamen du programme, mais d’une réévaluation des implications macroéconomiques potentielles, car nous faisons face à un choc. »
Nous devons également examiner les mesures prises par les autorités pour atténuer l’impact du choc et identifier la part des répercussions échappant à leur contrôle. En effet, malgré les actions internes mises en place, certaines conséquences ne peuvent être absorbées par des mesures de compensation. Il est donc crucial de procéder à une analyse rigoureuse de la situation. Pour cela, nous poursuivons nos discussions avec les autorités et avons demandé des données et informations supplémentaires.
Bankable : Est-ce la crise à l’est qui a provoqué un glissement du calendrier, repoussant à juin le deuxième décaissement qu’on croyait attendu en mai ?
René Tapsoba : Je tiens tout d’abord à préciser que le fait que le décaissement n’interviendra qu’après fin juin n’est pas lié à la crise sécuritaire. Il s’agit du calendrier normal. La mission se tient généralement à la fin avril ou au début mai. Une fois les discussions conclues, si elles sont satisfaisantes, un accord préliminaire au niveau des services est généralement annoncé à la mi-mai. Mais cette annonce ne donne pas immédiatement droit au décaissement. Il faut ensuite passer par le circuit interne de revue avant la soumission au Conseil d’administration, ce qui intervient généralement à la fin juin, voire parfois début juillet. Il est donc important de noter que ce processus est indépendant de l’escalade de la crise sécuritaire.
Bankable : De nombreuses personnes s’interrogent sur le processus d’évaluation du FMI et la manière dont ses conclusions sont établies. Pourriez-vous expliquer comment le FMI détermine, à l’issue d’une revue, si un décaissement peut être effectué ou, au contraire, s’il doit être suspendu ?
René Tapsoba : L’évaluation de la performance repose sur plusieurs critères. D’un côté, il y a l’observance des critères quantitatifs. Dans le cas de la RDC, cela inclut, par exemple, le respect des engagements de la Banque centrale et le plafond d’endettement extérieur contracté par le gouvernement.
D’un autre côté, nous évaluons les progrès dans la mise en œuvre des réformes structurelles, notamment celles liées à la modernisation de la gestion des finances publiques. Pour le programme actuel, cela comprend, par exemple, l’adhésion à la chaîne de la dépense, la réduction des dépenses exécutées en procédure d’urgence et l’opérationnalisation de la Direction générale du Trésor, entre autres mesures.
Nous prenons également en compte les objectifs indicatifs. Bien qu’ils aient un poids juridique moindre que les critères quantitatifs ou les repères structurels, ils restent essentiels. Par exemple, en RDC, nous examinons le niveau minimal prévu pour certaines dépenses budgétaires prioritaires, notamment dans les secteurs sociaux tels que la santé, la protection sociale et l’humanitaire. L’objectif est de s’assurer que le programme soutenu par le FMI garantit une protection adéquate des segments les plus vulnérables de la population.
Bankable : Les chocs, comme la guerre à l’est, sont-ils pris en considération dans cette évaluation ?
René Tapsoba : Je tiens à souligner que nous ne sommes pas des robots au FMI. Nous évaluons attentivement les écarts de performance imputables à des chocs extérieurs qui échappent totalement au contrôle des autorités.
« Je tiens à souligner que nous ne sommes pas des robots au FMI. Nous évaluons attentivement les écarts de performance imputables à des chocs extérieurs qui échappent totalement au contrôle des autorités. »
Nous veillons à différencier ce qui peut être compensé par des mesures correctives et ce qui dépasse leur capacité d’intervention. C’est pourquoi nous demandons des données et des informations supplémentaires pour affiner notre analyse de la situation.
Bankable : Les ressources apportées par le FMI servent généralement à financer les déséquilibres liés à la capacité du pays à régler ses factures à l’international. Comment ces ressources sont-elles prises en compte dans le budget et dans l’économie du pays ?
René Tapsoba : Dans le programme précédent soutenu par la Facilité élargie de crédit, les ressources décaissées étaient exclusivement destinées à l’appui de la balance des paiements. Comme vous l’indiquez, elles servaient à renforcer les réserves internationales de la Banque centrale, afin d’assurer la capacité du pays à honorer ses obligations financières à l’international et à accroître sa résilience face aux chocs externes.
