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Equipe Publication

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Le gouvernement allemand a annoncé, le 4 mars 2025, des sanctions contre le Rwanda en raison de son implication dans le soutien aux rebelles du M23, actifs dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette décision intervient après la prise de plusieurs villes stratégiques, dont Goma et Bukavu, par le groupe armé.

« Nous allons suspendre de nouveaux engagements financiers, revoir la coopération existante avec le gouvernement rwandais dans le domaine du développement, et suspendre la participation de haut niveau aux événements de politique de développement du gouvernement rwandais », a indiqué le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) dans un communiqué.

Dans ce cadre, l’Allemagne a précisé avoir initialement prévu un financement de 93,6 millions d’euros (environ 98 millions de dollars) pour le Rwanda sur la période 2022-2024, mais que ces fonds ne seraient plus débloqués dans le contexte actuel.

Le gouvernement rwandais a critiqué cette décision, la qualifiant de « mauvaise et contreproductive ». Il a affirmé que de telles sanctions unilatérales compromettaient la stabilité régionale.

Cette suspension intervient alors que plusieurs pays occidentaux intensifient leurs pressions sur le président rwandais Paul Kagame, l’exhortant à cesser tout soutien aux rebelles du M23. Kigali, de son côté, continue de justifier son implication par la nécessité de sécuriser ses frontières face aux milices opérant dans la région.

Boaz Kabeya, stagiaire

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La demande en produits pétroliers à Kinshasa a « fortement augmenté » depuis la baisse des prix à la pompe le 3 octobre 2024, selon le ministère de l’Économie nationale. Depuis cette date, l’essence est vendue à 2 990,49 francs congolais (FC) le litre et le gasoil à 2 979,73 FC dans la zone Ouest, contre respectivement 3 440 FC et 3 435 FC en septembre 2024, soit une réduction de 13 %.

Dans un communiqué publié le 26 février 2025, le ministère indique que la demande en carburant dans les stations-service a été multipliée par trois, atteignant 4 500 m³ par jour, contre 1 500 m³ auparavant. Pour la seule journée du 26 février, la Société d’entreposage des produits pétroliers (SEP) a distribué 4 800 m³, précise la même source.

De l’aveu du gouvernement, la baisse des prix intervenue en octobre 2024 « a accru les pertes supportées par les distributeurs pétroliers », augmentant ainsi le montant des compensations remboursées par l’État. L’augmentation de la demande à Kinshasa, l’un des principaux marchés de carburants du pays, risque d’alourdir davantage la facture des subventions. Or, la RDC s’est engagée, dans le cadre de son nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI), à intensifier ses efforts pour les rationaliser. Cette situation accentue aussi la pression sur les finances publiques, déjà sollicitée par la hausse des dépenses de sécurité liée à la détérioration du conflit à l’est du pays.

Opportunité pour les banques et les sociétés pétrolières

Au cours des dix premiers mois de 2024, le gouvernement affirme avoir remboursé 293 millions de dollars de manque à gagner aux compagnies pétrolières. « Nous poursuivrons le remboursement diligent du solde des arriérés de 2023, estimé à 211 millions de dollars », ajoute-t-il, cité dans le dernier rapport du FMI paru en janvier dernier. Selon la même source, pour honorer ces paiements, l’État a contracté deux prêts bancaires, garantis par une partie des prélèvements parafiscaux inclus dans la structure des prix du carburant. Avec un taux d’intérêt moyen se situant autour de 13 %, l’opération est très rentable pour les banques.

Dans son communiqué, le ministère de l’Économie nationale ne justifie pas la hausse de la demande à Kinshasa. Il se contente de constater que cette augmentation est survenue après la baisse des prix des carburants. Il reste donc difficile de déterminer si cette tendance est structurelle ou simplement conjoncturelle.

L’absence de statistiques détaillées sur la consommation réelle des ménages et des entreprises ne permet pas encore d’évaluer l’impact du pouvoir d’achat sur la demande de carburant à long terme. En août 2023, avant la forte dépréciation du franc congolais, la consommation d’essence et de gasoil dans la zone Ouest s’élevait respectivement à 30,4 millions de m³ et 24,3 millions de m³. Un an plus tard, malgré la dévaluation monétaire, les volumes sont restés proches de 30 millions de m³ par type de carburant en septembre 2024, ce qui relativise l’impact réel de la baisse des prix sur la demande finale.

