Dans une interview exclusive accordée à nos collègues d’Investir au Cameroun, le PDG du groupe BGFIBank s’est prononcé sur l’état de santé de la filiale en République Démocratique du Congo (RDC) après l’épisode Congo Hold-up de fin 2021.
IC : Il y a quelques années, votre filiale en RDC a fait face à un tourbillon médiatique. Comment se porte-t-elle aujourd’hui, et quelles sont ses perspectives de développement dans ce pays de plus de 100 millions d’habitants ?
Henri-Claude Oyima : Vous êtes nostalgique du passé (rire). BGFIBank RDC évolue aussi dans un pays que nous avons défini comme pôle de croissance, au même titre que le Gabon, la République du Congo, le Cameroun, la Côte d'Ivoire. Ce que nous avons fait en RDC, c’est qu’aujourd’hui, nous nous sommes conformés aux exigences de fonds propres qui sont de 50 millions de dollars.
En RDC, on s’est conformé aux exigences de fonds propres qui sont de 50 millions dollars.
L’autre chose, c’est que nous avons travaillé à être plus présents au niveau des grands centres commerciaux de la RDC. Notamment au Katanga, à Kinshasa et dans la zone Est, à la frontière avec l’Ouganda. Donc, la filiale de BGFIBank en RDC fonctionne normalement à ce jour. La banque suit son programme de développement et nous aurons un aperçu de l’évolution des choses en 2025.
IC : Vous avez choisi le Cameroun pour annoncer l’introduction de BGFI Holding à la BVMAC en 2025. Pourquoi le Cameroun et pourquoi 2025 ?
Henri-Claude Oyima : Le Cameroun, parce que c’est le pays siège de la BVMAC où nous ferons l’introduction. Aussi, la veille de cette cérémonie (d’inauguration du siège de la filiale camerounaise), s’est tenu le conseil d’administration de la BVMAC. Dans le cadre du budget de l’année 2025, nous avons fixé au directeur général de cette institution des objectifs pour animer les deux compartiments qui constituent ce marché boursier.
Un de ces compartiments, qui fonctionne très bien, c’est celui des obligations, où nous avons des emprunts obligataires qui sont lancés. Des obligations de trésor et des bons de trésor sont également émis par les différents États.
De l’autre côté, nous avons discuté de la problématique du dépositaire central unique qui est aujourd’hui géré par la Banque centrale (BEAC). Dans le projet de la BVMAC, il est question de créer une société autonome qui sera gestionnaire de ce dépositaire central.
Tous ces projets ne peuvent pas fonctionner de façon efficiente s’il n’y a que des obligations. Il faut donc qu’il y ait aussi des sociétés cotées pour davantage animer le compartiment des actions. À cet effet, nous avons décidé que les principales entreprises de la zone Cemac, dont celles qui sont membres du conseil d’administration de la bourse, doivent montrer l’exemple.
Il faut qu’il y ait beaucoup plus de sociétés cotées pour davantage animer le compartiment des actions.
Maintenant, pourquoi 2025 ? Déjà, il faut savoir que l’introduction de BGFI Holding avait été annoncée pour 2020. Cette année-là, la Covid-19 est survenue et mon conseil d’administration a jugé que le moment n’était pas opportun pour lancer cette opération. Car, dans ce contexte, l’avenir était incertain pour les investisseurs et il régnait une grande peur. Nous avons estimé qu'une initiative d'une telle envergure devait être menée dans un climat plus serein.
Aujourd'hui, la pandémie de la Covid est passée. Alors que nous touchons à la fin de notre programme quinquennal « Dynamique 2025 », nous pensons que le moment est idéal pour concrétiser ce projet. Le principal objectif est de répondre à ce que le conseil d’administration avait adopté. Ce dernier avait décidé d’aller en bourse avec un maximum de 10 % du capital et c’est ce que nous voulons faire. C’est un projet qui avait déjà été mûri en 2020, et nous allons le reprendre là où nous nous étions arrêtés à cette date-là.
