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Equipe Publication

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Ivanhoe Mines projette désormais une production de cuivre comprise entre 370 000 et 420 000 tonnes en 2025 sur le site de Kamoa-Kakula, son unique projet opérationnel en République démocratique du Congo. Cette révision figure dans une note publiée le 11 juin 2025. La société y explique que cet ajustement est lié à l’incident sismique survenu en mai dans la mine souterraine de Kakula, qui a entraîné la suspension temporaire des opérations.

Cette nouvelle estimation représente une baisse de près de 30 % par rapport à la fourchette initiale, qui prévoyait une production comprise entre 520 000 et 580 000 tonnes. Comparée à la production de 437 061 tonnes enregistrée en 2024, la limite haute de la nouvelle fourchette correspond à un recul de 4 %.

Si les activités ont repris dans l’aile ouest de la mine de Kakula, les concentrateurs 1 et 2 du site fonctionnent toujours à environ 50 % de leur capacité opérationnelle combinée. Seuls le concentrateur 3 et la mine de Kamoa poursuivent leurs opérations normalement.

Cette révision à la baisse compromet les ambitions initiales d’Ivanhoe, qui comptait sur une montée en puissance continue du site. En 2024, la production avait déjà progressé de 12 % par rapport à l’année précédente, et la société visait une nouvelle hausse pour 2025. Désormais, même l’objectif de 600 000 tonnes pour 2026 a été retiré, en attendant une mise à jour des prévisions.

Ivanhoe indique cependant que le redémarrage des activités dans la partie est de la mine de Kakula est prévu très prochainement. L’entreprise reste toutefois en état d’alerte, précisant qu’il est encore trop tôt pour « prédire avec précision les perturbations potentielles causées par une nouvelle activité sismique inattendue, l’intégrité des infrastructures souterraines, la capacité d’accélérer les opérations, la fin des travaux d’assèchement ou le délai nécessaire pour accéder aux nouvelles zones minières ».

La situation demeure donc incertaine, tout comme les conséquences de cet incident sismique sur les performances globales de Kamoa-Kakula. Pour rappel, l’État congolais détient 20 % des parts du projet, tandis qu’Ivanhoe Mines et Zijin Mining en contrôlent chacun 39,6 % du capital.

Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin

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Par une ordonnance signée le 28 mai 2025, le président de la République, Félix Tshisekedi, a pris une série de mesures conservatoires visant à encadrer la gestion foncière dans les zones placées sous état de siège et sous occupation armée à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Selon l’article 3 de cette ordonnance, « tous les actes tendant à attribuer ou à affecter des terres dans les zones sous occupation » sont interdits. Cette disposition concerne notamment les villes de Goma et Bukavu, capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, respectivement, passées sous le contrôle du M23 et de ses alliés au début de l’année.

L’article 2 introduit également des restrictions dans la gestion foncière dans les provinces sous état de siège, à savoir le Nord-Kivu et l’Ituri. Cet état d’exception, instauré depuis le 3 mai 2021 pour lutter contre l’insécurité dans l’est du pays, a été prorogé pour la 99 ᵉ fois début juin 2025, pour une durée de 15 jours supplémentaires. Bien que le Sud-Kivu soit également confronté à des tensions sécuritaires, cette province n’est pas officiellement placée sous état de siège.

Dans les zones concernées, les conservateurs des titres immobiliers et les chefs de division du cadastre ne peuvent accorder de concessions dépassant 0,5 hectare. Les mutations foncières portant sur des concessions de plus grande superficie sont suspendues, tout comme la création de lotissements et le morcellement de terres. Le paiement des redevances foncières annuelles est également gelé pour une durée indéterminée.

Au niveau provincial, les gouverneurs sont tenus de limiter à 5 hectares la superficie maximale pouvant être accordée aux tiers. La création de lotissements au-delà de cette superficie est interdite, tout comme la désaffectation d’espaces fonciers relevant du domaine public de l’État.

Par cette ordonnance, l’État cherche à protéger les terres des populations déplacées et à prévenir les conflits fonciers en vue de leur retour dans des conditions sécurisées. Les autorités rappellent que de nombreux litiges fonciers sont nés par le passé à la suite des guerres d’agression et d’occupation, qui ont favorisé l’accaparement illégal des terres au détriment des habitants.