Si cette hausse de la consommation se pérennise, les principaux bénéficiaires seront les traders pétroliers, les distributeurs comme SEP, ainsi que les opérateurs logistiques tels que COBIL (SPSA) et Lerexcom Petroleum. Ces derniers ont perçu, en septembre 2024, des revenus trois fois plus élevés qu’en août 2023 sur chaque litre de carburant écoulé.

Georges Auréole Bamba et Boaz Kabeya, stagiaire

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Le gouvernement provincial du Nord-Kivu et les institutions bancaires envisagent de transférer les activités bancaires de Goma à Beni, chef-lieu provisoire de la province. C’est ce qui ressort de la rencontre tenue ce 4 mars 2025 entre le gouverneur militaire, le général-major Évariste Somo Kakule, et les représentants locaux des banques.

Cette réflexion fait suite à la fermeture des banques à Goma après l’occupation de la ville par les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais, rendant difficile le versement des salaires des agents de l’État. Pour remédier à cette situation, l’autorité provinciale et les institutions bancaires ont étudié la possibilité d’effectuer ces paiements depuis Beni.

« La plupart des institutions qui étaient présentes à Goma sont également installées ici. Nous sommes donc en train d’examiner comment permettre aux agents qui percevaient leur salaire auprès des banques absentes à Beni de continuer à en bénéficier sur place », a expliqué Reagan Dikoma, gérant de Equity BCDC, au nom de l’ensemble des banques.

La question du paiement des salaires des fonctionnaires et des primes aux militaires déployés sur le front, non seulement dans ces deux provinces, mais aussi dans les zones environnantes, préoccupe le gouvernement. Lors de la 32 ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue le 21 février 2025, la Première ministre, Judith Suminwa, a rappelé que cette problématique avait été discutée lors de la réunion du Comité de conjoncture économique du 19 février 2025.

Cependant, aucune solution définitive n’avait manifestement été arrêtée. À l’issue de cette réunion, les ministres concernés avaient été chargés de « réfléchir aux modalités de paiement des salaires des fonctionnaires et des primes des militaires au front dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ».

Ronsard Luabeya, stagiaire

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Le Canada a annoncé, ce 3 mars 2025, une série de mesures restreignant sa coopération économique avec le Rwanda. Selon une déclaration officielle, trois décisions majeures ont été prises : la suspension des exportations de marchandises et de technologies contrôlées vers Kigali, l’arrêt des nouvelles initiatives commerciales intergouvernementales et la fin du soutien aux projets de développement commercial du secteur privé. Ottawa prévoit également de réexaminer sa participation aux événements internationaux organisés au Rwanda et d’évaluer avec plus de prudence les candidatures rwandaises pour l’accueil de futurs sommets.

Ces restrictions, justifiées par « les actions du Rwanda dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) », ont été annoncées dans un communiqué conjoint des ministres Mélanie Joly (Affaires étrangères), Ahmed Hussen (Développement international) et Mary Ng (Promotion des exportations). Le Canada reproche à Kigali la présence de ses forces de défense en RDC et leur soutien au groupe rebelle M23, des actes qualifiés de « violations flagrantes de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC et de la Charte des Nations unies ».

En suivant cette logique, Ottawa attribue au Rwanda la responsabilité des atrocités, des massacres et des enlèvements généralisés dans l’est de la RDC, qu’il condamne fermement. De son côté, Kigali a réagi en déclarant avoir pris note de la position canadienne, tout en dénonçant une « attribution diffamatoire » d’atrocités présumées.

Depuis le début de l’année, le M23 et ses alliés ont lancé une vaste offensive dans l’est de la RDC, s’emparant de plusieurs localités, dont Goma et Bukavu, les capitales provinciales du Nord et du Sud-Kivu. Selon le bilan présenté lors du dernier Conseil des ministres, tenu le 28 février 2025, le conflit aurait déjà fait plus de 8 500 morts et 7 776 blessés.