IC : Nous sommes à la fin de l'exercice 2024. Quel bilan dressez-vous en termes de performances du Groupe BGFIBank, qui a enregistré un résultat net de 96 milliards de FCFA en 2023, soit une hausse de 55 % en glissement annuel ?
Henri-Claude Oyima : Les états financiers de 2024 seront finalisés en mars prochain. En attendant, concernant les chiffres, je peux vous indiquer que nous sommes en bonne voie pour atteindre cette année un total bilan de 6 000 milliards de FCFA et un résultat net consolidé de 130 milliards de FCFA.
Extrait d’une interview réalisée par Baudouin Enama, Investir au Cameroun
A mystery disease has killed 92 people, mostly children under 15, in the Democratic Republic of Congo (DRC) since October 24, 2024. According to the Congolese Ministry of Health, which reported 376 cases, the disease is concentrated in the Panzi region, about 700 km southeast of Kinshasa, the capital. The undiagnosed illness shares symptoms with the flu, including fever, headache, runny nose, cough, difficulty breathing, and anemia.
Health Minister Samuel Roger Kamba told the press on December 5 that the illness has a mortality rate of 8%, which means it is unlikely to be Covid. However, he said the Ministry is on “maximum alert” and has dispatched a team to the affected area.
The team regroups agents from the Institut national de la santé publique (INSP) and the Centre des opérations d'urgence de la santé publique (COUSP). They manage reported cases, collect samples for laboratory analysis, and conduct field investigations to diagnose the illness. The World Health Organization (WHO) has also sent a team to assist with laboratory investigations.
Fighting the new disease will put more pressure on DR Congo which already deals with Mpox. According to the WHO, the latter might have already claimed 1,000 lives, out of over 47,000 reported cases.
Both crises will strain the country’s public finances like Covid did a few years ago. Indeed, the pandemic had caused DR Congo’s health spending to explode by 1,348%.
The situation could also stress DR Congo’s foreign currency reserves, as most equipment, medicines, and vaccines to tackle epidemics are imported. To facilitate foreign purchases, countries must possess currency accepted in the purchasing territory—usually obtained through exporting goods or services or through borrowing.
Congolese health authorities are currently focused on identifying the source of the mystery illness, to see if it is viral or bacterial. According to Dieudonne Mwamba, director general of the National Public Health Institute.
In the meantime, the Health Ministry warned people in the affected area to avoid large gatherings and maintain healthy hygiene practices. They were also urged to report suspected cases to local health authorities.
As health officials remain on high alert regarding both outbreaks, they emphasize the need for rigorous hygiene practices and community cooperation to manage the public health threats, effectively.
This article was initially published in French by Pierre Mukoko.
Edited by: Ola Schad Akinocho
Depuis le 24 octobre 2024, une maladie « d’origine inconnue » sévit en République démocratique du Congo, apprend-on dans un communiqué du ministère de la Santé. Selon le document, en un mois, cette maladie a déjà causé la mort de 92 personnes, dont une majorité d’enfants âgés de moins de 15 ans, pour un total de 376 cas recensés.
Pour l’instant localisée dans la zone de Panzi, à quelque 700 km au sud-est de Kinshasa, elle présente des symptômes similaires à ceux d’une grippe : fièvre, maux de tête, écoulement nasal, toux, difficulté respiratoire et anémie. Cependant, des spécialistes estiment qu’il ne s’agirait pas du Covid. « Le taux de mortalité, qui est autour de 8 %, nous fait penser que ce ne serait pas le Covid », a expliqué le ministre de la Santé publique, Samuel Roger Kamba (photo), lors d’une conférence de presse le 5 décembre dernier.