Selon une étude du Groupe de recherche et d’échanges technologiques (GRET) sur la problématique foncière au Nord-Kivu, la pression démographique, le manque de terres disponibles et l’absence d’un secteur secondaire dynamique contribuent à l’intensification des conflits. L’absence de politique claire de sécurisation foncière aggrave ces tensions. Dans cette région historiquement marquée par l’instabilité, la terre demeure une ressource essentielle, aussi bien sur le plan économique que politique, au cœur des rivalités exacerbées par la surpopulation et les migrations constantes.

Ronsard Luabeya, stagiaire

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La République démocratique du Congo veut moderniser son système de gestion des terres. Selon l’Agence congolaise de presse (ACP), le pays a signé, en juin 2025, un protocole d’entente avec un groupe d’experts congolais et étrangers, dont l’entreprise Duna RWA, pour lancer un projet pilote innovant basé sur la technologie blockchain.

Ce projet s’appuie sur la blockchain Solana, une technologie réputée pour sa rapidité, sa faible consommation d’énergie et sa capacité à traiter un grand nombre de données. L’idée est d’utiliser ces atouts pour rendre les titres fonciers (documents prouvant la propriété d’un terrain) plus sûrs, plus faciles à vérifier et plus rapides à enregistrer.

Duna RWA est une société basée à Singapour. Elle est spécialisée dans la numérisation d’actifs réels, comme les titres fonciers, sous forme de « jetons » numériques. Ces jetons sont enregistrés sur la blockchain, ce qui permet de garantir leur authenticité, leur sécurité et leur traçabilité.

Selon l’entreprise, sa plateforme peut gérer des millions d’utilisateurs et propose des solutions pour créer des identités numériques, délivrer des titres officiels (comme les certificats de propriété ou les licences) et sécuriser toutes les transactions.

Les documents officiels (comme les titres fonciers) sont transformés en jetons numériques, qui peuvent être transférables ou non, selon leur nature. Une sorte d’empreinte numérique (appelée hachage) de chaque document est enregistrée sur la blockchain, ce qui permet de vérifier qu’il n’a pas été modifié.

Les données personnelles sensibles, comme le nom du propriétaire ou son adresse, ne sont pas stockées sur la blockchain. Elles restent protégées, tandis que seules les preuves cryptographiques sont accessibles pour garantir la transparence sans violer la vie privée.

Chaque enregistrement est aussi lié à une identité numérique unique, propre à chaque citoyen. Ce système permet d’éviter les doublons et de suivre les transferts de propriété avec précision.

Les changements de propriété devront passer par des validations automatiques, comme une approbation notariale ou une autorisation de l’État. Ces mécanismes empêcheront les fraudes et les transferts non autorisés.

Boaz Kabeya, stagiaire

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Déjà affectée depuis janvier par une recrudescence de l’insécurité, l’usine de thé de Lemera, située dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu), a subi un nouveau coup dur. Selon la presse locale, ses équipements de production ont été pillés le 6 juin 2025 par des éléments du M23, qui contrôlent plusieurs localités de la région avec le soutien de l’armée rwandaise. L’ensemble des machines, y compris les équipements agricoles et industriels, aurait été emporté vers une destination inconnue, affirme Radio Okapi. Cette attaque a entraîné l’arrêt complet des activités.

Héritée de l’époque coloniale, cette usine transformait les feuilles de thé en produit fini destiné au marché locale et à l’exportation. Elle représentait un pilier économique pour les territoires de Kalehe et Kabare-Kabamba, où près d’une centaine de familles dépendaient directement de son fonctionnement. L’unité disposait d’engins spécialisés pour l’entretien des plantations et offrait un débouché stable aux producteurs locaux. Son arrêt prive désormais de nombreux petits exploitants de revenus.

Cette fermeture intervient dans un contexte de crise généralisée dans la filière théicole des provinces du Nord et du Sud-Kivu, toutes deux lourdement affectées par l’insécurité. Au Nord-Kivu, par exemple, les Jardins Théicoles de Ngeri (JTN), autrefois florissants à l’époque coloniale, sont aujourd’hui à l’abandon. Cette vaste concession de près de 450 hectares produisait environ 240 tonnes de thé par an. Son usine est désormais à l’arrêt, victime elle aussi du cycle d’insécurité qui frappe la région depuis plusieurs années.