Montée de la pression

Le Canada et le Rwanda entretiennent des relations bilatérales depuis 1963, couvrant plusieurs domaines, notamment l’aide au développement, les échanges commerciaux et la coopération diplomatique. En 2022-2023, Ottawa a octroyé 44,82 millions de dollars d’aide internationale au Rwanda, principalement dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’égalité des genres. Sur le plan commercial, les échanges entre les deux pays ont atteint 13,4 millions de dollars en 2023. Le Canada exporte principalement du blé, des véhicules et des pièces d’avion vers le Rwanda, tandis que Kigali envoie du café, des condiments et des épices sur le marché canadien. Par ailleurs, plusieurs entreprises canadiennes sont actives au Rwanda dans les infrastructures, l’ingénierie, les mines et l’énergie.

Ces décisions marquent un durcissement de la position du Canada face à l’implication présumée du Rwanda dans le conflit à l’est de la RDC. Ottawa suit ainsi la voie tracée par les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni, qui ont déjà sanctionné Kigali. Washington a récemment inscrit James Kabarebe, ministre d’État rwandais chargé de l’intégration régionale, sur sa liste de sanctions pour son soutien au M23. De son côté, l’Union européenne a suspendu sa coopération en matière de défense avec le Rwanda et annoncé un réexamen du protocole d’accord signé en février 2024 sur les minerais stratégiques. Quant au Royaume-Uni, il a gelé une partie de son aide bilatérale.

Pierre Mukoko

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En raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), 2 594 écoles ont cessé leurs activités dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, privant plus d’un million d’élèves d’accès à l’éducation, selon le compte rendu du Conseil des ministres du 28 février 2025. Aucune donnée n’a été communiquée concernant l’impact sur l’enseignement supérieur et universitaire.

Pour assurer la continuité des cours, le gouvernement congolais a décidé d’adopter, le 6 février dernier, l’enseignement ouvert et à distance dans les universités publiques et privées, offrant ainsi une nouvelle perspective à Schoolap, la plateforme d’apprentissage en ligne fondée en 2017 par Pascal Kanik.

Cette année-là, cet ancien employé de Vodacom a choisi d’abandonner un poste confortable pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Avec son associé Guy-José Leta, il cofonde alors Schoolap, une solution numérique visant à améliorer l’accès à l’éducation en RDC.

Schoolap permet de connecter enseignants, parents et élèves à du contenu pédagogique certifié, garantissant ainsi un apprentissage de qualité. Aujourd’hui, près d’un million d’élèves à travers le pays bénéficient de cette solution, qui s’intègre désormais dans la stratégie éducative nationale.

L’idée de Schoolap germe alors que Pascal Kanik effectue une mission en province pour installer un réseau de télécommunications, suivie d’une sensibilisation sur le développement durable. Confronté aux défis du système éducatif congolais, il prend conscience de l’urgence de créer un outil moderne pour pallier le manque de ressources pédagogiques.

Booster par le Covid-19

En quelques années seulement, Pascal Kanik et son équipe ont fait de Schoolap une référence de l’edtech en RDC. En 2019, la startup réalise la plus grande levée de fonds d’Afrique centrale, obtenant 500 000 dollars américains pour accélérer sa croissance. Ce financement, apporté par le groupe international Eutelsat, est officialisé par la signature d’un contrat entre Pascal Kanik, CEO de Schoolap, et Jonathan Jansen, CEO de Flash International, dans les locaux d’Ingenious City.

La même année, la startup est récompensée lors des Seedstars, un concours dédié aux entreprises innovantes sur les marchés émergents, en remportant le prix de la meilleure plateforme d’éducation en ligne.

Le succès de Schoolap s’accélère avec la fermeture des écoles due à la pandémie de Covid-19. La plateforme devient alors une solution incontournable pour assurer la continuité pédagogique en RDC. Aujourd’hui, elle recense plus de 20 300 contenus pédagogiques, 6 000 écoles partenaires, 1,9 million d’élèves inscrits et 105 000 enseignants impliqués. Présente dans six provinces du pays, elle propose désormais sept produits intégrés à son offre éducative.