Pour faire face à cette « situation préoccupante », le ministère de la Santé publique, qui se dit en « alerte maximale », affirme avoir dépêché une équipe d’intervention rapide dans la zone affectée. Cette équipe, composée d’agents de l’Institut national de la santé publique (INSP) et du Centre des opérations d’urgence de la santé publique (COUSP), est chargée d’assurer la prise en charge immédiate des cas signalés, de réaliser des prélèvements d’échantillons auprès des patients pour analyse en laboratoire, et de mener des investigations approfondies sur le terrain afin d’identifier la nature de la maladie.
Ce déploiement nécessite des moyens financiers, ce qui devrait exercer une pression supplémentaire sur les finances publiques, déjà impactées notamment par la lutte contre le virus du Mpox, ex-variole du singe, avec plus de 1 000 morts recensés. Cette pression résulte du fait que l’État est contraint d’utiliser des fonds destinés à d’autres dépenses pour faire face à cette situation difficile à prévoir. L’expérience de la Covid-19 illustre bien ce défi. En effet, cette pandémie avait entraîné une augmentation de 1 348 % des dépenses prévues dans le fonds spécial de la santé.
De tels phénomènes exercent également des pressions sur les avoirs en devises de la RDC, puisque l’essentiel du matériel, des médicaments ou des vaccins utilisés pour y faire face est généralement importé. Il faut savoir que pour acheter à l’extérieur, un pays a besoin de posséder la monnaie acceptée dans le territoire où les achats sont effectués, une monnaie généralement obtenue soit en vendant un bien ou un service à l’extérieur, soit en s’endettant ou en achetant la devise en question.
Pierre Mukoko
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Commercial banks operating in the Democratic Republic of Congo (DRC) will help the government settle the remaining balance of losses incurred by finished petroleum product suppliers (gasoline, diesel, kerosene, etc.) on the local market, excluding diesel sold to the industrial mining sector since October 2023. The lenders formalized their commitment on December 3, during a meeting with the Deputy Prime Minister and Minister for the National Economy, Daniel Samba Mukoko.
A total of 14 contracts to refinance this debt have been signed with local financial institutions. At a Council of Ministers meeting on November 29, Prime Minister Judith Suminwa Tuluka urged the acceleration of finalizing these agreements. Essentially, the government aims to change creditors by transferring arrears owed to fuel distribution companies to commercial banks in exchange for an interest rate.
"There is no problem; the government can count on the banks," stated Gisèle Mazengo, representative of Rawbank, the country’s largest bank, by assets and market share. Djo Nkoy Lolonga, a representative from Equity BCDC, mentioned that necessary operations, such as withdrawals from the central bank, had already been completed and that they were awaiting some documents from the Ministry of Finance to proceed with payments. According to communication services from the Ministry of the Economy, the banks are ready to help settle the shortfalls before the end of December 2024.
There is little information about how much is owed to petroleum product distributors. In 2023, petroleum product prices rose by 70% to 130% depending on the region, which reduced the accumulation of shortfalls from $545 million in 2022 to $125 million in 2023. In the first four months of 2024, $135 million in arrears were settled, with Congolese commercial banks contributing $123.5 million, according to the Ministry of Finance. Consequently, by the end of March 2024, the outstanding balance was $405 million but increased throughout the year due to an administrative reduction in petrol prices to tackle high living costs.
While bank intervention mitigates the risk of a socio-economic crisis from fuel shortages, it does not resolve the underlying issue of arrears. As previously mentioned, total outstanding arrears at the end of 2023 amounted to $3.5 billion. According to a report from the International Monetary Fund (IMF) dated July 2024, $438.6 million was allocated to clear these arrears this year.
Georges Auréole Bamba
During President Biden’s recent visit to Angola, Congolese President Félix Tshisekedi brought up the Inga 3 project, saying it is key to maximizing the Lobito Corridor’s potential. According to Tshisekedi, Inga 3, "along with other renewable energy initiatives, is essential to provide a reliable, sustainable energy supply tailored to the requirements" of the expanding industry in the Democratic Republic of Congo (DRC).