Une situation qui pourrait empêcher la République démocratique du Congo (RDC) de tirer parti de la hausse attendue de la demande en thé écologique aux États-Unis et en Europe. Selon un rapport publié début 2024 par l’Institut international du développement durable (IISD), cette demande pourrait croître respectivement de +8,4 % et +6,6 % d’ici 2026. D’après les dernières données disponibles de la FAO, la RDC a produit environ 2 000 tonnes de thé en 2020, se classant au 11ᵉ rang des producteurs africains.

Ronsard Luabeya, stagiaire

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At the 46th meeting of the Council of Ministers on June 6, 2025, the Democratic Republic of Congo (DRC) government adopted two significant bills in the industrial sector. The first revises the 2017 law on subcontracting in the private sector, while the second establishes, for the first time, a comprehensive legal framework on local content. Both aim to better integrate Congolese businesses and workers into national value chains, especially in strategic sectors like mining, energy, and agro-industry.

This initiative addresses the ongoing challenge of anchoring processing, subcontracting, and industrial services locally in an economy still heavily reliant on raw material exports.

The revised subcontracting law clarifies key concepts and reaffirms the central role of the Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP). It confirms that subcontracting activities are reserved exclusively for companies with majority Congolese ownership, managed and promoted by nationals, while also defining exceptions to this rule. The law introduces a dispute resolution mechanism and a system of graduated sanctions—administrative, financial, and criminal—to enforce compliance.

The new local content law imposes specific obligations on both the State and private companies, formalized through a national local content plan. This plan will outline mechanisms for training, technology transfer, and skill development to strengthen Congolese participation in key sectors. Its goal is to help local SMEs advance up the value chain and ensure their involvement at all stages—from exploration to ancillary services. The law also provides incentives for compliant companies and penalties for offenders, including administrative, financial, and criminal sanctions.

In 2024, the ARSP estimated that $8.5 billion in value was lost locally due to non-compliance with subcontracting rules reserved for Congolese firms. Several multinational mining companies were reprimanded, underscoring the urgent need for a more coherent and enforceable legal framework to protect and promote local economic interests.

Boaz Kabeya (intern)

At the 46th meeting of the Council of Ministers, President Félix-Antoine Tshisekedi instructed government members to draft a law establishing a sovereign wealth fund for the Republic of the Democratic Republic of Congo (DRC). According to the meeting minutes, the fund will finance major national projects and support entrepreneurship, with the overarching goal of reducing the country’s reliance on foreign aid and mining revenues.

"It will be a structuring lever to consolidate our economic independence, drive long-term development and build, today, the legacy of future generations," the President declared.

A sovereign wealth fund is a public financial instrument typically funded by revenues from natural resources or budget surpluses. It can be used to invest in strategic projects or to accumulate savings for future generations. In the DRC’s case, the future fund would be mainly financed by the Mining Fund for Future Generations (FOMIN), along with other public resource structures, as presented to the Council of Ministers.

Other African countries already have a similar fund. Gabon, for example, created its sovereign fund in 2012 to co-finance major infrastructure projects, particularly in the energy sector. The Gabonese fund also supports startup development and the marketing of carbon credits.

However, despite these objectives, such funds often face governance and efficiency challenges. In Gabon's case, the sovereign wealth fund has yet to fully resolve the country’s financing issues, illustrating the complexities involved in managing these instruments effectively.

Timothée Manoke (intern)

 

In the Democratic Republic of Congo (DRC), local media reported that on June 10, 2025, the Tshopo Public Prosecutor's Office in Kisangani closed several cement depots for failing to comply with the official price ceiling of $16 per bag, set by provincial Minister of Economy Sénold Tandia Akomboyo. 

Since May, the price of cement in Kisangani had surged to $22 per bag, up from the usual $14, with traders citing the war in the east and high transport costs from Kinshasa as reasons for the increase.