Après avoir conquis une large part du marché congolais, Schoolap franchit un nouveau cap en s’implantant au Kenya, marquant ainsi sa première expansion en Afrique anglophone. La startup propose une plateforme complète, combinant la gestion numérique des programmes scolaires et des outils interactifs, répondant aux besoins croissants des établissements éducatifs.

Ronsard Luabeya, stagiaire

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Le trafic aérien entre Kisangani (Tshopo) et Goma (Nord-Kivu) est interrompu depuis janvier 2025. L’aéroport de Goma demeure fermé en raison de l’occupation de la ville par les rebelles du M23 et leurs alliés, notamment des éléments de l’armée rwandaise. Cette situation affecte aussi bien le transport des passagers que celui des marchandises.

En conséquence, 13 compagnies aériennes et agences de voyages opérant à Kisangani se retrouvent en difficulté financière, affirment leurs responsables. Ces derniers ont exposé leurs préoccupations lors de la visite du ministre provincial des Transports et Voies de Communication, Mogenya Baraka, le 25 février.

Ces responsables estiment que l’absence de liaisons aériennes vers Goma freine leurs activités et dénoncent l’imposition d’une taxe sur certains produits destinés à Kinshasa. Selon le responsable de Congo Airways, cité par Radio Okapi, cette taxe concerne notamment le Fumbwa, un légume largement consommé dans la région. Il la juge non réglementaire, affirmant qu’elle ne figure pas dans une nomenclature officielle. Ce cadre de la compagnie aérienne nationale souligne que cette pratique alourdit considérablement les coûts des vols cargo, aggravant ainsi les difficultés des entreprises déjà impactées par la suspension des connexions avec Goma.

En réponse, le ministre provincial a précisé que la révision de la nomenclature des taxes ne relève pas directement de sa compétence, mais de celle de l’Assemblée provinciale.

En 2021, face aux plaintes des compagnies aériennes concernant les charges fiscales et opérationnelles, le gouvernement avait adopté plusieurs mesures d’allègement. Celles-ci incluaient l’exemption des droits de douane à l’importation et à l’exportation des pièces de rechange et consommables d’avions, un mécanisme de dédouanement simplifié, ainsi qu’une réduction de la redevance de parking, passée de 250 USD à l’aéroport de N’djili à 30 USD et à 50 USD dans les pays voisins. D’autres allègements ont concerné les taxes perçues par la Régie des voies aériennes (RVA) et le retrait de la redevance sûreté et sécurité de la RVA du prix du billet. De plus, le taux de la TVA sur le transport aérien avait été réduit de 16 % à 8 %.

Ronsard Luabeya, stagiaire

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Over the past year, Vodacom RDC, the Congolese subsidiary of South Africa’s Vodacom Group, had 6.4 million active mobile money or M-Pesa users. According to official documents reviewed by Bankable, the figure is 28.4% more than in 2023 when the number of M-Pesa users stood at 5.88 million. Active users regroup users who utilized the service at least once during the previous month.

The surge in M-Pesa active users highlights the Democratic Republic of Congo (DRC) as a strategic market for the service outside Kenya. It also contributed significantly to Vodacom’s financial performance. Preliminary results for Vodacom’s financial year (April 2024 to March 2025) indicate that M-Pesa transactions in the DRC generated R2.67 billion—approximately $145.8 million at an average exchange rate of 17.8 rand per dollar. These figures await confirmation through audited data.

Vodacom dominates the DRC’s mobile financial services market, holding over 53% market share with 13.1 million subscribers (including inactive accounts) as of mid-2024, according to data from the telecommunications regulator. 

During this period, M-Pesa recorded $85 million in revenue, making it the most profitable service in the sector, outpacing competitors like Orange Money, Airtel Money, and Afrimoney, which collectively generated $89.2 million.

Despite its dominance, Vodacom faces intensifying competition. In Q2 2024, M-Pesa’s revenue declined by 4.19% compared to Q1, while rivals gained ground. Airtel Money posted $31.9 million in revenue a 6.5% increase while Orange Money grew by 12.3%.

The DRC’s mobile financial services market remains underpenetrated with a usage rate of just 25.7%, offering significant growth potential for all players.