En revanche, dans le cadre du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit, approuvé par le Conseil d’administration en janvier, il a été convenu, à la demande des autorités congolaises, qu’une partie des décaissements puisse être allouée au budget de l’État.
Cependant, cette allocation budgétaire est conditionnée à des progrès tangibles dans la modernisation de la gestion des finances publiques.
« Cependant, cette allocation budgétaire est conditionnée à des progrès tangibles dans la modernisation de la gestion des finances publiques. »
Si ces avancées sont constatées dans les mois à venir, alors, en plus du renforcement des réserves internationales, une partie des décaissements pourrait être orientée vers le budget de l’État.
Bankable : Le prochain décaissement est estimé à 190,4 millions de droits de tirage spéciaux (DTS), soit un peu plus de 266,6 millions de dollars. Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire à l’est du pays, qui entraîne une hausse des dépenses militaires en devises, peut-on s’attendre à ce qu’un décaissement plus important soit réalisé après la première revue ?
René Tapsoba : Nous continuons d’évaluer les conséquences budgétaires de la crise sécuritaire. Une fois cette analyse suffisamment avancée, les implications éventuelles en matière de paramétrage du programme, y compris les hypothèses de financement, pourront être discutées en interne au FMI.
L’appréciation de ces implications dépendra des mesures de compensation envisagées par les autorités ainsi que des appuis financiers mobilisables auprès des autres partenaires de développement. Dans ce genre de situation, nous privilégions ce que nous appelons un partage équitable de la charge financière. Cela signifie que, lorsqu’un besoin de financement additionnel se présente en raison d’un choc externe, le FMI ne peut pas être le seul à apporter son soutien.
Les autres partenaires, comme la Banque mondiale et les bailleurs bilatéraux, sont également appelés à contribuer, tandis que les autorités sont invitées à prendre des mesures d’ajustement en interne. Ce n’est qu’après avoir fait le point sur ces financements additionnels et les efforts internes que le FMI pourra discuter d’une éventuelle réévaluation de son soutien financier. Voilà ce que je peux dire à ce stade.
Bankable : Lors d’un Conseil des ministres, le gouvernement a indiqué qu’il prévoyait de discuter avec le FMI de la possibilité d’allouer une partie des ressources mises à sa disposition au financement des dépenses sociales des militaires engagés sur le front à l’est du pays. Avez-vous reçu une telle requête de la part des autorités ? Et si cette demande a été formulée, pensez-vous que le FMI pourrait y donner une suite favorable ?
René Tapsoba : Dans tous les pays, notre approche ne se focalise pas sur l’affectation spécifique des ressources à une ligne de dépenses particulière. Nos discussions portent sur le cadre macroéconomique global, l’équilibre budgétaire et les modalités de financement des éventuels déficits.
Lors de la mission de la semaine dernière, les autorités ne sont pas venues pour aborder spécifiquement la question du financement du soutien social aux forces de sécurité. Toutefois, elles ont évoqué certaines mesures budgétaires qu’elles envisagent, y compris celles que vous mentionnez.
Au FMI, nous n’accordons pas de financements dédiés à des projets spécifiques, contrairement à d’autres partenaires de développement. Nos interventions prennent la forme d’un soutien budgétaire général ou d’un appui aux réserves internationales. Les ressources allouées sont intégrées au budget de l’État, ce qui laisse au gouvernement une certaine flexibilité dans leur utilisation.
C’est pourquoi, lors de nos échanges avec les autorités, nous analysons les répercussions budgétaires globales et veillons à ce que l’exécution du budget 2025 tienne compte de ces nouveaux défis.
Bankable : M. Tapsoba, doit-on comprendre qu’une fois que le FMI accorde un appui budgétaire, les autorités congolaises disposent librement de ces fonds et peuvent les utiliser selon leurs propres priorités ?
René Tapsoba : Justement, c’est ce que j’ai tenté d’expliquer tantôt. Lors de nos missions, nous analysons les besoins de financement. Si un accord est conclu pour qu’une partie du soutien du FMI soit allouée au budget, alors ces ressources deviennent effectivement fongibles au sein du Trésor public. Cela signifie que le gouvernement peut les utiliser dans l’exécution de son budget, en fonction des priorités qu’il aura définies en amont. Ces priorités auront toutefois été discutées avec le FMI dans le cadre du programme.