President Tshisekedi described the Lobito Corridor as more than just a logistics route; he described it as an engine for driving economic and social transformation. An American official, sharing this opinion, said the Lobito Corridor "is not simply mining infrastructure." He believes renovating the railroad will attract more investors "with high standards" to the mines of Zambia and the DRC.
The same source cited KoBold, a Californian startup backed by notable figures such as Jeff Bezos (Amazon) and Bill Gates (Microsoft), which plans to invest in the DRC after establishing an initial base in Zambia. US officials indicated that this is just the beginning, as other world-class investors could follow in a sector currently dominated by companies primarily controlled by Chinese capital.
The American official also highlighted that the Lobito Corridor offers rapid development opportunities for other sectors, particularly agriculture, by facilitating equipment acquisition and the swift evacuation of products. Furthermore, according to official US discourse, the corridor could enhance the competitiveness of electric battery costs due to reduced transport expenses and the potential establishment of production units near critical mineral extraction sites, with rail exports taking less than 50 hours from Luau on the Angola-DRC border.
Inga 3: Ongoing Discussions
However, establishing these various value chains hinges on having abundant, high-quality energy available—a significant area for improvement in the DRC. During a panel discussion at the 10th edition of the Makutano Forum, Fabrice Lusinde, Managing Director of Société Nationale d'Électricité (SNEL), revealed that over the past four years, the country's mining sector has had to import electricity and generator fuel equivalent to $5 billion.
With a power grid needing renovation and dams operating below their installed capacity, Inga 3 is becoming crucial for transforming Lobito into a corridor dedicated not only to copper and cobalt but also as a business link connecting Angola, Zambia, and the DRC to international markets.
Despite its importance, the Inga 3 project is still far from realization. Ongoing discussions are focused on developing a model for the hydroelectric dam, with a preference for phased capacity installation. Additionally, such infrastructure requires effective coordination across the entire electricity market value chain—including maintenance, efficient distribution, and logistics management. World Bank officials have announced plans for a $1 billion investment over ten years; however, this amount has yet to be validated by their Board of Directors.
President Félix Tshisekedi affirmed that the DRC is fully committed to strengthening the Lobito Corridor. "We continue to strengthen the institutional and legal framework to encourage private investment and guarantee transparent and responsible management of our resources. Transparency and good governance remain top priorities to build trust and foster win-win partnerships," he stated.
Georges Auréole Bamba
Au terme d’une rencontre, tenue le 5 décembre 2024, avec le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Samba Mukoko, les importateurs membres de la Fédération des Entreprises du Congo (le patronat) ont annoncé que la baisse des prix sur les produits de première nécessité devrait se concrétiser dès le 10 décembre 2024.
S’exprimant au nom de la délégation du secteur privé, John Mwenda, directeur général de Cowbell, filiale locale du groupe agroalimentaire panafricain Promasidor, a rappelé que cette mesure faisait suite à de nombreuses discussions avec le gouvernement, ainsi qu’au « décret signé par la Première ministre, déjà appliqué à la douane, dont les effets commenceront à se faire sentir dès mardi ».
Les importateurs ont également assuré disposer de stocks suffisants, au moins jusqu’à la fin du premier trimestre 2025, afin d’éviter toute rupture d’approvisionnement. « Nous disposons en permanence d’au moins trois mois de stocks dans nos entrepôts à Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Mbuji-Mayi et Kananga », a expliqué M. Mwenda.
Le décret, signé le 19 septembre par la Première ministre, Judith Suminwa, suspend la perception de la TVA sur la viande, la volaille, le poisson, le lait en poudre, le riz, le maïs et le sucre. Le texte supprime aussi les droits de douane et d’autres prélèvements administratifs sur le maïs et la farine de maïs, et réduit de 25 à 50 % ces mêmes prélèvements pour les autres produits. Ce dispositif restera en vigueur jusqu’à la fin de l’année 2025. M. Daniel Mukoko Samba a assuré que « les réformes engagées se poursuivront et que certaines seront pérennisées ».
