Le poste frontalier de Kasumbalesa, reliant la RDC à la Zambie, est confronté à une grave congestion, paralysant le commerce international et réduisant les recettes publiques congolaises, estimées à plusieurs millions de dollars par mois. Ces dernières semaines, des centaines de camions sont restés immobilisés sur plus de 50 km du côté zambien, mettant en lumière des dysfonctionnements dans la gestion de ce point de transit stratégique en Afrique australe.
Pour remédier à cette situation, les autorités des deux pays se sont réunies le 11 janvier 2025 à Chililabombwe, en Zambie. Jacques Kyabula Katwe, gouverneur du Haut-Katanga, et Chipoka Mulenga, ministre zambien du Commerce et de l’Industrie, ont annoncé plusieurs mesures. Les douanes des deux pays fonctionneront désormais de 6 h à 20 h, avec pour objectif de traiter au moins 500 camions par jour. Par ailleurs, il a été décidé de rediriger une partie du trafic vers les postes frontaliers de Mokambo et Sakania afin de réduire la pression sur Kasumbalesa.
Commerce extérieur / RDC - Zambie : « Comment décongestionner la frontière de Kasumbalesa et fluidifier le trafic international », la délégation congolaise conduite par le Gouverneur du Haut-Katanga Jacques Kyabula Katwe a eu des échanges avec la partie zambienne conduite par le… pic.twitter.com/2IKnUppONR
— Gouvernement du Haut-Katanga (@GouvernementHK) January 12, 2025
La congestion actuelle s’explique en grande partie par les horaires limités des services douaniers congolais, qui fonctionnent actuellement de 9 h à 15 h seulement. Ces horaires restreints ne suffisent pas à gérer l’augmentation des importations, particulièrement en période de fêtes, entraînant des retards dans le traitement des marchandises. Cette situation incite certains transporteurs à contourner les procédures officielles en déchargeant leurs cargaisons en Zambie. Ces produits pénètrent ensuite en RDC via des circuits illégaux, privant ainsi l’État congolais de revenus douaniers cruciaux.
Bien que ces mesures constituent un bon début, elles resteront insuffisantes sans un engagement durable. Les normes de la SADC préconisent une ouverture des postes frontaliers 24 h/24. En outre, il sera indispensable de renforcer les infrastructures, d’augmenter les effectifs et de lutter efficacement contre la fraude douanière. Une coordination accrue entre la RDC et la Zambie sera essentielle pour assurer un commerce transfrontalier fluide et sécurisé à long terme.
Olivier de Souza
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Ivanhoe Mines a annoncé, le 10 janvier 2025, une émission d’obligations destinée à mobiliser 600 millions $. Une partie de ces fonds devrait être allouée aux opérations congolaises de la compagnie, qui prévoit d’investir jusqu’à 1,7 milliard $ en 2025 dans son complexe de cuivre Kamoa-Kakula et sa mine de zinc Kipushi, en République Démocratique du Congo (RDC).
#News - Ivanhoe Mines launches an offering of US$600,000,000 Senior Notes due 2030.
— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) January 10, 2025
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Dans le détail, Ivanhoe prévoit d’investir entre 1,42 milliard et 1,67 milliard $ à Kamoa-Kakula. L’essentiel de ces fonds sera consacré à l’agrandissement de la mine, dont la production devrait atteindre plus de 600 000 tonnes de concentré de cuivre en 2026, contre un maximum de 580 000 tonnes attendu en 2025. En 2024, Kamoa-Kakula a produit 437 061 tonnes de cuivre. Il convient de noter que l’investissement prévu en 2025 par Ivanhoe est similaire à celui de 2024, qui s’est élevé à 1,61 milliard $ pour les neuf premiers mois de l’année.