Bankable : C’est ce qui s’est passé dans le cadre du Programme de développement local des 145 territoires (PDL 145) ?
René Tapsoba : Ce ne sont pas les décaissements au titre de la Facilité élargie de crédit qui ont servi à financer le PDL 145. Si vous vous souvenez, en 2021, le FMI avait alloué des DTS de manière exceptionnelle à tous les pays membres pour les aider à faire face aux répercussions de la Covid-19. Dans ce cadre, la RDC avait reçu 1,5 milliard de dollars en DTS. Il avait été convenu que la moitié de cette allocation serait utilisée pour renforcer les réserves internationales de la Banque centrale, tandis que l’autre moitié serait allouée au budget, en raison des difficultés financières du pays à cette période.
« Ce ne sont pas les décaissements au titre de la Facilité élargie de crédit qui ont servi à financer le PDL 145. »
C’est le gouvernement, en toute souveraineté, qui a décidé d’affecter 511 millions de dollars, issus de cette deuxième tranche, au financement du PDL 145. Ainsi, pour être clair : les ressources issues du programme précédent soutenu par la Facilité élargie de crédit n’ont pas servi à financer le PDL 145. La confusion vient probablement du fait que le montant du programme précédent était similaire à celui de l’allocation exceptionnelle des DTS.
Bankable : Plus de 90 % des dépôts bancaires en RDC sont constitués en dollars américains, malgré les efforts de la Banque centrale et des autorités pour dédollariser l’économie. Comment le programme avec le FMI prend-il en compte cette situation ?
René Tapsoba : La dédollarisation est un processus qui ne se décrète pas, mais qui se construit progressivement. La clé du succès réside dans la restauration de la confiance des agents économiques dans la monnaie nationale.
L’expérience internationale montre qu’il s’agit d’un processus de long terme, dont l’épine dorsale repose sur l’ancrage durable de la crédibilité des politiques économiques. Les programmes soutenus par le FMI, qu’il s’agisse du programme précédent ou de l’actuel programme avec la Facilité élargie de crédit, visent à jeter des bases solides pour renforcer la stabilité macroéconomique. Cela passe par l’amélioration de la crédibilité des politiques monétaires et budgétaires, un meilleur alignement entre la politique monétaire et la politique budgétaire, ainsi que la diversification de l’économie.
« La dédollarisation est un processus qui ne se décrète pas, mais qui se construit progressivement. La clé du succès réside dans la restauration de la confiance des agents économiques dans la monnaie nationale. »
La coordination entre ces différentes politiques est essentielle pour restaurer la confiance dans la monnaie nationale. La stratégie des autorités congolaises s’inscrit dans cette logique. Cependant, comme dans tout processus de dédollarisation, il faut du temps, de la patience et une mise en œuvre cohérente des réformes. Une fois ces prérequis bien ancrés, la dollarisation pourra être progressivement réduite, à mesure que la crédibilité retrouvée de la monnaie nationale s’affirme.
Les maîtres mots ici sont : crédibilité, confiance, patience et persévérance. Sans cela, toute tentative de dédollarisation risque d’être contre-productive. Avec les réformes en cours et le soutien du FMI, les autorités congolaises avancent dans la bonne direction pour poser les fondations solides nécessaires à la réduction durable de la dollarisation.
Interview réalisée par Idriss Linge et Aboudi Ottou
La finalisation du rachat de la National Bank of Kenya (NBK) par Access Bank serait conditionnée au départ du groupe nigérian de la République Démocratique du Congo (RDC), affirment plusieurs médias kényans, citant Paul Russo, directeur général de la Kenya Commercial Bank (KCB). Ce dernier dirige le groupe bancaire qui détient 100 % des parts de NBK, qu’Access Bank souhaite acquérir.
Les deux parties ont conclu un accord en mars 2024, mais la finalisation de l’opération, initialement prévue pour septembre de la même année, tarde à se concrétiser. Selon Paul Russo, ce retard serait dû au fait que la Banque centrale du Nigéria (CBN) aurait conditionné la conclusion de l’opération au retrait d’Access Bank de la RDC.