Dans le cadre de la réforme actuelle, le gouvernement prévoit d’identifier et de répertorier les stocks actuels de marchandises. Il s’agira ensuite de calculer les encours de TVA et autres taxes déjà payées afin de les convertir en crédits d’impôt sur les importations futures. Le gouvernement s’est également engagé à accompagner les importateurs pour identifier toutes les opportunités de réduction des coûts. « La bataille du pouvoir d’achat ne se gagne pas en un seul jour, elle se gagne dans la durée », a souligné M. Samba Mukoko.
Conjoncture internationale favorable
L’aboutissement de ce processus reflète le difficile arbitrage auquel le pays doit faire face : garantir un approvisionnement alimentaire continu et fiable, tout en encourageant l’émergence d’une production locale efficace. Mais en 2025, la lutte contre la vie chère devrait bénéficier d’une conjoncture internationale favorable.
Sur les marchés internationaux, où se négocient les contrats à terme sur les matières premières agricoles, les prix sont annoncés en baisse pour plusieurs produits, à l’exception du maïs, dont le prix ne devrait augmenter que légèrement. Parallèlement, les coûts du fret maritime devraient diminuer (jusqu’à 70 % selon certaines analyses), profitant d’une détente sur les prix du carburant à l’échelle mondiale et d’une demande potentiellement plus faible, conséquence de la guerre commerciale entre l’Europe, la Chine et les États-Unis.
En outre, la valeur du dollar pourrait se détendre, en raison d’une baisse de sa demande mondiale, du découplage avec le pétrole saoudien et du renforcement des relations économiques entre les pays membres du bloc BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), dont le nombre grandit et qui s’éloignent progressivement des orientations américaines.
Cependant, en RDC, le défi des prix intègre aussi des variables difficiles à maîtriser : un réseau d’infrastructures à améliorer, des coûts de facilitation du commerce (transport, barrières de contrôle) difficiles à anticiper, et une parafiscalité complexe, pesant sur près de 25 % des prix des marchandises arrivées aux entrepôts.
De plus, le gouvernement a décidé de remédier à une situation illégale en excluant les étrangers de la petite distribution, au profit des acteurs locaux. À terme, cette mesure pourrait augmenter les coûts d’exploitation et, par conséquent, influer sur les prix, dans un contexte où les contrôles seront plus difficiles à exercer.
Georges Auréole Bamba
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La République démocratique du Congo (RDC) a commandé quatre ferries pour renforcer l’offre de transport fluvial, a révélé le vice-Premier ministre et ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba. Dans une interview accordée à la chaîne locale Top Congo FM, le 4 décembre 2024, il a précisé que ces bateaux sont actuellement en phase de construction, sans toutefois donner de détails sur les délais de livraison.
« 4 nouveaux bateaux vont sortir. Ils coûtent 250 mille dollars chacun pour transporter entre 150, 180 et 300 personnes. », a-t-il indiqué. Ce qui situe le coût de l’investissement à un million de dollars. À en croire le ministre des Transports, cet effort d’investissement devrait se poursuivre : « L'objectif est d'arriver à une centaine de bateaux. »
Cette commande s’inscrit dans le cadre des réformes engagées par le gouvernement ces derniers mois pour améliorer le transport fluvial et réduire la fréquence des naufrages. Les accidents d’embarcations se sont multipliés en RDC, notamment à cause de l’exploitation de bateaux de fortune, des surcharges et du manque d’une réglementation stricte dans ce secteur. Bien que cette activité relève des attributions de la Société congolaise des transports et ports (SCTP, également appelée Office national des transports - ONATRA), elle est aujourd’hui largement dominée par des opérateurs privés, en raison de la flotte très limitée de cette entreprise publique.