À Kipushi, l’investissement prévu en 2025 est nettement inférieur à celui de l’année précédente. Ivanhoe a consacré 185 millions $ au premier semestre 2024 pour permettre la réouverture de la mine. Désormais en phase de production, l’entreprise prévoit seulement 25 millions $ pour des travaux visant à augmenter de 20 % la capacité de traitement de l’usine d’ici le troisième trimestre, ainsi que 40 millions $ pour d’autres interventions visant à garantir le bon fonctionnement des installations.
Bien que ces investissements concernent des opérations en RDC, Ivanhoe ne précise pas quelle part des dépenses sera effectivement réalisée dans le pays et bénéficiera aux fournisseurs locaux. Ces derniers mois, les autorités congolaises ont intensifié leurs initiatives pour permettre aux sous-traitants et fournisseurs congolais de mieux tirer parti des investissements des compagnies minières étrangères.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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La République Démocratique du Congo (RDC) attend d’ici fin avril 2025 la décision du conseil d’administration de la Banque mondiale concernant un financement de 500 millions $ pour moderniser une section de 400 kilomètres de la route nationale 2 (RN2) entre Mbanga et Penemwanga. Ce tronçon relie la province du Lomami à celle du Sud-Kivu, en passant par le Maniema.
Selon les responsables locaux de la Banque mondiale, il s'agit de construire une autoroute. Plus précisément, le projet prévoit d’aménager une route bitumée de 2 x 2 voies, avec une largeur de plateforme variant entre 24 m dans les zones urbaines et 30 m en rase campagne. Cette infrastructure devrait au moins doubler la vitesse moyenne, actuellement limitée à 40 km/h sur ce tronçon.
« L’option d’aménagement et de bitumage en 2 x 2 voies s’inscrit dans la nouvelle vision du gouvernement de la RDC pour le développement des corridors régionaux à l’horizon 2025, compte tenu du volume de trafic potentiel projeté sur l’ensemble de ces corridors routiers de développement », explique l’institution de Bretton Woods.
Outre le bitumage, le projet prévoit également l’installation d’infrastructures de drainage et la construction d’ouvrages d’art pour assurer la viabilité du réseau durant la saison des pluies. Il intègre aussi des aménagements pour le passage des réseaux électriques et de télécommunication.
Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de la deuxième phase du projet d’appui à la connectivité et au transport (PACT 2), financé par la Banque mondiale. Dans le cadre du PACT 1, les travaux de la section voisine (Mbuji-Mayi-Mbanga, 280 kilomètres) de la même route ont débuté le 27 décembre 2024 sous l’égide du président Félix Tshisekedi.
Le PACT 2 vise à désenclaver des régions riches en ressources naturelles et à renforcer leur connexion aux corridors commerciaux transfrontaliers, notamment vers la Zambie et l'Angola via le corridor de Lobito. Selon la Banque mondiale, l’absence d’interventions sur ce réseau routier pourrait entraîner des pertes économiques estimées à 450 millions $ par an entre 2041 et 2050. En RDC, le réseau routier demeure le principal mode de transport, représentant 90 % des déplacements, malgré l’existence d’alternatives fluviales et aériennes.
La réalisation du projet devrait optimiser l’utilisation des 160 millions $ mobilisés chaque année depuis 2021 par le Fonds d’Entretien Routier (FONER).
Le projet inclut également des mesures de renforcement des capacités administratives et de conformité environnementale. Cependant, il ne prévoit pas d’accompagnement spécifique pour les populations rurales riveraines afin qu’elles puissent tirer pleinement profit des retombées économiques de cette infrastructure modernisée.
Georges Auréole Bamba
Rawbank, the largest bank in the Democratic Republic of Congo (DRC) by assets and business volume, has helped a local mining company in Katanga province secure up to $10 million in funding. The identity of the mining company remains undisclosed.
“This transaction reinforces our leadership in the DRC’s banking sector and underscores our commitment to supporting the country’s economic development,” said Rawbank Managing Director, Mustafa Rawji.