Minister Tandia, however, attributed the spike to unjustified speculation. “According to the data in our possession, there is no justification for the increase in cement prices. Some operators are taking advantage of the war and the modernization drive to reap illicit profits. This is unacceptable,” he stated after meeting with major distributors including Cimenterie de Lukala (Cilu), PPC Barnet RDC, and Afri Food.

After this meeting, the price was provisionally capped at $16, but inspections later revealed widespread non-compliance, with some merchants expressing concern over supply logistics while others matched the legal price

PPC Barnet director Patrick Kahasha announced on June 7 the imminent arrival of over 120,000 bags of cement from Kinshasa via the Congo River, acknowledging that recent scarcity had fueled speculation.

This article was previously published in French by Timothée Manoke (intern)

Edited in English byOla Schad Akinocho

 

Le décret signé le 30 mai 2025 par la Première ministre Judith Suminwa marque l’entrée en vigueur de la hausse du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Il s’agit de l’aboutissement d’un processus initié après l’abrogation, en début d’année, de l’arrêté du ministre de l’Emploi et du Travail du 31 décembre 2024 pour « vice de forme » et « incompétence matérielle de l’auteur ».

Ce nouveau texte résulte d’un processus inclusif mené sur plusieurs mois, avec pour point culminant la 37 ᵉ session du Conseil national du travail tenue les 25 et 29 avril dernier. Il est contresigné par le ministre de l’Emploi et du Travail, Éphraïm Akwakwa Nametu.

Le nouveau montant cible du SMIG est de 21 500 francs congolais (FC) par jour pour le manœuvre ordinaire. Il représente une hausse de 204 % par rapport au montant de 7 075 FC établi en 2018. Sa mise en œuvre sera progressive : 14 500 FC dès fin mai 2025, puis 21 500 FC à partir de janvier 2026. Le décret maintient par ailleurs la tension salariale de 1 à 10 entre le manœuvre ordinaire et le cadre de collaboration.

Dans ce contexte, l’augmentation du SMIG entraîne automatiquement une revalorisation proportionnelle de toutes les catégories salariales dans les entreprises. Concrètement, si le SMIG journalier du manœuvre ordinaire passe de 7 075 à 21 500 FC, celui du cadre de collaboration du dernier échelon passe mécaniquement de 70 750 à 215 000 FC. Cette règle s’applique à toutes les catégories intermédiaires selon leur coefficient respectif.

Points à surveiller

Le texte prévoit cependant, conformément à l’article 91 du Code du travail, que des dispositions spécifiques peuvent être adoptées pour tenir compte des difficultés du secteur agro-industriel et pastoral à appliquer cette hausse. La Fédération des entreprises du Congo (FEC) a proposé treize mesures d’allègement fiscal et parafiscal en faveur de ces secteurs. Ces mesures ont été examinées lors de la réunion de la Commission Économie, Finances et Reconstruction (ECOFIRE) du 24 février 2025, mais doivent encore être consacrées par un décret du président de la République pour entrer en vigueur.

Le décret fixe également les allocations familiales minimales et la contre-valeur du logement. Les allocations familiales sont désormais calculées sur la base de 1/27 ᵉ du SMIG journalier par enfant, et la contre-valeur du logement est plafonnée à 1/5 ᵉ du montant journalier des allocations familiales. Les indemnités de logement et de transport continuent toutefois à être versées selon les dispositions légales en vigueur, sans possibilité de réduction par les conventions collectives.

Pour le gouvernement, l’objectif est de « maintenir la paix sociale, renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs en vue d’améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille, ainsi que d’augmenter la productivité des entreprises ».

Mais l’atteinte de cet objectif dépendra de l’application effective des mesures prévues dans le décret. Le respect de cette nouvelle réglementation, qui remplace celle de 2018, fera l’objet de contrôles par l’inspection du travail, conformément aux dispositions du Code du travail congolais. Son impact sur les charges des entreprises dépendra notamment de la proportion du personnel dont les rémunérations se situent en dessous des nouveaux seuils fixés.

À fin avril 2025, l’inflation cumulée depuis janvier s’est établie à 2,94 %, contre 4,55 % sur la même période en 2024. En glissement annuel, les prix ont augmenté de 9,96 %, contre 21,17 % l’année précédente. Le taux de change, lui, reste stable à 2 855,09 FC pour un dollar américain au marché interbancaire. Toutefois, l’augmentation attendue des salaires pourrait générer une pression sur les prix, surtout si l’offre des biens et services n’évolue pas au même rythme que la hausse de la demande induite par l’amélioration des revenus.