This article was initially published in French by Georges Auréoles Bamba

Edited in English by Ola Schad Akinocho

Dans la province du Kasaï-Oriental en République Démocratique du Congo (RDC), les médias signalent de nouvelles inquiétudes concernant l’exploitation de la Société Anhui-Congo pour l’investissement minier (SACIM). L’entreprise, détenue à parts égales par l’État congolais et la société chinoise Anhui foreign economic construction corporation Limited, peine à honorer ses charges et ses responsabilités sociales.

« Avec cette situation, nous ne pouvons plus nous acquitter de notre responsabilité sociétale, payer les agents, assurer la prise en charge alimentaire et médicale du personnel, renouveler l’outil de production, payer le carburant et autres intrants industriels », rapporte une source anonyme citée par Actualités.cd.

Ces difficultés ne sont pas nouvelles pour la principale entreprise de production et d’exportation de diamants en RDC. Au centre des préoccupations se trouve un arrêté signé le 22 février 2022 par le ministre des Mines, qui a désigné comme intermédiaire exclusif dans la vente de diamants congolais à l’international le Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses (CEEC).

Cette décision administrative suscite des critiques depuis sa publication. Elle est accusée de violer la loi minière de 2002 modifiée en 2018, qui garantit aux exploitants le droit de disposer librement de leurs ressources. Dans le cas du diamant, les producteurs doivent soumettre leurs pierres au CEEC, qui reçoit les offres de soumissionnaires désireux d’acquérir le produit. Une fois le prix déterminé, la valeur des exportations est reversée aux producteurs, dont la SACIM.

Toutefois, ce mécanisme ne semble pas fonctionner efficacement pour tous les acteurs. La SACIM a exploré diverses options dans le cadre d’initiatives récentes. En septembre 2023, elle a été soutenue par un député qui a interrogé l’ancienne ministre des Mines sur la pertinence et l’efficacité de cet arrêté. En décembre 2024, lors de la visite de Félix Tshisekedi au Kasaï-Oriental, le coordonnateur adjoint de l’entreprise, Jean-Marie Tshikuna, a plaidé pour l’abrogation du texte contesté.

Les chiffres d’exportation de diamants par la SACIM et le secteur artisanal avant et après l’instauration de cet arrêté permettent d’évaluer l’impact de cette mesure. Selon les statistiques officielles, la valeur totale des exportations de diamants était de 229,3 millions $ en 2016. Depuis ce record des neuf dernières années, la tendance a chuté, atteignant seulement 113 millions $ en 2020. En 2021 et 2022, les exportations se sont élevées à environ 140,3 millions $ et 146 millions $. En 2023, après l’entrée en vigueur du décret attribuant l’exclusivité au CEEC, elles ont chuté à 86 millions $, et la tendance pour 2024 reste similaire, même si chez SACIM on note une petite progression sur les 9 premiers mois de l’année 2024.

Toutefois, l’absence de transparence entourant les performances financières et opérationnelles de l’entreprise et de son partenaire chinois complique l’analyse de cette baisse : est-elle due aux fluctuations du marché du diamant ou à un dispositif de vente inefficace ?

Le contrôle de la vente des pierres précieuses par un gouvernement n’est pas une idée nouvelle. Il revêt des enjeux de traçabilité, de protection des populations vulnérables et d’assurance que l’État perçoit sa juste part des revenus.

L’accord ayant permis au partenaire chinois d’entrer au capital de la SACIM prévoyait la réalisation ou le financement de plusieurs projets d’infrastructure en énergie, agriculture et santé publique. Toutefois, selon un rapport récent du Southern Africa Resource Watch, ces engagements n’ont pas été respectés. L’État congolais pourrait ainsi chercher à renforcer son contrôle pour s’assurer que ces objectifs de développement soient tenus.

En Afrique, le Botswana illustre un modèle réussi d’équilibre entre le rôle de l’État dans la vente des diamants à l’international, l’intérêt des investisseurs et la mobilisation des ressources pour le développement national.

Georges Auréole Bamba et Ronsard Luabeya, stagiaire  

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The majority shareholders of the Kamoa-Kakula copper complex have committed $200 million to modernize and stabilize the power grid in the southern part of the Democratic Republic of Congo (DRC). According to official documents reviewed by Bankable, the modernization project began in late 2024. 