This is not the first time Rawbank has supported the mining sector. In 2022, the lender led a $200 million syndicated financing package for Kamoa-Kakula, the operator of one of Africa's largest copper deposits. However, this time, Rawbank has introduced new perspectives regarding business financing.
The recent operation features commercial papers—a type of debt security typically reserved for highly credible companies with a strong ability to repay. To further reassure participating investors, Rawbank provided a corporate guarantee. This means that if the borrower struggles to settle its debt, an affiliated company will repay in its stead in due time.
“This second commercial paper issue demonstrates Rawbank's ability to innovate and meet the specific needs of its institutional clients. The bank's trading room, which adheres to international standards, allowed for optimal structuring of the operation, offering investors superior yield opportunities in a competitive market,” said Rawbank Commercial Director, Etienne Mabunda.
Rawbank places significant emphasis on the mining sector, which accounts for 70% of the DRC's exports. “By providing a national operator with competitive financing, this new issue contributes directly to boosting regional economic activity and investor confidence while stimulating local savings through attractive financial products,” the bank said in a press statement.
GAB
In the ongoing battle to take control of the Manono lithium project, Australian mining company AVZ has secured the support of China's Suzhou CATH Energy Technologies (CATH). On January 8, 2025, AVZ announced that it had obtained a $20 million facility from CATH to finance its working capital requirements and operations over the next 12 months, including efforts related to the project dispute with the Democratic Republic of Congo (DRC) government.
The new agreement has allowed AVZ to waive the $15 million it previously secured from Locke Capital, a litigation financing specialist. AVZ has used the money to support its legal actions surrounding the Manono project.
The new facility is part of a revised partnership between AVZ and CATH, established in 2021 for developing Manono. By maintaining its partnership with AVZ, CATH aims to secure a portion of Manono's lithium production. The revised agreement allows CATH to purchase up to 100% of uncommitted production volumes until a five-year period expires or any funds advanced for project development costs are repaid. Afterward, CATH's purchase rights will be reduced to its economic interest in the joint venture. Additionally, subject to obtaining mining rights for Manono, CATH can acquire a 30.5% indirect interest in the project by paying AVZ $259.25 million.
This new deal bolsters the AVZ-CATH partnership. In parallel, Zijin Mining plans to bring the lithium deposit into production by 2026, according to Bloomberg which relayed a 7 November 2024 mail from Zijin. The Chinese firm plans this despite complaints surrounding the mining permit granted by the DRC.
In its January 8 release, AVZ did not specify when it hopes to regain control of the Manono project or comment on Zijin's production plans. Over the past few years, the Australian firm has initiated various legal proceedings to contest its eviction from the project, but the outcome remains uncertain.
Nevertheless, AVZ and Zijin’s interest in Manono highlights the project’s potential to make the DRC one of Africa’s top lithium producers. According to previous estimates by AVZ, the Manono deposit contains at least 400 million tonnes of mineral resources grading 1.65% lithium.
This article was initially published in French by Emiliano Tossou
En 2024, les rebelles du M23, groupe principalement actif en République Démocratique du Congo (RDC), auraient exporté illégalement au moins 150 tonnes de coltan vers le Rwanda. C’est du moins ce que révèle un nouveau rapport de l’ONU qui dénonce notamment « la plus importante contamination jamais enregistrée de la chaîne d’approvisionnement en minéraux de la région des Grands Lacs ».
Dans le détail, ce rapport relayé par plusieurs médias internationaux, dont Reuters, indique que le contrôle exercé par le M23 sur les voies de transport menant vers le Rwanda a principalement alimenté ce trafic. Selon l’ONU, les exportations ont démarré après que le groupe a pris le contrôle de Rubaya (une région riche en coltan), puis « imposé » des taxes sur la production des sites miniers de coltan de cette localité située au Nord-Kivu. D’après l’étude, cela aurait permis au M23 d’empocher en moyenne 800 000 dollars par mois, notamment grâce aux exportations effectuées en direction du Rwanda.