Georges Auréole Bamba et Ronsard Luabeya, stagiaire

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D’après les médias locaux, le parquet général de la Tshopo a procédé, le 10 juin 2025, à la fermeture de plusieurs dépôts de ciment pour non-respect du prix plafond fixé à 16 dollars par le ministre provincial de l’Économie, Sénold Tandia Akomboyo.

Depuis le mois de mai, une flambée du prix du sac de ciment a été observée à Kisangani, atteignant jusqu’à 22 dollars contre environ 14 dollars habituellement. Les commerçants évoquent la guerre à l’Est et le coût du transport depuis Kinshasa.

Pour le ministre provincial, il s’agit plutôt d’une spéculation injustifiée : « Selon les données en notre possession, rien ne justifie l’augmentation du prix du ciment. Certains opérateurs profitent de la guerre et de l’élan de modernisation pour engranger des bénéfices illicites. C’est inacceptable », avait-il déclaré le 23 mai, à l’issue d’une réunion avec les représentants de la Cimenterie de Lukala (Cilu), PPC Barnet RDC et Afri Food, principaux distributeurs dans la Tshopo.

C’est à l’issue de cette réunion qu’il avait provisoirement plafonné le prix du sac de ciment à 16 dollars. Mais, fin mai, lors d’une mission de contrôle sur le marché local, le ministre a constaté le non-respect du prix fixé. Certains commerçants avaient accepté de s’aligner au prix légal, tout en exprimant leurs préoccupations sur les coûts logistiques d’approvisionnement.

Le 7 juin, le directeur de PPC Barnet, Patrick Kahasha, a annoncé l’arrivée imminente de plus de 120 000 sacs de ciment à Kisangani, en provenance de Kinshasa par le fleuve Congo. Il a reconnu une période de rareté sur le marché, qui aurait favorisé la spéculation, après une réunion avec le gouverneur de province.

L’arrivée de ce lot, combinée aux mesures coercitives du parquet, pourrait contribuer à la baisse du prix du ciment, dont la pénurie a entraîné l’arrêt temporaire de plusieurs chantiers dans la ville.

Timothée Manoke, stagiaire

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Lors de la 46 ᵉ réunion du Conseil des ministres, le président Félix-Antoine Tshisekedi (photo) a chargé les membres du gouvernement d’élaborer un projet de texte portant création, organisation et fonctionnement d’un fonds souverain de la République. Selon le compte rendu de cette réunion, ce mécanisme aura pour vocation de financer les grands projets nationaux et de soutenir le secteur entrepreneurial, avec pour ambition de réduire la dépendance du pays à l’aide extérieure et aux revenus miniers pour ce type de financement.

« Il s’agira d’un levier structurant pour consolider notre indépendance économique, impulser le développement à long terme et bâtir, dès aujourd’hui, l’héritage des générations futures », a déclaré le président de la République.

Un fonds souverain est un outil financier public, généralement alimenté par des recettes issues des ressources naturelles ou par des excédents budgétaires. Il permet d’investir dans des projets structurants, ou encore de constituer une épargne pour les générations futures. Dans le cas de la RDC, le futur fonds serait principalement financé par le Fonds minier pour les générations futures (FOMIN) ainsi que par d’autres structures pourvoyeuses de ressources publiques, selon les éléments présentés au Conseil des ministres.

Kinshasa s’inscrirait ainsi dans la dynamique engagée par plusieurs pays africains disposant déjà d’un fonds souverain. Au Gabon, par exemple, un fonds a été créé en 2012 pour cofinancer de grands projets d’infrastructure, notamment dans l’énergie avec la construction de centrales hydroélectriques. Il soutient également le développement de startups et la commercialisation des crédits carbone gabonais.

Toutefois, malgré ces attributions, ce fonds n’a pas encore permis de résoudre les problèmes de financement du pays, illustrant les défis de gouvernance et d’efficacité qui accompagnent souvent ce type d’outil.

Timothée Manoke, stagiaire

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