La République démocratique du Congo (RDC) a été élue, le 3 juin 2025, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2026-2027. Le pays a obtenu 183 voix sur les 193 possibles lors de l’Assemblée générale, signant un retour remarqué dans cette instance stratégique. C’est la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner (photo), qui a annoncé la nouvelle depuis le siège de l’ONU à New York.
Déjà élue deux fois par le passé (1982–1983 et 1990–1991), la RDC retrouve ce siège dans un contexte régional tendu et une ambition diplomatique renouvelée. « Cette élection est le reflet de la confiance de la communauté internationale envers notre pays et de l’unité africaine dans la recherche de la paix », a déclaré la cheffe de la diplomatie congolaise.
La ministre des Affaires étrangères a indiqué que la RDC mettra à profit ce mandat pour « porter la voix de l’Afrique dans les discussions liées aux conflits armés, à la souveraineté des États et à la justice internationale ». Le retour du pays au Conseil intervient alors que Kinshasa est engagée dans de délicates négociations à Doha, sous la facilitation des États-Unis, pour mettre fin au conflit à l’est du pays avec la rébellion du M23 et le Rwanda.
Le président Félix Tshisekedi a également salué « une opportunité historique pour faire entendre les priorités de la RDC en matière de sécurité et de développement ». Ce mandat coïncide aussi avec un repositionnement économique de la RDC sur la scène internationale. Kinshasa est en négociations avancées avec l’administration américaine autour d’un accord stratégique sur les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques, comme le cobalt, le lithium et le coltan. L’objectif : sécuriser l’accès de Washington à ces ressources clés tout en garantissant à la RDC une meilleure rémunération et une transparence accrue dans la gestion de ses ressources naturelles.
Selon des sources proches du dossier, ce partenariat porterait notamment sur des garanties en matière de traçabilité et sur des investissements dans la transformation locale. La RDC souhaite s’appuyer sur cette dynamique pour asseoir un nouveau leadership africain autour de la souveraineté minière et de la transition énergétique.
Par ailleurs, l’agenda congolais au Conseil de sécurité inclut aussi la réforme du système de maintien de la paix, la lutte contre l’impunité et une meilleure implication des États africains dans la gouvernance sécuritaire globale. « Nous voulons faire du Conseil de sécurité un espace plus représentatif, plus équitable et plus attentif aux urgences africaines », a affirmé Thérèse Kayikwamba Wagner.
Avec cette élection, la RDC rejoint le cercle restreint des États capables de peser directement sur les décisions en matière de paix, de sanctions ou d’interventions internationales. Une tribune que Kinshasa compte utiliser pour renforcer sa stature régionale, mais aussi faire valoir ses intérêts économiques dans un monde en recomposition.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Minerais contre sécurité : l’accord RDC-Etats-Unis envisagé d’ici fin juin
Conflit à l’est de la RDC : le médiateur de l’UA en quête de cohérence
Kinshasa et Kigali déposent leur projet d’accord pour la paix à l’est de la RDC