Ce n’est pas la première fois que le Rwanda est cité comme une des destinations du commerce illicite de coltan dans la région. Selon le rapport « Mining and illicit trading of coltan in the Democratic Republic of Congo » de l’ENACT cité par Agence Ecofin dans un article en avril 2024, le Rwanda serait « la voie privilégiée pour le négoce illicite du coltan », car Kigali ne taxe pas les exportations de ce minerai et permet aux marchandises importées d’être requalifiées « made in Rwanda », à condition de subir une transformation dans le pays avec une valeur ajoutée d’au moins 30 %. Les auteurs indiquaient alors qu’il est « probable que la majeure partie du minerai exporté du Rwanda soit d’origine congolaise ».
En outre, un rapport de Global Witness publié en 2022 a révélé que 90 % des minerais 3T exportés par le Rwanda sont introduits illégalement à partir de la RDC. Plus récemment, la question est revenue au cœur des discussions après que la RDC a accusé le géant américain de l’électronique Apple de s’approvisionner en coltan de contrebande. Des allégations que la société a réfutées, tout en annonçant la suspension de ses approvisionnements en coltan à la fois au Rwanda et en RDC.
Les conclusions de la nouvelle étude de l’ONU viennent alimenter la polémique entourant les origines du coltan exporté par le Rwanda. Pour rappel, en 2023, le pays s’est classé premier parmi les exportateurs mondiaux de ce minerai essentiel dans les processus de fabrication des ordinateurs et smartphones. Sa production était alors estimée à 2070 tonnes, contre 1918 tonnes pour la RDC qui détiendrait entre 60 et 80 % des réserves mondiales, selon les estimations.
Selon les autorités congolaises, la RDC perd annuellement en moyenne 1 milliard de dollars à cause du trafic illégal des minerais 3T ou encore de l’or. Outre le Rwanda, d’autres pays frontaliers comme l’Ouganda et le Burundi sont également cités parmi les principaux points de chute de ces minerais.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
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Ivanhoe Mines produced 437,061 tonnes of copper concentrate at its Kamoa-Kakula project in 2024, up 12% year-on-year. The Canadian firm disclosed the figure on January 8, 2025, saying it aligns with its revised forecast range of 425,000-450,000 tonnes. This year, Ivanhoe Mines aims to produce 520,000 to 580,000 tonnes of copper concentrate.
Last June, it commissioned a third concentrator at Kamoa-Kakula, boosting the project’s installed capacity to 600,000 tonnes per year. This new concentrator should support Ivanhoe Mines’ ambitions. It expects to surpass 600,000 tonnes of copper concentrate production by 2026.
The Democratic Republic of Congo (DRC) became the world’s second-largest copper producer in 2023, surpassing Peru. While Kamoa-Kakula played a major role in this shift, the Congolese government is concerned about the sales process for copper produced at the complex. The authorities recently argued that the negotiated prices do not reflect “competitive market rates”. During a council of ministers held last October, the government suggested state involvement in selecting buyers for Kamoa's production.
Kamoa-Kakula is a joint venture between Ivanhoe Mines (39.6%), Zijin Mining Group (39.6%), Crystal River (0.8%), and the Congolese state (20%).
This article was initially published in French by Emiliano Tossou
Edited in English by Ola Schad Akinocho
The global demand for batteries stood at 850 GWh in 2023, up more than 40% year-on-year. The surge was mainly driven by electric vehicle (EV) sales, which account for nearly 90% of total demand. According to the International Energy Agency’s (IEA) EV Battery Supply Chain Sustainability report, demand should keep growing, quadrupling by 2030, and sevenfold by 2035 under a business-as-usual scenario.
However, global battery demand could rise ninefold if countries fulfill their climate commitments by 2035. This demand could increase twelvefold if the energy sector achieves carbon neutrality by 2050, as outlined in the IEA's Net Zero Emissions (NZE) scenario.