Toujours selon Paul Russo, la banque nigériane serait déjà à un stade avancé du processus lui permettant de se conformer à cette exigence. Interrogé à ce sujet, un responsable du groupe financier nigérian n’avait toujours pas répondu ce 14 mars 2025.
Une telle perspective place Access Bank face à un choix délicat. En effet, sa filiale congolaise affiche une rentabilité constante, avec un bénéfice net d’environ 7 millions USD en 2022 et 2023, témoignant d’une solidité notable sur un marché financier réputé difficile.
Cependant, plusieurs indicateurs financiers expliquent l’intérêt d’Access Bank pour la NBK. En mars 2024, au moment de l’annonce de l’opération, le prix d’acquisition était estimé à 96 millions de dollars. Ce montant apparaît aujourd’hui attractif en comparaison avec la valeur actuelle de la NBK. Après une année 2023 difficile, la banque kényane prévoit un bénéfice net record de plus de 8 millions de dollars en 2024.
L’autre inconnue reste l’identité du ou des potentiels repreneurs de la filiale congolaise d’Access Bank. Ce flou soulève davantage de questions sur les motivations exactes de la Banque centrale du Nigéria. Par ailleurs, deux autres banques nigérianes, FirstBank of Nigeria et United Bank for Africa (UBA), poursuivent leurs activités en RDC sans restriction apparente.
Georges Auréole Bamba
Kamoa-Kakula copper mine in the Democratic Republic of Congo (DRC) earned $3.11 billion last year. Ivanhoe Mines, which runs the mine, disclosed the figure in a note released on February 18, 2025.
This performance was attributed to a 5% increase in net copper sales volumes and a 6% rise in the average realized price per tonne compared to the previous year. Despite higher operating costs, the mine generated $1.4 billion in added value, $1.8 billion in operating income, and $777 million in net income in 2024.
Over the same period, the mine sold 397,976 tonnes of payable copper concentrates at an average price of $4.09 per tonne. However, a discrepancy of $470 million exists between calculated sales figures and those reported by the company. Despite inquiries, Kamoa-Kakula has yet to clarify this inconsistency.
In its memo, Ivanhoe highlighted the sales structure for 2025, revealing that buyers CITIC Metal and Gold Mountains have already provided a $500 million sales advance at a fixed annual interest rate of 3.75%, plus the average one-month SOFR rate at the time of finalization. Additionally, sales may be subject to adjustments based on international market conditions.
For the DRC government, transparency in these operations is critical since declared revenues form the basis for calculating taxes and royalties. In 2024, Kamoa-Kakula reported $307.1 million in royalties, production taxes, and other levies. Income taxes for the year are expected to exceed $345 million, while the government’s 20% stake in the project will yield $155.4 million in attributable net income.
Ivanhoe Mines is an indirect shareholder of the Kamoa-Kakula mine, through Kamoa Holding which owns 80% of the project.
This article was initially published in French by Georges Auréole Bamba
Edited in English by Ola Schad Akinocho
The Nsele municipality, located 9km from Kinshasa’s Ndjili airport, should house a major housing project in the next four years. Acacia Bandubola, the Land Affairs Minister of the Democratic Republic of Congo (DRC), announced the project on March 7, 2025, in an exclusive interview.
According to sources close to the matter, the project, known as Cité-Jardin, will comprise 5,800 homes and span 33 hectares. The same sources added that construction works began two weeks ago. However, the first stone is yet to be laid.
The project will be developed via a public-private partnership with Modern Construction, a subsidiary of the HJ Group of Companies, which has been involved in several notable projects in the DRC, including the Galerie La Fontaine and the Hilton Hotel.
While further details have not been disclosed, yet, various sources in the government and Modern Construction indicated that the government provides the land, and Modern Construction takes care of building and marketing the project.
Affordable, or not ?
On the related reservation platform, two- and three-bedroom units are priced at $59,900 and $79,900, respectively. Buyers can opt for financing through a bank or direct payment to Modern Construction, with a 20% initial deposit and the balance spread over five years.