The project focuses on boosting the transmission capacity between the Inga II hydroelectric power station and Kolwezi, Lualaba province’s mining hub. Key upgrades include installing a harmonic filter at the Inga converter station and a static compensator at Kolwezi’s substation. 

Additional measures involve replacing aging power cables, repairing direct current (DC) infrastructure, and establishing maintenance contracts with SNEL (Société Nationale d’Électricité), the DRC’s state-owned electricity operator. These efforts are being spearheaded by Ivanhoe Mines Energy DRC, under the financing of Kamoa Holding a joint venture between Ivanhoe Mines and Zijin Mining.

Stable power is a critical performance factor for mining operations, particularly for Kamoa-Kakula, which is ramping up its Phase 3 operations. The project plans to commission a third smelter powered primarily by renewable energy, reducing production costs while increasing refined copper output. 

178 MW more incoming

However, these benefits depend on the commissioning of Inga II’s fifth turbine, which was installed in 2024 and is expected to add 178 MW of hydropower capacity. Starting in mid-2025, Kamoa-Kakula will receive an initial 70 MW of this capacity, gradually increasing to 178 MW by 2026. Until then, the mine will continue relying on imported electricity and diesel generators.

Kamoa-Kakula is not alone in addressing DRC’s energy challenges. Chinese mining giant CMOC, which operates the Tenke Fungurume and Kinsfu Mining projects, announced plans in 2024 to generate at least 600 MW of solar power to support its operations.

This article was initially published in French by Georges Auréoles Bamba

Edited by Ola Schad Akinocho

Il est désormais interdit de vendre moins de 300 mètres carrés de terrain dans les agglomérations urbaines de la République Démocratique du Congo (RDC). Un arrêté signé le 20 février 2025 par la ministre des Affaires foncières fixe cette superficie comme seuil minimal pour toute parcelle issue d’un morcellement ou d’un lotissement. Cette mesure implique que l’acquisition d’un terrain coûtera désormais plus cher.

À Kinshasa, par exemple, dans les quartiers comme l’UPN ou Pigeon, le prix du mètre carré varie entre 250 et 500 dollars, selon l’emplacement, indiquent plusieurs habitants. Dans ces conditions, il faudra prévoir au minimum 75 000 dollars pour acheter un terrain dans ces quartiers qui ne sont pourtant pas parmi les plus huppés de la capitale. Un montant largement hors de portée pour la majorité des Congolais. En 2024, environ 73,5 % de la population vivait avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.

Par ailleurs, les morcellements opérés par des particuliers dans les agglomérations urbaines sont désormais interdits. Toute division de terrain devra être soumise à l’approbation de l’autorité compétente. Il s’agisse des commissaires d’État, des commissaires de région ou des conservateurs des titres immobiliers territorialement compétents. Cette mesure est perçue comme une contrainte supplémentaire à l’accès à la propriété foncière, un enjeu que la Société financière internationale (IFC) identifie comme l’un des principaux freins à la construction de logements en RDC, où le déficit en la matière est estimé à 4 millions d’unités.

Le ministère des Affaires foncières justifie cette décision par la prolifération des morcellements anarchiques, une pratique courante dans des villes comme Kinshasa. Cette situation a conduit à une densification excessive, aggravant des problèmes tels que le surpeuplement, les difficultés d’accès aux services de base (eau, électricité), la mauvaise gestion des déchets et des eaux de ruissellement, ainsi que des conflits récurrents entre voisins liés aux limites parcellaires. Selon l’arrêté, cette urbanisation désordonnée nuit également à l’esthétique des villes et à la qualité de vie des habitants.

Le ministère espère que l’interdiction des morcellements anarchiques et la fixation d’une superficie minimale contribueront à une meilleure gestion de l’espace urbain, à l’amélioration des conditions de vie et à une planification plus efficace des services publics. Toutefois, l’impact de ces mesures dépendra de leur mise en œuvre rigoureuse et de la capacité des autorités à en assurer le respect.

Timothée Manoke, stagiaire

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