Hope
These optimistic forecasts for the battery market bode well for critical raw materials such as lithium, cobalt, and graphite minerals essential for battery production that are abundantly found on the African continent. However, these markets are currently experiencing significant turbulence, marked by a sharp decline in prices.
For instance, cobalt prices have halved over the past two years due to oversupply. The Cobalt Institute anticipates a market surplus in 2025, which may keep prices at current levels. As of January 3, 2025, cobalt traded at $24,300 per tonne on the London Metal Exchange.
The lithium market is also facing challenges; lithium hydroxide prices have plummeted nearly 90% since late 2022. Fastmarkets reports that lithium spodumene prices fell over 84% between March 2023 and March 2024. Kent Masters, CEO of Albemarle the world's leading lithium producer predicts that "prices will stay low for longer."
The graphite market recorded the same trend, with Fastmarkets indicating a 33.43% drop in prices in 2023, from $530-$575 per tonne in December that year to $450 per tonne in October 2024 close to the all-time low of $430 per tonne set in 2020.
The current decline in critical mineral prices poses significant challenges for African economies. Countries like the Democratic Republic of Congo (DRC), which produces 70% of the world's cobalt; Zimbabwe and Mali, key players in lithium; and Mozambique and Madagascar, important sources of graphite, are relying on these resources to drive economic growth. However, there are rising concerns about the viability of these countries’s strategies and potential delays in developing new production sites.
Challenges
During the previous electric vehicle boom that led to soaring prices for critical metals, many African nations were outpaced by competitors particularly Chinese firms that flooded markets with their production. To capitalize on the anticipated global energy transition by 2030 or 2035, these countries must adopt a different approach by addressing several key challenges: improving regulatory frameworks, strengthening infrastructure, optimizing business climates, and developing skills within the workforce.
According to a report from the Future Minerals Forum, a $5.4 trillion investment will be needed by 2035 to support the global energy transition in the critical minerals sector. Africa is strategically positioned to play a vital role here. The report describes the continent as a "credible alternative to China's dominance in refining and processing critical minerals," thanks to its abundant resources and proximity to European and Asian markets.
Louis-Nino Kansoun, Ecofin Agency
La salle de marché de Rawbank, la plus grande banque de la République Démocratique du Congo (RDC) en termes d’actifs et de volume d’activités, a permis à une société minière locale, active dans la province du Katanga, de mobiliser jusqu’à 10 millions de dollars, selon un communiqué de la banque. L’identité de l’entreprise minière n’a pas été révélée.
« Cette opération renforce notre position de leader dans le secteur bancaire en RDC et souligne notre engagement à soutenir le développement économique du pays », a déclaré le directeur général de la banque, Mustafa Rawji.
Ce n’est pas la première fois que la banque accompagne le financement du secteur minier en RDC. En 2022, elle avait piloté un financement syndiqué de 200 millions de dollars au profit de Kamoa-Kakula, exploitant l’un des plus importants gisements de cuivre en Afrique. L’innovation dans l’opération actuelle réside dans le fait que Rawbank ouvre de nouvelles perspectives en matière de financement d’entreprises.
L’opération a été réalisée par l’émission de papiers commerciaux, qui sont, dans le secteur financier, des titres d’emprunt émis par des entreprises pour répondre à des besoins urgents de liquidités, notamment pour financer le fonds de roulement ou gérer la trésorerie. Ce type d’opération est généralement réservé à des entreprises très crédibles, dont la capacité de remboursement ne fait aucun doute. Pour rassurer davantage les investisseurs ayant participé à cette opération, Rawbank l’a assortie d’une « Corporate Guarantee ». Cela signifie qu’en cas de difficulté de l’entreprise à rembourser son emprunt, une société affiliée s’est engagée à garantir le remboursement au moment opportun.