Though the Land Affairs Minister claims that the houses aim to be “accessible to all Congolese”, these prices are out of reach for many Congolese. According to the World Bank, 73.5% of the population lived on less than $2.15 a day in 2024. Meanwhile, the country had a housing deficit of 4 million units in 2023, according to UN-Habitat. Kinshasa alone accounted for 54.4% of the demand. To meet this need, the government aims to build 143,092 housing units annually in the capital and 265,000 nationwide.
Cité-Jardin is presented as a pilot project to be replicated nationwide, to gradually reduce the DRC’s housing deficit. While lauding the project, concerned stakeholders recommend tackling various issues that impede real estate investments in the country. These issues, according to Malick Fall, Resident Representative of the International Finance Corporation, include land tenure problems, difficulties in establishing property titles, and an underdeveloped mortgage market.
If completed, the Cité-Jardin project will be a significant step forward in addressing the country's housing shortage, which has been largely unaddressed since the construction of Cité Mama Mobutu in the 1980s.
This article was initially published in French by Timothée Manoke (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
La Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale a rendu, le 10 mars 2025, une nouvelle décision en faveur d’AVZ Minerals dans le contentieux qui l’oppose à la société publique Cominière en République Démocratique du Congo (RDC). L’entreprise australienne a annoncé cette décision le vendredi 14 mars, précisant qu’elle confirme des injonctions antérieures et condamne Cominière à une pénalité de 39,1 millions d’euros (42,4 millions de dollars à la valeur actuelle) pour non-respect des décisions du tribunal.
Le litige remonte à la rupture contestée par AVZ du partenariat autour du projet de lithium de Manono. En 2023, AVZ avait obtenu des injonctions interdisant à Cominière de prendre des décisions jusqu’à ce qu’un jugement soit rendu sur le fond. Cependant, la société publique congolaise n’a pas respecté ces ordres. Le tribunal a estimé que Cominière avait violé ces injonctions en obtenant une extension du permis litigieux, en sollicitant et obtenant sa scission, qui a ensuite été attribuée à Manono Lithium SAS, une coentreprise entre Cominière et une filiale du géant minier chinois Zijin Mining.
Si cette décision renforce la position d’AVZ, elle ne règle toutefois pas la question de fond du litige. De plus, la manière dont AVZ compte récupérer la somme imposée à Cominière reste floue. Par ailleurs, la Cour a rejeté la demande de Cominière visant à annuler les injonctions précédentes, mais ne s’est pas encore prononcée sur l’éviction d’AVZ du projet.
Dans l’attente d’un règlement définitif, il reste à voir l’impact de ces nouveaux développements sur le calendrier annoncé par Zijin Mining, qui prévoit le début de la production de lithium à Manono en 2026. Jusqu’à présent, la procédure judiciaire n’a pas empêché Cominière et son partenaire de coentreprise de poursuivre leurs avancées sur ce projet stratégique, qui pourrait permettre à la RDC de rejoindre le cercle des producteurs africains de lithium.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Lithium de Manono : le chinois CATH soutient désormais AVZ dans son différend avec l’État
Lithium de Manono : Zijin Mining table sur un début de production en 2026
Lithium de Manono : AVZ sous le coup d’une enquête pour corruption en Australie
Le bouclage du financement de la centrale hydroélectrique Ruzizi III, initialement prévu pour le troisième trimestre 2025, est désormais incertain, selon plusieurs bailleurs de fonds du projet cités par Reuters dans une dépêche publiée le 13 mars.
« Avec la progression du M23 au Sud-Kivu, le site du projet Ruzizi III se retrouve dans la zone de conflit (…) Nous adoptons une approche attentiste pour déterminer la suite du projet (…) Nous coordonnons également étroitement avec nos co-financiers », a déclaré un responsable de la Banque européenne d’investissement (BEI), principal arrangeur du financement.
« Le calendrier de la clôture financière dépendra de l’évolution de la situation », a précisé un porte-parole de l’Agence française de développement (AFD), l’un des bailleurs du projet. Du côté de la banque publique allemande de développement KfW, un autre financeur, on affirme que tout nouvel engagement financier est suspendu, conformément à la décision du gouvernement allemand annoncée le 4 mars dernier.