En plus de renforcer la flotte de ferries, le ministère met en œuvre une politique de répression visant à intercepter les bateaux qui ne respectent pas les normes, notamment ceux qui sont surchargés ou ne disposent pas de gilets de sauvetage pour les passagers. « Il y a aussi le dragage et le balisage du fleuve Congo qui doivent être faits », a déclaré Jean-Pierre Bemba, sans fournir davantage de précisions.
Dans le cadre des directives gouvernementales, un protocole d’accord a été signé en septembre dernier avec la China Harbour Engineering Company (CHEC) pour moderniser le transport fluvial. Cet accord prévoit des études approfondies, initiées en octobre, afin d’évaluer les travaux nécessaires à la modernisation et au développement de ce secteur. Toutefois, on ignore si les mesures actuellement prises résultent de ces études.
Henoc Dossa, Agence Ecofin
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Le lancement d’Air Congo, la nouvelle compagnie nationale de la République Démocratique du Congo (RDC), ne se limite pas à des ambitions de connectivité aérienne. Cette initiative, portée par un partenariat stratégique avec Ethiopian Airlines, intègre un volet socioéconomique ambitieux : le développement des compétences locales et la création d’emplois dans le secteur aéronautique. Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre et ministre des Transports et Voies de communication, l’a souligné lors de son intervention du 4 décembre 2024 sur Top Congo FM.
On apprend notamment que les parties ont prévu la création d’une école de pilotage en RDC. Cet institut devrait non seulement combler le déficit de pilotes formés localement, mais aussi permettre à de jeunes Congolais d’accéder à des carrières jusque-là peu accessibles. Parallèlement, un service technique certifié par Boeing sera installé dans le pays pour l’entretien des appareils. Cette infrastructure aura pour rôle d’améliorer la sécurité aérienne tout en formant des techniciens congolais aux normes internationales. « Nous voulons bâtir une expertise locale solide », a déclaré Jean-Pierre Bemba.
Selon le ministre des Transports, la compagnie prévoit, d’ici 4 ans, une flotte de huit Boeing 737 et deux Dreamliners 787, afin de desservir des destinations nationales, régionales et internationales, de Kinshasa à Paris, en passant par Johannesburg et Dubaï. Cette expansion nécessitera un effectif conséquent, ce qui devrait avoir un impact positif sur l’emploi, notamment en mettant l’accent sur le recrutement de personnel local, pour les postes de cabine ainsi que pour les services au sol.
Ce projet s’inscrit dans un contexte où la RDC cherche à diversifier son économie et à offrir des perspectives d’avenir à sa jeunesse. Toutefois, ces ambitions sociales devront composer avec les réalités d’un secteur encore fragile en RDC. Les infrastructures aéroportuaires limitées, le cadre réglementaire et les défis liés à la sécurité aérienne représentent des obstacles majeurs. « Avec les bonnes infrastructures et des compétences locales renforcées, nous avons toutes les chances de réussir », a ajouté M. Bemba.
Olivier de Souza
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Lors d’une visite dans la province du Tanganyika, à l’est de la République démocratique du Congo, le ministre des Mines, Kisito Kapabomba, a réaffirmé l’engagement du gouvernement à soutenir Manono Lithium dans ses activités d’exploitation, selon une communication du ministère des Mines. « Cette visite symbolise une avancée importante pour le développement minier et le renforcement du partenariat entre la RDC et les investisseurs internationaux, avec Manono en passe de devenir un moteur de croissance pour la région et le pays », indique la même source. À cette occasion, Kisito Kapabomba a également inauguré le pont de Lukushi, réhabilité par l’entreprise.
Cette visite intervient dans un contexte de conflit judiciaire autour du site minier de Manono. Le litige oppose l’État congolais, la société publique Congolaise d’exploitation minière (Cominière) et Jinxiang Lithium, filiale du groupe chinois Zijin Mining, à AVZ Minerals, une entreprise australienne ayant conduit les travaux d’exploration du projet. Le 29 novembre 2024, AVZ Holding a annoncé avoir mobilisé 15 millions de dollars pour couvrir les frais liés à ses procédures judiciaires. En 2023, la justice congolaise avait validé la restitution du projet à la Cominière, qui a ensuite cédé 61 % de ses droits à Jinxiang Lithium, désormais responsable du développement de la mine.