« Cette deuxième émission de commercial paper témoigne de notre capacité à innover et à répondre aux besoins spécifiques de nos clients institutionnels. Grâce à notre salle de marchés, conforme aux standards internationaux, nous avons pu structurer cette opération de manière optimale, offrant également à nos investisseurs des opportunités de rendement supérieures dans un contexte de marché compétitif », a déclaré le directeur Commercial de Rawbank, Etienne Mabunda.
Au sein de la banque, une importance particulière est accordée au secteur minier, qui représente 70 % des exportations de la RDC. « En permettant à un opérateur national d’accéder à un financement compétitif, cette nouvelle émission contribue directement à dynamiser l’activité économique dans la région et à renforcer la confiance des investisseurs, tout en stimulant l’épargne locale grâce à des produits financiers attractifs », ont déclaré les responsables dans un communiqué de presse.
GAB
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La valeur des réserves de minerais critiques en République Démocratique du Congo (RDC) est actuellement estimée à 24 000 milliards de dollars, selon un récent rapport de la Banque mondiale consacré au projet Inga 3. L’institution multilatérale souligne que le développement de ce potentiel exige une énergie abondante, constante et stable.
Si la RDC est souvent présentée comme le pays du cobalt et du cuivre, la valeur totale de ses gisements en minerais de transition est rarement abordée publiquement. Cependant, les données du cadastre minier révèlent une intense activité dans ce secteur, principalement dans la région allant du nord au sud-est du pays, ainsi qu’à une moindre échelle dans le centre-sud.
De nombreuses entreprises détiennent des permis actifs en RDC, que ce soit pour l’exploration ou l’exploitation, mais les entreprises chinoises dominent, notamment les grands groupes de construction. L’analyse des permis miniers montre que, dans de nombreux cas, les acteurs chinois interviennent dans le cadre de contrats ressources contre infrastructures. Cette pratique évolue, comme le démontre la récente décision des autorités congolaises de renégocier le contrat Sicomines. Toutefois, certains observateurs estiment que la RDC pourrait mieux valoriser ses ressources minières.
Au-delà des minerais critiques pour la transition énergétique, la RDC est également un important producteur d’or, notamment avec la mine de Kibali, l’une des plus grandes d’Afrique, et celle de diamant dans la province du Kasaï oriental. Ces atouts renforcent la position du pays en tant qu’acteur majeur de ce secteur au niveau international.
Le seul site d’Inga pourrait permettre l’installation d’une capacité hydroélectrique d’au moins 11 000 MW (dans le scénario le plus bas). Une telle énergie contribuerait à renforcer les capacités d’extraction et positionnerait la RDC de manière compétitive sur la chaîne économique mondiale de l’économie verte. Cependant, malgré l’intérêt manifesté par de grands groupes internationaux pour ses ressources minières, le pays peine à mobiliser les financements nécessaires au développement du projet hydroélectrique Inga 3. Selon la Banque mondiale, la construction complète de la version minimaliste d’Inga 3 pourrait coûter entre 15 et 25 milliards $. Ce montant, bien que considérable pour un pays africain, reste modeste comparé à la richesse estimée du sous-sol congolais.
Des initiatives africaines visant à soutenir la RDC dans le développement de son potentiel minier sont en cours. Depuis plusieurs années, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique travaille sur un projet visant à construire une usine de batteries électriques dans le pays. Cette initiative, qui inclut le Maroc, ouvre des perspectives pour un développement purement africain, soutenu par les compétences technologiques du pays maghrébin.
La RDC affiche également des ambitions en matière de répartition des revenus miniers. Plusieurs permis prévoient une augmentation des parts de l’État dans les projets. Toutefois, la stratégie à long terme demeure floue. Avec ses vastes ressources, le pays possède le potentiel pour devenir l’une des économies les plus riches du monde. À titre de comparaison, la valeur de ses minerais de transition représente jusqu’à neuf fois le PIB de l’Afrique en 2024, estimé à 2 800 milliards $.
Georges Auréole Bamba