En maturation depuis au moins 2015, le projet Ruzizi III prévoit une capacité installée de 206 MW, pour un coût estimé à 760 millions de dollars. Ce budget inclut la construction d’une ligne d’évacuation d’énergie de 220 kV jusqu’au poste de dispatching régional de Kamanyola. L’infrastructure doit être développée sur la rivière Ruzizi III, un cours d’eau reliant le lac Kivu au lac Tanganyika, qui matérialise une partie de la frontière entre le Rwanda, le Burundi et la République Démocratique du Congo (RDC).
Cette incertitude repousse indéfiniment le début des travaux de construction de cette infrastructure, initialement prévus pour le quatrième trimestre 2025. L’électricité produite devait être répartie équitablement entre le Rwanda, le Burundi et la RDC, bénéficiant à environ 30 millions de personnes.
Une participation de 30 % est d’ailleurs réservée à ces trois pays dans la société de projet Ruzizi III Energy Ltd, aux côtés des partenaires privés, dont SN Power, désormais filiale de TotalEnergies, et Industrial Promotion Services (IPS), basé à Nairobi. Le montage financier prévoit que les bailleurs de fonds (AFD, BAD, BEI, BM, KfW et UE) accordent aux États contractants des dons et prêts concessionnels, qui sont ensuite rétrocédés à la société de projet pour financer la construction de la centrale et de ses infrastructures associées.
Le Burundi, la RDC et le Rwanda font encore face à d’importants défis énergétiques. Selon la Banque mondiale, leurs taux d’accès à l’électricité sont estimés respectivement à 10 %, 21,5 % et 50,6 %. La centrale Ruzizi III permettrait de presque doubler la capacité actuelle du Burundi, d’augmenter de 30 % la capacité installée du Rwanda et d’améliorer l’accès à une énergie fiable pour l’est de la RDC.
Pierre Mukoko
Lire aussi :
Électricité : vers une restructuration de la dette de la SNEL, évaluée à 3 milliards $
Interconnexion électrique avec Kinshasa : Brazzaville lance ses études de faisabilité
Kamoa-Kakula : le projet Somagec, une alternative pour importer l’électricité d’Angola
.
On March 10, 2025, the price of a 25-liter drum of palm oil from Bandundu province surged by nearly 36%, climbing from 70,000 to 95,000 Congolese francs (CF) in Kinshasa markets. This sharp increase reflects a broader trend observed across the Democratic Republic of Congo (DRC).
In Bunia, Ituri province, the price of a 20-liter can rose from CF60,000 to CF85,000 on March 4 a jump of 41%. Similarly, in Kikwit, Kwilu province, prices skyrocketed by 73% between January 15 and January 22, with a 25-liter drum rising from CF30,000 to CF52,000. Matadi, the capital of Kongo-Central, saw prices double in February, reaching CF60,000 for a 25-liter drum.
According to various media outlets quoting different sources, several factors are behind the price surge. Seasonal drought from January to March has significantly reduced palm oil production, particularly in northern provinces along the equator. At a February 5 meeting with the Minister of Agriculture, producers cited drought as one of the major challenges affecting plantations. Additionally, the advance of M23 rebels and their Rwandan allies in key production zones like North Kivu has disrupted supply chains and limited access to products.
The opening of new palm oil processing plants, such as Tshela, also boosted demand for palm nuts, subsequently exacerbating pressure on prices.
Despite its vast agricultural potential 60% of the DRC's estimated 280 million hectares are suitable for oil palm cultivation—the country struggles to meet domestic demand. By 2023, national consumption exceeded 500,000 tonnes annually, forcing palm oil to rank among the top five food imports. Kalaa Mpinga, Chairman of the FEC's National Agriculture and Forestry Commission, emphasized this gap in production capacity.
To address these challenges and boost production, the DRC plans to join the Council of Palm Oil Producing Countries (CPOPC) in 2025. Meanwhile, discrepancies in volume estimates highlight the need for better structuring within the sector.
This article was initially published in French by Boaz Kabeya (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Rawbank and Equity BCDC, the two main banks in the Democratic Republic of Congo (DRC), have turned to digital solutions to pay salaries in the eastern part of the country, currently invaded by M23 rebels and their Rwandan allies. This concerns especially Goma and Bukavu where the lenders recently had to shut their offices.
These arrangements were detailed last week at a meeting with Hilaire Ekobo, payment and monitoring director at the National Directorate for Teachers Wages (DINACOPE).