Dans le cadre d’une procédure d’arbitrage international, une décision rendue début 2024 avait suspendu l’attribution du permis d’exploitation. En juillet 2024, Nigel Ferguson, directeur général d’AVZ International, avait écrit une lettre au président Félix Tshisekedi pour solliciter son intervention et demander la suspension du permis contesté.
Zijin Mining a annoncé que le développement du projet Manono nécessitera jusqu’à deux ans après la validation des études d’impact environnemental. « Un parc industriel axé sur la fusion du lithium sera construit simultanément. Les produits seront prioritairement destinés aux entreprises en aval basées en RDC, conformément aux pratiques du marché. Une fois opérationnel, le projet Manono deviendra l’une des principales bases de production de lithium au monde », indique l’entreprise sur son site internet.
GAB
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Les banques commerciales opérant en République Démocratique du Congo (RDC) ont pris l’engagement d’aider le gouvernement à régler le solde restant des pertes accumulées par les sociétés de distribution de produits pétroliers finis (essence, gasoil, pétrole lampant, etc.) sur le marché local, à l’exception du gasoil vendu aux acteurs du secteur minier industriel depuis octobre 2023. Cet engagement a été finalisé lors d’une réunion tenue le 3 décembre 2024 avec le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Samba Mukoko.
Au total, 14 contrats de refinancement de cette dette ont été signés avec des institutions financières locales. Lors du conseil des ministres du 29 novembre dernier, la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a demandé d’accélérer la finalisation de ces accords, dont les détails demeurent confidentiels. En résumé, l’État cherche à changer de créancier en transférant aux banques commerciales, contre un taux d’intérêt, les arriérés dus aux entreprises de distribution de carburants dans le pays.
« Il n’y a aucun problème, le gouvernement peut compter sur les banques », a affirmé Gisèle Mazengo, représentante de Rawbank, la plus grande banque du pays en termes d’actifs et de parts de marché. Le représentant d’Equity BCDC, Djo Nkoy Lolonga, a précisé que les opérations nécessaires, telles que les tirages auprès de la banque centrale, ont déjà été réalisées et qu’ils attendent désormais les documents du ministère des Finances pour procéder aux paiements. Selon les services de communication du ministère de l’Économie, les banquiers ont exprimé leur disponibilité à régler les manques à gagner avant la fin du mois de décembre 2024.
Les informations disponibles sur les montants à rembourser aux distributeurs de produits pétroliers restent limitées. En 2023, les prix des produits pétroliers ont augmenté de 70 % à 130 % selon les régions, ce qui a permis de réduire le rythme d’accumulation des manques à gagner, qui étaient de 545 millions dollars en 2022, à 125 millions dollars en 2023. Au cours des quatre premiers mois de 2024, 135 millions dollars d’arriérés ont été réglés, avec une contribution des banques commerciales congolaises à hauteur de 123,5 millions dollars, selon le ministère des Finances. Ainsi, fin mars 2024, le solde dû était de 405 millions dollars, auxquels se sont ajoutés de nouveaux manques à gagner enregistrés tout au long de l’année, notamment en raison d’une baisse administrative des prix de l’essence mise en place pour lutter contre la vie chère.
Si l’intervention des banques permet de réduire le risque d’une crise socio-économique due à des pénuries de carburant, elle ne résout cependant pas la question des arriérés. En effet, comme mentionné plus haut, l’État ne fait que changer de créancier. À la fin de 2023, l’encours total des arriérés s’élevait à 3,5 milliards de dollars. Pour 2024, une provision de 438,6 millions de dollars a été mise en place afin d’apurer ces arriérés, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) datant de juillet 2024.
Georges Auréole Bamba
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