According to the meeting’s report, issued by the Ministry of National Education, Equity BCDC, one of the banks involved, has utilized digital platforms to credit teachers' accounts, allowing them to transfer funds to electronic wallets like Airtel Money, M-Pesa, or Orange Money via mobile banking apps. The funds can be withdrawn from authorized agents of telcos.
Going digital comes with drawbacks, including high withdrawal fees, of up to 10%. These significantly erode workers’ purchasing power. Regarding this, Rawbank has suggested using the Illico-Cash application for accessing funds and noted that ATMs remain operational.
According to the meeting’s report, bank representatives present have acknowledged the difficulties faced by teachers and other workers in using these digital solutions and have assured that improvements will be made.
The current challenges are not limited to civil servants; employees of NGOs and private companies also face similar hurdles in accessing their salaries due to the banking disruptions.
This article was initially published in French by Timothée Manoke (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Since the Democratic Republic of Congo (DRC) suspended cobalt exports on February 22, 2025, the price of cobalt hydroxide has surged by 84%, reaching $10.5 per pound, according to Fastmarkets data. Cobalt metal prices have also risen sharply, climbing over 43%. This dramatic price increase appears to validate Kinshasa’s strategy of leveraging its dominant position in the market accounting for approximately 75% of global supply to address a persistent surplus that has depressed prices for the past two years.
The suspension has disrupted supply chains, with Telf AG, the cobalt marketing agent for Eurasian Resources Group (ERG), activating force majeure clauses. ERG, the DRC’s third-largest cobalt producer after CMOC and Glencore, has warned customers it may not meet delivery commitments. This uncertainty is already rippling through the battery sector, where several Chinese manufacturers have adjusted costs and suspended some quotations.
Despite the immediate price spike, analysts remain cautious about long-term impacts. According to CRU Group, an estimated 85,000 tonnes of cobalt are stockpiled outside the DRC equivalent to six months of global consumption. These reserves could temper the price surge if the export ban is lifted and a flood of cobalt re-enters the market. To prevent such a scenario, Kinshasa is reportedly considering introducing export quotas to stabilize prices once exports resume.
The coming months will be critical in determining whether the DRC’s move is as smart as the Congolese authorities think. The global cobalt market, it is worth noting, is already marked by structural surpluses and geopolitical tensions.
This article was initially published in French by Emiliano Tossou (Ecofin Agency)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
As the M3 rebels and their Rwandan allies keep gaining ground in the region, Alphamin Resources has temporarily halted operations at its Bisie tin mine in Walikale territory, North Kivu province, Democratic Republic of Congo (DRC). The firm announced the shutdown on March 13, 2025.
"On March 9, 2025, these groups occupied the town of Nyabiondo, the capital of the Osso-Banyungu sector, located some 110 kilometers northwest of Goma. On March 12, they continued their advance and took the locality of Kashebere, located 13 kilometers west of Nyabiondo (ed.note: and 172 kilometers from the mining site)," Alphamin Resources indicated.
Given the highly volatile context, Alphamin evacuated operational staff from the mine while retaining a small team to ensure the maintenance and security of the facilities.
The company said it hopes the coming peace talks in Angola on March 18 will be fruitful, enabling a quick resumption of operations. Meanwhile, the suspension has already sent ripples through the global tin market.
Tin prices surged following Alphamin's announcement. On the London Metal Exchange (LME), prices jumped 3.3% to $34,530 per metric ton, peaking at $34,815 the highest since July. Analysts from the International Tin Association (ITA) noted that three-month delivery prices reached nearly $36,000 per tonne, a peak not seen since June 2022.
Alphamin’s decision further strains a market already grappling with supply challenges, including difficulties at Myanmar’s Man Maw mine which barely resumed operations.
Alphamin’s Bisie tin mine is a critical player in global supply chains. Producing over 17,000 tonnes in 2024—6% of global tin output—the mine’s closure exacerbates concerns about shortages. In 2024, DRC and Myanmar accounted for 66% of China’s tin concentrate imports. The ITA highlighted that investment funds are increasingly bullish on tin prices as markets anticipate further upward pressure.
This article was initially published in French by Timothée Manoke (intern)
Edited in English by Ola Schad Akinocho